clothes + Il avait été difficile de faire des concessions, et certains choix. De privilégier et d'effacer volontairement certains bons moments au profit de prises de tête et de migraines. D'empiéter sur le temps avec ses proches, sur les étreintes innocentes et les sourires avec Lei, sur ses parties de jeux vidéos avec Seongmin, pour se consacrer presque exclusivement à ses études bien trop lourdes. Cependant, pour la première fois, Tasyr a fait des choix adultes, parce que pour la première fois, il s'est projeté sur un futur lumineux. Il s'est, bêtement, vu en blouse, travaillant pour l'hôpital de Séoul ; fierté de sa famille et de ses enfants, sauveur de vie qu'il avait écrasé par le passé. C'est ça, qu'il veut : devenir la lumière qui chasse l'obscurité de la mort. Ce sont des choix difficiles qu'il assume pleinement, même si pour cela il en vient parfois à prendre un retard considérable sur son rôle de président et qu'il risque l'éloignement avec sa petite-amie. Cependant, il n'y a pas qu'en tant que gumiho qu'il s'est laissé submerger : la première année ratée se fait sentir, les erreurs sont nombreuses et les cours pas assez complets lui posent des problèmes majeurs. Et par désespoir de cause, après des jours à ressasser sa propre défaite et son manque d'attention en cours, le syrien prend la simple et bonne décision d'aller retrouver une amie qu'il n'a pas vu depuis un long moment, une ancienne de ses camarades de classe nouvellement pyobeom.
Il ne se sent pas réellement à l'aise, à l'idée d'affronter quelqu'un qui ne l'a pas vu changer, quelqu'un qui l'a connu démon en devenir et qui le retrouvera humain ; il tire pour agrandir le col de son haut et se frotte plusieurs fois la nuque. Néanmoins, le président finit par pousser les portes grâce à Moon Kyu avec qui il échange une étreinte rapide et se laisse escorter jusqu'à la chambre de Seong Hee en espérant qu'elle soit présente. Il hésite, encore. Souffle plusieurs fois. Tente de dompter ses cheveux teints de blond-cendre dont la couleur sombre revient pourtant pour n'y laisser que de clairs reflets. Finit par toquer en se raclant la gorge, intimidé. « Seonghee ? C'est Tasyr, je peux entrer ? Enfin... T'es là au moins ? » Question idiote qui trouvera réponse par une voix, ou son absence.  

clothes • Seong Hee laissa pousser un soupir de désespoir, affalée sur sa chaise. Hee Yeon, Emi et Sae Jin avaient toutes quittées cette chambre d'ordinaire si bruyante en quête d'activités plus intéressantes que les études dans lesquelles leur colocataire était désespérément plongée. Aussi la jeune fille était-elle seule face à ses propres écrits, dont elle avait l'impression de ne les avoir jamais lus. Trop d'informations s'emmêlaient dans son esprit fatigué par des études soutenues. Pourtant elle savait qu'elle ne pouvait se permettre de quitter sa chaise pour rejoindre ses amies. Ses révisions de dernière minute dans les couloirs ne fonctionneraient plus de la même façon qu'au lycée, elle le savait. Cette fois-ci, elle devrait y mettre du sien, oublier la douceur de son lit et les joies de la sortie. C'était le prix à payer pour s'assurer un avenir sans nuits blanches à travailler pour une paye misérable. Soit, un avenir moins pénible.
À cette idée, Seong Hee se redressa pour retirer son casque, dans l'espoir que le silence lui permette une meilleure concentration, et attrapa un toast que Sae Jin lui avait laissé sur sa table en signe de compassion. Fronçant les sourcils, elle relisait chacune de ces formules étrangères à sa mémoire pour y attribuer une explication cohérente et compréhensible. Cependant, un bruit timide vint la couper dans sa lancée. Étonnée, la jeune fille se tourna vers sa porte, tout en grignotant son toast à petites bouchées. Qui donc chez les Pyobeom était assez poli pour toquer avant d'entrer ? Personne, et pour cause : ce n'était pas la voix d'un Pyobeom qui résonnait derrière la porte. Lorsque Seong Hee la reconnut comme étant celle de son ancien camarade, elle se précipita sur sa porte sans même prendre la peine de reposer son toast, et l'ouvrit sur le visage de son ami. C'était bien lui. Avec des cheveux un peu différents, mais c'était bien lui. C'était bien Tasyr. Il fallut d'abord quelques secondes à la jeune fille pour sortir du silence. Son toast à la main, elle avait presque les larmes aux yeux, mais elle les chassa vite avec un sourire dont elle seule avait le secret. « Taaaaz ! Ça me fait trop plaisir que tu sois là, tu m'as vraiment beaucoup manquée tu sais ! » Elle était prise d'une folle envie de le prendre dans ses bras, peut-être afin de s'assurer qu'il n'était pas une hallucination, mais se retint avec peine, de peur de le mettre mal à l'aise ou d'être rejetée. Il était là, et c'était déjà bien.

clothes + Les questions se bousculent dans sa tête et pourtant, il sait combien elles sont infondées. La crainte de son regard, ou de sa potentielle déception, le hante et façonne une boule d'acier et pourtant de feu au sein de ses entrailles. Elle l'a connu et apprécié en diablotin, que fera-t-elle de celui qu'il est aujourd'hui ? L'appréciera-t-elle de la même façon ? Ou prendra-t-elle seulement en considération son existence sans pour autant y témoigner une quelconque importance ? Tasyr déglutit et croise les bras contre sa poitrine fine quoique forgée, tape du pied ; les quelques secondes qui suivent sa voix lui semblent interminables, bien assez longues pour qu'il se questionne encore, toujours. Puis la porte s'ouvre et il relève presque fièrement le menton pour juger son ancienne camarade : le syrien a changé, mais sa carapace reste persistante et le couvre d'un regard hautain qui se veut menaçant pour éloigner les maux potentiels. Il remue lentement la mâchoire de gauche à droite, enfant-prince, enfant-givre, puis étire un sourire étincelant qui dévoile ses dents face aux paroles de Seonghee, un sourire lumineux qui éclaire ses traits sous le bonheur. « Tu m'as trop manquée aussi Seong Hee, j'te jure, les cours c'est une torture sans toi, je sais même pas c'que j'fous là bas quand toi tu y es pas ! » C'est une réaction sans nul doute extrapolée, des mots que n'importe qui pourrait dire, mais qui semblent plus que sincères sur l'instant. Taz la voit dans ses yeux, cette envie tiraillante de l'étreindre, et en renforce son sourire à en marquer ses fossettes, initiant ce geste.
Les mains dans le bas de son dos la soutenant de ses paumes, le menton sur sa tête, il pousse un rire léger et enfantin en frottant son haut. Il pousse même l'audace jusqu'à brouiller les esprits de ceux qui seraient susceptibles de passer et d'entrevoir. Il ose défier les règles de sa propre société et remettre en cause les coutumes pour une familiarité qui n'est jamais de mise ici, et frotte son nez contre le sien avant de poser un baiser sur sa joue. Mais il s'en moque, il est bien plus haut que ça, parce que son cœur se gonfle d'un bonheur simple mais prenant. « Tu vas bien ? Je te dérangeais peut-être ? Si tu préfères, je repasse plus tard, y'a pas de problème. »

clothes • Comme un rêve. Son visage, ses gestes, son regard, son odeur, son sourire, tout était pareil et à la fois différent. Pas véritablement un souvenir. Comme un rêve. Sa voix, également, était un peu différente. À quelques détails près, elle pouvait dire que son ami avait changé. Pourtant, il était toujours son ami, elle le voyait, le sentait. Un ami plus heureux simplement, ce qu'elle lui avait toujours souhaité, et ce qui la comblait en un instant. Ce regard hautain qu'il lui destinait à l'encadrement de la porte, elle ne le voyait pas et ne l'avait jamais vu. Devant elle ne se tenaient ni une menace ni un étranger, mais Tasyr tout simplement. Tasyr, un enfant encore, son ami, dont le sourire bientôt la combla de bonheur. Ses paroles pourtant l'étonnèrent. Elle ne l'avait jamais connu très démonstratif, malgré leurs longues heures partagées sous les paroles désintéressées de leurs professeurs, et pourtant pas un instant elle ne douta de sa sincérité, à laquelle elle répondit par un sourire plus grand encore. « C'est devenu ennuyant sans toi, j'ai plus personne maintenant ! » Il y avait pourtant Mi Ran, Yoon Ji, et d'autres peut-être, mais ce n'était pas pareil. Personne ne pourrait remplacer Tasyr. Il ne ressemblait à personne, et personne ne lui ressemblait.
La surprise vint cependant encore la déstabiliser lorsque son ami initia lui-même le geste qu'elle n'avait pas osé faire en l'attirant à lui. Ce fut avec plaisir qu'elle sentit contre elle un homme plus fort qu'auparavant. La jeune fille n'avait jamais réellement noté leur différence de taille avant ce rapprochement soudain, mais sourit à l'idée que son ancien camarade soit assez grand pour poser son menton sur sa tête. Elle était à présent assez heureuse pour ne pas même s'étonner lorsque l'étudiant approcha son nez du sien, de la même façon qu'on le faisait aux enfants, et déposa un baiser sur sa joue blanche. Son rire résonna alors à son tour. Oui, il avait changé. Il était toujours Tasyr, mais un Tasyr différent. Et plus que tout, il était toujours son ami. « Oui forcément je vais bien puisque t'es là ! Et tu devrais savoir que tu me déranges jamais ! Tu veux rentrer, tu voulais me demander quelque chose ? »

clothes + La vie se montre parfois farceuse ; elle joue de drôles de tours dont l'on se souvient plus tard avec nostalgie ou regret. Les choses qui arrivent sans que l'on ne les voit venir sont les plus marquantes ; celles qui permettent aux enfants de grandir, aux adolescents de se forger, aux adultes de mûrir. Combien d'heures ont-ils partagées sans s'accorder le moindre regard (parce qu'il était trop fougueux, qu'il n'avait de toutes évidences pas besoin d'elle) ? Combien de fois a-t-il pourtant posé, à la dérobée et sous l'ennui, deux pupilles critiques sur ce bout de femme (pour la comparer à toutes celles de la pièce et, parfois, apprécier les formes de son corps) ? A quel moment ont-ils échangé les premiers mots pour, finalement, se retrouver avec plaisir à chaque heure rendue moins vénéneuse par sa simple présence ? A quel moment est-elle passée de connaissance de cours à amie aussi précieuse qu'il retrouve avec plaisir, à laquelle il adresse ses sourires, à laquelle il se montre meilleur pour lui témoigner de la foi en ses nouvelles valeurs ? Le baiser qu'il dépose sur sa joue l'électrise : l'étranger déborde de sincérité et par son tumultueux cœur renversé, espère ne jamais plus la quitter. « Tu m'étonnes, plus personne pour cracher sur les autres et se plaindre à longueur de journée... quel ennui mortel ! » Il ose pour l'une des rares fois, pousse la chansonnette, et son audace lui permet de rire ; un rire de vainqueur qui teinte comme le cristal et s'échoue sur l'épiderme de son cou, juste là où il vient de loger son visage. Il a conscience de ses tares et de son caractère, de son franc parler qui dérange qui masque sa timidité immergée mais insurgée, de ses complaintes sans fin et de sa violence quelle qu'elle soit ; il vit désormais avec comme de précieux amis, plutôt qu'ennemis. « Je pourrais presque dire que tu es mignonne, quand tu dis ce genre de choses. Oui euh... » Malgré son rayonnement et son sourire-soleil, il apporte sa main à sa nuque pour la rougir et la frotter de sa gêne. Pénètre dans la pièce avec lenteur, s'installe sur le lit et joint ses mains à ses genoux. « Je voulais savoir si tu as gardé les cours de l'année dernière. J'ai loupé beaucoup de choses, j'ai du mal sur certains points, mais j'ai vraiment pas envie de repiquer une année de plus. »