Pour une surprise, c’était une surprise ! La Gumiho ne s’attendait absolument pas à voir la Pyobeom ici. Cependant, il lui fallait reconnaitre que c’était une bonne surprise. Déconcertante, mais positive. Face à son amie, toujours aussi pleine de vie et enthousiaste, elle battit quelques instants des paupières, incrédule.
« Oui, c’est ici, nous vous attendions mais… »
Ses lèvres se mirent en mouvement pour répondre alors que son esprit tentait encore d’enregistrer l’information. Hera n’imaginait pas vraiment Rin s’adonner à ce genre d’activité. Tout comme la singapourienne ne l’aurait jamais conçue pour elle-même par le passé et n’avait accepté que par amitié envers Haewon, pour la soutenir en tant que dans son rôle de nouvelle capitaine de l’équipe. Danser en jupette devant un public populaire à agiter des pompoms… L’amitié détient véritablement un pouvoir considérable pour nous amener à agir à l’opposer de nos conceptions parfois. Certes, au fil des mois, environ une année désormais, les entrainements et exhibitions de l’équipe étaient devenus un rituel régulier. Son sponsor et « patron », après hésitation, l’encourageait même à poursuivre dans cette voix. L’égérie du numéro un national démontrait ainsi de nombreux visages : l’égérie souriante et radieuse, l’étudiante studieuse, la jeune femme investie et responsable avec la présidence d’une fraternité justement sponsorisée par la marque, et une sportive tout en féminité en première ligne des supporters d’une équipe universitaire. Oui, les managers et directeurs marketing n’étaient pas peu fiers et s’en donnaient à coeur joie de la promouvoir tandis que le grand patron lui se délectait des bonnes relations en découlant avec le père de la jeune femme. Ainsi, Hera pouvait s’adonner aux chorégraphies des Choego sans que son image pure et vertueuse n’en soit ternie. Jolie tableau illusoire, car si la singapourienne n’était pas dévergondée en effet, elle se révélait loin d’être pureté et vertu. Puis, dans son étonnement, un mot prononcé par son amie résonna dans sa tête :
« Ma… Mascotte ? » répéta-t-elle, peu certaine d’avoir bien entendue, à nouveau.
Reine d’élégance et de raffinement, forcément, Hera avait du mal à ne serait-ce que concevoir qu’on puisse s’intéresser à une affection si peu… Glorieuse ? Non pas qu’elle jugeait le cheerleading comme bien prestigieux, au contraire, cette discipline appartenait à la culture populaire. Néanmoins, cette activité trouvait écho et attention positive sur les campus étudiants. Alors que mascotte… N’était-ce pas un rôle pour bouc-émissaire ?
« Tu ne veux pas devenir Cheer plutôt ? »
Elle pensait que la place de mascotte était d’ordinaire plutôt refourguée à une fille qui aurait raté les auditions, ou plus habituellement, souvent endossée par un garçon.
« Tu serais jolie dans l’uniforme… »
La renarde avait pris les mains de la panthère dans les siennes  et l’observa des pieds à la tête. Au-delà ses airs garçon manqué, Rin était doté d’un joli visage et une silhouette gracile, aux formes certes un peu moins développées que celle qui portait le nom de la déesse de la fécondité, à laquelle scierait parfaitement la tenue des Yeosin en tout cas.
« Remarque, si tu es prise d’une crise de bougeotte ou de facétie pendant une pyramide, il est peut-être préférable que tu prennes l’option mascotte… »
À la réflexion, ce n’était pas faux. Hera libéra les mains de son amie et lui fit signe de la suivre en direction des autres tigresses supportrices.
« Hum, je ne sais pas exactement comment ça se passe pour les auditions de mascotte. J’imagine que nous allons évaluer ta capacité à mettre l’ambiance, à improviser, à bouger avec le costume de tigre et ton endurance aussi… »
Petite étincelle dans le regard, elle lui jeta un coup d’oeil, sourire malicieux aux lèvres.
« Je ne doute pas que tu seras parfaite pour le rôle ! »
Puis, Hera se rapprocha un peu, afin de lui intimer à l’oreille :
« À nous deux, nous parviendrons à faire ajouter un morceau des Zeus pour l’une des chorégraphies de notre équipe. »
Un clin d’oeil complice, elle ne doutait pas que Rin serait sa meilleure alliée pour parvenir à telle fin.
« En plus, Raewon Oppa, notre chorégraphe ne peut rien me refuser ! »
Tous deux n’avaient pas beaucoup échangé depuis l’incident. La gumiho avait révélé un pan de faiblesse à son aîné et elle devait avouer que cette confession la mettait parfois un peu mal à l’aise en sa présence. Il était le seul à savoir. Cependant, ils parvenaient toujours à collaborer pour les Choego et si Rin se tenait à ses côtés, Hera oublierait plus facilement ce fameux soir où elle avait trouvé refuge auprès du danseur (en toute amitié, hein !) Hera ne prit pas conscience non plus, que finalement, elle se projetait encore un peu au sein de l’équipe qu’elle pensait pourtant si sérieusement quitter prochainement.