La fameuse demoiselle tentait de lui apprendre à prononcer son premier, dans un premier temps en le répétant puis dans un second en tentant une comparaison qui pour tout avouer, Jun Soo ne comprenait pas. Pourquoi elle comparait ses deux mots en signifiant qu’ils se ressemblent alors que ce n’est pas le cas ? Il haussait un sourcil légèrement intrigué avant de lui offrir un sourire en coin. « Je finirais bien par y arriver. » Lui assurait-il, très confiant quant à ses capacités de mémorisation. Et puis, si cela signifie qu’il va devoir s’entraîner comme un con pour ne pas passer pour un sombre abruti, il le fera ! Hors de question de passer pour un con devant quelqu’un, JAMAIS. Il vient à lui expliquer le pourquoi il venait l’aborder ainsi et sa réponse lui fit une nouvelle fois sourire. « Eh bien Yindee, qu’est ce qu’on ne fera pas pour un chèque à sept zéro ? » Lançait-il en reprenant cette même phrase qu’elle lui avait dit précédemment. Il n’avait pas été certain de prononcer son prénom correctement, sûrement quelques erreurs apparaissaient, mais ce point lui importait bien peu sur le moment.

Agacé de devoir constamment esquiver des joggeurs passant et revenant, Jun Soo s’asseyait dès qu’elle le proposait, sans même prendre le temps de s’étirer comme elle le faisait. De toute façon, le seul moment où il avait courut avait été pour la rattraper, il ne risquait pas grand-chose. « Oui très bonne idée, je commençais à en avoir marre de devoir esquiver tout le monde. » Bien que ronchon comme à son habitude, il lui sourit néanmoins afin de lui rester tout de même agréable. « Ne me juge pas, j’suis pas un coureur en carton, j’ai juste couru à peine cinq minutes pour te rattraper, je vais reprendre après. Le business avant tout ! » Déclarait-il réalisant soudainement qu’elle devait sûrement trouver étrange qu’il ne s’étire pas. Il la regarde s’étirer tout en lui exposant le planning d’entrainement qu’il avait en tête. « En dehors du jogging matinal, on avait mis en place une plage horaire tous les deux jours de entre deux à quatre heures pour s’entrainer sur le stade de la fac. Du coup, c’est plus dans l’optique de travailler la rapidité parce que c’est chronométré et l’esprit d’équipe. Mais bon, on peut réorganiser ça, tu n’as peut-être pas les même disponibilités. » Il lève les yeux sur son visage en haussant les épaules. « Du moment qu’on met tout en œuvre pour gagner. »

Elle devait reconnaître qu'il avait du culot, mais aussi de la répartie. La façon qu'il lui balança au moment opportun l'exacte réplique qu'elle avait eut un peu plus tôt en était un exemple. Il lui arracha un petite rire amusé avant qu'ils ne décident de se décaler. Avant de s'asseoir, Yindee voulait s'étirer. Elle n'avait pas couru au moins une heure comme elle l'avait voulu, mais assez pour devoir prendre soin de s'étirer pour éviter toutes crampes ou douleurs. Il lui arracha un autre rire à sa remarque, elle la répéta en ricanant d'ailleurs. « Coureur en carton... » Elle se redressa, étirant rapidement ses hanches en pivotant son bassin. Elle finit en étirant ses bras au dessus de sa tête pendant plusieurs secondes et finalement, elle vint s'asseoir à côté de lui sur le banc, plaçant ses jambes en tailleur. « Quatre heures ça me paraît beaucoup, j'ai des obligations... » Elle allait devoir user de ses charmes avec Gabriel pour avoir la possibilité de pouvoir travailler un peu moins. Étant devenue amie, en quelque sorte, avec lui, ils devraient pouvoir trouver un compromis. « Pour le jogging matinal okay, habituellement c'est trois ou quatre fois par semaine mais je peux augmenter le rythme. » Elle détacha ses cheveux, les secouant légèrement pour les replacer. « J'ai jamais fait de vraies courses de vitesse, j'ai fait plusieurs marathons c'est tout. » Elle passa son élastique à cheveux autour de son poignet et joua un peu avec. « Ça peut être drôle de m'entraîner pour une autre course... Et encore une fois, on le doit à ces sept zéros ! » Elle eut un petit rire, sentant que ces sept zéros allaient devenir un running gag. « Il faudra qu'on compare nos emplois du temps de cours. Je suis en cinquième année, j'ai moins de cours mais pas mal de travaux à rendre... » C'était l'avantage d'avoir l'esprit pratique, Yindee était en train de faire fonctionner sa petite tête pour qu'ils trouvent un terrain d'entente... Ce gros chèque était plus qu’appétissant. « Ta partenaire elle s'est blessée en s'entraînant pour cette course ou juste comme ça ? Que je sache si je souscrit à une assurance. » Elle avait un petit sourire en coin s'amusant à savoir si elle avait à faire à un tyran.

Il l’entend rire, Jun Soo sourit. En plus d’être une bonne coureuse attentive à ses performances, il se pourrait bien que cette jeune femme puisse être une coéquipière agréable : elle ne semble pas être d’ici ce qui la rend intéressante, elle n’a pas l’air d’être stricte et frustrée comme certaines puissent l’être et puis, elle est vraiment jolie. Il l’avait déjà remarquée à plusieurs reprises, affirmer le contraire serait mentir mais il n’est pas un dragueur lourd. Si il n’y avait pas cette compétition en route, il ne serait sûrement jamais venue l’aborder.

Il la regarde s’asseoir auprès de lui alors qu’il lui présente le planning. Un pique de stress le touche en la voyant grimacer légèrement. Intérieurement, il se mit à prier pour qu’elle ait tout simplement manqué d’avaler sa salive de travers ou peu importe, tout ce qui est possible du moment qu’elle ne le laisse pas tomber. Il a vraiment besoin de cet argent et il n’est pas certain de pouvoir trouver une nouvelle partenaire dans la même journée. « Fait passer tes obligations d’abord, on finira bien par trouver des plages horaires convenables … putain j’ai l’impression de parler comme un vieux. » Il se mit à rire légèrement avant de bouger la tête pour reprendre son sérieux. « Oui pourquoi pas, ça compenserai des heures qu’on ne pourrait pas avoir ? » Il la regardait un sourcil haussé et l’air interrogatif. « J’espère que je ne te fais pas peur mais j’ai vraiment besoin de cet argent. » Déclarait-il avec des yeux inquiets mais riant doucement tout de même. Il ne faudrait pas qu’il la fasse fuir. Elle aussi a besoin de cet argent d’après ses mots, d’après ce qu’il comprend. Il rit un peu avec elle avant de la rassurer en haussant les épaules, levant le regard vers elle. « Ca ira, ça ne change pas grand-chose et puis au pire, je t’aurais fait découvrir de nouvelles choses. » Son sourire s’étire davantage tandis que comme elle et même sans s’en rendre compte, il s’amuse avec la gourmette qu’il a autour du poignet. « Je peux te l’envoyer si tu veux ? » Proposait-il en levant les yeux vers elle, cherchant par avance son téléphone portable dans ses poches. Bien que concentré sur son écran, il eut un léger rire amusé en l’entendant parler d’assurance. « Elle s’est blessée parce qu’elle n’a pas voulu s’échauffer. Je crois pas être un tyran mais par mesure de précaution tu devrais peut-être y songer. » Lançait-il en souriant avant de lui tendre son emploi du temps. « Tiens c’est mon emploi du temps mais well, il y a des cours que je peux sécher si jamais on a rien qui correspond. »

Après la surprise de s'être fait aborder de cette façon passée, Yindee réfléchissait à cent à l'heure pour essayer d'organiser ses propres activités. Elle se voyait mal lui dire qu'ils allaient devoir réfléchir parce qu'en plus de passer presque toutes ces soirées dans un salon de massage qui était en fait un bordel et qu'en plus de ça, elle avait ses cours à potasser et des travaux à rendre, et enfin des soirées de luxe où on lui demander de jouer de ses charmes... Définitivement, elle doutait qu'il veuille continuer à participer à cette course avec elle en sachant ça. « Tu parles comme un vieux oui et non. Mais comme tu le dis mes obligations sont prioritaires, comme les tiennes je pense. » Elle sourit à nouveau. « Je comprends, je t'avoue que ça m'arrangerait qu'on gagne aussi. » Parce que depuis qu'elle hébergeait Miso chez elle, les fins de mois étaient un peu plus difficiles, mais elle n'allait pas le lui reprocher. En tout cas, ils allaient devoir faire coïncider leurs emplois du temps, et elle devinait déjà que ça n'allait pas être de tout repos tous les jours. « Si tu ne m'avais pas convaincu que tu voulais gagner cette course, je me dirais qu'en fait tu voulais trouver un moyen de me demander mon numéro. » Yindee bien qu'elle plaisantait gardait une expression très calme, comme souvent elle gardait ce flegme qui lui était propre. « T'inquiète je suis pas une débutante à ce niveau. » Elle n'oubliait pas l'échauffement, son corps était son outil de travail. Elle n'imaginait pas comment elle pourrait vivre si elle se blessait une jambe ou une hanche. Une prostituée avec un plâtre, il y avait plus vendeur. « Okay. J'ai pas le mien encore pour le prochain semestre, enfin je crois pas... Je vérifie ça comment ? » Parce qu'elle n'était là que depuis un semestre et elle avait tout reçu en se présentant à l'université le premier jour, mais pour le second semestre comment les choses se passaient ? « Je suis là que depuis le début d'année scolaire, je sais pas trop comment fonctionne la fac encore. Surtout que c'était le bordel quand je suis arrivée. » Pile au moment des incendies, ce qui avait remis beaucoup de choses en compte au niveau de l'administration et tout le reste. « Je suis pas très douée avec les trucs administratifs. » Ce qui expliquait aussi pourquoi elle n'avait toujours pas son emploi du temps. D'ailleurs elle pensa à quelque chose. « Pour l'inscription à la course y a un truc à faire ou à payer, genre pour les dossards et tout ? Parce que je prends la place de ton ancienne partenaire alors... » Il y avait peut-être quelque chose à faire.

Jun Soo n’a rien d’un grand sage : il n’a aucune patience, tellement peu d’expérience et est très loin d’avoir ce calme bien spécifique aux grands noms de ce monde. Il est le feu, l’impulsivité. Il est peut-être difficile de l’imaginer ainsi alors qu’il est calmement assis auprès de cette jeune femme dont il connait que le prénom mais ce n’est pas parce que son caractère laisse parfois à désirer qu’il n’est pas capable d’être agréable. Il souhaiterait l’être un peu plus parfois, cesser de se méfier des gens ou d’agir sur des coups de sangs. Jun Soo connait parfaitement ses défauts mais il estime qu’il n’est pas capable de changer. A vrai dire, il n’a pas envie de faire le moindre effort.

Alors il sourit lorsqu’elle avoue à demi mot que la manière avec laquelle il venait de tourner sa phrase ressemblait à celle d’une personne âgée et ce rictus s’étalait bien plus encore quand elle affirmait qu’elle voulait elle aussi gagner. Il se sentait rassurée. Il avait la douce impression qu’elle allait faire tout son possible pour obtenir ce prix mais surtout, ce chèque énorme qui les attendaient. Il lui faisait confiance. Elle n’avait pas l’air d’être une menteuse ou ce genre de fille qui vous laisse tomber à la dernière minute. Il croyait réellement en ses capacités, son instinct lui soufflait depuis le début qu’ils feraient une bonne équipe tous les deux. « On va gagner ! » S’exclamait-il plus sûr de lui, de eux que jamais.

Le blond se mit à rire un instant quand elle venait à plaisanter sur le fait qu’il aurait pu faire tout ça pour obtenir son numéro. « C’est la première fois que j’aurai été aussi loin et sorti un prétexte aussi pourri pour avoir un numéro. » Plaisantait-il en riant, passant une main rapidement dans ses cheveux juste par habitude. Puis la conversation déviait au sujet de la blessure de son ancienne coéquipière. Seigneur, il sent encore son visage se décomposer lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle ne pouvait pas participer. Mais maintenant qu’il avait trouvé Yindee, Jun Soo se sentait mieux. A vrai dire, il en faisait peut-être un peu trop mais cette compétition est très importante à ses yeux. Il cherchait quelques instants dans son téléphone portable afin de lui transmettre son emploi du temps. « Soit tu vas sur le site de la Yonsei, sur l’application ou au niveau de la scolarité. » Il avait levé ses yeux bruns vers elle alors qu’il lui expliquait. « Si tu veux on peut regarder ? » Proposait-il avant de baisser à nouveau les yeux vers l’appareil. « Euuh non. Il faudra juste que tu remplisses une fiche vite fait et je m’arrangerai pour le reste. » Déclarait-il en haussant les épaules et lui tendant l’appareil pour qu’elle regarde ses disponibilités. « T’as juste à chercher ta section je crois. C’est ta première année à la Yonsei ? » Si ses souvenirs sont bons, elle était en cinquième année, elle a donc fait ses études antérieures ailleurs ?

Chacun avait ses raisons, mais l'un comme l'autre semblait bien décidé à empocher ce chèque. Pour le moment, il semblait inutile à Yindee de connaître les raisons qui poussait l'étudiant à vouloir gagner, et à l'inverse il lui semblait inutile de lui parler davantage de ses raisons à elle. En tout cas il semblait enthousiaste et c'était motivant, certes pas autant que les sept zéros du chèque... Finalement, c'était plutôt une bonne journée. Elle était partie pour un simple jogging, et elle allait rentrer avec la possibilité de renflouer son compte en banque de façon non négligeable. Dans tous les cas, en vue de la course, ils en étaient à s'échanger les numéros de téléphone. L'idée saugrenue que tout ça ne soit qu'un stratagème pour obtenir son numéro traversa l'esprit de Yindee, mais il aurait fallu un cerveau tordu et beaucoup de culot pour en arriver là. Elle se mit à rire à la remarque de Jun Soo. « Hey les sept zéros promis peuvent acheter le cœur de plus d'une nana tu sais ! » La preuve en était qu'il avait obtenu son numéro sans qu'elle rechigne. Ne restait maintenant qu'à élaborer un planning d'entraînement, mais la thaïlandaise ne connaissait même pas son propre planning de cours pour le second semestre. « Je veux bien regarder oui, je me suis même pas penchée sur la question en fait... » Comme si elle avait oublié qu'elle allait un jour devoir retourner en cours. Elle hocha la tête. « Okay, faudra que me donnes les info et je remplirai ça alors. » Elle ignorait comment ça se passait, mais il devait être possible de remplacer son partenaire, sinon il ne lui aurait pas proposé. Elle prit le téléphone que lui tendait le coréen, regardant ce qu'elle avait sous les yeux. Elle chercha du regard sa section comme il disait. « Oui c'est ma première année ici. Je vivais à Pusan avant. » Il avait dû évidemment entendre et réaliser qu'elle était étrangère et il s'attendait sans doute à l'entendre parler d'un endroit plus exotique, mais elle avait quitté la Thaïlande depuis un petit moment maintenant. L'emploi du temps de Yindee chargea sur le téléphone du jeune homme, et elle agrandit chaque jour pour en voir le contenu. Elle râla sur certains jours et certains horaires, et parfois sur certains profs ce que Jun Soo semblait trouver drôle. La jeune femme eut un rire gêné en voyant son sourire amusé. « Excuse moi, je le découvre en même temps que toi du coup, et des fois je me dis que l'administration de la fac fait vraiment de la merde. » Elle eut un léger rire avant de lui rendre son téléphone. « J'ai le mercredi matin de disponible en tout cas, et le vendredi après-midi mais je devrais partir dès le début de soirée. » Parce que les soirs de week-end étaient aussi les jours plein pour le salon, comme pour les bars et boîtes de nuit en fait. « Et évidemment y a le week-end, mais pareil que le vendredi je pars en début de soirée. » Du moins ce serait ainsi tout le temps qu'elle n'aurait pas parlé avec Gabriel. Il n'était pas le patron à proprement parlé, mais c'était presque tout comme aux yeux de la gérante du salon alors...

JJun Soo affirmait qu’il n’irait pas aussi loin pour avoir son numéro non pas parce que elle n’en vaut pas le coup, mais plutôt parce qu’il n’avait pas du tout cela en tête. Il avait beau la trouver fort et très charmante, il ne pensait qu’à la compétition. Il n’avait pas la tête à la draguer aussi subtile qu’il puisse être, le chèque hantait bien trop ses nuits ainsi que toutes ses pensées. Combien de fois avait-il rêvé de ce fameux moment, brandissant fièrement e carton immense avec des billets venant remplacer ses pupilles ? Beaucoup trop de fois pour ne pas se dire que c’est un signe.

Quoi qu’il en soit, le jeune homme la laisse volontiers utiliser son téléphone pour se renseigner sur son emploi du temps. Et puis, si elle vient à se barrer avec ce dernier, il n’y aura qu’à dire que c’est un entrainement pour cette fameuse compétition, non ? Le jeune blond affirme ses dires par un signe de tête, comprenant tout de suite la raison pour laquelle elle ignorait comment accéder à son emploi du temps. « Je vois, welcome dans la capitale alors. » Déclarait-il en riant doucement. Il comprenait bien ce que cela pouvait faire d’arriver soudainement dans la capitale, lui qui initialement vient d’une petit île le choc avait été massif. Il la regarde découvrir son emploi du temps, râler, sourire, puis râler à nouveau en découvrant ses journées. Un sourire amusé s’étirait sur ses lèvres en se remémorant qu’il avait fait exactement la même chose. Il n’avait pas trop à se plaindre car il avait énormément de temps libre malgré un ou deux journées hyper chargées qui cassait tout. Mais c’est les règles du jeu ma petit Lucette. Alors il lui souriait davantage alors qu’elle s’excusait. « T’inquiète, j’ai eu la même réaction. » Il récupérait son téléphone qu’il venait loger dans sa poche. « C’est parfait je suis libre aussi à ses périodes là. Et ne t’en fait pas, j’ai des obligations en fin d’après midi, je ne te garderai pas en otage jusqu’au petit matin. » Il lui sourit sincèrement. Le restaurant ne pouvait malheureusement pas ouvrir sans lui, il n’avait pas encore trouvé du personnel en cuisine ou du moins, aussi qualifié qu’il le voudrait. Alors il va de soit que l’ouverture tienne seulement compte de lui en tant que cuisinier et patron. Il regardait rapidement l’heure sur sa montre et affichait une légère mine surprise par le temps qui était déjà passé. « Je vais devoir te laisser, ça fait déjà un moment qu’on est là. » Il s’étirait un peu avant de poursuivre : « Je vais passer après pour le papier, s’il te plait promet moi de ne pas te blesser. » Il ricanait un peu avant de poursuivre. « Tu m’as ajouté ton numéro de téléphone ? Je suis pas sûre d’avoir la patience de t’attendre chaque matin ici sans être certain que tu vas venir. » Souriait-il sincèrement, préférant lui avouer directement qu’il ne lui courrait pas deux fois après.

Depuis qu'elle était en Corée, c'était bien une des rares fois où un homme l'abordait avec autant d'aisance. Les coréens, en général, avaient tendance à être timides, et n'agissaient pas vraiment de cette façon. En Thaïlande non plus d'aussi loin qu'elle se souvienne. Et bien qu'elle avait été extrêmement méfiante au début, et qu'elle était toujours sur la réserve – mais c'était devenue une habitude chez elle – elle appréciait néanmoins la spontanéité du jeune homme, et la spontanéité du moment. « Merci ! Je commence à m'y faire ici. » Elle n'aurait pas pensé que la différence avec Busan serait si importante, mais elle devait bien reconnaître qu'elle trouvait la capitale bien plus froide et aliénante. C'était peut-être pour ça que bien qu'encore prudente avec le coréen, elle appréciait cette rencontre (outre le chèque qu'ils pouvaient gagner). Il y avait un aspect chaleureux et humain à cette rencontre qu'elle avait eu du mal à retrouver dans cette ville. « Il te faudrait de sacrées ressources pour me prendre en otage. » Elle eut un léger rire en parlant, teintant ses mots d'une note supplémentaire en plus de son accent. Elle hocha la tête, ils avaient passé plus de temps que prévu à parler de cette course, Yindee n'avait plus le temps pour reprendre son jogging. « Oui tu as mon numéro de téléphone et mon mail. » Elle les avait mit dans ses contacts lorsqu'ils avaient échangé leurs coordonnées un peu plus tôt. Elle se leva presque au même moment que lui. « Tu me tiens au courant pour le premier entraînement et les papiers que je dois remplir ? » Juste avant de partir dans le sens opposé qu'il s’apprêtait à prendre elle le pointa du doigt. « Tu m'as fait miroiter plein de zéros. Pas de faux plan après ça. » Elle avait un sourire en coin et un regard qui en disait long, il l'avait complètement hameçonnée avec ce chèque, elle en avait autant envie et besoin que lui. Elle fît un rapide signe de la main, et reparti de son côté. Elle avait fini son jogging mais marchait d'un pas vif, la journée en elle-même était une vraie course, mais malheureusement celle-là n'avait pas tous ces zéros derrière pour la motiver...

Cette journée semblait bien commencer. Sans le vouloir ou du moins chercher réellement et sérieusement avec des flyers comme il avait songé à le faire, Jun Soo avait trouvé une coéquipière pour sa course. Un miracle, un signe de Dieu à son sens ! Il avait passé plus de temps à la convaincre et à lui expliquer le sujet et les aboutissants de cette course plutôt qu’à faire son jogging matinal mais à vrai dire, cela en valait largement le coup. Après tout, il pouvait toujours faire du sport cette après-midi.

Découvrant le temps qui s’était passé depuis qu’ils avaient commencés à parler, Jun Soo se résignait à informer la jeune femme qu’il devait partir. Elle était de bonne compagnie, elle le faisait un peu rire et son accent – ainsi que son prénom difficilement prononçable – lui arrachait un sourire presque automatique. Si elle s’avérait aussi excellente en course de vitesse qu’elle l’est en pratiquant le jogging, Jun Soo pourrait presque affirmer qu’elle est parfaite. Avant de partir, il s’assurait qu’elle lui ai transmit son numéro de téléphone. Il n’avait pas réellement envie de jouer au prince charmant qui cherche sa cendrillon de la course avec seulement son visage en tête. « Oui bien sûr. Tu auras des nouvelles de moi très bientôt. » Il lui souriait de toute ses dents, pensant réellement ses paroles car très déterminé à lui faire signer ses papiers et commencer l’entrainement aussi vite. D’ailleurs il allait chercher les documents dès maintenant ! Il commençait à prendre doucement le chemin du retour et il retournait à ses mots. Il se mit à rire doucement face à ses mots et à son geste qui a son sens montrait sa détermination. « Jamais ! » Déclarait-il avec le même entrain qu’elle. Il répondait à son geste de la main pour la saluer avant de poursuivre son chemin. Le cœur battant par l’émotion tandis qu’il s’imaginait déjà caresser son chèque à sept zéros.