hi, my name is satan.
Je l’aime bien, ce pays. Je l’aime bien quand je suis tout seul chez moi et quand je ne vois personne. Quand je n’ai pas à chercher mes mots dans une langue que je ne maîtrise toujours pas aussi bien que je le devrais. Je l’aime bien quand on ne me regarde pas comme l’étranger que je suis. J’aimerais me sentir chez moi, seulement je n’y arrive pas. Mon intégration laisse encore à désirer, je m’emmerde au plus haut point. Être agréable avec tout ce ramassis de dégénérés que je croise à la fac ne semble pas suffisant, il n’y a personne que puisse appeler “ami”, il n’y a que Nina qui vaille quelque chose. C’est pas bien grave, je m’en fous de tous ces miséreux, il me font tous pitié. Tout le monde me fait toujours pitié. Mais ! Je me suis retroussé les manches tel un paysan maniant sa fourche. C’est en jouant au loup solitaire qu’on attire les regards sur soi et que les curieux s’amusent à jouer les Sherlock. Il était donc temps que je me mêle à la populace, alors voilà que je me retrouve en plein milieu d’une bande d’allumés qui font du théâtre. Il fallait que je choisisse un club et clairement, je n’allais pas me taper les cinglés du club de paranormal ou les nerds du club de littérature. Non, le théâtre, c’est pour les excentriques mais je sais tenir un rôle. Théâtre, alors. J’avoue regretter, pourtant. Amèrement. Arrivé en cours d’année, la présidente m’a demandé d’attraper le scénario pour au moins lire les cinq répliques d’un personnage pas important du tout. Je sais pas pour qui elle me prend mais d’accord. Disons que c’est gentil. L’heure consacrée aux activités de club se termine enfin et je leur souris à tous, histoire de pas avoir l’air de ce que je suis. C’est-à-dire vraiment emmerdé. Je les remercie de leur accueil aussi, comme un mec poli alors que, putain, c’était bien la moindre des choses. Et puis j’en choisis un au hasard. Lui, là. J’ai oublié son nom. Mais je m’en fous de son nom. Je m’élance vers lui aussi naturellement que possible avant qu’il ne pense à quitter la salle « Hey. Ton interprétation était bonne. Ça fait longtemps que tu es là ? Dans le club, je veux dire. » Pourquoi est-ce que le coréen, c’est si compliqué, putain ?