sixteen years old ▬ tu sens le regard surpris de ta mère qui se pose sur toi, les bras à moitié levés dans le mouvement pour ouvrir le placard de la cuisine, stoppée nette par l'annonce que tu venais de lui faire. tu lâches un soupir avant de toi-même le faire à sa place, attrapant les assiettes pour les placer sur la table. « tu as l'air surprise, ce n'est pas comme si je t'avais jamais dit que j'aimais ce que tu faisais. » tu commentes, une moue déçue qui se forme sur tes lèvres alors que ta mère est toujours aussi silencieuse. tu pensais pourtant que ça lui ferait plaisir, qu'elle aimerait le fait que tu veuilles bosser dans le même domaine qu'elle, surtout que pour toi c'était comme une évidence. t'étais faite pour ça, tu le savais ! tu n'oses pas la regarder maintenant, de voir le jugement dans le fond de son regard. « c'est pas ça mon coeur, » qu'elle finit par murmurer, tu sens sa présence réconfortante qui vient se placer à tes côtés, une main qui glisse sur ton bras pour te réconforter. « mais je ne veux pas que les autres te regardent différemment, tu n'as que seize ans mieko, qu'est-ce que tes professeurs vont dire quand tu vas leur annoncer que tu veux travailler pour des jeux de drague ? les otome sont connus chez nous mais ici, tu dois bien avouer que tu n'en vois pas beaucoup. » tu savais qu'elle s'inquiétait et c'était logique ton subconscient te disait, mais ta petite voix intérieur, elle, voulait se manifester. ta mère en avait bavé quand son entreprise au japon avait décidé de l'envoyer diriger une nouvelle branche à séoul, histoire d'agrandir leur horizon de clientes. et même si plusieurs des jeux qu'elle avait aidé à concevoir ont eu du succès, tu te doutais qu'elle voulait quelque chose de mieux pour toi. « mais je m'en fiche maman, c'est ce que j'aime, tu l'as vu et tu sais que je suis douée. » tu rétorques, te tournant vers elle, « c'est un métier comme un autre, je ne vois pas pourquoi je devrais en avoir honte. » tu te moquais bien de ce que la société coréenne pourrait dire, ce n'était pas eux qui gérait ta vie, tu avais trouver ta voie et tu n'allais pas laisser les préjugés idiots de certaines personnes t'arrêter. « rae hyun me soutient, alors pourquoi pas toi ? » tu murmures, tes épaules s'affaissant légèrement, ses doutes te touchant plus que tu n'osais le montrer. tu vois le regard de ta mère vaciller quand tu mentionnes ton petit ami, tu savais qu'elle était méfiante envers lui, ou plutôt envers sa famille, elle ne partageait pas leurs idées et entrait souvent en conflit avec sa mère à cause de leurs visions des choses totalement à l'opposée l'une de l'autre. « d'accord ma chérie, si c'est ce que tu veux faire, je serais là pour toi. » qu'elle te rassure, enroulant ses bras autour de tes épaules pour te ramener vers elle, une main réconfortante glissant dans tes cheveux comme quand tu étais petite.

eighteen years old ▬ le regard qu'il te lançait, tu pouvais y lire tant d'émotions se bousculant, comme s'il ne savait pas quoi ressentir. tu t'imaginais être dans un état similaire au siens, tes sentiments tourbillonnant tels une tempête emportant tout sur son passage. tu sentais tes lèvres trembler, l'annonce prochaine du flot de larmes qui menaçaient de couler, perlant aux coins de tes yeux alors que tu détournes la tête. ce n'était qu'une question de temps, tu songeais intérieurement, les signes étaient présents depuis trop longtemps, mais tu n'avais pas voulu les voir. rae hyun devait se concentrer sur son avenir, sur ce qu'il aimait faire. il t'avait encourager à suivre ta voie, et tu te devais de faire de même avec lui. « je comprends, » tu bafouilles, fermant les yeux. il ne voulait pas te faire du mal, pas plus que ce qui vous tourmentaient déjà. les dernières semaines, vous aviez tout fait pour éviter cette conversation, comme si vous sentiez que tôt ou tard, elle finira par arriver. tu n'aurais pas supporter son absence, mais tu ne voulais pas lui couper les ailes alors qu'il était sur le point de s'envoler. tu l'aimais tant, rae hyun. et c'était parce que tu l'aimais à ce point, que tu allais le laisser partir. tu sens ses mains qui attrapent les tiennes, leurs douceurs, leurs caresses qui font naître les frissons familiers le long de ton dos. « j'aurais voulu que les choses soient différentes, » sa voix, à peine murmurée, qui attire de nouveau ton regard sur lui. une nouvelle vague d'émotions qui te percute, tu retiens à grande peine d'éclater en sanglot. « mais il faut croire que je ne suis que le sad ending de tes histoires. » une dernière remarque qui brise tes barrières, les larmes coulant silencieusement sur tes joues alors qu'il dépose un baiser contre ta tempe. une ultime marque de douceur, un « désolé »  murmurer du bout des lèvres. « je t'aime, » que tu ne peux t'empêcher de souffler à ton tour, parce que tu sais que tu ne pourras plus lui dire une fois qu'il aura passé la porte. tu le vois à son regard, sa réponse évidente. et puis il était parti. tu ne le retiens pas, parce que c'était ce qu'il y avait de mieux pour vous deux. et pourtant, la blessure qui s'ouvre. tu te recules jusqu'à t'appuyer contre le mur, glissant au sol alors que des sanglots te secouent une fois de plus. deux ans. deux ans d'amour, de bonheur qui deviendraient maintenant des souvenirs, enfouis profondément dans ton coeur pour ne plus jamais le quitter.

twenty-two years old ▬ tu observes, tu étudies, tu écris. le stylo qui glisse sur ton cahier, ton imagination que tu couches sur papier, faisant vivre tes histoires, tes personnages. bientôt vous allez lancer le prochain otome de l'entreprise de ta mère, basé sur l'histoire d'alice au pays des merveilles. même si ce n'était pas un conte pour enfants que tu affectionnais particulièrement, tu t'étais attachée aux différents personnages que tu avais inventé. une ambiance un peu plus mature, plus gothique aussi, avec des décors dessinés à la perfection, il ne manquait plus que les divers scénarios à compléter, les différentes routes selon le garçon que tu choisissais comme celui qui t'étais destiné. bien sûr tu devais prévoir trois fin différentes, celui du grand amour, une plus normal et celle du coeur brisé. le principe même des otome games étant que les scénarios changeaient en fonction de tes choix. pour certains, ils auraient trouvé ça ennuyant, chiant voir, mais pour toi, tu vivais pour ça. tu vivais pour ces histoires qui tourbillonnaient dans ta tête, qui faisaient battre ton coeur d'excitation, qui faisaient perler les larmes dans tes yeux quand tu étais particulièrement touchée par l'une d'elle. tu devais bien l'avouer aussi, tu avais déjà tes petites préférences parmi tes personnages, ça se montrerait sûrement durant les scénarios mais tu n'étais pas inquiète. tu savais que les éditeurs allaient aimé ton travail, comme toujours. tu étais douée, comme tu l'avais dit des années plus tôt à ta mère, et ton talent était reconnu dans ce domaine. tu n'avais pas à cacher ton nom, tu étais fière de ce que tu faisais, et le fait qu'on apprécie tant tes histoires, ça te réchauffait le coeur. tu avais montré à ta mère que ses doutes n'avaient plus lieu d'être. tu étais faite pour cela, tu le savais, et tu le montrerais encore et encore.