@Go Na Kyung
Il n'y avait plus réellement de constante dans ta vie – tout le monde était parti, personne n'était revenu. Personne n'était revenu vers toi. Pour savoir si tu allais bien, si tu t'en sortais. Personne n'était revenu vers toi. Pour savoir si tu te sentais bien, si tu n'étais pas trop triste. On ne t'avait pas demandé comment tu allais. Comment tu te sentais. Comment tu ressentais les choses. On avait pensé qu'à tes parents, tes pauvres parents à qui tu faisais honte. Tes pauvres parents, à qui tu faisais la misère en respirant simplement. Tout le monde était parti et tu ne voyais que des dos là où avant tu pouvais dessiner des sourires. Quelques mots et tout avait basculé. La lumière était devenue une ombre. Grande, lugubre et monstrueuse – et elle t'avait bouffé, Kyu Min. Entièrement dévoré. Tu avais été ton seul compagne, la propre constante de ta vie. Triste constante. Et t'avais fui. T'étais parti, toi aussi. T'étais pas revenu, tournant le dos à ton tour – parce que ça avait été plus simple que de faire face, finalement. T'étais parti, prêt à te lancer dans une nouvelle vie. T'avais même pas vingt ans que t'en avais commencé une nouvelle ; c'était triste, non ? T'avais plus vraiment de constante dans ta vie – ou plutôt cette base familiale sur laquelle te reposer. T'avais plus de famille. Ton frère te manquait mais tu ne savais pas où il était. Les autres ne faisaient qu'aller et venir. On partait, on revenait pas. Seung Hwan était resté. Il restait. Mais combien de temps ? Et Na Kyung ? Combien de temps ? Et les autres ? Combien de temps ? Jusqu'à ce qu'ils sachent, pas vrai ? Même si le professeur était le seul à savoir t'avais peur qu'il parte, lui aussi. Tu voulais emporter ton secret avec toi dans la tombe, ne plus le dire. Parce qu'une fois que tu le disais, les gens partaient. Et Na Kyung, elle partirait ? T'en savais rien – la seule chose que tu savais c'était qu'elle était là, ce soir. Comme les autres soirs. Une nouvelle constante. Une nouvelle habitude. Tu allais la retrouver, encore une fois. « C'est pas trop long d'attendre toute seule comme ça ? », demandas-tu, le ton léger, la voix amusée mais le cœur lourd – si lourd. Tu souris en t'avançant, t'installant à ses côtés. Comme d'habitude. « Je pensais qu'il allait pleuvoir », dis-tu, le regard vers le ciel, les lèvres faiblement poussées en avant. « On a de la chance », vraiment ? Aviez-vous de la chance ? Le coin des lèvres tristement levé, tu tournas à nouveau ton regard vers elle. « Tu vas bien ? »

@noh kyu min
C'était un coin tranquille, un peu à l'écart, loin des regards indiscrets, où le silence était présent sans pour autant être étouffant, malgré les bruits de la ville qu'on pouvait entendre parfois. nakyung l'avait trouvé une fois pas hasard, et depuis elle y revenait régulièrement, allongée sur le capot d'une de ses voitures, cheveux blonds qui encadraient sa tête comme un halo captant les lumières de la lune, des étoiles. le silence était paisible, la respiration de la belle calme, bien loin de toute cette vie mouvementée qu'elle vivait d'ordinaire. aujourd'hui plus que les autres jours, elle avait besoin de cette tranquillité, d'être loin de son univers qu'elle aimait pourtant, parce que parfois elle avait besoin de ces quelques heures dans cette bulle si précieuse à ses yeux. et elle n'était pas seule, elle entend les bruits de pas, ce petit sourire qui naît sur les traits de son visage, elle ne bouge pas pourtant, restant là à observer les astres lumineux, sentant Kyumin s'installer à ses côtés. « Je pourrais rester des heures ainsi. » Elle murmure, presque comme si elle ne voulait pas perturber les environs, tournant son visage vers le jeune homme. Les choses avaient commencé ainsi, une rencontre nocturne qui était le fruit du hasard et une conversation dont ils avaient eu tous les deux besoin, deux inconnus qui avaient parlé des heures de ce qu'ils avaient sur le coeur sans crainte d'un jugement. « Oui, on en a. » Elle souffle du bout des lèvres, ne le quittant pas du regard, un léger sourire qui se forme. « C'est plutôt à moi de te le demander, Kyumin, tu as l'air soucieux, mais je vais bien. » Elle observe son visage plusieurs secondes, ne sachant pas réellement si elle pouvait insister ou non, il y avait encore tellement de choses qu'ils ignoraient l'un sur l'autre, et si elle mettait les pieds dans le plat sans s'en rendre compte ? « Il s'est passé quelque chose ? » Elle finit pourtant par demander, une invitation à lui dire si il le voulait, et si ce n'était pas le cas, elle comprendrait parfaitement.

@Go Na Kyung
T'oublier. Tu voulais juste t'oublier. Oublier ta vie, tes soucis. Oublier qui tu étais et pourquoi tu étais là. Pourquoi tu étais venu vivre ici. Tu voulais oublier les mots, les gestes mais aussi les regards. Tu voulais oublier la déception, la tristesse et ces doigts accusateurs. Qu'étais-tu pour ces gens ? Une maladie ? La peste ? Pire encore ? Tu voulais oublier qu'on avait refusé de t'aider parce que tu étais toi – qu'on avait regretté l'avoir fait en sachant la vérité. Qu'étais-tu, une nouvelle fois ? Tu voulais oublier. T'oublier. Fermer les yeux et t'évader. Observer le paysage et t'envoler. Parfois le poids du monde semblait plus lourd – le poids de ton monde. Parfois le poids de la vie pesait bien trop, te faisant baisser le regard et te faisant presque oublier que les étoiles brillaient chaque soir. Tu ne les voyais pas, mais elles étaient là. Comme Na Kyung. Toujours présente, étoile solitaire qui brillait de façon unique. Etoile que tu prenais plaisir à retrouver ici. Pour partager, parler, oublier. Un léger son dans la gorge, tu bougeas le visage, jetant un long regard sur le paysage autour de vous. « Je comprends », c'était reposant. Eloigné de tout, on se sentait presque plus libre ici. Presque. Un fin sourire aux lèvres fut ta seule réponse. Vous aviez de la chance, la pluie n'était pas venue se mêler à cette rencontre du soir. Mais elle le pouvait encore. Tu n'étais pas contre une autre compagnie, bien évidemment, mais tu voulais rester encore un peu sec. « Ah bon ? Tu trouves ? », tu levas les sourcils, une paume sur ton visage comme pour effacer cet air dont elle parlait. « Peut-être », admis-tu finalement sans rien ajouter de plus. Etais-tu soucieux ? Evidemment. Lui jetant un regard, tu laissas tes prunelles s'égarer un moment. Il y avait tellement de choses qu'elle ignorait sur toi. Que tu ignorais sur elle. Allait-elle partir ? Si tu lui disais ? « Je me pose juste beaucoup de questions », expliquas-tu, réfléchissant à tes mots suivants, posant un silence. « Est-ce que tu penses qu'il vaut mieux savoir ou dire la vérité, ou qu'il vaut mieux la cacher ? », aurais-tu dû tout garder pour toi ? Ne rien partager ? Vivre dans le mensonge à jamais mais vivre entouré ? Faussement entouré, de personnes qui n'aimaient pas la personne que tu étais vraiment. C'était dur de choisir, au final. « J'arrive pas vraiment à me poser sur la réponse. Parfois je me dis que oui, d'autres fois je me dis que non et... je sais pas. Toutes les personnes que j'ai connues sont parties en apprenant la vérité », mais tu taisais cette vérité ce soir pourtant, face à elle, le regard fuyant, tout aussi lâche que toi.

@noh kyu min
La vie de Nakyung avait toujours été ainsi : électrique, toujours en mouvement. Pourtant ce qu'elle venait rechercher ici, c'était la tranquillité des lieux, et juste cette sensation l'espace de quelques heures que le temps s'était comme arrêté. Comme si durant les moments où elle se coupait du monde pour observer les étoiles et juste profiter de l'instant présent, le monde s'arrêtait de bouger autour d'elle également. Ce n'était bien sûr pas le cas, c'était une idée enfantine mais ce qui ne l'était pas, c'était le bien que tout ceci lui procurait. Nakyung se ressourçait ici quand sa vie devenait trop lourde et qu'elle ne pouvait plus le supporter, elle aurait pu pourtant se confier à son jumeau, à Joo ou à Yeongbin, mais même eux parfois n'avaient pas les réponses qu'elle cherchait, ni le calme qu'elle pouvait trouver ici. Elle les aimait de tout son coeur, ils étaient les plus proches qu'elle pouvait avoir auprès d'elle, mais elle était bien ici, se perdant parmi les étoiles. Un sourire qui vient étirer ses lèvres, quand la présence de Kyumin se fait entendre, se fait sentir. Il était une belle découverte, bien qu'ils ignoraient encore tant de choses, tout comme la découverte de ce coin, cette rencontre était le fruit du hasard, et avec lui Nakyung se surprenait à s'ouvrir, chose qu'elle n'aurait pas fait aussi facilement dans la vie de tous les jours. C'était un peu la magie de ce lieu, elle se disait au fond. Hochant la tête à la question du garçon, elle ne reprit pas la parole de suite pourtant, cherchant ses mots. « Oui, je sais pas pourquoi, c'est l'impression que j'ai. » Parce qu'elle passait son temps à observer les autres, ses adversaires avant les courses, étudiant et analysant le langage corporel de chacun, et même une fois en plein course, elle ne pouvait ne pas faire attention aux détails, ils avaient leur importance. Et quand Kyumin souffle une réponse, elle le laisse prendre son temps, sans le presser pour se confier, elle avait posé la question d'accord mais jamais elle ne le forcera à lui dire ce qu'il ne va pas si il ne voulait pas détailler ses propos. C'était comme ça entre eux. « Des questions ? » La jeune femme répète, tournant son visage vers lui avant qu'il ne continue sur sa lancée, intriguant de plus en plus la jeune femme. « hm, j'imagine que tout dépend de la personne que tu as en face de toi. » Nakyung répond, songeuse. « Personnellement, je me dis que, même si la vérité peut faire souffrir, il faut savoir être honnête et prendre le risque. » Elle en avait des secrets, c'était certain, alors c'était probablement ironique de l'entendre dire ça, mais elle parlait plutôt de ce qu'elle attendait d'un proche, et ce qu'elle ferait avec eux si elle en avait besoin, elle.

@Go Na Kyung
T'avais peur du passé. De ton passé. De ton histoire. Peur de tout ce qui était arrivé. Peur que tout se reproduise. Tu supposais que tu ne pouvais pas fuir éternellement. Qu'un jour ou l'autre tu seras obligé de tout affronter sans pouvoir faire des pas en arrière. Sans pouvoir te cacher. T'étais lâche, préférant te faufiler dans les trous pour t'y cacher afin qu'on t'oublie plutôt que d'avancer et de combattre. T'avais peur qu'on te laisse tomber, qu'on te rejette. T'avais peur qu'on te délaisse parce que tu étais différent. Tes propres parents t'avaient oublié. Ils ne devaient même plus penser à ce fils raté que tu étais aujourd'hui. Ils ne devaient plus penser à toi, ne se souciant même pas de savoir si tu allais bien ou non. Et ça te rendait affreusement triste, quand t'y pensais. Ca te blessait même si tu ne le disais pas. A qui pourrais-tu ? Tu devrais tout raconter si tu le faisais. C'était plus simple alors de te perdre et de contempler les étoiles. C'était plus simple alors de venir ici, et d'écouter, observer, ne rien faire, en présence de Na Kyung. Tu l'observas silencieusement, attendant qu'elle réponde et qu'elle nie son impression. Peut-être pensais-tu trop à tes parents, et que l'air soucieux se collait alors à ton visage. Peut-être te perdais-tu trop dans tes pensées que cela se voyait sur ta frimousse. Tu émis un faible son, bougeant à peine le visage, le sourire fin. « Tu as peut-être raison », admis-tu doucement, bougeant les épaules. « C'est compliqué, en ce moment », soufflas-tu doucement comme seule explication alors que ton regard se levait vers le ciel étoilé. C'était plus simple de parler avec elle, de prononcer ces mots-là. Tu la connaissais sans la connaître – tout comme elle te connaissait sans te connaître. Les prunelles retombant vers elle, tu l'écoutas avec attention. « C'est ce que je me disais aussi », dis-tu lentement. Tu t'étais dit qu'il valait mieux tout dire à tes parents. Tu leur faisais confiance et ils étaient tes parents après tout. « Est-ce que tu dirais tout même si tu sais que tu risques gros ? », demandas-tu, encore. « Je me demande souvent ce genre de choses. Et j'arrive jamais à trouver une réponse. Je me dis que c'est parfois mieux de ne rien dire pour ne pas avoir à souffrir. Mais en gardant tout, on souffre aussi », puis t'avais l'impression de ne pas être toi. C'était étrange. « Je serai pas là non plus, si j'avais rien dit », soulevas-tu dans un chuchotement. Une suite d'événements qui avait fait que tu étais là désormais. Si t'avais gardé le secret, tu serais encore à Gimhae, tout du moins avec ta famille. Mais serais-tu heureux ? L'étais-tu aujourd'hui ? « Est-ce que tu es heureuse, Na Kyung ? », pensait-elle que c'était quelque chose qu'elle pouvait atteindre. Doucement, tes pupilles tournèrent sur son visage, contemplant son expression, une lueur curieuse brillant dans ton regard. « Ca sort de nulle part, désolé. C'est juste... que je me demandais. Est-ce qu'on peut vraiment être heureux, finalement ? », avec ou sans la vérité.

@noh kyu min
La relation que Kyumin et Nakyung entretenait était particulière, parce que c'était totalement le fruit du hasard et que malgré les heures à passer ensemble, à parler de tout et de rien, les deux jeunes gens ne se fréquentaient qu'ici à cet endroit. Kyumin avait appris des choses sur elle que même ses proches pouvaient ignorer, les doutes et les questions que la blonde se posaient notamment. Ces mots qu'elle n'arrivait à formuler devant son père, qu'elle n'osait prononcer quand elle voyait son frère jumeau... Elle aimait sa vie, elle aimait bouger et la vitesse à laquelle tout se passait. Pourtant, parfois, quand les doutes prenaient le dessus, et qu'elle songeait à ce qu'elle aurait pu vivre si tout avait été différent dans sa vie. Si sa mère avait été vivante, si elle n'avait pas choisi de suivre la même voie que son père, si elle avait pu partir aux États-Unis pour suivre ce stage, s'éloigner de la capitale... Tant de questions qu'elle se posait mais ce soir, quand Kyumin la rejoignit, elle n'osa pas en parler parce qu'il avait un air qu'elle définirait comme troublé. Il semblait surpris quand elle lui en fit la réflexion, et elle confirma ce qu'elle venait de lui dire, était-ce juste son instinct qui parlait ? Elle se trompait peut-être, il n'était pas infaillible non plus. Mais Kyunmin ne nia pas, même si il ne semblait pas totalement certain non plus. « Compliqué ? » Elle n'osait pas insister, c'était pas comme ça entre eux, ils ne se forçaient pas à parler à l'autre ou obligeait l'autre à parler, non ça viendra quand Kyumin décidera qu'il voulait se confier à elle sur ce sujet. Sa question la fit réfléchir un moment, cherchant ses mots, murmurant ses derniers avec hésitation au début mais un peu plus de force à la fin. Oui parfois, il valait mieux faire mal en disant la vérité que mentir, mais n'était-ce pas un peu hypocrite venant d'elle ? Elle ne suivait pas toujours ce qu'elle venait de dire. « Hm... » Il l'avait mis dans un sacré dilemme, mais en accord avec ce qu'elle avait dit plus tôt elle lui répondit. « Je pense que oui ? Même si bien sûr, on aimerait que les réactions soient positives le plus souvent... ça peut arriver que non. » Elle bascule son visage sur le côté. « C'est compliqué, comme tu l'as dit, parce qu'on sait jamais si c'est la bonne chose à faire ou non, on peut avoir raison comme on peut avoir tort mais... c'est pas mieux de ne pas regretter plus tard ? » D'avoir dit ou non ? Bien entendu, toutes choses n'étaient pas bonne à dire, mais Kyumin l'avait souligné, ça pouvait nous bouffer aussi de l'intérieur. Elle était songeuse Nakyung, pensant à ce que le garçon venait de dire quand sa question la fit tourner le visage vers lui, avec la sensation d'être une biche face à un prédateur. Elle ne s'y était pas attendue et alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre, les mots restèrent coincés dans sa gorge. Était-elle heureuse ? Jusqu'à présent malgré les doutes, elle n'y avait jamais réfléchi assez longtemps pour douter de ça. « Je... » Elle laissa le mot mourir sur ses lèvres avant de continuer, « j'ai jamais réellement remis en question ce que je faisais. Alors j'imagine que oui. » Elle l'était, elle devrait l'être.

@Go Na Kyung
Peut-être confondais-tu Na Kyung avec un journal intime – et tu savais que ce n'était pas là son but premier. Mais tu avais toujours ce sentiment que parler avec elle était simple. Comme si aucun mot ne devenait subitement compliqué et difficile à prononcer. Chaque syllabe s'articulait avec aisance. Parler n'avait jamais été aussi libérateur. Poser les questions quand tu avais envie de les poser n'avait jamais été aussi satisfaisant. C'était comme si rien ni personne ne pouvait t'empêcher d'être curieux, d'avoir envie de savoir, de comprendre ou de dire les choses. Tout était juste simple – et tu aimerais que ce soit plus souvent le cas. Sans doute que le lieu aidait à la confession. Comme si l'air ambiant devenait plus léger, et que l'atmosphère se dégageait. Les pensées moins lourdes, la tête un peu plus relevée, et le cœur plus ouvert, c'était comme si on te donnait une fois de temps en temps la capacité de te confier sans avoir peur. En règle générale, tu ne parlais pas. Parce que tu avais peur ; peur d'être jugé, de décevoir, d'être rejeté. Des expériences déjà vécues – et tu n'avais pas envie de les revivre à nouveau. Mais Na Kyung n'était pas comme ça. Elle était différente. « Hmm compliqué », soufflas-tu simplement, sachant qu'elle n'allait pas te pousser à parler. Et tu aimais croire qu'elle pouvait comprendre même si tu ne donnais pas les détails. Qui avait une vie facile, après tout ? « Ca arrive plus souvent que ce soit j'ai l'impression », émis-tu dans un sourire amer, bougeant légèrement les épaules. Car s'il y avait bien quelque chose que tu avais appris depuis tout ce temps c'était que personne n'aimait être face à la vérité. A celle qui faisait mal, qui secouait, qui perturbait. Personne n'en voulait – et tu avais été toi-même l'une de ces vérités pour tes parents. Tu l'étais toujours. C'était pour ça qu'il ne voulait plus de toi. Que les autres n'avaient plus voulu de toi non plus. On ne voulait pas de ces vérités qui dérangeaient – et tu dérangeais. « Qu'est-ce qu'on regrette finalement ? De l'avoir dit ou d'avoir gardé le silence ? », lui demandas-tu encore, le coin des lèvres faiblement levé. Regrettais-tu d'avoir avoué ? Oui. Parfois. D'autres fois tu te disais que tu ne serais pas ici alors. Tu n'aurais pas rencontré tes ami.e.s d'aujourd'hui non plus. Mais ta famille te manquait – ton petit frère surtout. C'était compliqué. Tu gardas le silence contre les lèvres, les pupilles tournant vers elle alors qu'elle semblait plongée dans une contemplation sérieuse. Tu penchas faiblement le visage, la contemplant puis un nouveau sourire vint se placer sur tes lèvres. Tu hochas la tête, une fois, deux fois. « Vraiment ? », la questionnas-tu doucement, comme un gosse qui venait demander confirmation. Tu souris une nouvelle fois. L'était-elle vraiment ? « Je suppose qu'on ne remet pas vraiment en question ce qu'on fait, ou qui on est parce que c'est juste.. comme ça. Alors on se dit heureux parce que c'est notre vie, notre routine », murmuras-tu lentement, les prunelles détournées. Tu fronças quelque peu les sourcils, songeur. Pour devenir heureux il faudrait d'abord se débarrasser de tous les soucis. Mais pour s'en débarrasser, il fallait les régler non ? « Comment on peut savoir si on est vraiment heureux ? Et si on ne l'est pas, comment on peut le devenir ? », trop de questions qui n'avaient pas de sens et encore moins de réponses. « Tu imagines être heureuse. Mais est-ce que tu le ressens réellement comme ça ? », parce qu'à tes yeux, elle n'en semblait pas convaincue mais sans doute te trompais-tu. Tu te tournas quelque peu vers elle, lui offrant une esquisse désolée. « Qu'est-ce qui te rend heureuse ? », dormir, manger, cuisiner... quels étaient ces plaisirs de la vie qui faisaient bondir son cœur ?