Ça jase et ça bavasse, paraîtrait-il qu'au lycée, Hyun Soo était guitariste d'un groupe de rock, il était même très doué et avait son propre fan club. Populaire et pourtant, plutôt distant, ça les faisait fondre les nanas, ça les faisait piailler et roucouler, de mignonnes donzelles aux bas bleu de méthylène. Un échappatoire pour lui, une façon de s'exprimer, dans les doigtées et les notes jouées, dans les chœurs accordés et les compositions qu'il se mit à réaliser. Un gars souriant et timide, réservé et sociable, pas des plus bavards mais il faisait craquer, par sa chaleur et sa douceur, image mature et peut-être un peu trop. Les gens regrettaient presque qu'il ait sauté une classe, pourquoi diable la nature a décidé de lui donner la beauté, la créativité et l'intelligence à la fois ?

Toutefois, on peut lui déduire la santé, il paraîtrait qu'il était très absent pendant un moment ou qu'il venait couvert des pieds jusqu'au cou, masqué et encapuchonné, une vilaine grippe qu'il aurait choppé, encore et encore, une succession de bactéries. Cela lui arrivait souvent. Trop souvent. Mais Hyun Soo est si secret, Hyun Soo est si mystérieux, à cacher la lourde détresse au sein de son foyer, que très peu ont remarqué les hématomes et les marques de strangulation, ils n'ont pas remarqué ses tressaillements et ses mâchoires serrées dès que son père se montrait. Si jeune et battu par son propre parent, si jeune et déjà brisé alors qu'il venait de dire au revoir à sa maman. Paraîtrait-il que depuis qu'elle est partie, il ne l'a jamais revu. Orphelin officieux, officiellement le beau garçon silencieux.

Paraîtrait-il qu'il se drogue maintenant, cocaïne ou crimson, les gens se posent encore la question. Certains assurent le voir trembler sans pouvoir se contrôler, une feuille dans un vent automnale. Certains n'ont pas de jugeote apparemment, ils ne savent pas que c'est du goulot qu'essaye se détacher Hyun Soo, amateur d'alcool et prisonnier de ses effets. Paraîtrait-il que ça remonte à son paternel tout cela, déformation professionnelle et divorce, Hyun Soo grandit avec le modèle parfait pour virer obsédé par les liqueurs et le vin… Et il y a tant de vrai, un incendie à l'origine de cette fumée. Son père et lui d'ailleurs, ne se parlent plus, paraîtrait-il qu'ils ne se supportent plus, qu'ils essayent de recoller les morceaux que cependant, tout se disjoint à chaque tentative, remise à zéro. Ils voltigent sur un long câble au-dessus du vide, malades de la même folie. L'abîme qui les engouffre, sauvages conversations et maux ((mots)) trop prononcés.

Les gens ont peur de lui, les autre ne savent jamais à quoi s'attendre, imprévisible animal, il sait sourire par devant et poignarder par derrière, esprit malin corrompu par une démence qui ne se gère plus, il paraîtrait qu'une tentative de viol a été déposée contre lui. Faut dire qu'elle l'avait cherché, faut dire qu'elle l'avait demandé, à la recherche du danger, la demoiselle finit surtout bien effrayée, il lui fît comprendre qu'à se frotter à lui, elle allait se plier à son jeu : exquise géhenne, toute la nuit elle avait frémit, de plaisir et de terreur face à ses propres désirs cachés, illumination d'envies honteuses, il ne lui restait qu'à affronter l'évidence. L'affaire fût rapidement abandonnée et classée, les mensonges ne sont pas une option qu'il permet, ni la perte de temps. Aussi, paraîtrait-il que depuis, des filles qu'il ne connaît ni d’Ève, ni d'Adam l’appelaient pour vouloir réaliser leurs grands fantasmes du grand méchant loup, un fardeau qu'il le fît changer de numéro, Ô Hyun Soo,  m a l   dans sa peau,   m a l   dans ses os.

Et même au travail on continue à lui inventer une double identité, l'homme de la cuisine et à l'exigence inflexible, talentueux et inventif, il ose et il réussit, c'est comme s'il avait toujours ce qu'il voulait. Paraîtrait-il que sa réputation ne se refait plus, aussi bien sur Paris qu'à Jeju et c'est au tour de la capitale de jacasser, le cuistot chanceux que rien n'arrête, bulldozer des marmitons, son tempérament n'est plus à refaire, ses rictus coupent et ses ordres dressent. Hyun Soo sait se faire respecter et contre toute attente, il reste notoirement agréable à suivre dans ses projets, admirable homme, leader, qui ne laisse rien, n i    p e r s o n n e   s'opposer à sa destinée.

Par conséquent, la dernière interrogation à son compte laisse sceptique, un sujet qu'il évite, on tourne autour du pot, paraîtrait-il que tout le monde se passe le mot de ne pas demander. De ne pas en discuter malgré l'opulente tentation exposée : De cette  b a g u e   au doigt qu'il n'arrive pas à enlever tandis que personne ne l'a vu une épouse au bras. Les théories parlent qu'elle soit toujours sur l'île à l'attendre patiemment. Qu'elle le rejoindra plus tard. Ou qu'il ne restera pas. Puis il y a les autres péripéties, qu'il se serait enfui ou qu'il lui courrait après. Ses aventures d'un soir presque compulsives, ses sauts d'humeur et ses vicieuses réflexions, derrière son tendre faciès, il y a dans ses iris une monstruosité éveillée, une  t e r r e u r qui prend à l'estomac...

Nonobstant, il paraîtrait que les plus intimes, les privilégiés, eux, y reconnaissent un désespoir discret, un  a p p e l   à l'aide muet, ouaté par de gros mots et par des piques de furie. Jolies empreintes des repères toxiques de Hyun Soo, sur sa gorge peinte de bleuté.

<< Drive with me >>
❖ Gaucher  ❖ Chanter (ou hurler) en roulant, la stéréo à fond  ❖ Le vieux rock  Nirvana, Rolling Stones, Marilyn Manson & Imagine Dragons ❖ Ou encore; Jacques Brel, Edith Piaf, Daniel Balavoine, Mylène Farmer ❖ Aime poser sa main sur la cuisse de son épouse quand il conduit ❖ Rouler plusieurs heures sans but précis ❖ Lancer des regards en coin vers elle ❖ Insulte tous les gens qui le doublent ❖ Il a investi dans une jaguar de sport

>>Dine with me <<
❖ Allergique aux crustacés & aux poils de chiens ❖ Possède un fol amour pour le beurre ❖ A appris à faire lui-même de la baguette ❖ Amateur de Chablis et de Monbazillac ❖ Préfère commander à manger que cuisiner pour ses  propres repas ❖ Son plat préféré à faire et à manger reste les pâtes carbonara ❖ Il a son couteau préféré qu'il a fait graver de ses initiales

<< Sleep with me >>
❖ Mouchoir de Monsieur - Guerlain : rose, jasmin, néroli et bois nimbé poudré ❖ Toujours habillé sobrement ❖ Sauf pour dormir, il est nu ou en caleçon ❖ Dort habituellement sur le ventre ou le dos, ça dépend de ses nausées ❖ Actuellement suivi aux alcooliques anonymes ❖ Son dernier record fût de 18 jours ❖ A tenté deux fois de se suicider, la première quelques mois avant de partir en France. La deuxième, après que sa femme l'ait quitté : Son père l'a retrouvé inconscient dans son salon, les bras mutilés. Depuis, Hyun Soo l'ignore et l'évite complètement. ❖ Par automatisme, il se crispe quand on le touche, d'ailleurs il n'aime pas qu'on le masse ❖ Méprise les coups d'un soir, il n'est pas tendre avec les femmes faciles (ça l'empêche pas d'en profiter hein) ❖ Plutôt boxer ❖ Parle dans son sommeil (ou pleure aussi, les deux)

>>Chill with me <<
❖ Guitariste ❖ Lit beaucoup (Kafka, Dostoïevski, Balzac et Baudelaire en préférés), a quasiment fait toute sa culture et son éducation via les bouquins ❖ D'ailleurs, sa bibliothèque prend tout un mur de son appartement et tous les murs de son bureau. Sans compter les étagères dans sa chambre... ❖  Rêve d'une vie de famille ❖ Voudrait une fille en premier ❖ Fait de la photographie et a déjà été publié ❖ Aime les éléphants ❖ Impressionnant stock de bougies parfumées  ❖ Sait quelque peu dessiner mais s'y refuse, mauvais souvenir de sa maman ❖ D'ailleurs, à part pour la pension alimentaire, ils n'avaient aucun contact ❖ Pratique le tennis ❖ Lorsqu'il est sobre, donne régulièrement son sang, il est de type AB+  ❖ A un chat bleu russe appelé Prusse ❖ Un appartement chic, classique et digne d'une galerie artistique (des peintres modernes mais aussi des copies d’œuvres connues)

<< Travel with me >>
❖ Parle très bien français, quasi bilingue ❖ Tout comme l'anglais qu'il maîtrise avec aisance  ❖ A beaucoup voyagé, il encadre ses passeports ❖ Dandy Parisien, Beau Cul Belle Gueule ❖ Apprend par lui-même le russe ❖ Ecrit parfois (de la poésie et des compositions) ❖ Voudrait retourner à Moscou pendant quelques mois ❖ Cuisine surtout française mais jongle avec la coréenne aussi. ❖ Il s'entraîne à l'indienne à côté ❖ Quand il était à Paris, il a enchaîné les nuits blanches dans les bars et les soirées et retournait bosser les yeux cernés ❖ Il n'a eu que très peu de conquêtes à cette époque là car il avait trop peur de se montrer dénudé ou de s'attacher à une femme ❖ On peut dire que Ha Young a été la première fille (et la seule) dont il est réellement tombé amoureux.

   

Hyun Soo fût forgé à coups de marteau et de braises, tranchant fendoir façonné par la force des poings. Il est tel une pièce, à double facettes. Il ne se rend pas bien compte de ce qu'il a, il s'égare entre ce qu'il voit et ce qu'il fait, entre ce qu'il pense et ce qu'il dit.

         Sous son exigence et son intransigeance, sous son ardeur et son orgueil qui sautent aux yeux en premier, il y a aussi tout ce qu'il est, ce qu'il s'applique à protéger : il y a lui, délicate voix et impassible sentimental. S'il laisse les émotions le guider, c'est la raison de sa préciosité et fragilité. A vif, à l'air libre, il montre tout sans rien cacher, quand il connaît, quand il aime, il se dévoile et n'a pas honte de s'exhiber. Il obtient ce qu'il veut au détriment de sa santé, Hyun Soo n'agit que par pulsions et convoitise, un égoïsme enfantin, des caprices d'adolescent : Un adulte torturé qui ne cherche qu'à s'améliorer nonobstant, dont les lignes directionnelles manquent et terrifient.

Son perfectionnisme ne le fait que galoper, une vision inaccessible qu'il tente d'attraper, il soupire, il inspire, encore un petit effort et il se sent l'atteindre sans pouvoir toucher. Qu'importe les fardeaux, qu'importe les tourments, son caractère lui interdit de rendre forfait, quitte à s'enterrer et s'étouffer dedans, à ne plus pouvoir remonter. Aussi triste et sinistre, l'Enfer est pavé de bonnes intentions, il établit l'autoroute vers les limbes de sa fatalité. Tordu et martelé, Hyun Soo voit le monde la tête à l'envers et les pieds en l'air, peut-être est-ce trop, de rêver vers le bas ? Terre à terre et indifférent, un sourire mielleux sur le visage d'un homme violent.

Aussi la solitude qui lui convient n'est pas celle de quelqu'un qui fuit les relations mais de quelqu'un qui ((s'efforce)) aime être avec soi, il n'essaye pas de s'isoler, il n'essaye pas de se faire détester, il aspire simplement à être abrité, en sécurité. Un peu étrange, plutôt nonchalant, un naturel qu'il garde. Prince charmant qui finit corrodé par le poison d'antan, il tente de se détacher de ce passé, il essaye de gommer ces blessures qu'il n'arrive à soigner... Cependant, elles sont tant... Elles sont si nombreuses, ces épineuses images et ignobles histoires. D'une mère qui trompe son mari et ce dernier qui fait semblant. Un père qui   b a t   son enfant mais l'aime toujours autant. Et une femme pour qui il voulut mourir plus d'une fois, pour qui il aurait donné sa vie. Une femme qui l'abandonna comme la première eut fait. Une femme qui jamais ne le vît échoué au sol dans son sang, à l'agonie et misérable, à qui le secret sera réprimé.



Il y a nombreuses choses que Hyun Soo déguise sous ses apparences de colérique et de râleur, ironique et souvent trop franc. Il y a lui, effrayé par l'échec. Il y a lui, l'éternel romantique et galant qui ne rêve que d'être assez aimé. Il n'y a que Hyun Soo pour avoir de simples rêves : Une petite fille sur les genoux et une femme contre le poitrail. Sauf qu'il n'a plus confiance, il n'y a plus que sa méfiance, écorché et piétiné, il tente en vain de se préserver, encore trop abîmé par toutes ces idées noires qui l'envahissent par moment, par ces révélations qui lui sautent aux yeux à chaque fois qu'il se voit passer dans les miroirs. Alors il réagit au quart de tour, il laisse parler ses veines et son instinct de survie, animal   p i é g é   dans un coin.

Qui es-tu,  qui est-il ? Comment pourrait-il s'aimer ? Par peur d'être amoché, il i n j u r e  en premier. Lui à qui la vie eut sourit qu'à moitié, lui qui apprit par lui-même ce complexe concept de la réalité, pragmatique, à ne souhaiter rien de plus que ce qu'il a de droit... Il pense viser la lune quand il ne demande que les étoiles. Il y a tout à craindre chez lui, grand fou à l'amour percé, malade obsessionnel qui ne sait s'apaiser, une fuite qu'il ne colmate pas. Hyun Soo tente, vraiment, de changer. Il essaye de se guérir, de ses mauvaises habitudes et ses mauvaises pensées : La déprime et la dépression ne le réussit pas. Mais l'amour non plus si on réfléchit par là. Ô combien il souhaiterait faire déguerpir ses insécurités, faire taire sa jalousie et ses angoisses ! C'est comme si tout était un excès, autant tuer avant de finir brisé. Autant faire décamper avant de pourrir sous les regrets.

Sauf que les tentations sont présentes et folles, parcourant son corps et son cerveau, donnez-lui, donnez-lui, tout ce qu'il a, prenez-lui, prenez-lui, tout ce qu'il n'a pas. Une estime de soi bancale, un amour propre quasi-inexistant, il joue de  m e n s o n g e s  et de manipulations, il appuie là où ça fait mal comme on lui apprit, comme on lui fît auparavant. Acquitté de toute culpabilité, depuis le temps, il l'a adopté et la laisse moisir, cancer dégénéré, consume-le, fais toi plaisir, embaume-le dans le vice que tu es. Au risque de complètement dévié, de toute façon, qui veut de ce gosse qui se laisse abattre et cogner ?

Pas même lui. Faible ignare qui ne sait que geindre et chialer, autant le laisser crever et faire fonctionner tout son être sur un moteur qui carbure à la rancune et la rancœur. Autant se corrompre soi-même, l'   A L C O O L  n'aide qu'à le faire putréfier , à mourir plus promptement.

A quoi bon de toute façon, vivre, quand on ne fait que sillonner sans jamais profiter ? Sans jamais n'être satisfait... Perpétuel dévorant, son appétit ne sait être comblé.