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ft. tamako

J’me foutais totalement de l’opinion des autres et de qu’ils pouvaient penser. Ma relation avec Boni, je m’en cachais pas, j’la faisais pas passer pour une simple amie même si elle l’est en vrai mais elle est aussi plus que ça. On sort ensemble et j’suis heureuse alors j’vois pas pourquoi je m’en cacherai ! J’sais bien que dans le pays où on est, on regarde les gens « comme nous » de travers, on les juge, les critique parce que c’est pas « humain » mais en quoi aimer quelqu’un c’est pas humain ? Fille ou garçon, ça devrait être la même chose. Alors même si ça m’indigne, j’me fiche de ce qu’on peut dire dans mon dos quand j’passe dans les couloirs. Tant qu’on s’en prend pas directement à Boni, j’m’en fous.

Mais le regard de Tama, ça a toujours été le plus important parce que mon frère, j’ai toujours voulu le rendre fier. J’ai toujours voulu faire les choses bien pour lui, même si je sais qu’en faisant un pas de travers, il me critiquerait jamais. Mais j’peux pas empêcher cette petite boule d’inquiétude de se former dans ma gorge quand j’lui annonce et que j’vois son visage se décomposer. J’ai l’impression que l’orage va éclater juste au-dessus de ma tête. J’supporterai pas que son regard change sur moi, y’a que le sien qui compte. Nos parents ? J’leur ai pas dit mais j’crois qu’ils en ont pas eu besoin. Il leur a suffi d’me voir avec Boni pour comprendre j’crois. J’triture mes lèvres en y plantant mes dents, les pressant entre elles en attendant qu’il dise un truc. J’sais pas quoi mais au moins un truc ! Puis sa bouche s’ouvre et j’me sens un peu plus soulagée. Il prend mon visage tout rouge entre ses mains pour me dire que ça changera rien du tout que j’aime Boni et que j’serai toujours sa petite sœur quoiqu’il arrive. Et j’rigole de soulagement en envoyant au loin tous les mauvais films qui se jouaient dans ma tête. J’sais pas comment j’aurai fait s’il m’avait dit autre chose. J’sais pas comment j’ferai sans mon grand-frère. « Pardon … j’aurai dû te l’annoncer autrement, c’est vrai » que j’lui réponds en le serrant un peu plus fort parce que l’endroit où j’me sens le plus en sécurité, c’est dans les bras d’mon frangin. « Mais c’est venu tout seul et j’savais pas trop comment te le dire alors j’ai pris la première opportunité que j’ai vu. Avoue quand même que j'ai bien enchaîné non ? ». J’me redresse juste assez pour le regarder et lui sourire. « J’ai de la chance de t’avoir mon Tama ! ». Et j’le pense vraiment. J’crois que j’aurai jamais les mots pour lui dire combien je l’aime. « C’est vrai alors ? Tu veux bien de Boni comme belle-sœur ? Oh faudrait qu’on s’fasse des double dates ! Ce serait cool non ? … Tama, j’rigole pour le coup d’la belle-sœur hein, c’est encore tôt pour ça ! ». Et j’lui redonne sa bière. « Allez, on trinque à la fin de notre célibat ! Surtout du tien ! ».

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Il était toujours ébahi par la question de sa soeur. Pourtant, il lui semblait être assez démonstratif avec elle, c'était son petit bébé, il la protégeait de presque tout, alors il se demandait comment c'était possible qu'elle ait peur à ce point qu'il la juge juste sur sa sexualité. Au contraire, il aimait beaucoup Boni, et puis, sa soeur était heureuse, quel autre prétexte faut-il pour l'accepter? Ca lui suffisait amplement. Il voyait les yeux de sa soeur briller d'amour pour Boni, et il en était le plus heureux. Alors il la prit dans ses bras, un geste qui lui venait naturellement lui qui n'était pas si à l'aise avec tous ces gestes affectueux, mais pour Fuuko, ça lui venait tout seul. Et il la serra, avant d'avouer qu'elle aurait pu s'y prendre autrement pour le lui dire. Ainsi, Fuuko s'excusa bien vite. Ah oui, ça. Pour enchaîner, t'as bien enchaîné. déclara le vétérinaire, le regard perdu sur le mur du salon et un sourire idiot aux lèvres. Il était même amusé.

Quand Fuuko s'éloigna, Tamaki passa alors sa main dans la crinière de sa petite soeur avant de lui sourire tendrement quand elle exprima à quel point elle avait de la chance de l'avoir. Oh, mais lui aussi était chanceux d'avoir une petite soeur aussi cool. Il n'aurait peut-être pas supporté une précieuse, qui fait gaffe à ses ongles ou qui chouine pour un rien. Belle soeur? Le nom l'interpela, il afficha même une mine surprise. Attendez, quoi? Déjà? Sa soeur s'esclaffa et le rassura, oui, c'était un peu tôt n'empêche que sa soeur était véritablement en couple, que ce soit avec une fille ou un mec, ce qui le dérangeait là-dedans, c'est qu'elle devenait une femme et ça lui brisait le moral. Ca grandit trop vite ces gosses. C'est pas une mauvaise idée les double date, moi j'suis plutôt pour. A condition que tu te mettes pas à roter en plein repas sinon j'te fais payer les 4 menus. il pointa sa bière vers elle, un sourire amusé aux lèvres. A notre fin de célibat. Oui, surtout la sienne parce que putain, 26 piges qu'elle durait. Il était temps qu'elle connaisse une fin!

Il porta la bouteille à sa bouche avant de l'éloigner une fois 3 gorgées avalées. Au fait, c'est vraiment grâce à moi si vous êtes ensemble? J'veux dire, comment ça s'est passé, comment vous vous êtes mises ensemble? Tu laisses ton grand-frère un peu trop curieux là, faut que tu répondes à ses questions! Et il s'installa un peu plus confortablement sur le canapé, les sourcils légèrement froncés et le regard un peu trop intéressé. Ben quoi? C'était le résultat de son travail mine de rien!

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Quand j’étais petite, mon frère, j’le voyais un peu comme un magicien parce que, quand j’étais triste, il arrivait à faire disparaître mon chagrin en un sourire, il chassait mes larmes en quelques secondes et personne n’y arrivait aussi bien que lui. Aujourd’hui encore, il m’fait oublier toutes mes craintes d’un seul mot. Ouais mon grand-frère, il a des super-pouvoirs. Il a pas besoin d’une cape ou d’un costume tout moulant pour être un héros. Il en a ptète pas le profil, parce qu’il a pas de gros muscles comme Batman mais c’pas grave, il en a pas besoin ; il l’est pour moi et c’est tout c’qui compte. Alors j’suis soulagée quand tout c’qui le surprend, c’est la façon dont j’lui ai annoncé. Et aussi le fait que j’utilise le mot « belle-sœur » pour parler de Boni. J’aime bien le taquiner mon Tama mais là, c’est ptète encore un petit peu tôt pour ça. J’me rattrape vite en lui tendant sa bière pour qu’on puisse trinquer à nos vies amoureuses. « Eh oh, pour qui tu m’prends ? ». J’lui tape le bras parce qu’il a quand même oser dire que j’étais pas sortable. « J’sais me tenir quand même ! Toi par contre, j’espère que t’arriveras à manger sans t’en foutre partout. On pensera à prendre un bavoir hein ». C’était de bonne guerre et puis, c’est lui qui a commencé ! A la maison oui, j’me laisse aller mais c’parce qu’on est entre nous et que depuis le temps, les réactions naturelles du corps, on a plus à en avoir honte !

Le sujet est vite oublié mais j’sens que Tama a autre chose sur le bout de la langue. Vu comment il me regarde. Et puis la question dépasse les frontières de la bouche. Quand il finit de prononcer son dernier mot, j’ai les souvenirs qui remontent du jour où j’ai rencontré Boni et j’ai la banane qui grimpe jusqu’aux oreilles. Et j’rigole toute seule quand j’me souviens de leurs têtes quand ils sont arrivés à la maison, comme s’ils revenaient du champ de bataille. « Oui, c’est vraiment grâce à toi. Tu te souviens pas quand vous avez débarqué à la maison tous les deux après une manif’ ? J’ai cru qu’on vous était passé dessus avec un tracteur ». Je me retiens de boire une gorgée parce qu’un nouveau rire pétille dans ma gorge. « Bah on a tout de suite accroché ce jour-là, on voyait les choses pareils et j’crois que c’est l’envie de toujours voir l’ailleurs qui nous a vraiment rapproché. On se voyait souvent et puis un weekend on est partis avec le vieux van des parents faire du camping. Bon ok au mois de janvier, c’tait pas du tout le meilleur moment parce qu’il faisait superméga froid mais c’était juste super. Et puis ça s’est fait tout seul ». J’hausse les épaules pour lui dire que y’avait pas de moment spécial ou quoi, c’est juste venu … comme ça, naturellement. « On s’est embrassées et puis voilà ». J’lui souris avant de faire bouger mes sourcils et d’afficher un rictus qu’il connait bien. « Les autres détails, j’te les passe ». Et quand j’vois sa tronche qui se décompose encore une fois, j’ai le fou rire qui m’reprend. « Naaaaan j’te jure, y’a rien eu d’autre qu’un bisou. Enfin ptete plus qu’un mais juré, rien d’autre ce soir-là ». J’prends pas la peine de relever le « là » qui précise que oui, ce soir-là, y’a rien eu d’autre. Mais que les autres, c’est une autre histoire que j’vais garder pour moi.  

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Hein quoi? Un bavoir? T'as pas l'droit!! rechigne-t-il, tel un gamin. Nom de Dieu elle a osé! Fort heureusement, ils étaient seuls ce soir, il aurait franchement boudé si elle avait balancé ça devant Olympe, parce que c'est vrai que quand Tamaki mange, c'est un peu le même résultat que si c'est un fantôme qui mange. Quand sa mère passait le balai après les repas, il n'était pas rare de l'entendre hurler après Tam parfois. "Non mais tu rates la bouche une fois sur deux c'est pas possible!?!" alors lui ça le faisait marrer, mais quand il tachait ses vêtements neufs, là, ça le faisait moins marrer. Et sa mère avec... Il se rappelle encore du jour où sa chère et tendre maman lui avait acheté un superbe t-shirt Iron Man et que, tellement excité, il l'avait mis le soir même pour manger et il s'était renversé de l'huile dessus. Résultat? Sa mère avait tenté de sauver le t-shirt mais c'était pas franchement top le résultat. En gros, il ne l'a plus jamais remis parce qu'alors, se balader avec une tache d'huile en plein milieu du tricot, c'était pas génial quand même. Et du coup ben... Il avait fini par le laisser de côté et ne plus le remettre. Quand il y repense à ce t-shirt, il est triste un peu, mais il est surtout obligé de reconnaître que sa soeur n'a pas tort. Et puis, il se souvient aussi du jour où, pour se moquer de lui, son père et sa mère lui avaient acheté un lot de bavoirs pour vieilles personnes. LA HONTE! M'enfin bon... S'il venait à s'installer avec Olympe dans quelques années, elle allait sûrement devenir folle avec lui et ses vêtements tachés qui durent 1 jour. Bon, j'parle pas de tes rots à Boni, tu parles pas de mes bavoirs à Olympe. Ca roule comme deal? et il tend la main vers sa soeur. Attention Fufu, si tu sers cette main, t'es obligée de tenir parole.  

Le clou du spectacle dans cette conversation pour Tamaki, c'était le sujet Boni/Fuuko. En fait, il a encore du mal à réaliser ce que sa cadette vient de lui annoncer: elle et Boni sont en couple. Alors bien que l'inquiétude du jugement soit écartée, il y avait quand même une chose qui taraudait l'esprit du vétérinaire: quand cela s'est fait? Comment? Il n'a rien vu venir ! Il était toujours aussi étonné (fallait simplement qu'il s'habitue aussi) alors de ce fait il ne tarde pas à bombarder sa petite soeur de questions en tout genre. Oui, il se souvient de ce jour où il avait accompagné Boni chez lui après la manif histoire de se rincer parce qu'alors bonjour les dégâts, ils étaient pourris ce jour-là. Comment elle avait pu flasher sur Boni d'ailleurs? Non, remarquez, Boni était franchement une très belle fille. Et non, Tamaki n'a jamais eu l'idée de tenter quoique ce soit avec elle. Hé, on parle de Tamaki là. Je m'en souviens. Cette manif là, c'était vraiment le carcan quand même. J'ai jamais couru aussi vite de ma vie je crois. le regard perdu sur un point invisible, il acquiesce longuement, avant de secouer la tête pour retrouver ses esprits et d'écouter la suite.

Donc les deux malignes ont pris le van de la famille pour partir en week-end? Ben voyons! Ah ouais d'accord, et tu m'en as même pas parlé une seule fois? Il est étonné, alors, de sa main droite, il vient lui pincer la joue. Cachottière. Et puis voilà, elle lui dit qu'elles se sont embrassées. Tamaki plisse alors les yeux, prenant un air exagérément ému, avant de poser une main sur sa poitrine. Bébé n'est plus. Bébé a grandi et peut-être même plus vite que toi, idiot. OUAIS C'EST BON PASSE LES DÉTAILS! oui, bien vite, il vient poser ses deux mains sur ses oreilles. Ben quoi, sa petite soeur resterait toujours SA PETITE soeur, même à 50 ans, donc savoir ce qu'elle fait de son corps ne l'intéresse en rien. Ce soir-là? Ouais ouais, c'est ça, ouais. non allez, là, c'est pour la taquiner, il sait bien que c'est pas une dépravée puissance 1000 non plus sa soeur. Alors il finit par reprendre son sourire qu'elle aimait tant. Non écoute, tu fais ce que tu veux de ton corps tant que tu le maltraites pas. Par maltraiter, il entend drogue, mutilation, alcool en grosse quantité. Bref, toutes ces choses là qu'il combat férocement. Un silence s'impose, silence durant lequel Tamaki prend le temps d'assimiler tout ce qui vient de se dire. Et finalement, il lève les yeux vers Fuuko, avant de sourire de bon coeur une fois de plus. La vache, c'que tu grandis vite... dit-il avec une pointe de nostalgie. Eh ouais. Il a l'impression que c'était hier quand ils grimpaient ensemble le mont Fuji avec les parents.

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Si y’a bien une chose qu’on aimait mon frère et moi, après les câlins, c’est se faire chier l’un l’autre comme si on avait toujours 5 ans. Alors le truc du bavoir, c’était une belle allusion au fait qu’il mange comme un cochon. Maman, elle s’en plaignait toujours en répétant tout le temps qu’elle allait lui faire manger c’qu’il faisait tomber par terre. Moi j’me moquais en disant qu’il arrivait pas à viser sa bouche. Et Papa lui, lui faisait à chaque fois remarquer que c’est pas comme ça qu’il arriverait à séduire une fille. Au final, ça lui avait pas porté préjudices même si j’pense qu’il avait pas encore emmené Olympe au restau. Et ce jour-là, je rêverai d’être une petite sourie pour les espionner. Vraiment, ça doit être quelque chose mais j’veillerai à lui offrir le bavoir avant. Ou lui apprendre à manger. Mais visiblement, mon frère voulait vraiment qu’on arrête de parler de cette histoire, me proposant un deal pour qu’on garde nos petits secrets pas très glamour entre nous. « Promis. Juré, craché ! Mais ça vaut aussi pour tous les autres petits trucs de gosse qui sont hyper gênants ! Sinon j’te jure que je sors l’album photo. En particulier une photo. If you know what I mean ». Celle où il se trimballe le cul à l’air, le petit oiseau sorti de son nid. Mains serrées, les sujets embêtants sont rangés sous le tapis pour laisser place à comment j’avais rencontré Boni.

J’lui raconte comme ça s’était fait, même la fois où on était parties toutes les deux et le v’là qui s’offusque que j’lui ai pas dit. « Le van il est à Maman donc j’avais pas besoin de ton autorisation à toi » que j’lui répond en avalant une nouvelle gorgée de ma bière. Ce qui me vaut l’affreux pincement de joues. « Aie ça fait mal ! ». J’récupère mon bien en me frottant la peau endolorie par sa torture, la bouche tordue dans une moue boudeuse. « Toi tu m’racontes tes séances langoureuses de roulage de pelles avec Olympe ? Non alors voilà ». Alors j’en rajoute en voulant lui détailler notre escapade mais il se bouche les oreilles comme un gamin qui veut pas écouter sa mère. J’lui tire la langue en riant : « Alors tu vois, t’as pas besoin de tout savoir, gros curieux ! ». J’enfourne une poignée de chips dans ma bouche parce que j’commence à entendre mon bide grogner ; la bête se réveille et pendant que le silence s’invite à notre soirée. Puis j’sais pas c’qui lui prend, mon frangin se sent nostalgique. « C’est pas parce que j’porte plus de couches et que j’ai toutes mes dents que j’suis plus la petite sœur pot de colle qui te suivait partout. Puis d’ici mes 95 balais, j’en aurai ptète à nouveau besoin, ça te rappellera des souvenirs ». J’rigole en nous imaginant tous les deux à faire des courses en fauteuil roulant à travers la maison de retraite et j’me dis que ce serait fun quand même. « Et t’inquiète, on a encore toute la vie pour s’en faire des beaux souvenirs rien que nous deux. C’est pas parce que t’as une copine ou que j’en ai une qui va changer quoi que ce soit. Tu seras toujours mon Tama même quand tu seras tout chauve et tout ridé. J’suis sûre que tu ferais un papy tout mignon ! » que j’lui dis la main dans ses cheveux. Moi j’le sais qu’on sera toujours comme ça même dans 40 ans. Un pour tous et tous pour deux hein ?!

« Hey. Tu veux qu'on s'regarde les vieux films de Maman ? » que j’lui demande en sautillant sur le canapé. « T’as qu’à aller les chercher pendant que j’fais chauffer les pizzas ! ». J’me lève pour aller à la cuisine, glissant sur le parquet avec mes super chaussons dino. « Parce que j’ai la daaaaalle ! ».