I. « prépare tes affaires, Dae. » tu fixe ta mère sans comprendre pourquoi elle te dit ça. Le regard interrogatif, tu reste figé sur place. Tu clignes plusieurs fois des yeux. Si tu dois préparer tes affaires c'est que vous partez quelque part... tu es si loin de la vérité. « On va où m'man ? » ta mère tourne la tête vers toi, s'abaissant à ta hauteur. Tu remarque qu'elle a le regard triste. C'est la première fois que tu vois de la tristesse dans ses yeux. Enfin la première fois que tu le remarque. Ça te fait bizarre, tu fronce un peu les sourcils. « Moi je vais nulle part, mais toi... » ses yeux deviennent d'un coup plus humides et tu la regarde paniqué. Tu n'as aucunes idées de ce qui se passe, ça te fait même un peu peur. « maman ? » redis-tu, pour tenter d'avoir des réponses. Doucement, tu sens que des larmes te montent aux yeux signe que tu as peur. Un sourire triste de sa part se dessine sur son visage. Si elle fait ça pour te rassuré, ça ne marche pas. Une larme s'échappe, roulant sur ta peau avant de s'éclater sur le sol. Son silence en dit long sur la situation. Tu vas apprendre quelque chose de grave. « Dae, je peux pas te laisser grandir ici... » elle est triste, tu ressens la lourdeur de sa tristesse écrasé sa voix. Elle baisse la tête, sûrement trop effondré pour en dire plus. Une deuxième larme roule sur ta joue. Toi qui voulait savoir ce qu'il se passait quelque seconde plus tôt, maintenant tu préfère ne rien savoir. « Tu vas partir dans un foyer pour avoir la chance de trouver une meilleure famille que moi. » elle n'ose même pas relever la tête. Pourtant sa voix se casse et toi, tu laisse ce flot de larmes s'écouler. Le monde semble s'écrouler tes pieds. D'un coup, tu te sens déstabilisé comme si on venait de te faire perdre tes repères. Une meilleure famille qu'elle ? Qu'est-ce que ça veut dire au juste ? C'est ta mère, y'a pas meilleure famille qu'elle. Tu n'as qu'elle. « Je suis désolée, Dae, tu mérites mieux que cette vie. » cette fois, elle relève la tête vers toi, les yeux rouges. Elle attrape ta main, tandis que tu la fixe en pleurs. Tu ne sais pas quoi dire, les mots sont trop lourds. Le chagrin écrase ta poitrine compressant ton cœur. Elle s'approche de toi, venant te serrer dans ses bras. Tout ça a le goût d'adieux et ça te brise un peu plus. Alors tu ne reverras plus ta mère ? Tu ne veux pas y croire, pourtant c'est bien ce qu'il va se passer. Dans cette même journée, tu t'es retrouvé dans un foyer, au milieu de gosse tout aussi paumé que toi, livré à toi-même.

II. « tu t'casse, c'est ça ? » dressé dans le salon de ta villa, tu crache tes mots les dents serrés. Elle est là, celle que tu aimes, celle qui t'a trompé avec un type de ton âge. Elle est figé face à toi, les valises en main, elle te regarde avec pitié. Elle voit bien que tu n'es qu'une épave, qu'un mec qu'elle vient de broyer mais elle s'en fout. Tout ce qu'elle veut elle, c'est retrouver son amant. Et toi, tu peux rien faire de plus que d'avoir la rage contre elle, et contre toutes les femmes de la terre. Encore une fois, tu as été con de croire en l'amour, tu l'as pensais différente mais elle vaut pas mieux que les autres. Le pire dans tout ça, c'est que tu t'en veux plus à toi qu'à elle. C'est toi le plus con dans cette histoire, si t'y croyais pas autant, si tu lui avais pas donné ton cœur aussi facilement, t'en serais pas là. « tu vas le rejoindre ? » pourquoi t'insiste ? Qu'est-ce que ça peut te faire qu'elle aille le retrouver ? Tu ferais mieux de la laisser partir au lieu de cracher ta haine ton chagrin comme si ça l'intéressait. Tu voudrais qu'elle souffre autant que tu souffre à cet instant. Son silence te rend encore plus dingue, elle a rien à te dire ? Tes poings se serrent. Cette douleur qui te perce le cœur te donne envie de frapper le mur mais tu te contente de serrer les dents. Elle attrape sa veste sur le canapé avant de prendre sa valise. « Crois-le ou non mais je suis désolée pour tout ça, Dae. » Un rire nerveux  incontrôlé s'échappe et résonne dans la salle. Elle est désolée ? Tu t'en fous qu'elle soit désolée, qu'elle éprouve des remords, ça changera pas ce qu'elle t'a fait. Ça va pas atténuer la douleur. « Ouais, c'est ça. Dégage ! » tu l'envoies balader comme si c'était un objet que tu voulais plus. En l’occurrence, c'est elle qui ne veut plus de toi. Tu la regarde même pas, tu la laisse partir détournant le regard pour ne pas avoir à faire face à ce que tu perds. La porte se claque plongeant les lieux dans un silence presque morbide. Et puis, tu t'effondre, tu tombes au sol n'ayant plus la force de lutter contre la souffrance qui te ronge. Tu explose en larme à défaut d'exploser ton poing contre le mur. Tu t'étais pourtant promit de ne plus souffrir comme ça, mais voilà que tu te retrouve au même point que lors de tes dernières ruptures. Quand est-ce que tu vas apprendre de tes erreurs ?

III. « assis toi, Daewon, il faut que je te dise quelque chose d'important. » tu fronce un instant les sourcils avant de prendre place dans le siège en face de son bureau en bois. Ton beau père t'a appelé il y a quelques minutes de ça, tu ne sais pas pourquoi mais au ton de sa voix, c'est important. Alors sans un mot, tu t'installes confortablement dans le siège. « j'aimerais que tu sois l'héritier de cette entreprise. » il dépose ses coudes sur le bureau te fixant. Il a le regard perçant d'un coup et tu peux comprendre à quel point il est sérieux. Tu es surpris, il a passé des années à dire que son entreprise finirait dans les mains de son fils, Eui Geon et là, c'est à toi qu'il offre son empire. Ça ne te fait pas peur, bien au contraire. Mais tu n'es pas son fils, tu n'es pas Eui Geon, tu es simplement une pièce rapportée. Ta relation avec son fils est peut-être au point mort mais à aucun moment tu ne veux dérober sa place. Et même si tu rêves de prendre les rennes de cette entreprise, tu ne te sens pas légitime. « T'es sûr de toi ? Et Eui Geon dans tout ça ? » tu ne remets pas en doute sa parole, mais simplement tu ne veux pas prendre une place qui n'est pas la tienne. Il se recule dans son siège poussant un soupir. « tu sais comme moi que cette place ne l'intéresse pas. » tu sais aussi à quel point il aimerait voir son fils à ta place. Leur relation est désastreuse depuis la mort de sa femme et au fond, même si tu n'as pas ton mot à dire, ça te fait mal de les voir comme ça. Tu n'as jamais eu de père, tu as manqué de ça et aujourd'hui, tu voudrais secouer son fils pour qu'il se rende compte de la chance qu'il a. tu baisse la tête le temps de prendre une longue inspiration. « c'est la place de ton fils, pas la mienne. Moi je suis... » tu te lève d'un coup, préférant aller déposer ton regard derrière les vitres qui donnent sur la ville. La ville s'agite, c'est l'heure de pointe. Tu pose ton attention sur toute cette masse qui s'affole sous tes yeux. Étrangement ça te calme le temps de finir ta phrase. « Moi je suis personne. » tu tourne légèrement la tête vers lui. Pourquoi tu devrais prendre la place d'un autre ? Tu n'es que le fils adopté de sa femme, rien de plus. Ton beau père se lève pour venir se dresser devant toi. Il dépose sa main sur ton épaule et tu le fixe, le visage fermé. « écoute Daewon, tu es autant mon fils que l'es Eui Geon. Tu mérite cette place autant que lui. » une nouvelle fois, tu baisse la tête, ses mots te touche, sûrement parce que tu avais besoin de les entendre. Toute ta vie tu as cherché à être le fils de quelqu'un et il semble qu'aujourd'hui tu le sois devenu à ses yeux.