I wanna hide the truth, I wanna shelter you
ce sont des vautours. ils seront prêts à n'importe quoi pour avoir ne serait-ce qu'une information venant de ta part, tu le sais bien, t'y es habitué. et ça pourrait te faire peur, si tu n'avais pas traversé bien pire que cette horde de journalistes affamé de scoops. c'est presque rien, si on compare l'époque à laquelle tu n'osais même plus sortir de chez toi par peur de tomber sur des personnes qui te voulaient du mal. parce que t'étais soit-disant différent, ou plutôt, incompris. ouais.. incompris. une fille qui s'habille en mec, une fille qui se considère mec, une lesbienne refoulé, une pauvre fille en manque d'attention disaient-ils. ils t'ont détruit le moral mais le corps aussi, des marques qui ne s'effaceront jamais, gravé dans ta mémoire et sur ta chair désormais. alors ces journalistes, t'es prêt à les affronter. t'es juste fatigué en songeant à ce qu'il t'attend, des jours de galère, plus aucune vie privée, tu mettras un pied dehors qu'ils seront là à t'attendre jusqu'aux prochaines rumeurs d'une quelconque autre célébrité. la voix d'enoch te sort de ton observation, il te confirme bien ce que tu savais déjà. ça craint... t'aimerais tellement pouvoir les éviter, mais tu ne pourras pas. au moins, tu n'es pas seul. tu t'approches alors de ton ami, poussant un soupir très peu discret mais rapidement, il vient te donner le chien dans tes bras. un discret sourire se dessine sur le coin de tes lèvres, un sourire qui ne fait que s'agrandir lorsqu'il commence à te lécher le menton. tu étouffes même un léger rire, soufflant du nez. magique, la petite boule de poil a réussi à te faire décrocher un sourire alors que tu étais plongé dans des pensées assez douloureuses. t'adores ces bêtes. pourtant, tu relèves vite le regard, écoutant enoch qui te donne des indications pour sortir d'ici. lorsqu'il te parle d'appétit tu lances un regard vers l'animal. il n'oseront sans doute pas t'approcher, enfin, c'est ce que tu pourrais croire, mais tu les connais ces gens, ça va être... compliqué de sortir d'ici. que tu y sois mêlé contre ton gré, étant fils du premier concerné, est une chose, mais qu'enoch y soit mêlé en est une autre. t'espères tout de même que ça ira, encore une fois, tu sais que ces gens ne lâcheront absolument rien et même s'ils le font, ils attendront la soirée devant chez toi, ou ils seront aussi là demain. tu prends alors une profonde inspiration, hochant positivement la tête. t'es pas très bavard pour le coup, ce n'est pas comme s'il y avait plusieurs solutions et puis, la situation t'emmerde tellement que tu n'as pas envie de débattre. tu te connais assez râleur pour ne pas trop t'étaler lorsque tu te sens si agacé. mais une chose est sûre: ça aurait été plus compliqué pour toi de sortir d'ici si enoch n'avait pas été là, ça, c'est certain et t'es content qu'il soit là avec toi. tu tiens toujours le chien dans tes bras, libérant une de tes mains pour venir y chercher ta capuche que tu mets aussitôt sur ta tête. t'as pas envie qu'on te prenne en photo ni quoi que ce soit d'autre, tu tentes de te camoufler comme tu le peux. si t'avais des lunettes de soleil, tu les aurais même porté mais non, tu te contenteras de baisser la tête. tu suis donc ton ami vers la sortie, les bruits que font ces personnes dehors pourraient te donner des frissons, tant ça te rappelle ces jours de galère qui t'attendent, mais bon, tu finis par t'y faire. es-tu prêt, jae hee ? pas vraiment, pour être honnête. « ouais, on peut y aller. » soupires-tu. plus vite sorti, plus vite tranquille, pas vrai? une dernière fois, tu viens tirer ta capuche au maximum, cachant une grande partie de ton visage, profitant de cet instant de solitude pour gonfler tes joues d'agacement. et puis, le moment fatidique. vous passez les portes du building et là, tous ces journalistes se rapprochent de vous par groupe. tu restes tête baissée, suivant enoch face à toi, cette petite boule de poil dans les bras. tu aperçois des micros dans ton champ de vision, des flash d'appareils, tu ne fais même pas attention à toutes ces questions qu'on te pose. bien qu'elles s'empilent, et soient si nombreuses. « qui est vraiment cette femme ?! » , « c'est une relation cachée ?! votre père souhaite garder le silence ?! » , « depuis combien de temps ça dure ? » , « s'il vous plait! » , « un mot concernant la nouvelle relation de votre père?! » tu continues d'avancer, difficilement dû aux journalistes qui font barrage, vous êtes entourés, ils sont comme des vautours. pourtant, tu ne t'arrêtes pas, l'objectif est d'atteindre la voiture de ton ami le plus rapidement possible afin que vous puissiez avoir la paix, mais à chaque pas effectué, au plus le parcours se fait difficile. sans doute parce qu'ils comprennent au fil des secondes qu'ils n'auront aucune information venant de ta part, ni même ton attention, bien que ça soit difficile. tu prends sur toi, tu ne dis pas un seul mot, même si t'as juste envie de les envoyer chier. l'habitude que tu as fini par prendre. pourtant, une main tenant un micro s'impose contre ton bras, une pression qui te fait reculer de quelques mètres d'enoch, tu essayes de lui attraper le bras mais c'est trop tard. appétit réagit bien trop vite, remuant aussitôt vers la dite main, aboyant bruyamment ce qui les fait aussitôt reculer. tu as ce réflexe de le serrer légèrement contre toi, comme pour le calmer, tu comptes pas t'arrêter. il a dû alerter enoch qui a bien vu que tu n'étais plus là. pourtant, tu avances bien plus franchement pour revenir derrière lui. « c'est bon.. on y va. » lui dis-tu, comme pour le prévenir que tout va bien. ta voix est faible, t'as pas envie qu'ils t'entendent prononcer le moindre mot, mais tu n'es même pas sûr qu'enoch puisse t'entendre. tu déposes donc ta main sur son dos comme pour le faire doucement avancer, avant de rabattre une nouvelle fois ta capuche sur ton visage. non, ces gens ne connaissent rien à la vie privée, ni pour ton père, ni pour toi. tu en payes les frais. certains pourraient croire que tu le cherches, tu as toi aussi une petite notoriété grâce à ton émission de radio mais ce n'est rien du tout comparé à ton paternel. au moins, toi, tu peux vivre... sauf lorsque la notoriété de ton père piétine ta vie, à toi aussi.