the sun is rising on the skyline ♞ #jidan
Invité
Invité
the sun is rising on the skyline ♞ #jidan | Ven 15 Avr - 15:13 Citer EditerSupprimer
the sun is rising on the skyline
Mes doigts glissaient le long de la charpente des escaliers, sans pour autant que je prenne la peine de gravir les marches. J'étais resté là, au rez-de-chaussée du dortoir, depuis une bonne dizaine de minutes désormais. Revenir au campus n'avait pas été une chose aisée, et beaucoup d'images me revenaient en tête. En levant la tête vers les fenêtres où on pouvait voir les bâtiments de cours au loin, j'observais l'aile fermée à cause des incendies meurtriers. Je ramenai ma main le long de mon corps en me pinçant la lèvre, puis j'ajustai le masque sur ma figure. Comme la plupart des autres étudiants, je n'avais pas été épargné par les événements, et même si je devais m'estimer heureux de ne pas avoir eu de graves blessures, les séquelles étaient encore présentes. J'éprouvais encore plus de difficultés à marcher. Je devais reprendre ma rééducation depuis le début. De plus, mes poumons étaient encore un peu irrités par les produits toxiques que j'avais inhalé aux laboratoires. C'était la raison pour laquelle aujourd'hui encore, je devais porter un masque. Trève de rêveries, je devais rejoindre ma chambre pour ranger mes affaires. J'appuyai sur le bouton de l'ascenseur. Maintenant que j'y pensais, le dortoir était presque vide. Beaucoup de pyobeom avaient été touchés par les incendies, je croyais bien que j'étais dans les premiers à revenir. Je m'engouffrai dans l'ascenseur et portai mon regard sur mon reflet dans le miroir. Les cernes creusaient mes joues. Je sortis dans le couloir et me dirigeai vers ma porte, cherchant la bonne clé sur mon trousseau. Je voulus tourner la serrure, mais je constatai que la porte était ouverte. Alors, ça voulait dire que... « Aidan...? » J'ouvris la porte et m'engouffrai dans la chambre, y apercevant le brun affalé sur son lit, comme à son habitude. Je refermai la porte derrière moi et abaissai mon masque au niveau de mon menton, lui communiquant ma surprise et surtout ma joie à le savoir ici. J'avais eu si peu de nouvelles de lui, j'étais très rassuré de le retrouver. « Dieu merci tu es là... le dortoir est si vide, c'est flippant. » fis-je en guise de remarque, me tournant pour poser ma veste sur le porte-manteaux. Je déposai ensuite mon sac au pied de mon lit et je m'approchai du lit de mon colocataire, cherchant immédiatement à instaurer un contact avec lui, que ce soit visuel ou tactile. Il fallait quand même que je me l'avoue: il m'avait manqué. Et il n'avait jamais quitté mes pensées.
© charney
Invité
Invité
Re: the sun is rising on the skyline ♞ #jidan | Jeu 9 Juin - 13:33 Citer EditerSupprimer
the sun is rising on the skyline
C’est quand tu frôles la mort que tu arrives à comprendre pourquoi se contenter de frôler la vie n’a plus d’importance. Comme une leçon de vie qu’on essayait de me rentrer dans le crâne, que j’avais compris depuis déjà bien trop longtemps, on me le rabâchait comme pour que je ne l’oublie jamais. La vie est tangible, précaire, elle peut nous glisser entre les doigts comme du sable fin, tout effacer, comme si vous n’aviez jamais existé. Alors j’avais la prétention de croire que je pouvais changer un peu les choses, que je pouvais donner un sens à tout ça, que j’étais assez fort pour supporter cette nouvelle épreuve après tant d’autres pourtant l’ironie voulait que je me retrouve cloué dans ce lit. Je n’arrivais plus à quitter ce dortoir alors que la vie m’attendait, elle filait si vite entre mes doigts, j’avais peur de ne pouvoir la rattraper. J’aurais voulu que le temps ce soit arrêté, juste un instant, le temps que tout s’arrange, que nous guérissions de nos blessures. Je pensais être assez fort pour porter le poids de tout ce que j’avais vécu, vu, parce que simplement j’avais l’impression que rien ne s’était passé, comme si je m’étais réveillé avec des séquelles dont je ne connaissais pas les causes. Les médecins parlaient de stress post-traumatique, comme si j’étais devenu fou du jour au lendemain, comme si j’avais pu tout éradiquer de mon esprit sans me rappeler d’un détail, d’un sentiment, d’une douleur. Je restais sans réponse, sans savoir pourquoi je ne pouvais plus bouger mon épaule, ou pourquoi des hématomes, des plaies superficielles s’étaient retrouvés sur mon corps. Je tentais de chercher dans mon esprit, seul, sans l’aide de personne. Je ne voulais pas de leur psychologue à deux balles qui vous bousille plus le cerveau qu’il ne l’est. Je voulais trouver mes réponses, sans l’aide de personne.
Et c’est une voix familière qui me sortit de mes songes, je relevai la tête sur mon partenaire de chambre, heureux, soulagé de le voir près de moi. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je me redressai pour m’asseoir sur mon matelas. Il n’avait pas bonne mine mais il souriait, il était vivant, un peu amoché, mais il vivait. « A qui le dis-tu… » lui répondis-je alors, accompagné d’un léger rire ironique. « Tu vas bien ? » Mon regard se glissa sur sa jambe que je devinais plus handicapée que jamais. Nous n’avions pas des têtes de vainqueurs mais notre sourire en disait bien plus long sur ce que nous ressentions.
Et c’est une voix familière qui me sortit de mes songes, je relevai la tête sur mon partenaire de chambre, heureux, soulagé de le voir près de moi. Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je me redressai pour m’asseoir sur mon matelas. Il n’avait pas bonne mine mais il souriait, il était vivant, un peu amoché, mais il vivait. « A qui le dis-tu… » lui répondis-je alors, accompagné d’un léger rire ironique. « Tu vas bien ? » Mon regard se glissa sur sa jambe que je devinais plus handicapée que jamais. Nous n’avions pas des têtes de vainqueurs mais notre sourire en disait bien plus long sur ce que nous ressentions.
© charney
Invité
Invité
Re: the sun is rising on the skyline ♞ #jidan | Jeu 9 Juin - 14:35 Citer EditerSupprimer
the sun is rising on the skyline
Ce sentiment était indescriptible. Ce n'était pas de l'amour, évidemment que non, puisque j'aimais Joo Hee plus que tout et que la gente masculine ne m'avait jamais attiré. Mais ce n'était pas non plus de l'amitié, dans le sens général du terme. Je tenais beaucoup à Aidan. Le savoir à mes côtés me procurait une étrange sensation de bien-être. Comme s'il était capable d'un simple regard de mettre le point sur mes peines, mes colères et mes doutes. Il sondait mon âme avec une telle aisance que j'étais incapable de lui mentir. Aidan lisait en moi comme un livre ouvert. Je me sentais vite mis à nu par sa présence, par sa prestance. Alors quand il posa son regard sur moi lorsque j'entrai dans la chambre... Je dus bien vite me rendre à l'évidence qu'Aidan me connaissait bien plus que je ne le pensais. Lui était alité, avec l'épaule douloureuse. Je le voyais à la posture qu'il adoptait. Il ne s'appuyait jamais sur ce bras-là. Il fallait croire que chacun portait les séquelles d'un traumatisme encore trop récent. Je revoyais encore les flammes, et le bruit sourd des explosions dans le laboratoire. Mon dieu, mais que s'était-il passé dans la tête de ces ravisseurs pour provoquer un tel incendie ? Je ne comprendrais jamais la stupidité humaine. Jamais de la vie je ne penserais un jour à foutre le feu à la prestigieuse université de Yonsei ! Je ne le comprendrais jamais, et je ne chercherais jamais à le vouloir. Je vins m'asseoir à côté d'Aidan pour lui montrer que oui, j'étais là, qu'il n'était plus seul dans cet immense dortoir et que malgré la douleur, je me montrerais fort pour lui, pour les pyobeom. « Ca va, j'ai eu de la chance. Je dois recommencer ma rééducation et prendre des cachets pour mes poumons. » Ah ça oui, j'en avais eu de la chance... Quand je voyais que d'autres étudiants étaient bien plus blessés que moi, et que certains même avaient péri... Un frisson parcourut mon dos et je baissai la tête, remontant un peu mon masque sur mes lèvres sèches. Il y avait eu des morts... Ca me révoltait, mais je me sentais tellement impuissant. Si seulement je n'étais pas handicapé, j'aurais pu sauver des vies au laboratoire. J'aurais pu. Mais je ne l'avais pas fait, parce qu'une fois de plus, j'étais un poids. Je repensais à In Ha qui était obligé de me trimbaler dans les décombres parce que je n'arrivais plus à marcher tout seul. Cette dépendance me rendait fou. Je déliai mes poings sur mes genoux pour ensuite tourner la tête vers Aidan. « Ne t'inquiète pas, tu peux compter sur moi. Je suis là maintenant, je vais veiller à ce que tu te reposes. » J'esquissai un sourire mince, approchant mon bras de son épaule que je vins à peine caresser, de peur de lui faire mal. J'étais mal à l'aise. Aidan souffrait intérieurement, son regard trahissait ses mots. Mais on ne me la faisait pas à moi. Il était difficile de me cacher des choses, et Aidan n'avait aucun moyen d'y échapper.
© charney
Invité
Invité
Re: the sun is rising on the skyline ♞ #jidan | Jeu 9 Juin - 17:17 Citer EditerSupprimer
the sun is rising on the skyline
J’avais passé de longues journées à attendre que Kyu rentre au dortoir pour enfin avoir l’impression de faire quelque chose de ma vie. J’avais passé ces longues journées à réfléchir, à essayer de me souvenir. Je ne voulais pas mettre un satané pied dehors tant qu’un seul petit, un minuscule détail, ne fasse surface dans mon esprit. J’avais besoin de savoir, de me rappeler, rien qu’un peu. J’avais passé ces journées seul, à errer dans les couloirs, sur le toit, parfois sur la terrasse. Je les regardais tous, abîmés, tristes, parfois endeuillés. Et j’avais juste l’impression de venir d’un autre monde, d’avoir débarqué après la guerre sans comprendre pourquoi j’avais été touché. Et Jihoon m’avait longuement manqué dans cette chambre devenue vide. Malgré mon seul léger sourire, j’étais reconnaissant qu’il soit là, devant moi. Je ne pouvais pas lui dire, il le savait déjà de toute façon. Parce que c’était assez facile de rester moi-même à ses côtés, comme s’il n’y avait pas besoin de mot, ni même un regard pour qu’il comprenne le fond de ma pensée. Nous étions si différents, Jihoon était si spontané et si honnête, il n’avait pas peur de me dire et de me faire comprendre que je pouvais compter sur lui. J’avais mon opposé en face de moi qui arrivait à me déchiffrer sans mal. C’était apaisant, ça me soulageait presque d’un poids dont je n’avais pas conscience. Et je me mis à doucement rire à ses dernières paroles « A peine rentrer et tu reprends déjà ta cape de président. » Je lui mis un léger coup dans l’épaule pour le taquiner puis je laissai un souffle presque inaudible passer mes lèvres. « Je m’en fais surtout pour les autre, à vrai dire… Tu as des nouvelles de Wen ? » lui demandai-je alors. Je n’avais aucune pudeur face à lui, Jihoon était au courant d’à peu près tout ce qu’il se passait dans ma vie au dortoir et il savait tout aussi bien que j’étais bien le dernier à envoyer des messages ou à appeler pour prendre des nouvelles. Un défaut qui me portait souvent préjudice. Pourtant, je n’avais pas arrêté de penser à la jeune femme depuis cet incendie, écoutant d’une oreille distraite les autres sur son état. Je ne savais pas tout, et je pensais que c’était peut-être mieux comme ça. « Et Joo Hee, elle était à l’université à ce moment ? » me tentai-je à lui demander. J’avais besoin de beaucoup de réponses et je me disais qu’en commençant à doucement parler des événements, j’allais y arriver.
© charney
Invité
Invité
Re: the sun is rising on the skyline ♞ #jidan | Jeu 9 Juin - 19:28 Citer EditerSupprimer
the sun is rising on the skyline
Avais-je réellement le choix ? Dès que je posais le pied au dortoir, je me devais d'endosser cette cape que j'avais accepté de porter il y avait presque deux ans maintenant. Devenir président n'était qu'un titre en plus. Pour certains, cela ne signifiait rien de plus qu'être simple membre d'une fraternité. Mais pour moi, j'avais pris cette "promotion" pour une réelle responsabilité que j'étais ravi d'avoir. Je trouvais un peu un sens à ma vie quand je faisais respecter le règlement dans le dortoir. Quand je devais gérer les dossiers des membres, contrôler les chambres... c'étaient des tâches ingrates que personne ne voulait faire. Mais moi, ça ne me dérangeait pas. On me voyait plus en horreur qu'en admiration car je n'étais pas souple dans mon travail. Mais je misais surtout sur la sécurité et la bonne entente dans le dortoir. Les pyobeom n'avaient pas l'air de se plaindre en fait, donc je me disais que je devais continuer comme ça. Alors, pouvais-je réellement mettre de côté cette cape pour m'abattre sur un sort déjà fait ? Non. Et je savais qu'Aidan me comprenait. Car si je me montrais aussi faible et abattu, alors cela se répercuterait sur les autres, et la communauté prendrait un sacré coup au moral. Aidan avait besoin du président en moi, tout comme il avait besoin de l'ami, de l'homme et du confident que j'étais pour lui. Doucement, je glissai mon bras derrière son dos pour le rapprocher de moi. « Elle va bien, ne t'inquiète pas. » Wen Yi avait souffert durant cette terrible épreuve. Et je savais tout de la vie d'Aidan, y-compris son petit jeu de séduction avec la belle chinoise. Elle comptait pour lui, je comprenais son inquiétude. Mais il ne devait pas s'en faire, Wen Yi était entre de bonnes mains là-bas, à l'hôpital. J'esquissai un nouveau sourire. « Joo Hee se repose aussi, elle était au théâtre quand c'est arrivé. » Aidan avait l'air complètement perdu. Comme si l'épisode de l'incendie lui était devenu étranger. Aurait-il oublié quelques détails ? Hum, peut-être que c'était mieux ainsi. Garder en mémoire de telles images n'était pas une chose aisée, je parlais en connaissance de cause. Je regardai autour de moi pour ensuite me lever, remettant correctement les draps sur Aidan. « Tu veux de l'eau ? C'est quoi la posologie de tes médicaments ? » Je devais l'avouer, je n'étais pas une plantureuse infirmière en petite tenue... Mais je voulais quand même l'aider. Parce qu'il était mon ami, et que sa douleur était la mienne. Je n'aimais pas le savoir si mal. C'était comme si tout un monde s'effondrait.
© charney
Contenu sponsorisé
Une petite réponse rapide
|
|