ootd | À deux doigts de donner un coup de poing dans son écran, Jae Mi prit une grande respiration et tourna sur sa chaise pour être dos à son ordinateur. Elle était d'une patience d'or mais certaines choses avaient le don de la mettre dans des états de colère profonde. Les caprices des intervenants qu'elle essayait d'avoir pour des événements à l'université étaient de ces choses qui la faisaient vriller. Autant elle adorait l'art, autant certains artistes pensaient vraiment être plus que ce qu'ils étaient. Cela dit, il fallait relativiser les professeurs, les docteurs et autres experts de leurs domaines avaient aussi tendance à se penser au dessus des autres. Les historiens aussi... Et c'était un historien actuellement qui lui posait problème. Au-delà d'avoir des exigences et un avis péjoratifs sur les étudiants de l'université, il se permettait, dans leurs échanges, des petits commentaires passifs agressifs et absolument sexistes qui lui donnaient envie de hurler. Autant dire qu'elle n'était pas payée assez cher pour se faire humilier de la sorte et, pourtant, elle allait garder le sourire et rester courtoise dans ses réponses au risque de ne pas réussir à obtenir une intervention de sa part auprès des étudiants. Pourquoi devait-il être aussi bon dans sa discipline et être humainement aussi détestable ? La tête appuyée sur le dossier de sa chaise de bureau (elle s'était battue pour en avoir une de qualité pour son dos), elle gardait les yeux fermés essayant de se calmer et se détendre. Jae Mi savait que ce genre d'émotions pouvait la laisser un peu énervée ce qui était un terrain de jeu parfait pour son anxiété.

Elle ignora combien de temps passa, peut-être avait-elle fini par somnoler quelques minutes, son ordinateur eut le temps de passer en veille. Ce ne fût que lorsqu'elle entendit frapper à sa porte qu'elle se retourna et avisa son écran noir. « Oui entrez. » Elle parla assez fort tout en remuant la souris de son ordinateur pour le réactiver. Elle releva les yeux et aperçu Sung Jin Woo passer le pas de la porte. La jeune femme en eut presque une sueur froide. Avec lui, c'était quitte ou double. Soit la conversation était passionnante et ils ressortaient tous les deux avec de belles idées pour des événements au service des étudiants (et de la science !) ou alors ils passaient leurs temps à ne pas se comprendre et finissaient agacés et énervés. « Professeur Sung – elle sourit malgré son appréhension – que me vaut le plaisir de votre venue ? » Elle avisa les deux gobelets (de ce qui semblait être des cafés) dans ses mains, elle leva un sourcil et le regarda d'un air suspicieux. « Vous, vous avez quelque chose à me demander. » Et ce n'était pas une question, elle en était sûre. C'était bien là le problème avec ces deux-là, ils avaient des certitudes sur leurs expertises respectives.

>Outfit< Bon, c’est officiel, tu ne sais toujours pas comment faire pour demander quelque chose dans cette université. Enfin, si tu sais, mais c’est juste que… Ça t’ennuie profondément d’avoir à faire toutes ses demandes, ses paperasses et juste de te plier aux gens en général. Il y a pourtant une exception. Non, ce n’est pas Rhea, c’est quand tu as vraiment, vraiment, VRAIMENT l’impression que c’est important. Lors du dernier colloque où tu es allé, oui avec Rhea tu sais surtout vu ce qui s’est passé, mais bref, tu as rencontré tes collègues et un en particulier dont les travaux t’ont impressionné. Tu en as parlé à quelques professeurs et aux gens de ton labo et tous semblent intéressés par ses travaux. Tu te dis donc que ce serait une bonne idée de la faire venir. Tu lui en as déjà parlé bien sûr, il serait d’accord mais tu n’as honnêtement pas envie de gérer tous les détails. Comme diraient certains élèves: la flemme. En gros. Il faut donc que tu ailles voir Jae Mi et autant dire que tu vas prendre toutes les précautions possibles. Non parce qu’elle fait son travail et est gentille, tu n’en doutes pas, mais votre relation a parfois eu tendance à être… Tendue. Disons juste que votre vision des choses diffère souvent.

Il paraît qu’il faut être avenant quand on doit demander quelque chose. Enfin c’est ce que dit Rhea, mais aussi parce qu’elle croyait que c’était pour elle? Aucune idée. Tu te dis donc que lui apporter un café aidera un peu. Enfin c’était avant que tu ne trébuches et ne te renverses les gobelets sur ta blouse. Bénie soit celui qui a inventé cette protection. Bref, après être retourné poser ta deuxième blouse de la journée et être retourné chercher deux cafés, tu reprends le chemin du fameux bureau. Oui bon, on exclut aussi le passage où tu dois t’excuser, encore, auprès de l’agent de ménage pour le bazar que tu causes. Tu arrives enfin à destination, tu toques presque nerveusement avant d’entrer quand on te l’indique. « Bonjour… » Un simple mot qui quitte tes lèvres avant de sentir une ambiance étrange arriver. Tu ne saurais plus dire quoi mais elle n’a pas l’air enchantée de te voir. Tu restes surpris quand elle te dit immédiatement que tu as quelque chose à demander. « Ça se voit à ce point? » Décidément, les gens seront toujours un mystère pour toi, encore plus quand ils arrivent à déchiffrer ce que veulent les gens. Oh, tu as failli oublier, tu prends un gobelet pour le lui tendre. « Je vous ai pris un café, tenez avant que je ne le renverse, encore. Je ne savais pas comment vous le buvez, il est noir mais je dois avoir du sucre quelque part.» Tu attends un peu avant de venir attraper la chaise en face de son bureau. «Je peux m’asseoir? Si vous êtes trop occupé, je peux revenir demain. Vous avez l’air… Tendu? oui tu demandes parce que tu n’es absolument pas sûr de ce que tu dis. En plus, pour demander quelque chose, il vaut mieux qu’elle soit de bonne humeur, non?

ootd | Ce qui était bien avec les personnes qui n'étaient pas toujours très à l'aise en société ou qui étaient plutôt maladroites, c'était qu'elles avaient du mal à cacher leurs intentions. Non pas que le reste du monde était hypocrite mais les conventions sociales faisaient que... Avec Jin Woo, la jeune femme savait souvent où elle allait. Enfin, dans ses attitudes parce qu'il arrivait souvent qu'elle ne le comprenne pas. Ils n'étaient pas vraiment sur la même fréquence tous les deux. Mais au moins, pour comprendre ses intentions, elle touchait souvent juste, comme ce jour-là. Elle lâcha un rire à sa remarque et pointa le café qu'il avait dans les mains. « C'est rare que vous m'ameniez un café de cette façon. Et par rare on parle d'événement qui se sont déjà produits normalement... » Elle le regarda amusée mais ne refusa pas le café qui lui était proposé, bien au contraire. Jae Mi huma l'odeur amère du café, amertume étrangement réconfortante. « Je vous remercie. Et non pas besoin de sucre, j'aime mon café noir. » Elle se passa de la blague habituelle « comme on âme ». D'abord parce que ce n'était pas vrai et ensuite parce que ce n'était pas vraiment drôle.

Elle se replaça correctement dans son siège, son dos bien appuyé contre le dossier. « Oui asseyez-vous. » Jae Mi soupira, presque agacée que l'humeur dans laquelle l'avait mis ce foutu historien se voit si facilement. « Non c'est juste... » Elle lâcha un petit rire sans joie. « Vous vous souvenez quand je vous ai dit que vous les scientifiques vous étiez les pires ? » Elle eut la décence d'avoir un air contrit, cette réplique n'avait pas été un de ses moments les plus brillants. « Et bien sachez que les historiens sont pires. Bien pires. » Elle serra le poing de la main qui ne tenait pas le gobelet. « En plus d'être bornés ils sont paternalistes. » Comme pour faire passer le goût amer de ces paroles, elle prit une gorgée d'un café plus amer encore mais bizarrement bien plus doux pour son moral (peut-être pas pour sa tension). Elle croisa les jambes tout en reposant le gobelet sur son bureau. « Vous voulez en venir directement aux faits ou je peux avoir l'espoir que vous me changiez les idées quelques instants ? » Et pour ne pas trop lui laisser le choix, elle enchaîna sans lui offrir le temps de réponse. « Comment allez-vous Professeur Song ? » Était-ce une bonne idée ? Elle n'était pas très sûre que l'enseignant soit la meilleure cible pour entretenir un « small talk ».

>Outfit<Bon, c’est officiel, tu as essayé de faire des efforts mais c’est clairement la tentative la moins discrète de l’univers. C’est l’intention qui compte en même temps non? Enfin tu crois. C’est que tu as entendu dire. Dans tous les cas c’est presque un soulagement qu’elle note ça dès le début, tu te sens mieux. Tu n’as pas à faire semblant au moins. Tu hausses simplement les épaules quand elle te fait remarquer cette première. ”Il paraît que c’est normal de faire ça.” Oui enfin, pour les autres, pas pour toi. Tu ne peux cependant que remarque l’état étrange de la femme en face de toi. Non, tu ne mets pas vraiment de terme dessus parce que c’est un peu trop dur pour toi. Tu t’assois quand elle t’y invite, toujours un peu intriguer par la situation. D’habitude quand tu es dans un bureau de l’administration c’est pour te prendre un savon sans que tu ne comprennes vraiment pourquoi. Bref.

Tu écoutes alors la raison de son état en portant la tasse à tes lèvres. Lorsqu’elle te demande si tu te rappelles sa réflexion tu te contentes d’acquiescer. Toi tu avais pris ça comme un compliment, après tout, qui y a-t-il de mal à toujours vouloir l’exactitude? Rien. Tu ne remets pourtant pas le sujet sur le tapis, tu veux éviter de recommencer une discussion houleuse alors que tu as quelque chose à demander. Tu ne peux t’empêcher de rire quand elle te parle des historiens. Entre deux gorgées de café tu ne peux retenir une remarque. ”Il faut croire que certains de mes collègues prennent leur matière un peu trop au sérieux.”  Ce qui est en fait… Un peu trop courant si tu veux être transparent. Tu ne passes énormément de temps à fréquenter tes collègues mais certains sont clairement des archétypes clichés parfaits. Tu te cales correctement dans le siège en observant Mademoiselle Nah. Elle a toujours une posture qui t’intrigue toujours… Trop raide, trop droite pour être naturelle. C’est la curiosité mal placée donc tu ne demandes rien depuis la première fois. Après tout c’est sa vie privée et c’est l’occasion de faire des hypothèses et de travailler tes neurones sur autre chose. Bon, tu aurais aimé aller directement au point qui t’intéresse, mais il faut savoir donner un peu pour recevoir non? ”Je n’ai rien de prévu rapidement donc je ne suis pas franchement pressé.” Enfin si, retourner au laboratoire, très important. Bref. Tu réfléchis quelques secondes, peu habituer à avoir ce genre de conversation. ”Je suppose oui, disons juste que tant que je peux être au labo tout va bien. Mon Ex-femme disait que j’étais marié au travail.”  Tu te contentes d’hausser les épaules, disons juste que ce n’est pas faux. On ne peut pas dire que tu te sois particulièrement impliqué dans ce mariage arrangé mais c’est un autre débat. Tu reprends une gorgée de café avant de balayer le bureau du regard. Il paraît qu’un bureau en dit beaucoup sur son occupant? Peut-être, tu ne sais pas trop. Sans doute avec les touches personnelles. Sans la regarder plus tu reprends la parole. ”J’ai l’impression que les étudiants ont apprécié vos dernières expositions, je les écoute souvent en parler entre eux. Ça doit être gratifiant.”