La vie au campus n'était pas de tout repos. C'était comme ça et pas autrement. Pour un homme surexcité dans ton genre c'était plutôt ta personne qui épuisait les autres, à courir à droite et à gauche. C'était sûrement une situation étrange qu'on pouvait observer de l'extérieur, mais tu le vivais bien. Finissant alors ton pain fourré à la crème, comme récompense d'avoir tant réviser. Et personne ne révisait sans un grand gobelet de bubble tea n'est ce pas? En tout cas toi il te fallait le remontant, il te fallait le carburant : la carotte. A chaque gorgée tu te rapprochais de la fin, de ton bubble tea oui mais aussi de tes révisions. Et ce pour le meilleur. Le cerveau en ébullition. Ce qui n'était pas prévu, et pourtant prévisible, c'était la vessie qui se comprimait ainsi, pour te faire courir aux toilettes. Sautillant comme un enfant pour qu'on te laisse la place ce n'est qu'une fois la vessie vidée, que tu relâchas ton souffle. Le bouton de ta chemise détachée pour palier à la chaleur. Oubliant de rouvrir les yeux pour te laver les mains, gardant simplement ce sourire bien heureux d'avoir accompli une tâche aussi libératrice.

Poussant la porte des toilettes tu reprenais donc ta marche tranquillement. Le cerveau sûrement au fond de la chasse que tu venais de tirer. Débrayer comme toujours, voire un peu plus, la braguette grande ouverte, ton caleçon pouvant clairement accueillir une personne extérieur pour lui taper la discute. Mais apparemment ça ne te choquait pas, l'air qui semblait passer ne te choquait pas. Tout comme la crème à la commissure de tes lèvres. Par contre... elle, elle devait l'être choquée.
Peut être que t'aurais du ouvrir les yeux dans les toilettes. Peut être même que tu aurais compris le regard de la jeune femme juste devant toi, que tu ne faisais que croiser.

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Inspirant, tu regardas ta montre. Tu avais encore une heure de prévue ici. Une heure pour lire et relire ces mêmes lignes. Une heure pour tout apprendre, tout connaître. C'était ridicule dans un sens, de tout connaître par cœur. Ca ne servait à rien dans la vraie vie de pouvoir réciter tes paragraphes entiers. C'était pas comme ça que tu allais pouvoir t'en sortir – mais ça aidait pour les examens. Tout connaître était utile, car tu n'avais qu'à te refaire le plan pour tout savoir et tout replacer. Tu n'étais pas la meilleure, loin de là, mais tu avais de bonnes notes. Suffisamment pour que cela fasse plaisir  à tes parents. Tu estimais alors que c'était une bonne chose mais tu ne te reposais pas sur tes lauriers. Tu devais faire plus. Beaucoup plus. Être la meilleure, peut-être ? Etait-ce un objectif que tu voulais atteindre ? Pour toi, non. Pour tes parents, oui. Tout comme tu devais exceller à tes leçons de piano. Tu devais maîtriser chaque partition. Tu devais presque être capable de les jouer en fermant les yeux. T'étais pas encore assez douée. Pas assez entraînée. Pourtant t'étais épuisée. Par les cours, le piano, le stress, le manque de repos. Ton esprit était en mouvements constants, ne pouvant se poser tranquillement.

Quittant la bibliothèque, tu fixas ta montre, l'index levé, bougeant mollement pour compter les minutes. Bien, il te restait assez de temps. Tu allais pouvoir continuer tes révisions chez toi. Pourquoi ne pas y aller tout de suite ? Car la bibliothèque était plus agréable pour apprendre, et surtout, tu avais tous les livres dont tu avais besoin autour de toi. Mais peut-être que tu aurais dû rentrer chez toi plus tôt, tu n'aurais pas assisté à ce spectacle. Les lèvres bougeant mais ne disant rien, l'index toujours levé mais presque crispé, tes joues vinrent subitement être colorées de rouge alors que ton regard se faisait fuyant et gêné. Tu tournas le visage, bafouillant qu'il y avait de la circulation alors que t'étais seule. Seule face à ce caleçon qui dépassait. « Bonj... est-ce que.. enfin.. », que devais-tu dire ? Que pouvais-tu dire ?? Si tu lui disais ça voulait dire que tu avais regardé... est-ce que cela faisait de toi quelqu'un de mauvais ? Tu rougis un peu plus encore, posant tes paumes sur tes pommettes dans un bruit sourd. « Oh mon dieu », lâchas-tu, le souffle court, de plus en plus embarrassée. Si seulement tu pouvais te cacher dans un trou... Tu ne pouvais pas non plus ne rien dire, ça ne faisait pas. « C'est... que.. Il y a... », si seulement tu pouvais formuler une phrase entière aussi. Tu mimas un air de plus en plus perturbé, agitant les mains, désignant maladroitement son pantalon. Les mains entièrement posées sur ton visage maintenant, le rouge chauffant ton corps entier, tu laissas un son peiné frôler tes lèvres. « Je suis désolée, je voulais pas regarder, c'est promis. C'est juste... c'est.. enfin juste là. Et... mais je voulais pas regarder. Non. C'était pas mon intention. Pardon », que tu articulas rapidement derrière tes paumes.
 

Les vies ne se ressemblaient pourtant pas, tout comme les gens. Avec un départ si étrange, si différents comment pourrait on avoir les mêmes ? Il y avait pourtant quelques limites que vous sembliez démontrer. Un croisement, juste un instant pour bouleverser deux mondes totalement différent. Un choc, une sorte de malédiction qui faisaient de vous deux êtres gênés et honteux rien qu'à vous croiser. Pourtant tu n'étais pas un mauvais bougre, et elle n'était pas une mauvaise fille. Il s'agissait simplement d'un mauvais timing, d'un temps qui n'était pas correct. Son regard fuyant provoquait en toi une inondée de question suivie rapidement d'une moue qui se voulait mi curieuse mi inquiète. Qu'avait elle ? Peut être qu'elle ne se sentait pas bien vu le rouge sur ses joues. Les pas se rapprochaient donc doucement. "Vous allez bien ? Heu oui bonjour. Dites moi si ça va pas je vous emmène à l'infirmerie ! " La main tendue tu n'osais cependant pas la toucher de peur de l'effrayer ou d'outre passer des droits qui ne t'avaient pas été donné. Les yeux s'ouvrant un peu plus tu cherchais désespérément où la jeune femme pouvait avoir mal, que pouvait il se passer. Sans grande réponse. Le regard passant de droite à gauche tu cherchais innocemment ce qui n'allait pas chez elle ne comprenant pas que tu étais le problème numéro un. Laissant entrevoir des centaines de scénario possibles en sortant des toilettes braguettes ouvertes et crème contre les lèvres. Quel idiot. La voix tremblantes, peu audible tu te penchais quelque peu pour entendre quelques syllabes. Puis son doigt pointa une direction, que tu mis quelques secondes à comprendre puis à suivre. C'était ton pantalon non ? Quel était le pro... LE rouge monta, comme partant d'un nombril qui devait se moquer de ta propre personne pour monter jusqu'aux oreilles qui devenaient rubis de cette gêne. Tu n'avais pas.. ce n'était pas. Bizarrement le jaune de ton caleçon paraissait tout à fait inapproprié à cette journée étrange. Il t'en avais fallu quelques minutes pour comprendre que cette couleur se voyait, aux yeux du monde, dont les siens. Que ta braguette était ouverte et que tu allais mourir de honte pour quelques années. " Oh my god. " Que tu copiais à son langage précédent. La rapidité d'un chat, mais la maladresse d'un éléphant tu fermais alors cette pièce de ton outfit, la plus importante, pinçant alors un précieux objet qu'on disait de famille. Le cri ne vint même pas le rouge de gêne devenant une douleur sourde que tu tentais de contenir retenant ta respiration. Comme un coup de poing en plein estomac tu cherchais à reprendre ta respiration, ta vie en gros. "C'est rien.. merci de .. l'avoir dit.. "La voix serrée, encore gêné bien au fond de toi, tandis que tout le reste était dans une souffrance immense. "Pas votre faute... oh my.. " Les jambes serrées tu t'appuyais enfin contre le mur cherchant une respiration devenue rare. "J'arrive.. " La paume vers elle tu lui demandais d'attendre, de t'attendre, malgré qu'elle n'ait rien à voir avec tout ça. Tu voulais t'excuser, il était juste impossible pour toi pour le moment de retenir une petite larme.


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C'était toujours bien ta chance de tomber, comme ça, par hasard sur ce genre de choses. Tu pensais ça comme si cela t'arrivait souvent. Tu avais l'impression que oui. Comme si c'était ton destin de voir les caleçons qui dépassaient. Comme si c'était écrit quelque part que tu allais être la première à découvrir ce nouveau coloris sur un vêtement que tu ne devrais voir. Qui avait décidé ? Et pourquoi toi ? Le regard fuyant tu mentionnais à peine le caleçon comme si tu prononçais là un juron. « Non », rétorquas-tu bien, comme affolée, agitant la main. Non, tu ne devais pas à l'infirmerie. Tu allais bien. Tu allais bien pas vrai ? « Ou peut-être que je vais en avoir besoin », parce que tu la sentais s'intensifier la chaleur sur tes joues. Ca t'en donnait presque le tournis d'avoir aussi chaud, aussi rapidement. Aussi brusquement, surtout. Pourquoi t'étais passée par ce couloir déjà ? Tu ne savais quoi dire pour lui indiquer le souci. Tu ne savais pas comment commencer, encore moins finir. Tu voulais lui faire comprendre sans le dire directement mais ça semblait compliqué, l'embarras venant s'entremêler à tes mots. C'était tellement gênant et si tu pouvais, tu partirais en courant. Mais ça se faisait pas. Pas comme ça, pas après ça. Ce serait encore pire non ? En plus tu devais paraître suspecte à l'avoir remarqué. Non ? Mais ce jaune était beaucoup trop voyant pour être loupé... Les prunelles passant du vide à son visage, t'osais pas contempler sa frimousse tout aussi rouge que la tienne trop longtemps. Trop gênant. « De rien », tu secouas un peu le visage, les joues toujours bien rouges. « Oui... non enfin je veux dire... oui », tu savais pas ce que tu voulais dire, à la base. Tu te sentais coupable d'un truc qui n'était même pas en ton contrôle à la base. Tu le regardas un instant, perplexe, des questions dans les pupilles mais encore contre les lèvres. Lèvres que tu écartas un instant avant de les refermer, clignant des paupières. Tu jetas un regard à gauche, à droite. « Vous... arrivez ? Où ? », t'étais pas sûre d'avoir tout suivi. « Est-ce que ça va ? », demandas-tu d'une petite voix incertaine. « Je dois vous accompagner à l'infirmerie ? », à ton tour de poser la question mais tu t'inquiétais un peu, là. Il devait être gêné, le pauvre. « Je peux... Je peux vous laisser tranquille si.. Enfin.. Peut-être que... vous voulez être seul ? », être seul pour quoi ? T'en savais rien. Pour vivre sa gêne sans une spectatrice aussi étrange que toi. Tu te pinças les lèvres, les doigts se liant nerveusement. « Je voulais juste aller à la bibliothèque », et t'étais tombée face à un caleçon jaune. La vie était drôlement faite, parfois.