Dans les besoins primaires manger était à une bonne position. Dans le top 3. Et ton estomac n'avait pas manqué cette information aux bruits qu'il dégageait allègrement comme si tout était parfaitement normal. Le cours fini c'est la main sur le ventre que tu quittais la pièce, quelques murmures à ton passage. Peu importe, tout pouvait bien arrivé que tu ne penserais qu'à manger. Et pour cela rien de tel que la cafétéria. Qu'un endroit rapide et proche pour te sustenter. Un endroit bruyant et rempli qui ne laissait que très peu de choix plateau en main. Un trou, une chaise, des yeux de lynx qui traversait la foule et la place enfin trouvée. Le plateau qui venait s'y choir comme gage de possessivité ne fut que plus surpris lorsque tes yeux se posèrent sur la détentrice des lieux. Sun. Hee. Rictus déçu, presque jugeur et carnassier tu ne pouvais pourtant pas ignorer les appels de ton estomac qui firent asseoir tes fesses près d'elle. Un mot serait de trop, le silence vous accompagnant, tu ne pus t'empêcher d'élever la voix pour une raison inconnue, sûrement vile tentatrice de discorde. " Je ne pensais pas te voir ici... " Bouille boudeuse, c'est une épaule que tu lui offrais, non pas pour pleurer mais comme légère barrière. Un mur entre vous. Un mur léger et idiot qui ne saurait vous séparer, mais là pour l'immaturité de vos querelles.
Les premières bouchées te délivraient du mal qui rongeait ton intérieur pour venir lancer quelques regards à celle que tout le monde semblait aimer, malgré une malice que tu devenais dans une esquisse des plus fausses. Enfin à ton opinion. Avec ta tête de blasé, toujours au bord du gouffre, peut être n'avais tu rien à redire.


" "
 

Ce n'était pas toujours évident pour toi de trouver quoi manger. Pas que tu sois difficile mais tu suivais une alimentation précise. Tentée par ton frère, tu suivais le mouvement, refusant viandes et poissons. En attendant tu te retrouvais souvent embêtée en arrivant, hésitant souvent pour pas grand chose, les prunelles allant et venant sur les choix proposés. Tu ne regrettais jamais ta décision. Changer ta façon de manger était probablement l'une des meilleures choses que tu avais faite ces derniers temps. Un choix intelligent, et sage. Beom Gyu pouvait être fier de t'avoir incité – mais tu ne lui dirais pas ainsi, préférant l'enquiquiner gentiment. Tu savais qu'au fond, il le savait. Pas besoin de mots pour communiquer. Laissant passer les autres, tu contemplais, les pensées comme éteintes le menu, le dessert, les boissons. Comme une âme un peu trop en peine, un peu trop perturbée, une petite grimace au visage. Et l'on s'arrêtait quelques fois pour te demander si tout allait bien, ou si tu trouvais ce que tu voulais. Tu disais que oui mais tu trouvais rien. Tu patientas encore, laissant la file diminuer histoire d'avoir amplement le temps. Sauf que le monde commençait à s'empiler, les places libres se faisaient rares. Tu observais alors du coin de l’œil ces espaces vides, t'approchant avec ton plateau. Une assiette pleine de légumes, et de riz, ainsi que quelques fruits. Assez pour tenir toute la journée. Tu repéras une place et sans attendre, tu t'y installas dans un sourire satisfait. Tu étais assise, seule, et même si le bruit résidait autour il n'était pas directement à tes côtés.
Jusqu'à ce qu'il arrive. Tu mimas un air bougon, le fixant de haut en bas avant de détourner le regard, mangeant comme une gosse agacée. Tu ne dis rien, te contentant de l'observer du coin de l’œil. Il fallait toujours avoir l'ennemi dans sa vision non ? Tu plissas un peu le regard quand il prit la parole. « Tu pensais me voir où, alors ? », lui demandas-tu, le sourcil levé, te tournant vers lui. « C'est pas comme si je travaillais ici », tu levas les yeux au ciel en secouant le visage. Les prochaines bouchées te laissèrent un goût amer en bouche. « Tu trouves pas que les légumes ont un goût bizarre ? », lui demandas-tu sans réellement lui demander, la frimousse embêtée. « Ils étaient meilleurs il y a... trois minutes », quand il était pas là, quoi. Tu plissas le nez, boudeuse, continuant ton repas. « C'était bien notre chance que la salle soit pleine aujourd'hui », commentas-tu, le regard étudiant les alentours – et un soupir vint soulever tes épaules.
 

Sun Hee n'était pas quelqu'un de méchant. Elle n'était pas même quelqu'un d'énervant quand on y pensait et pourtant. Pour une raison très étrange et brumeuse vous deux, c'était un gage de maltraitance perpétuel. Des pics envoyés à la vitesse de l'éclair. C'était presque étonnant qu'aucun de vous ne soit pas blessé. Peut être que votre ennui prenait trop souvent le dessus et vous rendait amère avec l'autre sans même comprendre la réelle raison. Cependant il suffisait que tu remarques sa présence pour soupirer et commencer à manger, poussant même quelques aliments comme s'ils avaient été les initiateurs de ces discordes. Une mauvaise foi qui continuait avec ton intervention. Manger en silence, tout proche d'elle: un défi presque impossible. Et pourtant tu n'étais pas comme ça normalement.

" Pas ici. " Que tu annonçais dans le plus grand des calmes. Ce n'était pas parce qu'elle était professeure ici, tout comme toi, que tu t'attendais à la croiser à cette heure, dans ce lieu, à cette table. Comme si le destin vous jouait un tour. C'était presque énervant. LE regard se tournant vers son assiette tu observais ce qu'elle mangeait dans un silence presque suspicieux, les sourcils froncés à essayer de comprendre si elle allait tenter de t'empoisonner mais finalement se fut ses paroles qui tentèrent de t'assommer. Un sourcil levé, l'expression de jugement au point il n'en fallait pas plus pour déclarer la guerre. " Ravi de pouvoir te rendre la pareille. Je ne suis pas sûr d'avoir envie de manger maintenant. " Mais tu ne lui ferais pas ce plaisir, mangeant alors avec un appétit presque retrouvé, ou juste feint. " C'est bien ce que je dis : pourquoi. " Ta vie semblait trop calme? Peut être que quelqu'un pensait pouvoir la pimenter. Et bien c'était réussi, t'avait la bouffe en feu. " T'as pas des cours à donner? " Tentais tu avec un désespoir presque surjoué. Après tout aucun de vous n'avez été odieux avec l'autre. Du moins si on oubliait tous ces moments à vous cracher dessus comme deux vieux chats. " Ah moi qui croyait être tranquille. " Ce n'était pas que tu n'aimais pas le bruit mais t'aimais pas le bruit, ni même les longues journées.


" "
 

Tu supposais que c'était simplement physique. Pas qu'il soit quelqu'un d'affreusement méchant ou horrible mais c'était juste ainsi. T'avais pas d'explications. Le contact ne passait pas, tout simplement. Il ne t'avait rien fait et tu ne lui avais rien fait non plus. Et pourtant, à chaque fois, c'était la même chose : tu redevenais une gamine un peu trop fière, refusant de céder du terrain, argumentant tout et rien, contredisant tout et rien. Tu avais ta fierté, fine et légère. Mais tu n'irais pas jusqu'à le blesser volontairement non plus. C'était juste ainsi, tu l'expliquais pas. Comme si vous ne pouviez trouver aucun terrain d'entente. Vous aviez peut-être des passions communes ou des traits de caractère communs mais l'idée te paraissait tant absurde que tu ne cherchais même pas à savoir ou à comprendre. Le sentiment était réciproque : ça ne passait pas et tu supposais que ça ne passera jamais. Les sourcils levés, tu lui lanças un regard perplexe, levant les mains dans une question muette. Où alors ? Où pensait-il te voir ? T'étais sur ton lieu de travail, lui aussi, pourquoi il paraissait surpris de te voir là ? Pourquoi tu l'étais aussi, à dire vrai ? Tu ne dis rien, poussant simplement tes lèvres en avant dans un air bougon pour retenir un soupir. C'était bien ta veine, quand même, de le voir s'installer là. « C'est étrange », soufflas-tu sans réellement le penser. « Comme si on s'ôtait l'appétit », enfin pas pour lui apparemment. Tu jetas un regard vers son plateau, le sourcil faiblement levé, avant de reprendre, mangeant doucement. « Le destin dirait : pourquoi pas », rétorquas-tu dans une sorte de rire non amusé. C'était pas drôle sinon, évidemment. Tu pouvais pas tomber sur le ou la collègue que t'appréciais à cette heure-ci dans une salle pleine, non, forcément, c'était le collègue avec qui tu t'entendais pas. Bien sûr. « Si je suis là, non », lui répondis-tu. Tu supposais que lui non plus n'avait pas de cours à donner. Dommage. Tu soupiras. « Et moi donc... », tu t'arrêtas de manger pour fixer ton assiette, les épaules basses. « … tu viens toujours manger ici, à cette heure-ci, toutes les semaines ? », que tu le questionnas. « Pour que tu puisses décaler ton repas la prochaine fois. Histoire qu'on se croise pas », ça te semblait une bonne idée. Toi ? Décaler ? Non. Tu pouvais pas. Tu voulais pas. Gamine butée. « T'as bientôt fini ? »
 

Comme un enfant à qui on aurait volé son jouet préféré tu continuais de pester contre cette pauvre jeune femme. Non pas qu'elle avait été méchante. Elle n'avait pas même dépasser les limites. Cependant quelque chose faisait de vos rencontres un tour de force. Un défilé de mots qui n'étaient sûrement pas penser et une émotion des plus similaires. Il était étrange de se retrouver à se demander ce qui vous avez amener à vous détester. Comme une remise en question dont la réponse était évidente et défavorable. Les tords étaient partagés, sûrement indiscutables. Mais l'idée même de se faire une idée sur quelqu'un que tu ne connaissais finalement pas était agaçant. Les lèvres serrées tu aurais bien tenter quelques mois auparavant, mais ses réactions t'avais enlevé toute envie d'essayer. Tu n'étais pas bien mieux, avec ce comportement enfantin qui t'empêchais de faire des concessions. A la place c'était des regards, un nez qui se fronçait et un regard fuyant pour plaider la tranquillité loin d'elle. La trouver ici était  pourtant plus logique que ta présence, parsemer de jours où tu étais absent. N'étant qu'un intervenant, les emplois du temps ne correspondaient que rarement, faisant de ce genre de désagrément une rareté. " C'est logique. " Rajoutais tu, remplissant pourtant des joue si fines d'habitude. Une stratégie de la déstabilisé, sans jamais pour autant penser tout ce que tu venais à dire. Ou bien tout était profondément ressenti, cela faisait un moment que tu n'en savais plus rien ,l'habitude prenant le dessous pour annihiler chacune des émotions. Un mélange qui te perturbait toujours autant. " ""Obvious. Merci beaucoup. Mais genre dans 10 minutes ? Mieux 5 !  " trouver un timing pour la voir partir était bien trop dur. Elle semblait sûre d'elle à manger tranquillement. L'idéal s'arrêtait donc là. Le soupire long et bruyant c'est avec étonnement que ton regard se relevait. Voulait elle déclarer forfait ? Se cacher de toi pour te laisser en paix ? C'était bien la première fois qu'une haine réciproque permettait ce genre d'arrangement. Enfin presque. "Oui c'est mon planning donc je serai là.. par contre moi ? J'ai l'habitude de manger ici, tu n'auras donc qu'à partir.  " Elle n'avait qu'à faire un trou dans son emploi du temps. Aller ailleurs. Peu importe, elle venait avec l'idée, elle n'avait qu'à la faire. Tu ne changerais aps des habitudes déjà bien ancrées. " Débrouille toi, je semble mieux tolérer ta présence. " Dis tu l'appétit au rendez-vous. " Ca se voit pas ? " Le plateau rempli il était hors de question que tu partes sans avoir fini le plat, et encore. " Je compte prendre mon temps. Si tu ne veux pas tu es libre de disposé. " Comme s'il était possible de contrôler la personne qu'elle était.

" "
 

En soit, Hailian ne t'avait jamais rien fait. Du moins, d'aussi loin que tu t'en souviennes. C'était juste... comme ça ? Il n'y avait pas vraiment de raisons. Tu supposais que tu ne pouvais pas aimer tout le monde, comme tout le monde ne pouvait pas t'aimer. Ce dernier point, tu l'avais bien compris depuis le temps. Tu t'en formalisais pas pour Hailian cependant. C'était simplement ainsi et tu ne faisais rien pour que les choses changent. Lui non plus, en soit. Pas vrai ? Peut-être que la situation vous convenait comme ça. Une sorte d'habitude trop bien ancrée pour réussir à l'oublier et la mettre de côté. « Logique dis-tu », soufflas-tu lentement, le sourcil levé, n'enchaînant pas plus, gardant le silence. Tu bougeas les épaules ensuite, un faible son dans la gorge. « J'ai bien envie de prendre mon temps pour manger aujourd'hui », articulas-tu lentement, trop peut-être, laissant un sourire innocent venir se poser sur ta bouche. Pourquoi devais-tu partir ? Il n'avait qu'à s'en aller si ta présence le dérangeait à ce point ! « Et tu tues un peu plus la galanterie chaque jour. C'est décevant, Hailian », soufflas-tu en secouant doucement le visage, l'air faussement déçu, prenant une bouchée, mâchant lentement. « T'auras qu'à te trouver une autre plage horaire le semestre prochain », râlas-tu dans un air bougon. « Ah bon ? Qui a parlé qu'il avait l'appétit coupé en premier ? », tu levas le sourcil, le regard vers lui avant de hausser les épaules. Ca allait pas t'empêcher de manger qu'il soit là. C'était juste moins agréable que si tu avais été seule. « Tu disais avoir l'appétit coupé, je me disais qu'avec un peu de chance... », il allait plus manger du tout. Force était de constater qu'il était à peine qu'au débout. « Je te laisse te décaler si t'en as l'envie. Je suis bien installée », lui rétorquas-tu dans un air de défi, le menton relevé, prenant une nouvelle bouchée et mangeant lentement. Juste exprès. Tu laissas ton regard planer sur le reste des environs, scrutant les élèves et les autres professeurs. « Personne veut s'asseoir à notre table. C'est bizarre », marmonnas-tu dans un air songeur. Tu souris à quelques personnes en passant, les saluant discrètement. « C'est peut-être parce que tu fais la gueule. Tu fais la gueule ? », tu te tournas vers lui, mimant une petite frimousse pensive. « Ou c'est ton air habituel ? », tu semblais jauger en silence avant de bouger les épaules, mangeant à nouveau.
 

Il n’y avait rien dans votre comportement qui était justifié d’une manière ou d’une autre. Ce n’était pas comme si l’un de vous avait publiquement harcelé ou humilié l’autre. Non rien qui n’expliquait cette haine qui venait vous rappeler des guerres enfantines. Cependant, ce n’était pas ça qui vous arrêtait comme deux adultes matures. Au contraire. Les yeux levés au ciel dans un soupire qui revenait tout droit des enfers, tu ne reculais devant rien pour montrer à cette jeune femme que tu ne l’appréciais guère. Pourquoi ? C’était une autre question que des gens matures auraient eu à cœur de répondre. Pour toi, c’était simplement ainsi. "Ah parce que la galanterie s’applique à tout le monde ? Je suis très galant quand je le veux, rien ne dit que tu le mérites très chère. " Voilà qu’un tout autre débat apparaît à cette table remplie d’une tension qu’on ne croise que peu souvent. " Oh j’aimerai beaucoup mais cette plage horaire me convient, je ne changerai donc pas pour ta petite personne. " Même si tu voulais, la vérité était que tu n’y pouvais rien, l’école te donnait les horaires de tes cours. Une bouchée violemment avalée et tu la regardais pointant ta cuillère vers elle. "Qui a parlé du goût de ses légumes en premier. " Les yeux toujours ancrés dans les siens, tu piquais ce légume avec force pour finir par le manger. Une sorte de rituel d'intimidation. Sûrement. Aucun de vous n’était prêt à lâcher son bout de viande, quand aucun de vous n’était non plus à l’aise dans cette situation, une sorte de punition pour vous deux qui ne s’arrêtait pas là. "Tu prends tes rêves pour une réalité. " Tu n’étais pas prêt de bouger, prenant même tes aises en dandinant ton derrière sur ta chaise. Un moment légèrement plus calme s’enchaînant, vous laissant prendre quelques bouchées. Mais il était vrai que votre table n’attirait pas foule. Le regard perdu un instant tu te tournais vers elle à cette accusation des plus fausses, ou vraies. " C’est mon air habituel. Ca marche normalement mais je dois avoir perdu la main puisque tu es là… " Le sourire forcé sur les lèvres tu venais prendre une autre bouchée de ton plat. " Ou alors personne ne peut t’encadrer alors ils évitent en me remerciant de faire ce job. " Après tout c’était une possibilité.


" "

« T'es galant ou tu l'es pas, c'est pas une fois oui une fois non », pas besoin de se vanter de l'être si ce n'était que pour l'être avec certaines. « Donc moi je devrais changer mais toi non ? », tu lui lanças un regard, le sourcil levé. Comme si t'allais changer pour lui faire plaisir. Au contraire. Tu resteras exprès pour l'embêter, vu qu'il semblait vouloir faire la même chose. Même des gosses auraient plus de jugeote que vous. « J'y peux rien si t'as réussi à leur enlever un peu de leur saveur », articulas-tu doucement, mastiquant sagement, les pupilles allant et venant autour de vous. Heureusement que personne ne semblait vous entendre – on viendrait probablement vous séparer en vous tirant les oreilles, c'était de pire en pire et t'étais même pas désolée. « On m'a toujours dit que c'était pas interdit. Est-ce qu'on t'a interdit de rêver, petit ? », lui demandas-tu, faussement intriguée, préférant contempler ton assiette à présent. Tu continuas ton repas tranquillement, la foule n'étant pas vraiment motivée à venir vous rejoindre. Peut-être que vous dégagiez quelque chose de néfaste – mais t'étais sûre que ça venait surtout de Hailian. « Je suis pas comme les élèves, on ne m'impressionne pas facilement. Ca doit être pour ça », tu l'observas un instant avant de sourire. « Pas besoin de faire la gueule, t'es pas un monstre », vins-tu prononcer avec lenteur, haussant les épaules. « Ou peut-être que c'est toi qu'on ne peut pas encadrer et qu'on me remercie de faire preuve de bonté en m'asseyant ici », tout était possible. Il fallait dire que de manière générale t'attirais pas les foules à ta table quand t'étais seule. Quand tu souriais, tu avais cette merveilleuse « resting bitch face » qu'on appréciait tant critiquer. « Au moins, voyons le peu de positif qu'il y a là-dedans, personne vient nous embêter », relevas-tu dans un petit mouvement du visage. A part lui qui t'embêtait... personne ne venait en rajouter une couche. Tu mangeas tranquillement, lui lançant quelques regards. « Tu peux tout me dire : qui a piqué ton jouet ? Vu la tête que tu tires on dirait vraiment qu'un gosse t'a piqué ton jouet préféré. Je peux aller te le récupérer si tu veux », ce sera ta bonne action de la journée. Ta deuxième, vu que tu le supportais. Tu gardas le silence ensuite, profitant de ton repas comme tu le pouvais, les pupilles se détournant vers une autre table où les professeurs riaient, ton regard croisant celui d'un de tes collègues. « On s'amuse bien aussi ici je vois pas pourquoi il nous regarde », marmonnas-tu, les sourcils froncés. Ca se voyait pas à quel point tu te marrais ? « On rit tellement que j'en pleure presque », tu soufflas, hésitant, ne sachant quel légume choisir. « Tu veux une carotte ? Ca rend aimable apparemment »
 

" je fais ce que je veux. " Réponse mature, pas totalement faux, mais pas totalement vraie non plus. "Si t’es si énervée oui. Le plus dérangé part. " C’est pas comme si elle t’énervait pas non plus, tout ceci ne prenait donc aucun sens. Et pas plus qu’enlever la saveur à un plat, bien qu’il soit complètement cohérent que le plaisir de manger ne soit pas aussi prenant avec une personne irritante à nos côtés. Vous mastiquiez pourtant de la même manière, sûrement avec une tête des plus … drôles. Comme deux enfants. Deux enfants bien décidés à se faire la guerre et à se tirer les cheveux au besoin. Mais cette enfant là visait particulièrement bien. Si le passé n’affectait plus tant notre vie d’aujourd’hui, il restait un grand mur à affronter de temps à autre. Il avait forgé ta personnalité, tes peurs, tes doutes, et bien plus encore. Sans le savoir elle venait donc de pointer du doigts ces insécurités dont on avait légué la charge. Sûrement la raison pour laquelle ta réponse ne venait pas. Le repas devait finir, et le plus tôt serait le mieux. Les coups de fourchettes seuls s’entendaient, la conversation revenant de temps à autre. "Ou pas.. ils sont wild ces enfants. "Ils avaient pourtant légalement passé l’âge de se payer des cigarettes ou l’alcool, enfin pour certains. "Comme si j'avais besoin d’être rassuré. "Peut-être que si finalement, mais tu n’allais pas l’avouer, plutôt te mordre la langue. " Ou bien c’est toi avec ce regard jugeur.. je suis sûre que t’aime pas grand monde. " Et là, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité, vu ta tronche quand aucun sourire ne venait briser la froideur. " C’est vrai.. une personne ça suffit. " Chacun avait ses propres soucis, vous portiez tous deux un fardeau d’être avec l’autre, c’était bien suffisant. Quelques bouchés plus tard le sujet repartait de plus belle, pas la moindre once d’amour ou de compassion dans la voix. "Figure toi que tu sembles pas plus heureuse que ça… On t’a volé ton copain ? Vas-y on peut partager nos soucis si tu veux. " Une thérapie de groupe, merveilleuse idée n’est-ce pas ? Le regard de ta partenaire de joute déviant tu venais observer également, cherchant ce qui pouvait être aussi drôle de manger avec d’autres personnes. "Quoi t’es jalouse ? Ils te laissent de côté et rigolent sans toi alors tu es pas contente ? " C’est vrai que ce n’était pas très agréable de se sentir mis de côté. Pour certains c’était même plus vital que d’autres. "J’ai rien dit ! " ¨Le silence ayant été de quelques secondes tu t’offusquais de cette nouvelle attaque gratuite. Quel manque de skill social. " Garde là, t’en as plus besoin que moi vu que tu veux tant te mélanger aux autres. " Si personne ne venait te voir, tu ne t’en portais pas si mal. C’était mieux que sa présence d’ailleurs. Même si tu continuais de manger comme si de rien n’était, sa présence n’étant pas si coupe faim finalement.


" "

« C'est toi qui as l'air d'être le plus perturbé, je bouge pas », et pourquoi ce serait à toi de bouger ? La galanterie dans tout ça ? Il la mettait derrière son oreille, faisant mine de ne pas l'écouter parce que c'était toi ? Ridicule. Tu ne bougeras pas. « Ils font semblant de l'être. Certains sont encore que des agneaux », un regard bien placé et poussé et les voilà sages. Ton visage fermé et neutre n'aidait probablement pas en général. Tu haussas les épaules ensuite. « Détrompe-toi. J'aime beaucoup de monde », mais le monde ne t'aimait pas toujours en retour. Relation amour-haine plutôt interminable. Et ton visage, encore une fois, qui n'aidait pas. Tu tentais de relever le positif, aussi petit soit-il. C'était déjà pas mal. Tu émis un simple son à ses paroles, retroussant à peine le nez. Ca suffisait déjà amplement – satané moustique qui ne cessait de bourdonner et perturber tes tympans mais contre lequel tu ne faisais que souffler plutôt que de prendre des moyens drastiques. « T'es mon thérapeute maintenant ? Et je suis mariée je te signale », tout pour le faire taire, t'en venais à utiliser cet argument, oui. « J'ai rien à confier mais tu sembles avoir des choses à dire. Alors... qui a donc volé ton doudou préféré en maternelle ? Dis-moi tout », tu levas un peu le sourcil, le visage faiblement penché comme si tu étais prête à écouter. « Pourquoi je serais jalouse ? On a une ambiance tellement parfaite ici », tu le fixas un instant. Et tu n'étais en rien jalouse. Tu voudrais juste qu'il se taise – charité qui se moquait ouvertement de tout alors que tu répondais parfois à son silence. Ridicule. Vous étiez ridicules. « Tu l'as pensé », rétorquas-tu, les sourcils faiblement froncés. Alors qu'il n'avait probablement rien pensé. « J'aurais pas de mal à me mélanger aux autres, contrairement à d'autres. Donc j'insiste, prends la carotte. Elle est pour toi. Elle te fera du bien », tu hochas quelque peu la tête pour appuyer tes propres mots, mangeant tranquillement ensuite, les pupilles voyageant ici et là alors que tu gardais le silence pour une fois. Puis tu te relevas doucement, attrapant ton assiette, retournant chercher des légumes. « L'appétit vient en mangeant », que tu dis en reprenant ta place. Tu déposas une assiette devant lui. « J'ai pensé à toi », une assiette spéciale carottes. T'espérais qu'il apprécie le cadeau. Tu mâchas tes légumes ensuite dans une petite frimousse contentée. « Ils disent épicée mais c'est pas épicé du tout »