when you say it like that,
got me falling right back

keith & kali (#keitali)

 

Party done, shadows walking home, walking with our game on. You are my kind : classic mind and you look so fine. I'm lovin' the cold, smoke n roll, see your fingers shake ; gettin’ through your heartbreak. ✻✻✻ (music + outfit) Certains pourraient faire des pages et des pages sur la manière dont ils se sentent. Parler pendant des heures de ce qui les agite. Pas moi. C’est pas que je réfléchis pas, c’est juste que je suis moins loquace. C’est pas que je pense pas, que je fais pas attention, c’est juste que ma philosophie c’est de me laisser aller, de me laisser couler, c’est dans mon caractère d’essayer de simplement suivre le courant, à part quand on parle affaires. Ce que je veux dire c’est que parfois, ça m’amène dans des trucs que j’avais pas prévu, comme lui, comme Keith. J’voudrais trouver une raison à ce qui c’est passé entre nous, j’voudrais avoir une justification pour avoir replongé, encore, ce soir. J’voudrais comprendre, et puis savoir ; qu’est-ce qui fait qu’on retourne vers ceux qui nous ont détruit ? Je me souviens lui avoir tourné le dos, je me rappelle être partie sans trop lui expliquer pourquoi alors qu’il y avait surement un début de quelque chose entre nous, un je ne sais trop quoi. Une minuscule routine rassurante, quelques fois où on s’était vus, quelques nuits qu’on avait passées ensemble. Rien de plus, mais pour moi c’était déjà beaucoup ; pour la vie décousue que je menais à l’époque (et que je mène encore, sur d’autres points), oui, pour ce que je vivais à ce moment-là, Keith c’était un morceau d’immuable, un tout petit début de stabilité. Bien entendu, pour lui c’était rien (pour moi non plus ?), j’étais une fille comme ça, passée quelques fois, avec un sourire sincère mais qui n’avait jamais eu de reflets enfantins, et puis des cheveux arc en ciel qui étaient encore ternes à l’époque, noir de geai, noir sans rien.

Quand le gosse est arrivé, je suis restée muette et j’me suis tirée. J’ai pleuré un peu, je m’en suis débarrassée, j’ai culpabilisé et puis enfin, j’suis repartie de l’avant, comme je le fais toujours, en évitant soigneusement le père - dont j’étais pourtant certaine, fait plutôt étonnant. Et j’me souviens avoir pensé : de toute façon, Keith aussi va s’en aller, il retournera d’ou il vient et y’aura plus jamais, jamais besoin de le revoir. On risquera pas de se recroiser, au détour d’un supermarché, j’vais pas non plus avoir l’occasion de l’écraser avec ma bagnole sous prétexte que je roulais trop vite et que oups, j’ai pas fait exprès. C’est bizarre de détester quelqu’un qui nous a rien fait - et c’est encore plus étrange de se rappeler comment on l’aimait avant.

Et puis Keith est resté, et nous deux on s’est revus. Sans vraiment le vouloir, hier soir. C’est juste arrivé, comme ça. Dans une soirée ou j’avais un peu bu, pour fêter un joli coup que je venais de réussir, un beau pactole que je venais d’engranger (quand bien même il est voué à être rapidement redistribué, je le sais). Et puis lui, je crois qu’il avait bu aussi. C’est surement ça qui a joué. Ou alors c’était dans l’ordre des choses. De juste se recroiser, et de reprendre là où on s’était arrêtés. Quand j’ouvre les yeux, il est déjà seize heures - ce qui ne me dépayse pas étant donné que c’est à peu près mon heure en temps normal aussi. Et puis quand ils se posent sur Keith, allongé juste à côté, tout me retombe dessus d’un seul coup. Il faut que j’me tire, sans qu’il m’entende de préférence - et on oubliera tout ce qui est arrivé, on fera comme si ça n’avait pas existé, chacun de son côté, même si c'est dans mon appartement qu'il va se réveiller. Lentement, je fais basculer mes jambes sur le côté de lit, pose mes pieds sur le parquet en espérant qu’il ne craque pas, pars à la recherche de mes fringues le plus délicatement possible. Je parviens à remettre la main sur mon short en jean, pas sur mon haut noir qui reste introuvable malgré mes tâtonnements. Keith émet un grognement ; pendant quelques secondes, l’idée de piquer le sweat qu'il portait hier soir et de partir comme ça me tente. Puis mes yeux se posent sur son visage, et des souvenirs de la nuit dernière me reviennent en mémoire ; je retrouve, aussi, l’idée que tous les deux on a failli avoir un enfant, et qu’il n’est même pas au courant.

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