Woojin était à la boutique, accompagné de son fils. Il feuilletait des livrets remplis de descriptions de différentes crèches et autres lieux qui pourraient garder son petit Wonsik la journée, lorsque le coréen avait beaucoup trop de travail. Sa boutique de fleurs en demandait beaucoup, parfois. Il lui arrivait d’avoir des jours plus chargés que d’autres mais surtout lorsqu’il devait préparer des bouquets pour des grands évènements comme des mariages. Plusieurs fois il s’était demandé s’il n’allait pas engager une autre personne avec lui, pour l’aider dans son travail et lui permettre de gagner du temps pour son jeune garçon de deux ans. Mais plusieurs fois il avait soit oublié cette idée, soit son fils avait sollicité son attention. Auquel cas, il finit par en conclure que tant qu’il tenait encore le rythme, il n’avait pas de raison de prendre un autre employé. Peut-être plus tard, car il voyait que sa boutique gagnait en notoriété. Il entendit un rire, qui le sortit de sa lecture, puis levant les yeux il observa le jeune enfant qui tenait à peine sur ses jambes, jouer avec les feuilles d’une Monstera Deliciosa. « Wonsik, touche pas à ça, tu vas encore arracher des feuilles et on va devoir la prendre à la maison. » Cela faisait plusieurs mois que le jeune bébé commençait à marcher correctement et c’était un enfer pour le jeune papa qui devait redoubler d’efforts pour ne pas le laisser partir hors de sa vue. Il avait l’impression de passer tout son temps à lui courir après pour le calmer, à croire que le bébé n’attendait que de pouvoir de tenir sur ses jambes pour se révéler être en fait un démon. Woojin soupira, puis se retourna deux secondes le temps de ranger les documents dans un tiroir derrière le comptoir. Seulement, lorsqu’il se retourna, il ne trouva plus son fils à côté de la plante. « Wonsik ? » La panique monta d’un coup et voyant la porte ouverte il ne put que sortir du magasin. « WONSIK. » Il hurla d’un coup, tourna sur lui-même pour apercevoir la petite silhouette de son fils. Il ne pouvait être bien loin, il n’avait que deux ans. Finalement, il vit une personne à côté de la boutique, penchée sur le petit corps de son fils. Le coréen arriva en deux pas à hauteur de la personne et l’attrapa par le poignet. « Ne le touchez pas. »

Deux minutes. Deux, petites, minutes. C’était le temps qu’il avait fallu à Wonsik pour déguerpir hors du champ de vision de son père. C’était un temps qui paraissait tellement court, et en même temps tellement long alors que Woojin avait senti la panique monter d’un coup, et avec celle-ci, ses peurs. Son estomac d'abord, puis montant jusqu'au fond de ses dents, serrant tous ses muscles déjà endoloris. S’il s’était laissé tomber sous ses angoisses, il entendrait déjà les voix très familières de ses beaux-parents qui lui feraient mille reproches, lui rappelant au passage qu’il ne méritait ni son fils, ni même ces années heureuses qu’il avait passé avec sa défunte femme. Il avait bien failli tout perdre, et lui-même avec, pendant ces deux semaines aux enfers, mais il s’était relevé. Il était sorti de ses heures les plus sombres, alors ce n’était pas pour perdre son fils à cause d’une erreur d’inattention et quelques minutes. Il s’était précipité hors de sa boutique, abandonnant la caisse et les plantes avec. Rien n’était plus important que son fils et Woojin avait déjà jeté sa carrière et sa vie pour le bébé une fois, il recommencerait sans hésiter. Il appelait, hurlait après son fils, alors que la panique continuait de monter dans sa cervelle, prenant le contrôle de toutes les connexions pour ne plus y laisser le moindre sens.

Finalement, il l’aperçu, non loin de la boutique, avec un inconnu qui s’était agenouillé devant son petit corps allongé au sol. Le père ne perdit pas une seconde de plus et rejoint les deux pour arrêter le mouvement du jeune homme. Woojin ne répondit pas à l’interrogation de l’inconnu, à la place, il poussa légèrement ce dernier pour récupérer son fils et le coincer confortablement entre ses bras. Sa respiration était haletante, alors que le niveau d’adrénaline descendait petit à petit, l’angoisse avec. « Baby, ça va ? » Il parlait tout bas, comme s’il ne voulait pas que l’autre homme ne l’entende. Puis se retourna vers celui-ci, donnant enfin de l’attention à sa présence. « Qui êtes-vous, que vouliez-vous à mon fils ? » Son ton était clairement dédaigneux, voire enragé. Jamais il ne pouvait s’imaginer que quelqu’un puisse vouloir kidnapper son fils, or sans aucune preuve autre que la simple folie de sa cervelle perdue dans ses peurs, c’était ainsi qu’il voyait l’inconnu. Il jeta un rapide coup d’œil dans la rue, découvrant celle-ci vide. Aucun témoin autour d’eux pour savoir si cet inconnu avait vraiment eu l’intention de partir avec son fils. « Ce n’est qu’un enfant de deux ans, vous n’avez pas honte ?! » Honte de quoi, il ne savait pas. C’était compliqué pour Woojin de penser clairement alors que les différentes situations toujours pire l’une après l’autre défilait derrière ses yeux. C’était une torture, de s’imaginer son fils lui être enlevé de ses bras si souvent. C’était une douleur intenable et, pourtant, il se l’était lui-même infligée par le passé.