Assise tranquillement dans un coin de l'université, tu ne pouvais détacher ton regard du livre que tu tenais entre tes mains : un roman policier. Tu en avais entendu parler par hasard, durant l'une des nombreuses vidéos que tu regardes le soir pour t'endormir. Et l'avis du youtuber avait piqué ta curiosité. Tu t'étais renseignée, consultant plusieurs avis. Tout le monde semblait d'accord pour dire que l'intrigue était parfaitement bien menée, que la fin était surprenante et que les personnages étaient bien travaillés eux aussi. Ca t'avait suffit pour foncer l'acheter quelques jours plus tard. Ta mère avait été plutôt contente du changement. Pas que tu sois du genre à passer trop de temps sur ta console mais une fois que tu commençais à jouer à Pokemon tu n'arrêtais plus – façon de parler. Tu aimais un peu trop ce jeu. Te voir avec un livre en mains l'avait faite sourire. En plus de ça tu avais réussi à lui vendre le livre, et elle le lira après toi. Tu avais hâte de pouvoir discuter de tout ça avec elle, d'échanger vos avis, les idées que vous aviez eues et toutes les théories auxquelles vous aviez pu penser. Et rien ne semblait pouvoir te faire lever le nez. Rien, sauf peut-être cette voix.

L'impression que ton cœur s'arrête un instant pour tomber plus bas, les prunelles se relevant à peine alors que tu te pinçais les lèvres. Tu n'avais pas besoin de regarder pour savoir. Sans attendre, tu attrapas ton sac, tentant de filer le plus loin possible. Tu faisais semblant de ne pas les avoir vus mais ils se doutaient autant de toi que tu ne faisais que fuir. Et les rires résonnaient encore plus fort au fur et à mesure que tu pressais le pas, te faufilant dans les couloirs et entre différents élèves, souhaitant aller le plus loin possible. Le petit groupe semblait cependant capable de te retrouver n'importe où, les rires brûlant tes tympans alors qu'ils se rapprochaient, leurs mots venant s'y mêler. D'une petite voix, tu leur demandas de s'écarter, de te laisser tranquille – mais cela ne faisait que rendre leurs rires encore plus bruyants. Leurs regards étaient mauvais et ils te pointaient du doigt comme on pointerait un accusé, te traitant d'idiote et t'humiliant un peu plus encore. « Toi ? Lire un roman policier ? T'es sûre que tu comprends ce qu'il se passe au moins ? T'es pas la plus dégourdie qui existe... » et cela faisait référence à cette blague dont tu avais été le centre. Aujourd'hui encore tu te répétais à quel point tu avais été bête et naïve. Tu levas quelque peu les pupilles, observant rapidement les alentours, espérant pouvoir trouver un visage familier pour pouvoir t'abriter ou déguerpir.

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Hak Kun veut bien reconnaître qu’il n’est pas toujours d’une grande maturité, surtout quand il s’agit de gestion des émotions ou de jalousie. Il peut avoir un humour et des réactions enfantine aussi. Au lycée, il lui est aussi arrivé de suivre des amis et de mener la vie dure à des camarades. Avec le recul, il n’en est pas fier. Il ne faisait partie des bons élèves durant sa scolarité, ni de ceux qu’on avait envie de fréquenter… Plutôt de ceux qu’on ne voulait pas se mettre à dos pour éviter les moqueries et les blagues douteuses. C’est peut-être pour inconsciemment se racheter qu’il a pris la défense de June un jour. C’était au campus, elle se faisait embêter par d’autres étudiants. Que des lycéens ou des collégiens soient assez stupides pour s’abaisser à cela… Il peut le concevoir, mais des étudiants ? Ils sont censés être adultes. Quoique… Hak Kun est-il un exemple d’adulte du haut de ses vingt-sept ans ? Probablement pas. Néanmoins, il a évolué ces dernières années. En grande partie grâce à Son Bin. S’il ne l’avait pas rencontré et si la jeune femme n’avait pas accepté de lui laisser une chance, il n’en serait probablement pas là où il est aujourd’hui. Il est loin d’être parfait, Hak Kun en a conscience, mais il y a du mieux.

La fin des cours sonne enfin et Hak Kun ne se fait pas prier pour fuir la salle de classe. C’était son dernier cours de la journée et il aimerait avancer sur un projet de couture à l’atelier. Les idées fusent dans sa tête, il voudrait en tester certaines pour affiner la finalité de la pièce qu’il va coudre. C’est un aspect de la couture qu’il apprécie tout particulièrement. Parfois on a une idée sur le papier et en essayant de la mettre en oeuvre, on se rend compte qu’elle ne sera pas réalisable ou que le tissu que l’on avait en tête ne conviendra pas… Il faut alors redoubler de créativité pour surmonter ces obstacles. Perdu dans ses pensées, il aurait presque pu ne pas voir ce qu’il se passe un peu plus loin. Un visage familier accroche son regard. June ? Hak Kun a pris l’habitude d’être attentif la concernant. Il a remarqué qu’elle était le centre de plaisanterie et de moquerie dont il aurait malheureusement pu être l’auteur dans sa jeunesse. Il soupire. Changement de plans pour cette fin d’après-midi. Il s’approche silencieusement, arrivant dans le dos du petit groupe qui a jeté son dévolu sur June. Ils l’entendent approcher, alors qu’Hal Kun est juste derrière eux.

- Oh, continuez, faites comme si je n’étais pas là. Je ne voudrais pas déranger, dit-il d’une voix pleine d’ironie.

Bizarrement, ils ne disent plus rien. Hak Kun ne voudrait pas se venter, mais il se sait plutôt impressionnant. Pas grâce à sa carrure plutôt fine, mais son caractère et sa personnalité compensent largement.

- J’ai interrompu quelque chose peut-être ? Ah oui, vous vous moquiez des choix de lecture de June.

Il ne cache pas qu’il connaît la jeune femme. Si ça peut aider à ce qu’ils la laissent tranquille.

- Je vous laisse deux options : soit vous déguerpissez maintenant et je ne veux plus jamais vous revoir lui adresser la parole. Soit c’est moi qui m’occupe de votre cas et votre vie au campus deviendra un enfer.

Hak Kun n’a pas besoin de préciser que ça menace n’est pas une plaisanterie, le ton de sa voix le laisse clairement transparaître. Qu’il les revoit auprès de June et il pourra s’amuser… Hak Kun ne les lâche pas des yeux, jusqu’à ce qu’ils décident d’eux-même de s’éloigner. Il essaie de se tenir et de ne pas être trop menaçant, mais ça le démange. Des restes de sont passés qui remontent. Il les suit du regard, puis reporte son attention sur June.

- Ne les écoute pas, ils sont stupides et jaloux.

Il parle en connaissant de cause, c’était exactement ce qu’il ressentait plus jeune quand il était à la place de ce genre d’élèves.

- Tu vas bien ? Qu’est-ce que tu lis ?

Comme si ça allait l’avancer à quoi que ce soit… Hak Kun n’est pas un grand lecteur.

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