Dong Yul ne s’était pas du tout attendu à ce que Dong Joo s’excuse. Ce n’était pas du tout le genre de sa petite sœur, surtout qu’il savait qu’elle était plutôt satisfaite de ce qu’elle avait fait. Cependant, même en connaissance de ça, le garçon accepta ses excuses. Il la pardonnait, comme toujours, mais n’oubliait pas. Il fallait qu’elle fasse attention à ce qu’elle faisait, car, un jour, il n’y aurait pas de retour en arrière. Et le jour où l’étudiant en médecine allait décider de pas pardonner ferait mal. Le goguryeo invita sa petite sœur à se confier, n’ayant pas louper l’utilisation de ce nous suspect quand elle avait parlé de travail. A sa connaissance, il était le seul à travailler avec sa mère. Et il espérait très sincèrement que ça soit encore le cas. Il voulait se tromper mais son intuition lui disait que la koryo avait fait une sacrée connerie qui allait le mettre hors de lui. Et il avait vu juste. Dong Joo lui révéla avoir un travail et Dong Yul explosa. Elle n’avait pas à faire ça, comme lui d’ailleurs mais ça, ce n’était pas important. Il refusait que ses petites sœurs travaillent, qu’elles se préoccupent de l’argent alors qu’elles devaient simplement profiter de la vie. « Un égoïste ? » Répéta-t-il. C’était sûrement de trop. Vraiment trop, lui qui s’acharnait dans ses études et ses travails pour subvenir à leurs besoins, pour qu’elles ne manquent de rien. « Mais tu ne comprends vraiment rien, Dong Joo ! Si je fais tout ça, c’est justement pour t’éviter cette peine ! Et toi, tu fais quoi ? Tu réduis à néant tout ça pour ton putain d’égo ? C’est pas une question d’être le seul à pouvoir aider la famille, je sais très bien que t’en es capable. Mais j’ai juste pas envie que toi, comme Dong Mi, vous vous préoccupiez de l’argent à votre âge. Vous avez autre chose à foutre, profitez de la vie, simplement, sans se demander chaque mois si vous aurez assez sur votre compte en banque pour acheter ce que vous voulez. » Répondit-il, le ton houleux. Il finit par regarder la porte ouverte et se décida à descendre, bien décidé à dire les quatre vérités à son père. Sa mère avait dû les entendre s’engueuler car elle quitta la cuisine, posant des yeux interrogateurs sur Dong Yul qui passait devant elle, suivie par Dong Joo qui avait tenté d’attraper son bras tout en lui criant de ne pas faire ce qu’il avait en tête. Il allait se gêner, tiens. Et justement, il pensait à leur mère et Dong Mi. Il y pensait et elles méritaient mieux qu’un incapable comme lui. Arrivant dans le salon, il s’arrêta brusquement en entendant les mots de sa petite amie. « T’as dit quoi, là ? » Demanda-t-il en se tournant, regard noir se posant sur elle. « Dis-moi que c’est faux, Dong Joo. » Dit-il entre ses dents, ses poings se serrant sous la colère. Il y avait plutôt intérêt que cette nouvelle soit fausse, autant pour elle que pour Jisoo. Car il ne donnait pas cher de sa peau s'il avait vraiment mise enceinte sa petite soeur.

Les enfants Yi se disputaient rarement pour des sujets sérieux, sûrement parce que les deux plus jeunes n’étaient pas de ce tempérament-là. A chaque fois c’était pour des histoires bêtes, mais qui ne duraient jamais longtemps. Dong Joo n’était pas non plus une personne qui cherchait le conflit, même si elle était impulsive, elle laissait bien vite couler. Mais cette fois-ci ce n’était pas comme les autres fois. Elle était nulle pour garder les secrets, et avait vendu la mèche par rapport à son travail bien vite, même si elle était plutôt fière d’avoir tenu si longtemps. En plus, elle avait bien choisi son moment, parce que d’une manière ou d’une autre ça aurait pété pendant les fêtes, alors autant tout faire d’un coup. Mais ça l’énervait aussi, d’un côté, de ne pas être prise au sérieux, d’être l’éternelle petite sœur. Elle était grande maintenant, elle avait quitté la maison, elle avait droit de faire ses propres choix et ce n’était pas à Dong Yul de décider pour elle si elle avait le droit de travailler. L’étudiante eut un rire nerveux. “Mais tu es un putain de macho Dong Yul, donc quoi, tu es l’homme de la maison et c’est à toi de ramener de l’argent ? Au lieu de te dire que maman vit encore mieux qu’avant, tu es obligé de m’en mettre plein la gueule. T’es pas mon père ! J’suis pas obligée d’en avoir un !” Dong Joo considérait qu’elle n’avait plus de père depuis que leur géniteur ne faisait plus rien. C’était un meuble au mieux, un parasite même. “J’ai quel âge Dong Yul ? Dis-moi quel âge j’ai.” demanda-t-elle calmement. Parfois elle avait l’impression d’être la jumelle de Dong Mi, que le goguryeo avait seulement deux petites sœurs qu’il ne voyait pas grandir. “Et toi alors, tu ne dois pas profiter de la vie aussi ? Ou ça te plait d’être un vieux con aigri par les responsabilités ?” Elle parlait rarement ainsi à son frère, mais au bout d’un moment elle voulait qu’il ouvre les yeux et arrête d’avoir le poids du monde entier sur les épaules. Mais la colère de l’étudiant n’était pas autant dirigée vers sa sœur que leur père, et en voyant son regard elle le comprit. Sa tentative pour le rattraper fut vaine et en entendant leur raffut en descendant et même en se disputant, leur mère avait passé sa tête en dehors de la cuisine. Des disputes à se poursuivre dans la maison, ça elle connaissait, mais celles de ce genre, ce n’était presque jamais arrivé. Elle dût penser qu’encore une fois elle devrait faire la médiatrice, mais les deux jeunes n’avaient pas besoin d’elle. Ils faisaient ça pour elle. Alors Dong Joo trouva le dernier moyen de diversion possible. Au début, elle pensait que jamais ça ne marcherait, pas avec Dong Yul. Mais pourtant, ça semblait être le cas, et les regards de la famille rivés sur elle la mettaient soudainement mal à l’aise. “J’suis enceinte. Mais pas de Jisoo. Un mec, avant, lambda.” lança-t-elle comme des mots-clés, ne voulant pas que si un jour elle devait présenter le goguryeo à sa famille, ça se fasse avec cette histoire en arrière-pensée. Elle voulait le laisser en dehors des histoires familiales.

Dongyul et Dongjoo ne se comprenaient pas. Ce n’était pas rare que ça arrive, c’était même assez récurrent. Mais qu’elle le traite de macho l’énervait davantage. « Ça n’a absolument rien à voir, Dongjoo. Tu ne piges vraiment rien. Tu penses vraiment que je suis macho et que je fais ça pour être considéré comme l’homme de la maison ? Je n’en ai strictement rien à foutre et si j’avais été une femme, j’aurais fait la même chose. Alors viens pas me dire que je suis macho. Je t’en mets plein la gueule parce que tu n’as pas à t’occuper de ça et que je te l'ai dit un nombre incalculable de fois, même si, ouais, c’est bien pour maman qu’elle vive mieux. Tu m’as dit un milliard de fois que je n’étais pas ton père, j’ai bien compris, tu n’as pas besoin de le redire. » Répondit-il. Et même si elle le lui disait, il prenait tout de même un peu ce rôle-là sans le vouloir. « Tu as 19 ans, je sais. Tu es plus une enfant, blablabla, pas besoin de me sortir tout ça. Épargne-toi cette peine. » Dit-il, même s’il avait bien du mal à se dire qu’elle était aussi grande maintenant. Il la voyait encore comme une petite enfant. « Non, Dongjoo, ça ne me plait pas. Mais tu crois que j’ai le choix ? Je ne peux pas laisser maman gérer toute seule, elle est crevée. Et elle mérite une meilleure vie que ça. Toi aussi, Dongmi aussi. C’est pour vous que je fais ça alors s’il te plaît, ne me le reproche pas. » Dit-il, regard ancré au sien. Et elle pouvait y lire toute sa peine, toute sa souffrance. Cette situation n’était pas vivable pour lui comme pour eux. Mais que pouvait-il faire ? Il était borné, trop borné, et il refusait catégoriquement qu’elle travaille. Peut-être que, reposé et calmé, ils pourraient en discuter et trouver un compromis. Mais là, c’était peine perdue. Il était trop en colère, essentiellement contre leur père qui leur faisait vivre tout ça. Alors, il sortit de la chambre d’un pas décidé, descendant les marches de l’escalier avant de rejoindre le salon où Dongjoo l’arrêta en balançant une bombe. « Un. Mec. Lambda. Mais putain, qu’est-ce qui a traversé ton crâne ?! » S’emporta-t-il de nouveau. Ce n’était pas possible. C’était un véritable cauchemar. « Tu le fais sans protection ? On ne t’a jamais appris qu’il fallait mettre un putain de préservatif ? Ou prendre la pilule ? » Ajouta-t-il, toujours autant en colère. Et quand il l'était, il était vraiment con. « C’est qui ce mec ? Il est au courant ? Et tu vas faire quoi, hein ? Le garder ? » Demanda-t-il.

“Mais pourquoi c’est seulement à toi de t’occuper de ça !” cria-t-elle si fort que les voisins avaient sûrement dû entendre. C’était une conversation de sourds, aucun des deux ne voulait et ne donnerait raison à l’autre. Parce qu’ils avaient chacun tort et raison à la fois. Dong Yul n’avait pas à blâmer sa sœur d’avoir voulu l’aider et Dong Joo ne devait pas lui en vouloir de souhaiter la laisser en dehors de tout ça. Mais ils avaient grandi tous les trois en s’occupant de la maison pour aider leur mère, elle ne comprenait pas pourquoi ça devrait s’arrêter une fois partie de la maison, alors qu’elle était plus utile en ramenant de l’argent plutôt qu’en coupant des patates pour le dîner. “Je ne te reproche pas de travailler. Si j’avais dû le faire, je te l’aurais dit depuis longtemps. Je te reproche de vouloir endosser les responsabilités seul comme si maintenant tu étais le seul adulte de la maison ! Je n’ai pas eu qu’un seul travail, Dong Yul. Avant de travailler dans une bijouterie, je travaillais à la salle d’arcade. J’ai dû faire face à de sales types. Mais je me suis débrouillée. Ce n’est pas en risquant ta santé en étant partout et nulle part à la fois que tu aideras maman. Si tu finis à l’hôpital, auras-tu les moyens de payer les frais en donnant tout à la famille ? Si tu es hospitalisé longtemps, qu’adviendra-t-il de maman ? C’est pour ça que je suis là aussi.” Ils avaient passé leur enfance à se chamailler, et Dong Joo n’avait pas eu le rôle le plus facile en étant la benjamine, étant autant une aînée qu’une cadette, mais dans les moments sérieux, elle estimait être le bras droit de Dong Yul. Mais aucun des enfants de cette famille avait un tempérament facile. Bornés et sang chaud, ce qu’ils pouvaient se dire sous le coup de la colère glissait sur leur peau plutôt que de s’ancrer dans leur tête. La koryo voyait bien que son frère était à bout, en colère et malheureux de cette situation. Elle qui avait pourtant tout fait pour aider s’était retrouvée à empirer la situation, et encore plus quand Dong Yul était descendu comme une furie, Joo essayant d’éviter le moment fatidique. S’il en venait aux mains avec leur père, ce dernier ne se fit pas prier, et elle n’avait pas envie de voir des violences sur enfant pour la première fois de sa vie. Alors elle lâcha une bombe totalement fausse pour détourner l’attention, mais ce fut encore pire. Elle eut au moins l’intelligence de protéger Jisoo de cette histoire. “Bah la pilule ça fait grossir et ils disent tous que le préservatif c’est moins agréable.” répondit-elle avec sa nonchalance habituelle, haussant les épaules. Bon, peut-être que parfois elle était négligente, mais pas à ce point. “Je crois qu’il s’appelle Jaehwan ? Il est chez les goguryeo. Et vingt-cinq semaines je crois.” précisa-t-elle après un moment de pause. En fait, elle savait très bien que Jae Hwan était le meilleur ami de son frère, et à partir de là, elle avait laissé comprendre que ce n’était qu’un mensonge.

Dongyul était usé, physiquement, mentalement. Il ne savait pas vraiment comment il tenait encore et s’il se penchait un peu plus sur son cas, il savait qu’il était très proche d’un burn-out. C’était d’ailleurs étonnant qu’il n’en ait pas encore fait un… Le jeune homme lança un regard à sa petite sœur, ne répondant plus à son laïus. Il était épuisé, en avait assez de s’expliquer, d’argumenter. Elle ne lui reprochait pas de travailler mais il avait la sensation que si. Pour lui, c’était évident qu’il devait prendre en charge ses petites sœurs, prenant son rôle de grand frère à cœur, trop à cœur. Il se donnait du mal, beaucoup trop de mal, et abîmait sa santé. Il le savait et pourtant, il continuait, se moquant de son état, une vraie tête de mule qu’on ne pouvait pas raisonner. Et le seul fautif dans cette histoire était leur père. Sa colère se dirigea vers lui et d’un pas décidé, étant sorti de ses gonds pour de bon, il descendit les escaliers. Il était prêt à en découdre, à en venir aux mains si besoin. Il s’en fichait complètement, voulant juste que cet homme bouge de ce putain de canapé. Cependant, le goguryeo s’arrêta quand il entendit Dongjoo annoncer qu’elle était enceinte. De quoi le faire vriller encore plus et les mots sortirent de sa bouche, sans filtre. Il explosait complètement et n’arrivait absolument plus à se contrôler. « T’es vraiment conne. » Lança-t-il, plus qu’agacé par sa nonchalance. Mais il aurait dû se douter qu’elle le menait en bateau, pour détourner son attention de leur père. Il aurait dû le voir mais il était tellement plus lui-même, qu’il ne voyait rien. enfin, jusqu’à ce qu’elle lui donne le prénom de son meilleur ami et lui annonce que ça faisait 25 semaines. « Tu trouves ça drôle de mentir sur ce genre de choses ? T’as quel âge, Dongjoo, pour agir comme ça ? Franchement, arrête de faire ta gamine. Tu me parles d’être adulte mais t’as rien d’adulte, là. » Répliqua-t-il, incapable de se taire, incapable de fermer cette bouche dont sortait tous ces mots qu’il regretterait. « Cela dit, t’es pas la seule. Y a aussi cet abruti vautré dans le canapé toute la journée à picoler sa bière. » Dit-il en se tournant finalement vers son père, dardant son regard sur lui.