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goûts dispendieux

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goûts dispendieux | Mer 6 Nov - 18:13
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@Pavlov Dunyasha

Jia Ming n’était pas un idiot. En fait, il savait très bien quelle image il renvoyait aux autres. Un jeune homme austère aux tendances taciturnes. Quelqu’un qui ne parlait pas pour rien dire, comme si sa salive était incroyablement précieuse. Et quand il l’ouvrait, sa voix grave et rauque couplée à ses airs de chien de garde suffisaient généralement à lui éviter une conversation trop longue. C’était la principale raison pour laquelle il n’était jamais inquiété par les verbomoteurs de ce monde, même dans une université où on trouvait beaucoup trop de jeunes encore optimistes quant aux relations sociales, même avec des étrangers. Or, dans une bibliothèque, on ne s’attendait généralement pas trop à être dérangé. C’est pourtant ce moment que choisi une jeune femme pour l’aborder. Elle avait un accent qui ne se transposait pas à son regard bridé et qui prend Jia Ming par surprise l’espace d’un instant pendant lequel le grand Chinois l’observe sans rien dire, ses airs d’éternel chien de garde lui restant plaqués sur le visage.

Le français ? Jia Ming était convaincu qu’elle aurait plus de chance de trouver quelqu’un qui fait du monocycle que quelqu’un qui parle français ici, en utilisant la technique du « je demande au premier que j’ai vu ».

« Non. »

Le ton est sans équivoque. Non, avec une pincée de « tu me déranges ». Mais il était surpris. Elle, cette toute petite chose, l’avait abordé comme si de rien n’était alors que jusqu’à présent, depuis son arrivée ici, on le regardait avec appréhension. Pas elle. Sympa, il fallait l’admettre. Jia Ming déplie sa longue silhouette pour aller à côté d’elle. Il se penche, glisse une main dans la poche du pantalon de la demoiselle où il avait remarqué l’objet qu’il désirait prendre et qu’il ne possédait lui-même pas. C’était le bon moment de lui foutre une baffe et il ne relèverait même pas. Mais il sort le cellulaire, le pose sur la table de travail, l’ouvre… et sélectionne un traducteur automatique. Là. Putain.

« Et puis, on n’est pas dans le temple du savoir ? », raille Jia Ming tout en se rassoyant. Il arque un sourcil, son regard posé sur la lilliputienne en face de lui. « Tu devrais trouver un dictionnaire ou deux dans le coin. »

Même en français. Mais il admirait toujours son je-m’en-foutisme. Celui qui l’avait poussée à lui adresser la parole malgré toutes les règles de bienséances coréennes qu’il ne respectait pas ne serait-ce que dans son allure générale.
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Re: goûts dispendieux | Jeu 21 Nov - 2:58
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Goûts dispendieux
ft.libre
Ne grandis pas c’est un piège. Et au moment même où vous commencez à douter de votre capacité à voler, vous cessez définitivement de pouvoir le faire. De sa naïveté enfantine et de son innocence pure,  la jeune russe se plaisait dans cette simplicité d’esprit qui rendait sa vie bien plus agréable. Ni avait-il rien de pire que de se méfier constamment d’autrui et ce, en se basant sur des premières impressions généralement faussées ? Il en fallait beaucoup à cette jeune étrangère pour développer des sentiments négatifs à l’égard d’autrui et dieu sait à quel point cette naïveté lui avait valus persécutions, méchancetés et moqueries. mais dunyasha ne savait pas généraliser, elle ne savait guère mettre tout ce petit monde dans un seul et même sac. elle était de ces rares personnes qui abordait autrui individuellement, au cas par cas, débutant une feuille blanche sur laquelle elle inscrirait à l’acrylique l’histoire de sa relation avec cet(te) inconnu(e).

elle l’observait, amusée par cette assurance dont il faisait preuve. elle aurait pu le stopper, le juger du regard, ou même le remettre verbalement à sa place mais elle n’en faisait rien. cela n’avait jamais gêné la jeune femme d’être perçu un peu plus simple d’esprit qu’elle ne l’était et en soit cela lui offrait une occasion d’initier la conversation sans grands efforts. « j’apprécie le conseil. » souriait-elle tout en dessinant de fin traits sur son calepin, la mine de son crayon de papier légère et subtile. « mais c’est bien connus que pour ce type de vocabulaire, google translation n’est pas ce qu’il y a de mieux. » elle haussait un sourcil amusée tout en posant son regard sur lui. « je préfère parier sur un parfait inconnu que sur le savoir faussé d’internet. » et elle était loin d’être déçu des compétences linguistes  françaises inexistantes du jeune étudiant, elle avait tenté et était peu surprise du résultat. le français n’était pas langue aisée. peut-être aurait-elle eu plus de chance dans le département de langues.

« des dictionnaires coréen français éventuellement, mais des dictionnaires russes français aucun. » elle soufflait faussement désespéré. « une explication verbale vaut toujours mieux qu’une définition bien trop théorique que la russe que je suis ne saurait comprendre. » elle riait légèrement, se moquant sans gêne d’elle même. auto dérision. continuant à reproduire le dessins, la demoiselle n’avait que faire des regards intrigués qui pouvaient se poser sur elle. elle, incapable de respecter le silence des lieux. cette adaptation à la vie coréenne, à cette culture si lointaine de celle dans laquelle elle avait grandis lui était complexe pour ne pas dire impossible. shasha était incapable de se métamorphoser en parfaite citoyenne, elle ne savait ni mentir, ni faire semblant et encore moins aller à l’encontre de sa propre nature. « c’est dommage, tu avais une tête à parler français. » finissait-elle par lâcher en haussant les épaules, le bout du crayon placé entre ses dents alors qu’elle relevait, une fois de plus, le regard vers ce jeune homme.


(c) DΛNDELION
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Re: goûts dispendieux | Dim 1 Déc - 4:58
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Il n’en… savait rien. Les langues qu’il parlait, Jia Ming ne les avait pas apprises de façon académique. Pas du tout, même. Les grands professionnels du milieu auraient peut-être grincé des dents. Il y avait encore des fautes flagrantes qui se glissaient çà et là dans son vocabulaire quotidien. Son accent était bien présent. Mais en général, il se débrouillait plus que bien, alors il ne cherchait pas à en faire une grande affaire. Et quand il manquait de mots, il sortait un cellulaire (celui des autres, comme il venait de faire) et cherchait vite fait le mot. Pas elle, de toute évidence. Elle prenait tout ça bien plus sérieusement. Mais elle devait étudier en langues du coup et c’était malgré tout tout à son honneur. Il ricane un peu quand elle lui assure qu’il a une tête à parler français. Ah ouais ?

« C’est la première fois qu’on me la fait, celle-là. Habituellement on me dit que j’ai une tête à frapper dedans ou une tête à frapper dans n’importe quoi d’autre. Mais ça… », blague le jeune homme tout en s’assoyant un peu mieux sur la chaise qu’il avait retrouvés un peu plus tôt. Il regarde ses propres notes. Il détestait étudier, pour être tout à fait franc. Il n’avait juste pas le choix. « Je prends le compliment quand même… »

Finalement, son regard quitte ses notes pour parcourir les rangées de livres. Il ne s’était jamais senti l’âme d’un grand pro de la conversation ou de la socialisation. Mais résister à une femme dans le besoin ? C’était au-dessus de ses airs de badboy.

« Attends là. »

Comme si elle allait soudainement se sauver. Il disparaît dans les rangées de livre une bonne petite quinzaine de minutes, revenant avec trois dictionnaires. Ils n’avaient effectivement pas français-russe. Mais on était quand une université quand même. Alors il pose ça devant eux. Français-cantonnais, coréen-cantonnais, coréen-russe. Il pousse le dernier vers la demoiselle, qu’elle s’en saisisse.

« Système D. », explique-t-il simplement, avant d’ajouter en relevant le regard vers elle : « Je m’appelle Xuan Jia Ming. »

Puis, il plonge la tête dans le dictionnaire français-cantonnais, tournant les pages tout en demandant :

« C’était quoi déjà ton mot ? B-U-R…? », demande-t-il, probablement à côté de la plaque, mais il ne s’était clairement jamais fait l’oreille au français et ne savait certainement pas comment l’écrire ! « Ils écrivent les mots bizarrement, les franco… Les combinaisons de consonnes me font mal aux yeux. »

Et il n’essayait même pas de les lire, c’est dire.
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Re: goûts dispendieux | 
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