ceci n'est pas un exercice.

bunker #1

La respiration déjà lourde, le cœur qui se soulevait au rythme de la cadence de ses baisers effrénés. La peau porcelaine l’attirait depuis le premier jour, depuis la première nuit et à nouveau, il savourait un échange peu espéré, après les cris et les insultes. Ashvin cherchait à sentir son cœur battre de mauvaiseté puis d’un acharnement charnel réjouissant; l’adrénaline, le défi, ça, ça le faisait sourire et presque vivre.


Pourtant, lorsque l’alarme assourdissante vint bourdonner à ses oreilles, le songe d’une nouvelle fois prit fin brusquement. Retrouvé les bras ballants sur le bord du lit, fixant la jeune femme regretter et surtout s’affoler à l’entente de ce bruit sourd qu’il aurait voulu ne pas prendre au sérieux, le russe émit un grognement et se leva à son tour, enfilant ses quelques affaires qui venaient d’être enlevées et jonchaient désormais le sol de la chambre. Il prit son sac à dos à la volée et se mit à suivre la brune jusqu’à la perdre de vue dans la foule de personnes qui voulaient quitter ce rêve sordide. Le blond cherchait la coréenne du regard, s’arrêta, presque affolé de ne plus la voir. Son nom perdu dans un appel désespéré au milieu de cette alarme, des cris, des pleurs et de cette pluie incessants.

Le tumulte le poussa jusqu’aux grands escaliers, là où il trouva l’amas de cheveux ébènes piétinés par la panique. Les marches descendues deux par deux, Ashvin poussait tout ce qui se trouvait sur son chemin pour prendre la jeune femme dans ses bras mais fut violemment stopper par ce regard affolé, terrorisé qui vit sa fille pousser à terre par le russe. Un coup puis deux le firent tomber aux côtés de Meina, des cris de l’homme qu’il imaginait être le père se firent entendre et les pleurs de la femme derrière brouillèrent son regard océan.

Quelques minutes suffirent pour qu’il se rende compte de son souffle coupé par la barre qu’il venait de s’enfoncer dans la cuisse, les gémissements sortaient alors d’entre ses lèvres sans même qu’il ne s’en aperçoive pendant que la cohue continuait de les écrase et de les oublier dans le vacarme ambulant.

Par chance, la barre ne l’avait pas traversé, arrêtée par le mur sur lequel il s’était appuyé mais plus on le bousculait, plus la plaie s’agrandissait. Son regard ne quittait pas la jeune femme allongée à côté de lui et alors qu’il soufflait et réfléchissait à peine pour se sortir de cet enfer, il finit par hurler et retirer cette barre qui le faisait souffrir à en crever pour se relever et attraper Meina, la portant jusqu’aussi loin qu’il le pouvait.

Oubliant la douleur qui lancinait sa jambe blessée, il courut comme il put jusqu’au premier bunker signalé. Prêt à s’effondrer sur le sol bitumé, il lâcha Meina près du mur avant de tomber à côté d’elle. Trempé, le froid et la douleur commençaient à peine à refaire surface mais sa seule pensée était de savoir si tout cela était réel ou non, si tout ça n’était pas juste le fruit de son imagination, une hallucination, une rechute qui se voulait fracassante.

Et la voix de la brune résonna à lui comme un écho de soulagement,
sonnant l’accalmie de ses craintes.