Je fais mine de me brûler la main, la secouant nerveusement, après avoir touché son épaule alors qu'elle aboie contre moi, prête à me mordre. C'est qu'elle a du caractère ma meilleure amie, mais c'est bien pour cette raison que je parviens à la supporter et qu'elle parvient aussi à me supporter. Dans ce bas monde je doute pouvoir trouver une personne qui me corresponde aussi bien que Jin Hee et je pense que si j'étais devenu hétérosexuel, j'aurai succombé à son vice, malheureusement, ce n'est pas le cas et mon cœur bat pour un homme qui est bien loin de lui ressembler. « C'est que tu es sacrément dangereuse comme femme. Tu en sortirais les crocs, je les vois d'ici » dis-je regardant discrètement dans sa bouche, essayant d'apercevoir des crocs cachés. Un vrai loup tapis dans son ombre. « Et je ne parle pas QUE de moi, je parle aussi de toi, de nous, je ne suis pas autant imbu de ma personne que toi ma chère ». Je bombe par la suite mon torse et lui fais un clin d’œil quand elle avoue enfin que ma sueur est fascinante. Oui bon, certes, j'exagère et je ne le pense absolument pas. J'ai l'air prétentieux vu comme ça, mais au fond, je suis bien loin de me valoriser, de voir en ce corps un potentiel phénoménal. Je dis juste que par le biais de l'entraînement j'ai réussi à faire quelques miracles, sans plus. Mais c'est toujours amusant de jouer avec ma meilleure amie, « au moins tu as ce corps de déesse pour aguicher les hommes, t'en aguicherais même des homosexuels, je t'assure ».  Et vraiment, je ne mens pas pour cette remarque, ou alors, aussi autre éventualité, elle peut les faire tourner homosexuels, car ils en deviennent frustrés de ne pas l'avoir.
Je hausse des épaules quand elle me demande si ça fonctionne correctement avec les femmes. Bien sûr que oui, je ne vois pas en quoi ça ne fonctionnerait pas parfois et ça fonctionnerait d'autres fois. Ça ne se commande pas, enfin si, mais pas totalement. Enfin, bref, de toute manière ça semble être le cas. De toute manière je ne peux pas répondre à cette question, ça ne serait pas objectif, mais si les autres en redemandent, je suppose que oui. Je chasse d'un coup de main ses paroles, « pense ce que tu veux, crois ce que tu veux, t'as jamais expérimenté ». Pour donner un avis certain, il faut tester le produit pour savoir s'il est défaillant ou non. C'est tout.

Je fronce des sourcils, scrutant ma meilleure amie quelques secondes, quand elle me dit que son agence lui a encore demandé de maigrir. Sérieusement ? C'est vrai ? Avec sa finesse ils osent encore lui demander une telle chose ? Ils veulent qu'elle finisse par en mourir ? Par devenir aussi fine qu'un squelette ? Je suis passé par une période de grosseur extrême, puis d'anorexie, alors je sais ce que ça fait, je sais que ce n'est pas bien et je m'inquiète terriblement pour elle, mais je ne dis rien, pas encore en tout cas. Avançant vers elle, je pousse un long soupir, je n'ai pas envie de choisir le film puisque j'ai envie de profiter de sa présence et puis de toute manière je les ai déjà vu donc dans les deux cas, je vais être celui qui sera le moins concentré. Je prends un air offusqué quand elle ose dire que c'est moi en général qui lui demande de l'aide. Certes . . . ce n'est pas faux, mais ma vie n'est pas très facile, tout comme la sienne, je sais, mais moi je risque la mort, au moindre faux pas, ma tête peut être mise à mort par le gang. C'est difficile de protéger les personnes que l'on aime, surtout la personne qui fait battre notre cœur, essayant de l'éloigner le plus de soi, parce qu'on se sait dangereux. Si seulement j'avais aimé une femme les choses auraient été plus simples, certes complexes quelque part, mais plus faciles. Je détourne le regard, sentant l’étau de mon cœur qui se resserre légèrement et passe une main dans mes cheveux, les ébouriffant. « Ok. Je ne viendrai plus t'embêter avec mes histoires ». Je prends un air vexé, même si je sais au fond que je ne pourrai jamais m'en empêcher. Après tout c'est ma meilleure amie, celle qui me conseille le mieux. Quand elle finit par se décider à choisir un film je m’assois à ses côtés, prêt à le regarder, grimaçant horriblement. Trop de mafia tue la mafia, « franchement, t'as des choix de merde Jin Hee, tu le sais » dis-je en caressant ses cheveux. J'ouvre la bouche et la ferme immédiatement quand elle m'ordonne presque d'aller prendre son infusion. « Mais c'est que t'es une vraie chieuse. Dis moi encore pourquoi je t'ai demandé de venir ? ». Je me dirige donc de nouveau vers la cuisine, prenant sa tasse et moi mon pot de glace. Je dépose mon pot sur la petite table basse et lui tends la tasse, quand elle est bien installée contre le fauteuil, y déposant un coussin moelleux contre son dos. Je le fais dans un tel automatisme que je ne me rends même pas compte de mon geste. « Je te fais vraiment chier avec mes histoires ? ». Je demande, sait-on jamais, et puis le temps que le film commence je peux bien parler un peu. Je prends une cuillère de glace et la mets directement dans ma bouche. «  Et tu m'inquiètes Jin Hee . . . Je ne sais pas ce que tu fais encore dans cette agence, elle nuit à ta santé, je n'ai pas envie de retrouver ma meilleure amie morte à cause d'une sous alimentation. J'aime pas te voir comme ça, vraiment ».