Un long souffle aux lèvres, tu quittais lentement la bâtisse, jetant un bref regard en arrière, les mains glissant dans tes poches. Tu étais épuisé, et la journée n'avait pas été si longue que ça. Tu avais eu cours, puis tu étais venu ici. Garder deux enfants n'était pas forcément de tout repos – du moins pas comme on t'avait vendu la chose au tout début. C'était simple, qu'on avait dit. Pas très contraignant, qu'on avait ajouté. Ca ne demandait pas beaucoup d'expérience, qu'on avait susurré. On avait oublié de te dire que les enfants étaient parfois épuisants – tu préférais généralement dire qu'ils avaient trop d'énergie pour que tes mots ne soient pas mal compris. Tu n'avais cessé de courir, parler, jouer – et t'en pouvais plus. Tu n'avais qu'une hâte, retourner au dortoir et t'assoupir sur ton lit. Une grimace se forma sur ton visage en pensant à ses révisions qui t'attendaient cependant. T'étais sûr que t'allais t'endormir sur tes livres, vu comment tu venais de bailler à t'en décrocher la mâchoire. Heureusement personne ne traînait dans les alentours. Tu avanças jusqu'à l'arrêt de bus, clignant des paupières pour tenter de faire fuir la fatigue, avant de grimper dans le véhicule une fois présent. Tu allas t'installer, saluant d'un sourire poli le jeune homme déjà installé, et ta tête partit directement en arrière alors que tes prunelles se focalisaient sur le paysage. T'en avais pas pour longtemps, de toute façon.

En théorie.
En pratique, t'allais sans doute devoir faire un sacré détour, maintenant. Tu venais d'entendre l'arrêt où vous étiez : tu étais arrivé beaucoup trop loin. Tu devrais sortir, chercher le bus qui partait dans l'autre sens, faire quelque chose – mais tu restais immobile, une chaleur gênante grimpant sur ta nuque et chauffant tes pommettes. Tu t'étais bêtement endormi sur l'épaule de ton voisin, et tu n'osais plus bouger. T'avais le cœur qui tambourinait un peu trop fort, la panique pulsant dans les veines. T'avais honte. Tellement honte. Sentant du mouvement tu fermas les yeux, imitant la belle au bois. Tant pis, t'allais attendre le prochain arrêt. Il allait bientôt descendre et te réveiller, non ?? Tes doigts s'agitèrent par réflexe, et tu déglutis : tu savais pas où t'allais finir mais clairement pas dans ton lit. Pas tout de suite. Le prochain arrêt fut annoncé, et tu te pinças les lèvres, patientant que le jeune homme te réveille – mais le bus se remit en marche et personne ne t'avait réveillé. Tu te sentais de plus en plus déboussolé... qu'allais-tu faire, maintenant ?
 

Comme si tout était trafiqué l'heure tournait, tournait. Alice perdue au pays des merveilles avait du se sentir aussi déboussolée que toi en réalisant l'heure qu'il était. Les papiers, les révisions, la pratique, le travail, Amara. Tout semblait se mélanger et quand tu te posais enfin tu semblais ne pas comprendre comment ton emploi du temps fonctionnait. Où trouvais tu le temps ? Parfois tu ne comprenais pas comment tout ça marchait. Comment chaque matin commençait par un café pour marcher jusqu'à ta salle de cours. Comment tes oreilles semblaient écouter, comprendre à moitié, retenir éventuellement tous les sujets abordés. Tant de choses à voir à comprendre, de choses à faire. La peinture attendait dans ta chambre, les tubes séchant de temps à autre de ne pas avoir été utilisé. Mais qu'y pouvais tu? Les cours s'accumulaient, le soir les verres s'enchaînaient pour gagner un peu d'argent et sortir avec tes amis. Amara passait te voir, ou le contraire, tu t'endormais devant des films, ou tu posais simplement ton cerveau à côté. Quand pouvais bien tu faire tout ce que tu voulais? 24 heures n'étaient pas suffisant, et en même temps, c'était déjà bien assez. C'était le repos en Une heure qu'on devait inventer. Pour le moment tu prendrais le bus comme transport de repos. Tu visseras tes écouteurs te plongeant dans une ambiance musicale qui collerait au paysage qui défile.

Le sourire doux et rapide tandis que tes fesses se décalaient doucement sans vraiment laisser plus de place. De toute façon tu n'en prenais pas tant que ça. Puis tu repartais, dans des songes, ou bien une étendue qui ne menait à rien. Des pensées qui passaient sans jamais se faire comprendre. Une sorte de paix reposante, qui allait prendre fin. Un léger sursaut venant te secouer en sentant une masse plutôt dure sur ton épaule. On allait te taper? T'étais pas en forme là. Pourtant lorsque ton visage se tourna doucement il ne vit pas une main, une menace mais bien une tête endormie. Du moins pour ce que tu voyais, c'était pas chose aisée, tu voyais plus les cheveux du jeune homme qui s'était assis à tes côtés. Et vint alors le dilemme: le réveiller ou le laisser dormir en ignorant quand il devait descendre. Le bruit, le chaos, ça te connaissait, mais bizarrement là tu semblais muet, incapable de bouger. Discret, bien trop, tu loupais ton arrêt, le regardant passer les lèvres bougeant sans émettre de son, les doigts se triturant. Quand allais tu le réveiller? Non tu allais attendre qu'il se réveil. Tant qu'à faire. Tu fermais à ton tour les yeux, profitant alors du calme, peut être qu'on voulait stopper le temps. Enfin, que pour toi. Le bus lui avançait dans le temps, dans les kilomètres, vous perdant un peu plus.
" C'est le terminus les jeunes ! Faut descendre". Un autre sursaut. Quel con... vous étiez où?

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Tu savais pas si c'était normal ou bien si c'était juste ainsi mais tu étais fatigué. L'impression que ton poids et celui des autres reposaient sur tes épaules. L'impression que tes soucis pesaient un peu plus lourd à chaque pas et que tu devais les traîner durant des mètres et des mètres, incapable de t'en débarrasser. Impossible pour toi de t'en défaire en réalité, tu étais ton propre souci dans un absolu. Dans la réalité ce n'était pas totalement le cas. Juste un peu. Tu repensais souvent à tes parents – comment ne pourrais-tu pas ? Et tu te demandais s'ils allaient bien. Tu aimerais les revoir, ils étaient tes parents, mais tu savais que l'inverse n'était pas vraie. Tu pensais à ton frère, et tu te demandais s'il allait bien. S'il était heureux, surtout. Tu voulais qu'il soit heureux, car il méritait de l'être ton frère. Tu te demandais s'il pensait à toi aussi, quelques fois. S'il avait déjà tenté de retrouver ou s'il avait fini par ne plus en avoir rien à faire. Tu voudrais le revoir, le prendre dans tes bras. Il avait dû grandir, changer. Peut-être n'était-il plus du tout le même. Il était peut-être préférable pour toi alors de t'accrocher à cette image douce du passé plutôt que de voir l'image brute du présent. Qui sait, peut-être qu'aujourd'hui, ton frère te détestait aussi. Et toutes ces questions, avec le boulot, les études, accaparaient tes pensées, tournant en boucle, t'assommant un peu plus.

T'assommant tellement que tu ne faisais même plus attention. Tu ne regardais même plus où tu t'endormais. Pire encore, sur qui tu t'endormais. Ce pauvre garçon n'avait rien demandé et pourtant tu t'étais assoupi sur lui, son épaule te servant d'oreiller. Plutôt confortable, d'ailleurs. T'avais connu bien pire. Seulement voilà, une fois réveillé, et après avoir pris conscience de tout, t'osais plus bouger. C'était con, en soit. T'aurais mieux fait de te lever au premier arrêt annoncé et de fuir. T'espérais qu'il te réveille afin de feinter l'innocence pour t'en aller. Mais rien. Tu savais pas où t'allais finir. Et un sursaut vint soulever ton corps en même temps que le sien quand la voix du conducteur résonna. Le terminus ??? Devais-tu encore feinter l'inconscience ? Peut-être qu'on allait te laisser là, tu pourras repartir demain. C'était sans compter la crampe qui vint frapper ta jambe. Tu te redressas subitement, les mains sur le mollet, tapotant et massant, la grimace au visage. La réalisation vint alors, tes joues tournant à l'écarlate alors que tes pupilles tournaient lentement vers l'inconnu. « Bonsoir... », murmuras-tu timidement, le rouge coulant sur ton cou. « Je euh... », tu te raclas la gorge, de plus en plus gêné, les doigts jouant avec ta bague anti-stress. « Je suis désolé », que tu dis, coupable, comme un môme qu'on venait de prendre en flagrant délit, baissant le visage et les épaules, les yeux humides. « Je voulais pas... mais j'étais trop fatigué et... », tu te pinças les lèvres, sursautant une nouvelle fois quand la voix du conducteur résonna et plus près cette fois – encore un peu et t'aurais fini sur les genoux de ce pauvre voisin de bus. « Où... où est-ce qu'on est ? » « Au terminus », ça t'indiquait rien mais tu hochas sagement le visage avant de te lever, le nez plissé, et de descendre du bus. Et là, à nouveau, tu te sentais bien con. « Je suppose que c'était pas votre arrêt ? », lanças-tu vers l'inconnu, la frimousse honteuse. « Je suis désolé »
 

C'était un rythme que tu tenais, comme si tout avait une fin et devenait aceptable. La fatigue se penchait souvent sur ton lit, apportant avec elle nombreuses de ses amies pour te tenir compagnie. Mais un bon sommeil réparait bien des souffrances même s'il devait être plus long, plus grand plus reposant. Pour aujourd'hui il commencerait par une détente progressive et légère des muscles dans le bus de moins en moins bondé. Les gens avaient désertés leur lieu de travail. Les écoles fermées. Souvent tu rentrais après cette vague incroyable de personnes qui tentaient de finir leur journée, de claquer la porte à ces regards malsains, à ce boss bien trop égoïste. Ils tentaient de rentrer au plus vite pour retrouver des gens qui comptaient, ou bien pour se retrouver dans une solitude bienfaisante. Une vision que tu voulais comprendre mais qui t'inquiétait dès que tes camarades de chambre n'étaient pas là. LA solitude vieille amie d'angoisse venait te réveiller pour t'empêcher de fermer les yeux ressassant alors des peurs infondées.

Une fatigue que vous partagiez. Certains piquant du nez, d'autres s'endormant clairement. L'épaule alors occupée se fut la compassion qui prit d'assaut tes muscles, les rendant alors immobiles, quitte à les perdre un instant, à retrouver des fourmis par centaines lorsqu'il bougera de nouveau. Pour le moment tu laissais faire. Pendant un bon moment, loupant ton stop, pour aller plus loin d'un puis de deux. Ainsi de suite jusqu'à déranger de votre présence. Le corps rigide et légèrement courbaturer. Les doigts venaient alors masser une épaule qui ne voulait plus répondre, comme un ordre trop longtemps muet oublié depuis lors. "Bonsoir.  " répondais tu les joues légèrement rouge de honte d'avoir garder ta bouche fermée aussi longtemps. Il était pourtant rare de te voir muet. Cependant le jeune homme larmoyant devant toi attirait la sympathie, la compassion. Profitant d'un instant pour poser ta main sur son épaule. " C'est rien voyons. Je suis content si tu as pu un peu te reposer. N'hésites pas à prendre des pauses hein. C'est pas bien de trop travailler. " Il ne fallait pas se surmener, au point de tomber de fatigue ainsi. Mais tu pouvais comprendre, un peu. Le sursaut venant, plus pour la réaction même de ce nouvel ami que l'intervention du chauffeur. "Et où est le terminus ?  " Non parce que ça voulait rien dire "terminus" aucune ville s'appelait comme ça. Ou alors t'étais sacrément loin. Une fois dehors tu cachais un peu plus ton visage dans ton manteau. " Non mais c'est pas grave, tu dois aller où? " Il ne restait qu'une solution pour vous: sortir son téléphone et trouver un moyen de rejoindre votre maison. Celle dont tout le monde rêvait. "Je vais marcher un peu par là.. peut être récupérer un taxi. Et toi?  " Le chemin étudié tu ne voulais cependant pas le laisser seul. " Je peux t'accompagner si tu veux. " C'était pas comme is t'avais une voiture pour.


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T'aurais dû bouger avant. Et réagir. Faire quelque chose, et ne pas rester là à faire semblant de dormir pour éviter de croiser le regard de la personne sur qui tu dormais. Tu aurais dû te lever et fir. Parce que tu le faisais bien, ça. Fuir. Tu aimais supposer que c'était ta spécialité. La preuve t'étais parti de Gimhae. T'avais fui lâchement sans chercher à te battre ou à faire face. T'en aurais pas eu la force ni le courage, tu le savais, mais tu aurais peut-être dû tenter. Aujourd'hui tu te retrouvais sans famille. Tu ne savais même pas si ton frère allait bien, s'il s'en sortait. Tu ne savais même pas s'il pensait encore à toi ou s'il s'en fichait, lui aussi. Peut-être que t'aurais dû rester. Pour lui, au moins. Mais tu l'avais salement abandonné. T'étais lâche – et idiot. Idiot de garder les yeux fermés alors que t'étais réveillé. Vraiment, quelle idée. Parce que c'était encore pire maintenant. Pire de croiser le regard de cet inconnu. Pire de supporter la honte. Si tu t'étais levé et si tu avais fui avant t'aurais pas à supporter tout ça maintenant. Mais t'étais bête, voilà le résultat. Tu ne savais plus quoi faire ni quoi dire et tu ne voulais qu'une chose : te cacher dans le premier trou que tu trouverais. T'avais honte. Si honte... « O-oui j'ai pu... enfin oui. C'était... Promis je ne travaille pas trop. J'essaie », assuras-tu d'un mouvement du visage, les joues rougies, ton regard regardant partout sauf dans le sien. C'était trop gênant. T'avais trop honte. Tu te sentais trop con. « V-vous aussi », affirmas-tu doucement. Il devait se reposer et ne pas trop travailler non plus. Tu pâlis un peu à l'entente du mot terminus. Tu ne savais pas du tout où c'était, le terminus. « Au dortoir de l'université... », répondis-tu, paumé, car tu savais vraiment pas où tu étais. « D'accord, oui. Bonne idée », soufflas-tu doucement, les lèvres pincées. « Je vais... », tu regardas à gauche puis à droite, le regard un peu larmoyant parce que tu savais pas du tout où t'étais. « Par là, je crois », murmuras-tu, incertain. T'allais pas prendre un taxi parce que c'était cher et que le plus simple serait de prendre le métro en sens inverse mais... « Oh non je ne veux pas déranger j'ai déjà... », tu te pinças les lèvres, le rouge aux joues. « J'ai déjà un peu trop.. abusé... Est-ce que... est-ce que vous pourriez juste... », tu désignas la gauche puis la droite. « C'est de quel côté, l'université ? », demandas-tu, le regard humide et l'air totalement paumé. T'allais finir dans un coin de la ville dont tu ignorais tout et t'allais pas comprendre. Tu pourrais appeler quelqu'un mais tu ne voulais pas déranger. « Je sais pas du tout où on est », avouas-tu d'une petite voix.
 

Musique de fond et pétale de fleur la scène se prêtait à celle de drama romantique où les protagonistes se rencontraient. Sauf que vous ne l'étiez pas et que vous restiez comme deux débiles dans un bus jusqu'à son terminus. Au lieu de chacun bouger pour sortir de cette situation presque délicate où personne n'osait parler ni bouger. Ce n'était pourtant pas de sa faute, tu n'irais pas jusque là, responsable également de n'avoir rien dit. Le sourire aux lèvres tu pensais simplement à sa santé, en t'inquiétant un peu de le voir si fatigué. "Oui.. on essaie. " Un rire doux mais vrai tu cherchais alors du regard où étiez vous tomber. C'était bien beau de se reposer mais vous ne pourriez pas sans rentrer chez vous. Il fallait donc trouver le chemin le plus court. Tu t'attendais à toute réponse et répondit naturellement, sans réfléchir en hochant de la tête, avant de comprendre, les mots arrivant à ton cerveau comme une grande claque. Avant même de pouvoir lui annoncer la merveilleuse nouvelle il partait dans tous les sens. Tu disais cela car gauche ou droite, cela semblait lui être inconnu. Il n'était cependant pas décidé à te laisser l'aider, après cet épisode plutôt drôle dans le bus. Le sourire plus grand encore tu prenais son poignée doucement l'entraînant avec toi. " C'est ton jour de chance mon ami. Je vais aussi aux dortoirs de la Yonsei." Incroyable comme le monde était petit. Entamant une petite mache pour tomber sur une rue principale tu le regardas un instant. " Moi c'est Beom Gyu et toi ? "Vous alliez passer quelques temps ensemble autant faire connaissance. "Ne t'en fais pas pour tout à l'heure vraiment. Ca me fait plaisir. "Bien que le situation soit toute nouvelle pour toi elle n'était pas non plus désagréable, prenant cette opportunité pour te faire un nouvel ami. " Tu es dans quel cursus ? Je ne pense pas que se soit croisés. " Aussi étrange que cela était. Vu la grandeur de l'université. " On prend un taxi ça ira plus vite ?" L'heure jouait également tu avais peur de ne pas trouver d'autres transports.


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Tout le monde essayait – de ne pas trop travailler, de dormir, de réussir, de s'en sortir. Y arrivait-on vraiment ? Tu ne saurais répondre à cette question avec certitude ni assurance. Tu saurais simplement dire que tu essayais, que tu supposais faire ton maximum. Que tu doutais y parvenir au final mais tu tentais. Il fallait bien s'en sortir un peu. Ou essayer de s'en sortir un peu. Tu ne vivais pas mal, tu n'avais plus de quoi te plaindre. Tu pouvais te reposer dans un lit, un vrai. Tu pouvais manger à ta guise, tu pouvais étudier – cela restait tout de même un gain durement mérité. Beaucoup ne pouvait pas, tu avais la chance de pouvoir. Tout comme tu allais essayer de rentrer, de retrouver le dortoir. Chose compliquée quand tu ne savais même pas où tu étais à l'heure actuelle. Tu savais juste que t'étais là où il ne fallait pas. « Ah oui ? C'est vrai ? », tu l'observas, les sourcils levés, les pommettes colorées, espérant qu'il ne disait pas ça pour te faire plaisir et t'accompagner. Tu te pinças les lèvres, gêné, hésitant mais aussi quelque peu réconforté. Tu le suivais sagement, observant sans trop retenir où tu mettais les pieds. « Kyu Min, enchanté », tu te courbas quelque peu, le sourire léger. « De servir d'oreiller... ? », demandas-tu, incertain, plissant à peine le nez dans une frimousse amusée mais aussi honteuse. Tu voudrais oublier tout ça. « Je suis en lettres classiques et modernes. Et toi ? », te renseignas-tu, intrigué. « Oh... c'est trop loin ? De l'université ? », le questionnas-tu, le doigt pointant vers le sol. Tu te mordis faiblement la lèvre, préférant éviter de payer le taxi mais... Tu observas rapidement les alentours, supposant que l'université n'était pas à côté. Tu hochas le visage alors, tentant de faire signe à un taxi – le mouvement trop timide et mal assuré. Cela mit du temps mais un taxi s'arrêta et tu invitas Beom Gyu à grimper dans le véhicule avant de l'imiter. « On voudrait retourner à l'université s'il vous plaît », articulas-tu lentement, la voix un brin tremblante de timidité. « La Yonsei », que tu précisas dans un souffle, une légère esquisse aux lèvres alors que tu te tortillais les doigts. « C'est à cause de moi alors je devrais payer », que tu dis à Beom Gyu dans un air désolé.
 

Tout le monde faisait de son mieux, c'était indéniable et pourtant parfois insuffisant. Tu osais pourtant croire qu'il y avait toujours une grande probabilité que ça marche si on y mettait du sien. Alors tu y mettais toute ta force. Dans les études, dans les amitiés, dans cette gentillesse qui te déterminait mais qui parfois te blessait. Cet inconnu également, semblait faire de son mieux au point de s'endormir, de ne pas se réveiller dans un bus en marche. On avait vu plus sécurisant et confortable. Et pourtant, vous étiez là, perdus à cause d'un somme et d'un homme incapable de briser le sommeil d'un autre. Une faute partagée qui finissait dans un rire doux. Le hasard faisait bien les choses. "Affirmatif monsieur ! " Que tu confirmais avec joie. Vous alliez donc pouvoir faire le chemin du retour à deux, ce qui te rassurait, pour lui comme toi, l'esprit tranquille de partager cette route. Même si tu ne le connaissais pas plus qu'avant. Son prénom à l'oreille tu considérais le connaître dorénavant. "Oui ! Mon épaule n'a jamais été aussi utile. " Et c'était un accomplissement de soi, de servir. " Oh.. vous faites quoi en lettres j'ai jamais compris ? Je ne critique pas hein !! Je suis juste curieux. Je suis en année vétérinaire. " Beaucoup plus scientifique et moins poétique. Les pas s'arrêtant tu concluais alors rapidement à la solution la plus pratique. Les taxis pullulaient bien souvent, ce serait donc plus simple. "Disons qu'on risque vraiment d'arriver tard et que le plus pratique serait une voiture. " L'idée te semblait bonne mais vu son expression tu te mis à douter. Pas bien longtemps vu ses essais d'appeler un taxi. Le sourire doux, comme un grand frère qui observerait son petit frère tu te mis à l'encourager joignant ses gestes, de manière bien plus confiante. Une fois les fesses assises un soupire t'échappa, content d'être protégé du vent et du froid de dehors, ne faisant qu'hocher aux mots de Kyu Min. " Merci monsieur" Que tu rajoutais à titre participatif. Une fois la voiture en route ta tête vint se poser contre le dossier du siège. La surprise coulant dans ton regard c'est ta main qui s'agita face à lui. " Le taxi c'était mon idée je paie. No problemo. " Non pas que tu roulais sur l'or mais tu pouvais te permettre ce genre de dépense de temps à autre. " Tu as quel âge Kyu Min ? " Ca prenait comme une envie de pisser, et pourtant c'était important. C'était toujours un sujet qui revenait sur le tapis. S'il était plus vieux il pouvait utiliser ce contre uno pour payer, mais tu trouverais un moyen.


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Un sourire soulagé aux lèvres, tu semblais apaisé de savoir qu'il allait vers le même lieu que toi. Au moins tu ne seras pas seul pour retrouver ton chemin. Tu voudrais faire quelque chose pour te faire pardonner, pour t'être endormi aussi bêtement mais il ne semblait pas spécialement t'en vouloir ? Ou alors il le cachait très bien. « Désolé quand même », marmonnas-tu doucement, les joues rosies, embarrassé, l'index venant frotter le bout de ton nez. Même si t'étais un peu content de donner une utilité à son épaule c'était pas trop le but non plus. Tu clignas des paupières à sa question avant de rire. « On étudie des textes : la grammaire, la syntaxe. On peut traduire aussi ou apprendre des choses sur la culture et la civilisation des textes d'époque ou des textes en grec, par exemple. Il y a aussi de la linguistique, de l'expression écrite et orale... », expliquas-tu vaguement ton domaine d'études. Tout dépendait aussi si on était orienté lettres classiques ou modernes – t'avais un peu des deux. « Les études vétérinaires doivent être difficiles non ? », tu penchas un peu la tête, imaginant trop de science, de calculs et de chiffres. Le taxi serait donc votre chevalier descendu du ciel pour vous aider. C'était sans doute plus rapide que marcher ou le métro. « Oh mais... c'est ma faute », que tu répétas, les pupilles brillantes et un peu trop gêné pour le laisser payer. T'avais encore plus honte. « 23 ans. Et toi ? », tu savais pas quel était soudainement le rapport entre ton âge et le fait de payer mais tu répondais docilement à la question. Peut-être allait-il t'expliquer. Ou peut-être voulait-il simplement savoir – c'était possible aussi. « On peut faire moitié-moitié ? Pour le taxi », proposas-tu alors, jetant un regard vers le conducteur pour voir s'il refusait ou non l'idée mais il était concentré – et tu supposais que le temps qu'il était payé... « Ca te va ? », tu tournas ton regard vers Beom Gyu dans un sourire contenté, comme si tu venais de trouver LA solution. « Sinon j'ai comme l'impression que tu me laisseras pas payer », tu fronças un peu les sourcils, la frimousse boudeuse. Faire moitié-moitié contenterait tout le monde non ? « J'ai l'impression qu'on a fait un grand détour par ma faute », lâchas-tu en observant le paysage, le front se cognant contre la vitre, les épaules basses. « Désolé »

La main se secouant tu voulais juste qu’il ne se sente pas coupable. Après tout tu avais fini par arrivé ici sans dire un mot, c’était ta faute. Et puis ça faisait une rencontre, une petite balade les mains dans les poches comme si tout était planifié. Tu en apprenais plus sur un cursus en plus, c’était tout bénéfique. " Oh ça à l’air compliqué quand même.. beaucoup de choses. Tu dois en connaître des trucs ! " Tu étais aussi vague que la mer en ce moment, vu ta connaissance dans ce domaine. Mais ce n’était pas grave, tu pouvais t’améliorer. " C’est technique et il y a beaucoup de choses à voir comme on s’occupe de tout type d’animaux, mais c’est intéressant. " La pratique aidait également. C’est pour cela que tu trouvais un intérêt tout particulier avec ton stage. " Techniquement je n’ai rien dit non plus donc c’est aussi de ma faute. " Il ne t’avait pas forcé non plus. " 25 ans ! Oh tu peux m’appeler Hyung ! " La main sur le cœur, tu prenais soudainement ton rôle à cœur. Quand bien même tu ne voulais pas le faire payer, tu ne pouvais ignorer qu’il ne désirait pas de ce geste, il allait se sentir encore plus coupable et ça, tu ne voulais pas. " Moitié-moitié c’est un deal ! " Que tu déclarais en tendant ta main tel un businessman concluant un contrat. " Tu as raison au début je ne voulais pas te faire payer mais si tu y tiens je ne vais pas insister. T’en fais pas, ça me fait une balade de nuit, c'est sympa aussi ! " Ton regard observait toutes ces lumières qui rayonnaient différemment. " Et puis on a pu découvrir quelqu’un de l’école c’est encore mieux ! " Sans ça, vous ne vous seriez jamais rencontré. Pas dans cette fac géante qui accueillait trop de gens que tu ne pouvais saluer. " A moins que tu ne sois pas ravi de m’avoir rencontré. Là du coup effectivement c’est gênant. " Que tu réfléchissais, le menton pris entre tes doigts.


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