Les quelques notes de piano détonnaient étrangement avec le silence qui s’était installé depuis quelques jours. Le visage fermé, cherchant un point pour se focaliser sans y parvenir. C’était le regard vide que tu semblais observer les lieux. Plus rien. Tu ne voyais plus rien. Ni même ta peau que tu rapprochais au plus près l’avant bras collé au nez. Plus rien. Le noir, le vide, comme ce trou béant qui semblait faire saigner ta poitrine tandis que tu le cachais sous des sourires hypocrites. C’était bien mieux de faire la leçon aux autres, mais tu n’étais pas meilleure. Trop de soirs tu t’étais lamentée sur ton sort. Tu avais pensé à ce meilleur ami, perdu dans la nature sans un mot. Tu avais imaginé celui qui, tant effrayé par toi, avait fini par s’évaporer dans l’air. Tout te faisait soudainement peur. Han Jae et sa présence, ou plutôt l’idée de son absence. Perdre tout ce que tu avais construit. Ton entreprise, ces quelques personnes qui apparaissaient pour soulager la solitude qui te rongeait. Tu étais effrayée. Malgré la musique qui résonnait doucement rien n’était apaisé dans cette noirceur complète. Le bruit de la sonnette te sortait cependant de cet état léthargique, les yeux clignant enfin, faisant couler quelques larmes, de tristesse ou de sécheresse, peu importait. Soudainement perdue, chaque recoin revenait à l’inconnu perdue dans le brouillon d’une dépression trop sévèrement ancrée. C’est avec un énième coin qui heurta ta hanche qu’un bruit aigü t’indiqua que tu venais de briser un pot, vase, tu ignorais même ce qui venait de tomber. Ouvrant la porte tu en oubliais ta dégaine, le jogging et débardeur surplombés d’une robe de chambre trop légère. Aucun maquillage ne venait camoufler les cernes que tu pouvais avoir, aucun chignon ne disciplinait les cheveux trop longs que tu avais, ignorant leur aspect. “ Oui ?  “





“ “
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« Bonjour c'est moi ! », que tu lanças, trop joyeusement peut-être, le sourire grand et les bras en l'air comme une gamine tout simplement heureuse d'être là et heureuse de le montrer. Tes pommettes bien rebondies et colorées devinrent quelque peu tremblantes alors que le sourire se faisait plus petit au fil des secondes qui coulaient. Tu gardas les bras levés, étrangement, bêtement, clignant des paupières dans un air totalement stupide. Tu ouvris la bouche pour la refermer, la confusion étirant à présent les traits de ton visage – et tu baissas enfin les bras. « Tout va bien ? Est-ce que je dérange ? Est-ce que... », tu mimas un air soucieux. « Je voulais pas déranger ou... venir pendant un mauvais moment pardon. Mais est-ce que ça va ? », tu te pinças les lèvres, embêtée, inquiète. Et avec douceur, tes mains vinrent doucement se poser sur ses bras, les frottant avec délicatesse comme si tu craignais la briser. « J'ai entendu des trucs tomber.. bon je pensais que c'était le voisin ou la télé mais.. tu t'es faite mal ? Je peux t'accompagner si tu dois aller à l'hôpital ou.. tu veux que j'appelle un médecin ? », et tu semblais t'activer, une main quittant son bras pour fouiller dans tes poches dans tes positions étranges. « J'ai apporté des petits gâteaux mais c'est plus vraiment important et je voulais juste dire bonjour, papoter, prendre des nouvelles et juste... », tu agitas la main dans le vide un instant, retournant ton souffle. « Te revoir. Ca faisait longtemps », le sourire léger aux lèvres, tu soufflas un son victorieux, le téléphone en main. « Est-ce que je dois appeler quelqu'un ? Je peux te laisser les petits gâteaux, je vais t'aider à ranger si... », tu agitas à nouveau la main, ne sachant toujours pas si tu avais juste entendu la télé ou si ça avait été vraiment un bruit dans son appartement. Tu gardas le silence de longues secondes, étudiant son visage, songeuse, confuse, perdue. « Tu veux peut-être être seule... ? », que tu articulas dans un chuchotement coupable – mais en réalité tu ne voudrais la laisser seule, tes doigts venant frôler délicatement ses pommettes, notant quelques traces humides que tu essayais d'effacer. Elle avait l'air épuisée.

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