Petit con, mauvaise graine, voyou, bâtard. Voilà bien des adjectifs qui m’ont poursuivi depuis mon enfant. Crié par la boulangère à qui j’ai volé une sucette quand j’avais sept ans, hurlé par les grandes dames à qui j’ai soulevé la jupe en courant quand j’en avais 12 ou alors beuglé par la bibliothécaire la fois où je lui ai demandé si ça lui faisait pas mal aux seins de taper dedans avec ses genoux quand elle marche quand j’avais … ah bah c’était hier.

Faut dire qu’avec moi, faut pas être susceptible. J’ai un franc parlé hors du commun et des blagues qui laissent à désirer paraît-il. Mâcher ses mots ? Pourquoi faire ? J’vais pas m’amuser à chercher des synonymes parce que l’type en face se sent offensé dès que je lui dis qu’il pue d’la gueule. C’est pour son bien que je lui dis ça, vous savez combien c’est dur de supporter quelqu’un qui a l’anus entre les dents sérieux ? Les gens ne comprennent pas mon côté parfois bienfaisant alors que le trois quart du temps, on me reproche d’être beaucoup trop détaché, de n'avoir aucune compassion. J’ai pas la méthode, j’dois être un peu trop maladroit pour te dire: « Mais t'inquiète, ça va aller. » ou alors « Sèche tes larmes, j’suis sûr que ton poisson rouge est mieux là-haut. ». Moi j'vis au jour le jour et j'suis trop rapide pour m'arrêter sur la case de la peine. D'ailleurs, j'suis même pas certain d'avoir connu ça un jour, c'est l'genre de sentiment que t'éprouve quand tu cours après l'bus et qu'il ne s'arrête pas?J'suis pas l'homme de tes peines ( et sûrement que je te jugerai si t'es un mec et que tu te mets à chialer , vos gueules c'est pas de ma faute si j'ai eu une poussière dans l'oeil au moment de l'enterrement du fidèle Dobby. RIP.). J'suis l'homme de tes colères ou de tes sourires, ça dépend comment tu prends ce côté attachiant en moi. J'en fais rire certains, j'en désespère bien davantage. Je suis le premier à faire une connerie peut-importe combien elle peut être débile, à me lancer des défis stupides, potentiellement dangereux, et à vouloir amuser la galerie. De toute façon, j'suis loin d'être un bon garçon. J'brille pas par mes résultats ni par une intelligence hors normes. Dans les études comme dans la vie, j'suis un vrai tricheur. J'ai jamais été l'gamin sage qui se tient à carreaux, j'ai toujours été celui qui respectait jamais le couvre feu, qui   prend sa première cuite à 14 ans et qui a souvent été ramené par la peau du cul par la police pour des petits délits. Je me sors des situations merdiques que j'provoque moi-même parce qu'il faut avouer que c'est amusant et que parfois, j'm'ennuis vachement à coups de ruses, de fourberie.

Et là j'vous vois, vous cherchez la merde que j'cache derrière toutes ces paillettes de ma personne mais il n'y en a pas. J'connais réellement pas la peine, la vraie, comme celle que j'aurai normalement dû ressentir en voyant des gosses avec leurs parents. Je ne m’apitoie pas sur mon sort, je suis trop sauvage pour ça. Livré à mon sort depuis toujours, j'ai créé mes propres lois. J'prête pas attention aux règles, j'prête pas attention aux gens, je ne prête pas attention au bien ni au mal. J'vis ma vie comme le l'entend. Je suis le vent, j'passe, j'me faufile et le seul souvenir que je laisse sur mon passage c'est l'image d'un imbécile, mais un imbécile sincèrement heureux.