+ On est le 23 décembre. Aujourd’hui, Nae a officiellement 24 ans, presque un quart de siècle… Il y a eu pas mal de changements dans sa vie ses dernières années : son déménagement en Corée du sud, la fin de ses études, le début chaotique de la vie d’adulte. Pour le moment, il vit convenablement de ses cours particuliers de violon, de piano et de japonais, même si cela le contraint à avoir un emploi du temps qui changeant et décalé. Il ne perd pas de vue son rêve d’un jour intégrer un orchestre… Cependant, c’est un milieu difficilement accessible. Il envisage éventuellement d’auditionné pour entrer au conservatoire de la capitale, cela pourrait compléter sa maîtrise du violon et du piano, tout en l’aidant à faire un premier pas vers son rêve. Le premier a lui fêter son anniversaire a évidemment été Hayden, son meilleur ami, celui qui l’a convaincu de le rejoindre à Séoul. À la capitale, Nae a fait de belles rencontres, comme Ryuu, qui est toujours là pour le soutenir, le conseiller, lui changer les idées… Il a aussi reçu un message de sa part. Pendant un instant, il a espéré recevoir un petit mot d’Haru. Kikunae n’a pas répondu à ses messages depuis ce qu’il s’est passé. Il était évident qu’il ne prendrait pas la peine de lui en envoyer encore un… C’est peut-être mieux ainsi. Kikunae n’aurait pas su quoi lui répondre. Même si son ami lui manque, la blessure est encore trop vive. Il n’en veut pas pas Haru. Les sentiments ne se commandent pas. Nae est plutôt en colère contre lui-même d’avoir été aussi bête et d’avoir gâché leur amitié.

Heureusement qu’un autre message vient le distraire. C’est Hazel. La jeune femme demande à Nae de ne pas bouger de chez lui jusqu’à ce qu’elle passe le chercher pour fêter son anniversaire comme il se doit. Parfois Kikunae se demande bien comment leurs chemins ont fait pour se croiser… Ils sont les parfaits opposés sur beaucoup de points. En réalité, le musicien apprécie la présence d’Hazel. Malgré ses câlins et son énergie débordante. Ou plutôt, grâce ? Elle a la personnalité parfaite pour lui changer les idées et le pousser à être plus sociable pendant un instant. Il ne sait pas ce qu’elle a derrière la tête, mais il lui répond qu’il l’attendra. Hayden lui a aussi promis qu’il l’appellerait dans la journée. Tant pis pour sa journée tranquille devant les jeux-vidéos… Il ne traîne même pas longtemps au lit puisque Stradivarius vient gentiment le piétiné. Ce qu’il faut traduire par : « Lève-toi, j’ai faim ». Du moins, c’est comme ça que Kikunae l’interprète. Pas très grand cuisinier, pour le repas du midi, il se contente de quelque chose de simple et finalement, en attendant Hazel, il ne peut pas résister à l’appelle de ses consoles.

Il est en pleine exploration du monde d’Hyrule dans Zelda Tears of the Kingdom, lorsque des coups retentissent à la porte de son appartement. Stradivarius, roulé en boule à côté de son maître lève à peine la tête. Kikunae pose sa manette sur la table basse et se lève pour aller ouvrir, s’attendant à voir Hazel. Il a beau la voir régulièrement, connaître son grain de folie et sa tendance à toujours vouloir le câliner, elle le surprend à chaque fois. Ce n’est pas pour rien s’il la surnomme « Taz » avec toute l’affection dont il est capable. Honnêtement, Hazel a tout de ce petit diable de Tasmanie qui bouscule tout sur son passage. Tout le contraire de Kikunae en somme, deux parfaits opposés, mais qui s’entendent à merveille. Le musicien a bien besoin de spontanéité dans sa vie. C’est peut-être pour ça que la plupart de ses amis proches sont en totale contradictions avec sa propre personnalité. Puisqu’Hayden n’est pas mal dans le genre non plus… La force tranquille et la tempête qui se contrebalancent.

- Salut Hazel, il lui dit pour la saluer, tandis qu’elle le serre fort dans ses bras.

ootrp + Hazel avait la chance d'être née en plein hiver (oui, chez elle, août, c'est l'hiver) et son hiver à elle était bien loin du Noël d'été. Non pas que sa famille porte une importance particulière à cette célébration devenue consumériste. Ils y voyaient, par contre, un moment à passer en famille, à célébrer l'amour et l'affection qui les unissaient. Et la chance qu'elle avait, c'était que cette célébration de Noël ne rentrait pas en collision avec son anniversaire puisque plusieurs mois et plusieurs saisons les séparaient. Parce que célébrer le jour de sa naissance était quelque chose de très important à ses yeux. Elle pouvait donc dignement célébrer chaque fête. Ce n'était pas le cas pour son ami Kikunae ! Le pauvre était né si proche de Noël, que la néo-zélandaise était prête à parier que de nombreuses fois on lui avait souhaité un bon Noël mais pas un bon anniversaire ou qu'on l'avait arnaqué en lui offrant un cadeau pour les deux occasions. Du vol si vous le lui demandiez ! Et elle le savait parce qu'une de ses amies au pays était née le 24 décembre. Son groupe d'amis avait toujours eu à cœur de lui offrir une célébration digne de ce nom (certaines dont elle ne se souvenait pas très bien d'ailleurs tant ils l'avaient fêtée).

Elle avait rencontré Kikunae par hasard. Son chat s'était sauvé et c'était Hazel qui avait retrouvé la boule de poils à l'extérieur et l'avait ramenée à son propriétaire qui avait frôlé la crise de panique à cause du petit fugueur. Était-ce parce qu'il était japonais et que Hazel le parlait couramment, était-ce parce qu'elle avait le don de parler et de sympathiser avec (presque) tout le monde ou était-ce parce qu'il n'avait pas su quoi faire d'un tel énergumène mais Hazel s'était frayée une petite place dans la vie du japonais. Ils étaient pourtant radicalement différents, il parlait peu, elle parlait trop, il n'était pas tactile, c'était une « catch huggeuse » mais leur dynamique fonctionnait. Certains oseraient dire que les opposés s'attiraient, était-ce donc la raison ?

Quoiqu'il en soit, hors de question pour Hazel que l'anniversaire de son ami soit englouti par les célébrations de Noël. Il méritait une journée à lui, une journée pour se réjouir d'être venu au monde (même si ce monde n'était pas parfait) et une journée pour être doux avec soi. Elle avait donc dit à Kikunae de se préparer, de se couvrir mais elle lui avait surtout dit qu'elle s'occupait de tout. C'était donc excitée par cette journée qu'elle avait frappé à la porte de son ami. Un rythme sans queue ni tête mais qui vibra contre la porte. Lorsque Kikunae lui ouvrit, elle ne lui laissa pas vraiment le temps de parler. « Joyeux anniversaire birthday boy !! » Et il n'échappa à une étreinte d'ours comme elle en avait le don. « Hello Nae ! » Sans vraiment attendre qu'il le fasse, une fois le câlin terminé, elle s'invita elle-même dans l'appartement du japonais, l'entraînant avec elle. « Tu es prêt ? Je nous ai préparé une journée trop chouette ! » Déchaussée, elle avança un peu plus pour voir Stradivarius qui les regardait d'un air qu'elle dirait suspicieux. « Ooh bébééé je t'ai dérangé, tu dormais ? » Et alors que de sa grâce habituelle (donc inexistante) elle s'approchait vers lui, l'animal ne la laissa pas arriver jusqu'à lui, battant rapidement en retraite. Elle fît la moue, le regardant un peu de travers. « Ingrat. » Puis elle se redressa pour reporter son attention sur Kikunae. « Ikou ?! »

+ Nae n’a jamais été fan du jour de son anniversaire. Cela vient peut-être du fait que ce jour n’a jamais été marqué par des moments de fêtes. Son père était absent à cause de son travail malgré tout, sa mère lui offrait beaucoup de cadeaux, mais cela n’a jamais rattrapé son coté étouffant et trop directeur. Au contraire, avec du recul, il a presque l’impression qu’elle essayait de l’acheter et de le rendre plus docile en agissant ainsi. Par contre, il est certain qu’Hayden débarquera à un moment ou un autre pour le traîner hors de sa grotte comme il dit. Pour son meilleur ami, cela signifie entraîner Kikunae a une soirée quelconque pour fêter ce jour. Ce n’est pas ce que le musicien préfère, mais il accepte pour faire plaisir à Hayden. Apparemment, Hazel s’est aussi donnée pour mission de faire sortir Kikunae. Au moins, vu l’heure qu’il est, il y a peu de chance que la jeune femme le traîne au bar ou quelconque sortie de ce style.

À la seconde où des coups retentissent à la porte de son appartement, Kikunae sait qu’une petite tempête va débouler. Étonnamment, ça le fait sourire. Hazel est une des exceptions énigmatiques dans la vie de Nae, qui, plutôt solitaire, ne compte pas beaucoup d’amis proches. Est-ce que cela le dérange ? Pas le moins du monde. Entretenir une amitié lui prend de l’énergie, il n’est pas du genre à envoyer de messages, pas qu’il se moque de ce que deviennent ses amis, il n’a juste pas beaucoup de « skills » quand il s’agit de vivre en société. Avoir seulement quelques amis, mais qui compte réellement à ses yeux et surtout, qui comprennent sa façon d’être sans le juger, c’est le plus important pour lui. En plus, Hazel parle aussi japonais, sa langue maternelle, que Nae n’a que trop peu d’occasion de parler depuis qu’il est à Séoul, si ce n’est avec Ryuu… La porte à peine ouverte, Kikunae se retrouve englouti dans une étreinte amicale. Il a beau ne pas être tactile… Il doit reconnaître que parfois ça fait chaud au coeur. Surtout en ce moment, il a besoin de se changer les idées.

- Merci, petite Taz.

Hazel fait la même taille que Kikunae dans les faits, mais plus jeune, alors il aime bien l’embêter de cette façon. Les surnoms ce n’est pas ce qu’ils préfèrent non plus. La plupart de ses amis n’en n’ont pas, si ce n’est Hayden qu’il surnomme Dedenne, en référence à un Pokemon souris. Sa vengeance personnelle pour le surnom dont son meilleur l’affuble constamment : Mushu. Hazel est une autre exception. Il n’y a pas d’explication, c’est comme ça, peut-être parce que dès la première fois qu’il a croisé la jeune femme, l’image de ce personnage de cartoon s’est imposée à lui.

- Je suis prêts, il faut juste que je mette un manteau et des chaussures, dit-il en fermant la porte de l’appartement derrière lui.

Il fouille dans le placard dans l’entrée pour sortir un manteau qui lui tiendra chaud, une écharpe et même des gants. L’hiver est particulièrement froid dernièrement, il a même neigé. Nae sourit en voyant Stradivarius fuir face à la tornade qui vient d’entrer dans l’appartement. C’est sûr qu’avec le musicien, il n’est pas habitué à tant d’énergie. Il abandonne quelques instants sa quête de vêtements chauds pour sortir et prends, dans une boite en métal sur le bar de la cuisine, quelques bonbons pour chat.

- Donne-lui ça, il va t’adorer.

Il enfile ensuite son manteau et son écharpe, il mettra ses chaussures dans l’entrée quand ils sortiront.

- On peut y aller. Je peux savoir où tu m’emmènes ou c’est un secret d’État ? Je ne sais pas si je devrais te faire confiance… réplique-t-il pour la taquiner.