Outfit + Il parait qu'on voit les choses différemment, la tête à l'envers. Elle avait beau essayer, pourtant, le meuble face à elle, restait un meuble. Et les livres, elle en devinait aisément les titres à la couleur de leurs couvertures. Mais c'était peut-être parce qu'elle savait, qu'elle s'attachait trop aux formes ou à l'idée qu'elle s'en faisait, qu'elle ne voyait pas autre chose, pas au delà. Elle ne voyait que ce qu'elle voulait voir. Allongée sur son lit, la tête en bas, elle sentait le sang afflué, lui donner la migraine, pourtant, elle resta là un moment. A détailler sa chambre sous un autre angle. Son univers. Comme cherchant ce qu'il y avait de changer. Chaque chose était à sa place… Les vêtements sur le sol, la console et les boîtes de jeux éparpillées. Cependant, quelque chose clochait. Elle soupira, de ce soupire qui vous vide les poumons et elle se redressa, pour s'effondrer à nouveau sur le matelas. Elle s'ennuyait. Elle avait pourtant envie de rien. Ou de tout à la fois. Le pire des ennuis. Celui qui vous décourage de lever un bras, qui vous enlève toute motivation à faire quoi que ce soit. De productif, ou non. Elle aurait aimé… Aller à la mer, par ce temps. Se rendre à la bibliothèque. Jouer à la console. Écrire dans un café. Faire un bowling. Aller au zoo. Aller à l'aquarium. Retourner à Lotte World. Voir Jae. Parler à Hyung Sik. Elle fronça les sourcils et d'un mouvement las, elle colla sa main contre sa poitrine. Et y avait ça, aussi… Ce truc qui vous chamboule la tête. C'était sa faute. C'était lui, qui avait volé sa motivation. Et sa première idée fut de l'engueuler. D'attraper son téléphone et lui envoyer un message. Ce qu'elle fit, à quelques mots près.

Quelques mots… Qui les avaient conduit à un rendez-vous. Enfin, un rendez-vous. C'était pas réellement un rendez-vous. Parce que depuis quand, Hyung Sik et Seong Min avaient des rendez-vous? Ils fixaient jamais rien. Cela avait toujours été un coup du hasard, un coup de surprise. Une envie soudaine, un reproche balancé. Des coïncidences et voila. Elle avait compris, que les choses avaient changées. Elle savait pourquoi, elle savait même quoi. Seulement… Seulement elle était pas certaine de vouloir y mettre des mots dessus. Parce que c'était dingue. Fou. Idiot… Sans doute. Elle soupira, discrètement, observant sa montre alors qu'elle faisait face au bâtiment. Elle lui avait dit de le rejoindre là bas, alors qu'ils auraient peut-être pu partir ensemble. Mais elle savait même pas ce qu'il foutait, de toute façon. Peut-être qu'il s'ennuyait comme elle, d'où sa raison d'avoir accepter une sortie aussi immédiate ? Elle en savait rien. Elle jeta un coup d'oeil à l'entrée, et au guichet. Ça faisait longtemps, qu'elle n'était plus venue ici. Enfant, de souvenir… Ne sachant pas à partir de quel moment, elle avait oublié ce lieu. Elle avait jamais tenue en place… Elle savait pas attendre, décidément. Prenant place dans la file, attendant son tour, et s'écarter ensuite avec les deux billets entre les doigts. Peut-être qu'il aurait aimé les payer… Ou peut-être qu'il s'en foutait. Elle soupira, remonta les deux coupons de papier pour se frapper doucement le front avec. Coupons qu'elle baissa, en le voyant enfin arriver. Elle … l'avait presque pas reconnu. En blond. Hyung Sik était blond. Et le premier poisson qu'il put voir avant même d'entrer, ce fut elle. « … T'as changé. Un peu. Je veux dire, tes cheveux- ils sont différents. Ça te va bien. » … On lui explique ?! Elle remonta les bouts de papier, cachant sa grimace en vain. Depuis quand elle perdait sa répartie ?! Il allait encore en jouer. Et se moquer. Qu'elle tendit rapidement l'une de ses mains vers lui, tenant son entrée. « tiens, j'ai déjà pris les billets. »

Outfit + C’était complètement idiot. De sourire comme ça après un simple sms. De me sentir plus détendu rien qu’en voyant le nom de cette personne sur l’écran tactile de mon téléphone. Juste irréel. Et pourtant vrai. Je soupire, me blasant moi même. De toute façon, venant d’elle, ce serait sûrement un énième ordre. Un énième besoin d’aide. Elle appelait clairement pas pour dire que je lui manquais, fallait pas rêver. Ces mots, elle les gardait pour ses pigeons de trois jours. Pigeons que je ne voulais pas envier. Pourquoi le ferais-je ? Chacun sa place. Moi, je voulais pas la leur. Et je l’aurais d’ailleurs jamais. Autant parce que j’étais la depuis bien plus longtemps que… Parce qu’elle ne me voyait clairement pas comme un homme. Nouveau soupire, et je lis. La surprise maquille mes traits un instant, et je réponds de la merde, comme d'accoutumer. Montrer sa joie ? Et puis quoi encore ! Les réponses fusent, les taquineries éclatent, on ne cesse de se renvoyer la balle. Au final, je sais pas si c’est un rencard ou un simple besoin de compagnie mais… Je l’accompagne.

J’abandonne ce que je suis entrain de faire, je prends une rapide douche, enfile des fringues un peu au pif, sans trop m’en soucier, et sors. De toute façon, tout me va, non ? Pas besoin d’y passer la journée, je suis pas une nana. Et à cette pensée, j’imagine Minnie devant son miroir, une tonne de fringues au sol, avant son rencard. Pas le mien, bien évidemment. Pour moi, elle avait même pas du se poser la question. Si je lui demandais, sûrement ne saurait-elle même pas ce qu’elle portait. Réalité qui m’énerva un temps soit peu, pour une raison obscure. C’était pas vraiment le moment de se lamenter. J’avais pas été à l’aquarium depuis… Des lustres. En fait, je doutais y être jamais aller. En tout cas, ça ne m’avait pas laissé de souvenirs, donc soit c’était le cas, soit ça remontait à trop loin, soit… J’avais pas vraiment aimé ça. Peu importe, au moins, aujourd’hui serait comme une découverte. A défaut de la compagnie, qui elle, datait et faisait pourtant toujours aussi mal. Si je la cherchais pour qu’elle me frappe ? Nooon, pas le moins du monde ! J’étais un jeune homme parfaitement sage. J’arrive finalement sur les lieux et cherche la blondinette du regard. Cette dernière se frappait avec les billets, qu’elle avait apparemment acheté sans m’attendre, bien que je ne sois pas vraiment en retard, avant de me remarquer. Décidément, elle me laisserait vraiment rien acheter celle là ! M’enfin, au moins, je ferais des économies. En revanche, la tête qu’elle me tira, elle, ne pu m’empêcher de me faire rire. Le plus discrètement possible, bien évidemment. J’ai changé ? Ah, mes cheveux ! C’est vrai, j’avais oublié qu’elle ne m’avait encore jamais vu blond. « Ça me va bien ? Pour que tu bégayes ainsi, te plairais-je par hasard ? » J’allais me rapprocher pour la taquiner mais déjà elle me tendait le billet, comme faisant rempart à ma personne. Juste adorable. « Je croyais que tu voulais que je t’invite ? Tu ne sais décidément pas ce que tu veux… » Et j’hausserais les épaules, désinvolte, avant de sourire vilement. « A moins que tu ais été si impatiente de me voir que tu étais obligée de t’occuper en les achetant ? » J’arrive finalement devant le type qui déchire une partie du coupon pour nous laisser ensuite passer. L’intérieur est plutôt sombre, privilégiant l’éclairage des bassins pour plus de féerie, et je ne peux m’empêcher de lui lancer un pic de plus. « Ne t’éloigne pas trop, on y voit pas grand chose, je serais obligé de te tenir la main après. » Pas que ça me dérange au fond...

Outfit + Elle s'était demandée, un instant, de quoi ils avaient l'air tous les deux. L'un à côté de l'autre. Si sa place à ses côtés étaient si étrange, si contrastée. Si ces différences qu'elle ne cessait de voir étaient si flagrantes aux yeux des autres. Et puis elle s'était demandée, quelle genre de fille il aimait. Un peu rebelle ? Un peu garçon manqué ? Avec des tatouages, comme lui ? Un style vestimentaire similaire au sien ? Parce qu'elle était loin, de ces jeans troués et de ces hauts trop larges. Ils faisaient pas partis du même monde. Et si avant, ça ne l'avait jamais dérangé, pire, elle avait toujours souligné ce fait, le traitant comme s'il ne méritait pas le titre de prince, aujourd'hui, elle se retrouvait un peu idiote… A se demander ce que ça ferait, si pour une fois elle quittait son monde pour celui de quelqu'un. Si son monde à elle, pouvait pas s'adapter à un autre. Bien que ce soit ridicule. Elle resterait une princesse. Et lui, un anti-prince.

Elle avait pas su comment s'habiller, à vrai dire. Elle savait même pas comment qualifier cette sortie. Si elle prenait le temps de choisir sa tenue, alors ce serait réellement un rendez-vous ? Et il le remarquerait. Le sol de sa chambre avait été recouvert de quelques tenues qu'elle avait tenté d'enfiler, dans l'hésitation du moment. Pour finalement sortir avec les vêtements qu'elle portait en premier lieu, donnant l'illusion qu'elle n'avait pas voulu faire d'effort. Trop incertaine, trop brouillée avec ses pensées pour se décider. Elle avait préféré jouer la sécurité… comme toujours. Enfin, si il avait eu la gentillesse de la prévenir sur la nouvelle couleur de ses cheveux, qu'elle ne se retrouve pas plus idiote qu'elle ne l'était, elle aurait apprécié. Perdant sa répartie, à croire que cela devenait une habitude, elle devait bien s'avouer… Que le blond lui allait bien. Même très bien. Trop bien. Saleté. « Non, c'est juste la surprise. » Elle murmure presque, avant d'user des billets comme bouclier. Laissant une distance de sécurité entre lui et elle. C'est vrai, elle aurait voulu qu'il l'invite… Et c'est vrai aussi, qu'elle avait préféré prendre les devants, en contradiction avec ses envies. « … j'étais juste arrivée en avance et y avait personne aux guichets, c'est tout. » Menteuse. Elle haussa les épaules, tentant à son tour d'être désinvolte mais étrangement, ça fonctionnait moins bien sur elle.  Préférant le suivre jusqu'à l'entrée et détourner les yeux de sa personne. Chose assez difficile, quand on marche côte à côte de la dite personne… Récupérant son coupon déchiré, elle l'enfonça dans l'une de ses poches avant de s'avancer à l'intérieur, son sourire naissant naturellement, à la magie des bassins. Elle n'avait pas souvenir pourtant, d'avoir sentie l'ambiance aussi radicalement différente quand elle y était entrée des années auparavant. S'enfonçant un peu plus, d'un pas lent, elle détache ses yeux des premiers basins, pour les lever vers les siens. Tenir sa main. Et comme une idiote, elle baisse les yeux vers la sienne, avant de serrer ses doigts contre sa paume, ramenant discrètement son poing vers elle. « Je ne suis pas une enfant, ne te sens pas obligé de me tenir la main. » Pas que ça la dérangerait non plus… Plutôt le contraire, même. Aish. Ils étaient décidément vraiment nul, en communication. Et puis pourquoi il se sentirait 'obligé' ? Il détestait à ce point sa main ?! Avant de se rendre compte… Qu'elle ne cessait de le repousser. Constamment. Elle se mordit la lèvre, préférant détourner les yeux, alors qu'elle se décida enfin, à faire un pas vers lui. Un pas plus clair que les autres. Mais dont elle ne se priverait pas à nier, au moindre signe de contradiction de sa part. Dans un frôlement, elle touche ses doigts, brève hésitation avant que sa main ne glisse dans la sienne avec plus d'assurance pour la serrer. « Je sais que toi, tu risques de te perdre donc bon... » Pas d'argument, que du vent. Peu importe. Et elle sent… Ce battement, son coeur qui s'emballe. AIGO. C'était juste sa main, pourquoi elle… Difficilement, elle arque un sourcil, se racle la gorge, hausse une seconde fois les épaules. Grossièrement, de manière surfaite, et tire sur celle-ci en s'avançant.

Outfit + C’était un sentiment nouveau. Étrange. Complètement inhabituel qui me tiraillait tandis que j’étais avec elle. Savoir que… Nous n’étions plus vraiment pareil. Que quelque chose avait changé depuis la dernière fois. Depuis le mariage. Ou peut être même bien avant. J’avais plus le droit de jouer au mec aveugle. De tenter de me dire qu’elle n’était qu’une parmi tant d’autres. J’arrivais plus à espérer retrouver notre relation initiale. Parce que j’en voulais plus. Parce qu’elle me suffisait plus. J’étais devenu avide et cupide. Je désirais des choses que je ne m’avouais même pas. Je la voulais elle… Mais elle, elle ne me regardait pas. Et pourtant… Elle m’avait proposé un rendez-vous. Anodin, certes, mais quand même. Ça avait suffit. Quelques mots simples, deux trois plaisanteries… Ça avait toujours suffit. Parce qu’au fond, je ne lui avais jamais dit non que pour l’enquiquiner. Que j’aimais qu’elle m’embête et me dérange. Et que son pseudo caractère de cochon et son attitude de reine… Me plaisait bien plus que ce que je ne dirais jamais. Elle était unique. Elle était Minnie. Et c’était tout ce qui comptait.

J’avais ri, en admirant pour première expression de sa part cette tête si ahurie que ça en devenait pire qu’hilarant. Et en même temps, je m’étais félicité de ne rien lui avoir dit, juste pour pouvoir en profiter. Juste pour pouvoir apprécier ses bégaiements. Parce que c’était jouissif, de savoir que je la déstabilisais. Que je ne la laissais pas si indifférent. Je la taquine, elle me repousse… Et sans trop savoir comment, je sais que j’ai fait mouche. Alors comme ça, je lui plais en blond ? Elle aura beau vouloir parler de surprise autant qu’elle voudra, je ne la croirait pas. Mon sourire se fait plus lumineux tandis qu’elle raconte un énième mensonge que je ne soulève pourtant pas, ne voulant pas l’énerver dès le début de l’après-midi, avant d’avancer jusqu’à l’intérieur de l’aquarium véritablement. Je ne peux cependant m’empêcher de faire une remarque idiote, cachant pourtant bel et bien une réelle envie. Ouais, j’avais envie de lui tenir la main. C’était une évidence que je ne pouvais plus nier, comme certaines autres. Et pourtant, je savais qu’elle ne me laisserait pas la toucher. Alors je me retenais, peu enclin à me recevoir un bon coup dans le tibia. Une enfant ? Obligé ? Elle en avait de bonnes tout de même parfois ! « Doucement princesse, ce n’est pas parce que vous avez une petite taille que l’on vous compare à une enfant. » Et un sourire narquois s’afficha sur mon minois, alors qu’en soit, pour une femme, elle était loin d’être petite. J’haussais les épaules avant de continuer d’avancer lentement, admirant les fonds marins, puis m’arrêtais un court instant. Quelque chose frôla ma main droite, et je baissais les yeux tandis que je remarquais que la main de Seong Min agrippait la mienne. Mes yeux s’écarquillèrent de surprise, et je l’écoutais utiliser la même excuse que moi plus tôt. Pourquoi ? Et je la vois exagérer chacune de ses expressions indiquant clairement sa gêne, avant de me sentir tiré à se suite. « Suis-je un gosse que tu promènes ? » ris-je un court instant avant de tirer sur sa main pour la ramener d’un coup sec contre mon buste. Mes yeux ancrés dans les siens, je dégage alors légèrement ma main pour au final venir glisser mes doigts avec le siens, les entrelaçant lentement, effleurant sa peau. « Ou un homme à qui tu tiens la main ? Choisis. » Ma paume libre vient caresser sa joue, tandis que mon sourire se fait plus grand et que je l’observe un court instant, me rapprochant avant de venir effleurer le haut de sa tête de mes lèvres. Puis je me remets en marche, nos deux mains toujours liées, avançant lentement, histoire que personne ne tire l’autre mais marchions l’un à coté de l’autre. « Regarde, des raies ! » relançais-je le sujet innocemment avant de me rapprocher du bassin en question pour les admirer.

Outfit + Définir avait toujours été un plaisir. Jouer des mots, des phrases, des synonymes, des compositions, des formulations. Décrire les sentiments et retranscrire les gestes afin d'en coucher une réalité sur papier. Étaler sur plusieurs lignes le trouble d'une héroïne, ses doutes, lors d'une aventure imaginée pour qu'elle en paraisse réelle. Elle avait toujours aimé le concret,  qu'elle pouvait pas nier ne pas savoir. Et pourtant malgré tous les livres qu'elle avait bien pu avoir coincer entre ses mains, les sentiments n'avaient jamais la même description. Teintés par la plume d'un auteur, peints d'une toute autre couleur par un autre. Ainsi, l'amitié, la colère, ou l'amour pouvait être rouge écarlate et bleu nuit. Chaud ou froid. Tendre et sauvage. Doux et violent. Quoiqu'elle ait pu en vivre, lire, écrire. Parce que la réalité n'avait aucune indication. Hyung Sik était simplement Hyung Sik. Il n'était ni bleu ni rouge. Il était un mélange de couleurs, un courant. Il était l'océan. Une palette de bleus, de sa variante la plus claire à sa plus sombre. Et elle s'y était perdue, à tenter de le définir.

Elle l'avait toujours repoussé, jusqu'à se rendre compte qu'elle ne voulait plus réellement le faire, ses mots à l'opposé de ses pensées. Lorsque malgré toute sa prétention, elle aimerait lui tenir la main ici, à ce rendez-vous qui n'en était pas un. Sans qu'il ne s'agisse d'une comédie jouée aux yeux de tout un public présent au mariage de sa mère. Usant d'une excuse et de réactions trop grossières pour que cela passe inaperçu. Si elle avait cru un instant pouvoir s'aventurer dans le hall et les différents couloirs menant aux autres bassins sur cette simple explication, elle se heurta à son torse, puis se confronta à son regard. Elle avait eu tort d'y croire. Tort de penser que ce geste ne pourrait être qu'un geste qu'elle ne devrait pas assumer. Elle sent sa paume se glisser et se coller à la sienne, son coeur s'emballer. Ses doigts manucurés se liés aux siens. Ses joues s'empourprer légèrement, sous la caresse éphémère de ses lèvres. Avant de reprendre leur marche, ses pas suivant les siens plus docilement, se callant au rythme qu'il avait naturellement imposé. « Tu n'as plus vraiment la taille d'un enfant. » Elle haussa faiblement ses épaules dans une demi-moue et un demi-aveu. Le remerciant presque intérieurement de distraire son regard devenu fuyant, sur les ombres dansantes. Des raies. Faisant face à une barrière vitrée, donnant sur tout un autre monde. Ou face à ses petits poissons de fond de bassins, Seong Min et sa si grande fierté se sentaient plus que minuscule. « Elles sont …  énormes ! tu crois qu'il y a des baleines et des requins ? » Elle manqua presque d'effleurer le verre de ses doigts libres, suspendant son geste comme si elle aurait pu briser l'illusion. A la place, elle chercha son portable et prit quelques clichés, tirant sur sa main puis s'accroupit en apercevant quelque chose caché parmi les rochers, attirant son attention sur les récifs. « Ah-- Hyung Sik, il y a un hippocampe. »

Outfit + Les limites s’étaient brisées. Je les avais envoyé chier, tout comme elle l’avait fait de son côté. Avec un simple contact, un effleurement, deux mains se joignant enfin. Ce n’est qu’en la sentant dans la mienne que j’avais compris… Que j’en rêvais depuis longtemps. Que je la cherchais depuis le début peut être, mais que ne l’ayant jamais trouvé, j’avais fini par oublier. On s’était enfoncé dans une routine, caché derrière des jeux de mots et des allusions, illusionné avec notre fierté. Et au final, on s’était toujours raté. Il m’avait fallu une robe, une robe et une perruque pour comprendre que je ne l’avais jamais considéré comme une pote. Qu’elle était une femme et que peut être… Je l’avais laissé m’approcher en connaissance de cause. En fait non, elle était rentrée dans mon monde sans que je ne l’y ait invité, et avait tout chamboulé. Du Seong Min tout craché. Si on m’avait prévenu du danger… L’aurais-je vraiment évité ?

Sa main dans la mienne, nos doigts entrelacés, je me sentais enfin respirer. C’était à la fois naturel et… Stressant. Parce que mon cœur ne cessait de battre plus fort, et j’avais peur de ne pas contrôler les événements. Mais peut être que c’était ce que je voulais, ne rien contrôler ? J’aimais pas tout savoir, encore moins tout planifier. Non, j’étais qu’un gosse, un peu paumé, qui surfait sur une vague et repoussait la maturité pour ne pas avoir à réfléchir. Alors je me laisse juste aller, lui montrant les raies manta sans me prendre la tête plus que ça. De toute façon c’était fait maintenant, et je ne pouvais décemment pas revenir en arrière. Surtout que c’était elle qui avait fait le premier pas. La question restait cependant toujours la même. Pourquoi ? Mais en entendant sa réponse anodine, une partie du mystère se dévoila. Si je n’étais pas un gamin, alors j’étais un homme. Moi qui pensais qu’elle ne me verrait jamais ainsi… Il fallait croire qu’au fond, je la connaissais mal. Parce qu’en cet instant précis, j’étais incapable de savoir à quoi elle pensait. « Sûrement, mais je ne pense pas qu’ils aient mis les requins dans le même bassin, sinon, y aurait plus de poissons… » Ils avaient dû prendre des précautions. Et tandis qu’elle scrutait l’autre côté de la glace, moi, c’est elle que je dévorais du regard. Prenant clichés sur clichés, complètement absorbée par les fonds, mon pouce caressait le dos de sa main sans que je m’en rende vraiment compte, un sourire doux fleurissant sur mes lèvres. Minnie pouvait être adorable quand elle le voulait. A dire vrai, elle l’était tout le temps, même quand elle me frappait. J’avais juste jamais voulu l’avouer. D’un seul coup tiré vers le bas, je m’accroupissais à ses côtés, revenant à la réalité pour venir observer le bassin, nos doigts toujours liés tandis que mon épaule frôlait la sienne. « Tu aimes les hippocampes ? C’est mignon comme créature, c’est vrai. » Même si présentement, je m’en foutais un peu. Je regardais nos mains, puis sa jupe. S’était-elle fait belle pour moi ? Tellement irréel… Et pourtant, j’avais envie d’y croire. Ma paume libre vint chercher son visage avant que mes doigts ne s’étalent sur sa joue, et sans plus de cérémonie, je me rapprochais, mettant un terme à cette distance, et à toutes ces barrières illusoires, explosant ma zone de confort. Mes lèvres prirent possession des siennes, sans hésiter un seul instant tandis que je goûtais pour la première fois un fruit qui m’avait toujours été interdit. Elle. Je me reculais alors légèrement, mon regard s’ancrant dans le sien, sérieux. Le gosse qui faisait des farces avait disparu. Sûrement était-ce pour cela aussi qu’elle ne m’avait jamais vu comme un homme. Parce que je ne l’avais jamais prise au sérieux. Pourtant je ne dis rien, reprenant ce sourire habituel et taquin avant de me relever et la tirer à ma suite, comme s’il ne s’était rien passé. « On continue ? Tu veux chercher un bassin avec plus d’hippocampes ? Ou des requins peut être ? » Personnellement, je n’étais venu que pour voir une seule créature, et je lui tenais la main.

Outfit + Elle savait pas où elle mettait les pieds. Elle avait jamais su avec lui. Il avait toujours tout bouleversé, chamboulé. Renversé la moindre situation à son avantage, qu'elle l'aurait presque soupçonné d'avoir fait exprès. Mais il était tout aussi paumé qu'elle. A moins que ce ne soit elle, qui termina aussi paumé que lui. Il n'avait jamais fallu plus d'un sourire ou d'une remarque. Il avait juste fallu que ce soit lui.

C'était plus facile de ne pas parler. De profiter de ce décor pour éviter le sujet, alors qu'il était clairement là. Aussi présent et réel que sa peau effleurait la sienne. Et aussi évident que le geste pouvait l'être, aussi aveugle et muette elle redevenait face à ses yeux braqués sur elle, attendant la moindre de ses réactions. Alors oui, les raies étaient soudainement plus intéressantes. Et elle préférait se laisser distraire par les petites poissons, sans pour autant oublier sa main accrochée à la sienne. Ne pouvait ignorer cette sensation qui crispait son corps, la rendait plus nerveuse… Et à la fois étrangement soulagée. Ses doigts se resserrent autour de son portable et elle se mord la joue, pour garder un semblant de son apparence. Mais elle peut pas nier. Elle peut le sentir s'accroupir à côté d'elle, leurs épaules côte à côte. Sa présence. « Hn, tu n'aimes pas ? »  Elle manque de tourner son visage vers le sien, avant de se figer en sentant sa paume caresser sa joue. Le contact presque brûlant, suivant ce simple mouvement qui l'amena à coller leurs lèvres et se rencontrer, sans même comprendre ce qu'il se produisait à l'instant. Elle embrassait Hyung Sik. Ou Hyung Sik l'embrassait. Frappé par un truc qui lui avait échappé… ouvrant complètement les yeux sur une toute autre réalité, qu'elle appréciait un peu trop. Encore sous la surprise, elle se sent redressée sur ses pieds, un peu trop vite. Retour trop brutale, dans un contexte dont elle était totalement sortie. L'aquarium… Les hippocampes et les requins qu'elle voulait voir. Elle aurait du agir comme lui. Sauf qu'elle n'était pas lui. Qu'elle arrivait pas à reprendre un sourire plus fier, retrouver son équilibre. Elle leva son poing, sous la panique. « YA tu peux pas- »  ...Prévenir. Mais se figea, son regard déviant lentement sur sa main serrée et levée. Sa main, mêlée à la sienne.  « … je veux voir les requins. Ou les hippocampes. Les deux en fait... Les baleines aussi, et les poissons ballon. » Plus doucement, son bras retrouva sa place le long de son corps, aussi naturel que lui sembla la sienne à ses côtés. Qu'elle crut presque légitime, pour un baiser échangé. C'était peut-être idiot. Sûrement. Sans mot, sans parole à ce propos. Elle savait même pas ce que ça signifiait, s'il avait juste voulu s'amuser. Mais elle savait que non… Elle avait vu son regard. Cet autre regard, qu'il ne lui avait que trop peu donné, et qui la rendait bien plus sensible à n'importe quel de ses actes. Il avait rien dit… Mais il avait suffisamment dit. Ses lèvres lui brûlaient d'un goût de trop peu et son coeur ne cessait ses battements chaotiques qu'il provoquait en ne faisant rien. Et pourtant, elle se força à emboîter plus doucement le pas vers un autre couloir, dans une tentative vaine de retrouver pied sur terre. Un couloir ouvert sur un autre bassin au dessus de leurs têtes. Elle s'arrêta, sursautant presque face à l'ombre dévorant les leurs et ne mit pas longtemps à tendre son bras, le baissant dans une moue incertaine. D'un pas ou deux, elle se plaça face à lui, calant son portant dans la seconde main du musicien. « Prends une photo, t'as le bras plus long... »

Outfit + J’avais arrêté de réfléchir. De me poser des questions ou de me pourrir avec des réponses floues que je ne connaissais de toute façon pas. J’en voulais plus des et si elle me repoussait ? Et si elle ne me voyait pas comme un homme ? Ou encore, et si elle avait déjà un autre pigeon ? Parce que j’en avais marre de stagner sans rien savoir. De me freiner et de jamais essayer. Merde à la fin ! J’étais un homme, et j’avais des couilles, pourquoi cacher ce que je voulais ? Pourquoi abandonner sans rien tenter ? C’était fini, le bon pote qui la taquinait sur toutes ses conquêtes éphémères. Le gamin qui la traitait de hamster nain. Il était parti. Avec ce mariage, cette fichue robe et ce faux titre qui ne m’avait que bien trop fait saliver. J’avais tout claqué sur un coup de tête pour qu’elle se tienne encore à mon bras, pour cette main qui s’entrelaçait dans la mienne ou encore ses lèvres chaudes, au goût si sucré…

J’avais pas réfléchi à vrai dire, juste agit. Depuis quand on devait utiliser son cerveau pour embrasser ? On avait juste besoin de se laisser guider par nos envies. Et c’est ce que j’avais fait, pour la première fois depuis longtemps. J’avais encore joué au ptit con avec elle, sauf que c’était d’une façon bien inhabituelle vu que je venais de lui voler ses lèvres. Sans même m’excuser. Ni même dire un traître mot, ou avouer quoi que ce soit, sentimentalement parlant. Non, j’avais juste pris ce que je désirais, avant de faire comme s’il ne s’était rien passé. Fallait croire que je savais pas trop assumer. Ou que j’aimais tout simplement bien trop la torturer. Mais lorsque sa voix monta et que je vis son poing, prêt à me défigurer, j’eu un léger mouvement de recul. Je cru un traître instant qu’elle m’en voulait, que j’avais vraiment tout gâcher. Avant de respirer de nouveau quand elle l’abaissa, répondant à ma question, gênée. Elle n’avait rien dit. Elle ne m’avait pas non plus repousser. Pouvais-je en déduire qu’elle avait aimé ? « ...Ok, on va trouver tout ça, suffit de suivre les indications ! » Minnie avait le don d’être adorable sans le vouloir. Pas avec ses faux sourires, encore moins avec ses battements de cils exagérés. Mais avec sa mine boudeuse, son ton autoritaire ou ses poings bien trop irritables. Elle était pas comme les autres, et sûrement était-ce ce qui m’avait attiré dès le départ. Naturelle tout en jouant la comédie, un livre ouvert sur un caractère de cochon unique. Une princesse de pacotille, qui avait fini par devenir la reine de mon univers. Je bifurquais dans un autre couloir, suivant le panneau des requins et nous tombèrent dans une salle où le plafond aussi était fait de verre. Levant la tête instinctivement, je vis le bras de cette dernière se lever avant de se rabaisser, me faisant face. Le bras plus long ? Quand je vous disais qu’elle était à croquer… « Je sais que tu envies ma grande taille, mais qui sait, ne perds pas espoir pour ta poussée de croissance. » Clin d’oeil provocateur, alors que sa taille était pourtant parfaite, n’ayant pas réussi à la laisser en paix avant de prendre son appareil et photographier le plafond marin. J’allais lui rendre son bien, quand au dernier moment, je le relevais hors de sa portée, changeant l’objectif de l’appareil de côté. Je lâchais alors sa main et passais nonchalamment mon bras autour de ses épaules, la rapprochant de moi pour nous prendre en photo sans lui demander son avis. Admirant le chef d’oeuvre, j’hochais la tête satisfait. « Quel beau gosse tu as dans ton téléphone désormais ! Fais gaffe, cette photo pourrait bien valoir de l’or bientôt ! » Bien sur, je la taquinais plus qu’autre chose. « Regarde, des hippocampes la bas ! » Et tandis qu’elle tournait la tête, je venais embrasser sa joue, tel un gamin, avant de m’éclipser, continuant d’avancer comme si de rien était. Bah quoi ? C’était tellement amusant de la faire perdre les pédales...

Outfit + Elle de naturel si bavarde, ne trouva rien à dire face à ses lèvres collées aux siennes. Face à l'évidence qu'elle avait un peu trop apprécié ce contact et que, s'il ne s'était pas reculé, peut-être qu'elle lui aurait à son tour voler les siennes. Il avait décidé de pas être plus bavarde et elle avait suivi. Étrangement. Comme si parler aurait pu briser l'illusion du moment.

Elle avait exigé, puisque c'était ce qu'elle savait faire de mieux. Exiger de voir tel et tel autre poisson afin de cacher sa gêne peinte sur ses joues. Elle assumait avoir voulu ce baiser. Elle assumait serrer sa main dans la sienne et avoir frissonné sous la simple caresse de son pouce. Elle assumait vouloir plus qu'ils n'avaient jamais été. Mais elle ne savait pas le formuler, lui demander un simple pourquoi ou même lui avouer qu'elle avait apprécié. A croire que ça n'avait jamais été leur truc, de parler. Qu'il avait toujours fallu une seong min pour s'imposer face à un Hyung Sik fuyard. Et un Hyung Sik pour faire le premier pas jusqu'à Seong Min la trouillarde. Pudiques et fermés comme des huîtres, mais pas si mal accordés au final. Accroché à ses doigts d'enfant joueur. D'un gars qu'elle aurait pu juger comme trop immature… Mais c'était pas ce qu'elle voyait, elle. Pas ce qu'elle pensait. Elle le suivait sans un mot, cet impression qu'il savait très bien où ils allaient. Qu'il y avait une certaine certitude dans chacun de ses gestes, séducteurs et confiants. Main dans la main, ses pas dans les siens. Elle laissa son regard se perdre sur les plafonds après lui avoir tendu son portable, les nombreux requins nageant et donnant cette impression de survol aux dessus de la tête des passants, ne se souciant que peu de la présence d'humain dans leur univers. Univers bleutée où elle y fut arrachée, baissant rapidement les yeux sur lui. Elle n'avait jamais voulu atteindre la taille d'un homme. Petite princesse aux manières trop rudes. Mais il semblait qu'elle voulait un homme qui aimait la taquiner d'un rien. Elle plissa les yeux et haussa les épaules en relevant son menton vers le plafond, l'air pseudo hautain. « Qui a besoin de poussée de croissance quand il existe des haut talons ? Puis tu te serais senti bien petit face à ma grandeur, j'ai pensé à toi. » De très haut talons, mais qu'importe. Elle tendit la main, prête à récupérer son bien, avant de cligner les yeux face à son changement d'avis. S'attendant à tout et pourtant surprise à chaque fois. Son bras autour d'elle ne lui fit qu'ouvrir les yeux sur cette proximité et elle comprit soudainement pourquoi il l'avait repoussé de ses genoux la dernière fois… Sourire légèrement crispé face à l'objectif, elle penche la tête vers lui ensuite pour observer le rendu.  « Beau gosse ? Laisse moi voir… Pourtant il n'y a personne derrière nous. »  Elle arque un sourcil, alors qu'elle le voit très bien. En plus de ça, il fallait qu'il soit photogénique… Il l'aidait vraiment pas. Tournant son visage instinctivement, elle cherche les hippocampes dont il lui parle et écarquille les yeux. Sentant ses lèvres embrasser sa peau avant de le voir fuir comme un heureux idiot. « Y-YAH Hyung sik ... » Et l'idiote suivit l'idiot. Le rattrapant et frappant son bras pour l'impertinence. Bras dont elle s'empara pour s'y accrocher. « Pourquoi tu préviens jamais aussi… »  Elle grommela plus bas, bien plus pour elle que pour lui. « On plaisante pas avec les hippocampes. La prochaine fois je frapperai plus fort. » Bien qu'il s'agisse d'une autre menace pour lui sauver la face. Elle détourne les yeux, tentant d'être naturel. « Dis Sissi, plus tard… »   Mais c'était à croire que le naturel ne lui allait pas. Elle laissa un blanc, ses yeux passant sur les poissons, pourtant l'esprit ailleurs. « …  tu veux devenir chanteur ou musicien ? » Si c'était réellement la question qu'elle avait voulu poser ? Allez savoir.

Outfit + C’était différent. C’était agréable. Bien trop agréable. Je me prenais plus la tête, je me posais plus de questions, j’agissais juste… Comme je l’entendais. Et si j’avais sûrement l’air d’un gamin d’école primaire qui faisait le fier pour plaire à la plus belle fille de la classe et bien… C’était exactement ce que j’étais. J’avais jamais su y faire avec les femmes, j’étais pas à l’aise et je les avais jamais comprise. Ça avait été différent avec elle. Elle avait été l’une de mes exceptions. Mais il fallait croire qu’en devenant plus importante… J’avais un peu régressé. Je pataugeais un peu plus que d’accoutumée. Pas seulement parce que je voulais lui plaire… Mais parce que je voulais pas être qu’un pigeon. Je voulais être son exception.

A bien y réfléchir, j’avais jamais rien su faire d’autre que la taquiner. J’avais toujours été joueur, gamin, et complètement hors de toute responsabilité. Elle qui cherchait un gars mature… J’étais bien loin de l’égaler. Pourtant, j’étais pas si enfantin que ça. J’avais juste pas envie de me prendre la tête, ou d’avoir l’air trop sérieux. J’avais l’impression que ça casserait cette entente qu’on avait réussi à nouer. Ce fin lien qu’on avait finalement réussi à tisser. Mais j’aurais pas dû m’en faire. Parce que si de prime abord on ne s’était pas aimé, on avait fini par s’accepter. Entre nous c’était… Comme une évidence. Évidence qu’on avait été les derniers à voir, en bon gros débiles, mais enfin. Il fallait pas trop en attendre de notre part. On était trop fiers, trop présomptueux. On avait pas eu envie de se mouiller. A croire qu’il avait fallu qu’on soit entouré d’eau pour que je m’y mette… La bonne blague. Si je me serais senti petit face à sa grandeur ? « Tu aurais été plus grande, tu aurais fini par avoir un torticolis à force de baisser la tête à vouloir me regarder. » Lui jetant un nouveau clin d’oeil, je nous prends ensuite en photo, immortalisant cet instant. Notre premier faux-rendez-vous. Parce qu’on faisait jamais les choses facilement, même les noms de nos rendez-vous étaient compliqués ! Admirant la photo, elle se glisse à mes côtés et sort une pique de plus. Aish, décidément, pas un pour rattraper l’autre ! Personne derrière nous… Elle me rendrait presque jaloux. « Arrête de faire genre tu cherches, tu voulais juste dire “nous”, avoue. » Et pour une fois, je laisse échapper dans ma connerie un sous entendu, avant de détourner l’attention et fuir une fois de plus. Il allait falloir que j’assume… Mais j’avais envie de l’embêter… Rien qu’encore un peu. Sa voix qui s’élève en prononçant mon nom puis son poing qui s’abat sur moi… Me font immanquablement rire. Pas que je m’y attendais pas, mais… Minnie était juste trop prévisible par moments. Je prévenais jamais ? Alors elle voulait que je la prévienne ? ...On plaisante pas avec les hippocampes. Hilare, je continue pourtant d’avancer, un sourire immuable au coin des lèvres tandis que l’on quitte les requins pour se diriger vers un autre bassin plus mixte. « Excuse moi, je savais pas qu’ils étaient une espèce protégée comme les pigeons. » Non… Je ne la cherchais pas du tout. Mon regard se perd sur l’étendue bleue, cherchant ce qu’elle voulait voir… Elle avait dit quoi déjà ? Ah oui, des poissons ballons ! Sauf que j’ai pas le temps de chercher plus, surpris par sa question et son ton sérieux. Mon regard toujours perdu dans le vide, je préfère lui répondre sans la regarder. « Hum… Oui. A vrai dire, je suis trainee depuis peu. J’ai passé une audition, et je l’ai réussi. Je devrais débuté comme rookie fin octobre. » Ouais… Je lui avais rien dit. Sauf qu’elle avait pas demandé non plus. Elle s’était jamais vraiment intéressée à ma vie, non ? C’était peut être pour ça que j’étais aussi surpris. Se tournant à nouveau vers elle, plongeant mon regard dans le sien, j’attrape une mèche de ses cheveux pour venir jouer avec, rapprochant mon visage du sien. « Pourquoi, ça t’intéresse ? Tu as des projets avec moi ? » Mon sourire gamin ayant disparu et ma voix devenue bien plus sérieuse, je la regarde comme un homme regarderait une femme avant de murmurer. « Attention, je vais t’embrasser. » Et lentement, je rapproche mes lèvres des siennes pour les y apposer.