((ootd)) ⇝ Seokwon était assis dans l’herbe, face à la rivière Han. Il regardait cette dernière, pensif, jusqu’à sentir son téléphone vibrer dans la poche de sa doudoune. Perplexe, il sortit ce dernier et un sourire ourla discrètement ses lèvres en voyant l’expéditeur. Euijoo était bien un des rares qu’il n’avait pas tenu longtemps éloigné de lui. Ils avaient traversé beaucoup de choses ensemble, notamment des séjours à l’hôpital. Ils savaient pour la maladie de l’autre, s’étaient soutenus et se soutenaient toujours. Et, contrairement à d’autres, Euijoo n’avait pas insisté pour qu’il parle. Certes, il lui avait imposé sa présence, s’asseyant avec lui, mais il ne l’avait jamais obligé à parler, en tout cas, pas de son malaise cardiaque, pas de son rêve qui s’était écroulé. Seokwon avait fini par le faire de lui-même, avait fini par se confier à lui. Le premier auquel il s’était confié… Et il continuait. Le silla ouvrit le message, fronçant légèrement les sourcils en lisant les mots de son ami. Il ne tarda pas à répondre, lui indiquant rapidement et le plus précisément possible le lieu où il se trouvait. Parce que les rives de la rivière Han, c’était plutôt grand, quand même. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin… Mais heureusement, l’étudiant ne se trouvait pas très loin de la fontaine arc-en-ciel, lieu de rendez-vous avec Euijoo. Seokwon se leva et rejoignit l’endroit, à quelques minutes de marche seulement. Et il attendit son ami, mains fourrées dans les poches de sa veste. Et quand il entendit son prénom, le garçon releva la tête, un mince sourire prenant possession de ses lèvres à la vue d’Euijoo. « Hey… » Le salua-t-il.

((ootd)) ⇝ Les doigts frottant ta manche, tu espérais calmer une douleur déjà dissipée. Tu espérais faire s'évaporer la peur encore présente, pulsant dans ton sang alors que tu quittais l'endroit dans de brefs regards en arrière. De brefs regards anxieux, la crainte de devoir revenir ici régulièrement venant souvent habiter ton corps. Tu savais que tu n'aurais plus la force d'affronter tout ça. Tu savais que tu n'arriverais pas à te confronter à ces mêmes choses encore. Ces sensations qui n'avaient pas encore totalement quitté ton corps, ces douleurs qui restaient encore là, dans un coin. Cette peur qui ne cessait de grandir, te tordant l'estomac. Tu avais perdu bien trop de choses, de gens, à l'époque. Tu ne voulais pas que ça recommence. Tu ne voulais pas te perdre encore une fois, non plus. Attrapant ton téléphone avec hâte, tu envoyas précipitamment un message à Seokwon, irrépressible envie de t'ancrer dans le présent grâce à sa présence. Et une fois la réponse reçue, tu n'attendis pas plus longtemps pour le rejoindre, courant presque sur le chemin comme si tu cherchais à échapper à quelque chose que tu ignorais. « Seokwon », lanças-tu en agitant la main pour attirer son attention, un sourire venant se poser sur ta bouche. Arrivé à sa hauteur, tu soufflas bruyamment, essoufflé. Tu redressas le visage vers lui, lèvre inférieure en avant, le bras tendu. « Elle m'a fait mal. L'aiguille. Pas l'infirmière », que tu précisas. Même si t'avais toujours un doute, les deux pouvaient être liés finalement. « J'aime pas ça du tout », marmonnas-tu, comme un gosse forcé d'aller à un repas familial alors que tu t'accrochais quelque peu à son bras. « C'était horrible », tu secouas un peu le visage. T'aimais vraiment pas ça. « Je suis pas resté pour attendre les résultats », précisas-tu au cas où il te demandait. « Tu voudras bien m'accompagner la prochaine fois ? », tentas-tu en levant vers un regard suppliant – tu clignas même un peu des paupières, petite biche innocente que tu étais. « Tu vas bien ? », tu lâchas doucement son bras, te relevant un peu, une fine esquisse sur les lèvres, content de le revoir.

((ootd)) ⇝ Seokwon avait l’habitude de faire face au fleuve Han, tout seul. Il aimait bien se promener le long des rives, s’asseoir dans l’herbe et observer ce qu’il se passait. Ça occupait ses journées, lui permettait aussi de réfléchir et se vider la tête. C’était dans ces moments-là qu’il prenait le temps de repenser à ses actions passées, à comment il avait agi avec Han et Somi, Jaejin aussi. Il n’avait pas contacté ce dernier depuis un moment et, il allait vraiment devoir le faire. Bientôt. Quand il se sentirait prêt à le faire. Pour le moment, c’était Euijoo qu’il allait voir. Ce dernier lui avait envoyé un message il y a quelques secondes, lui demandant où il se trouvait. Le silla n’avait pas mis longtemps avant de lui répondre, indiquant qu’il n’était pas loin de la fontaine arc-en-ciel. D’ailleurs, le patineur se leva et la rejoignit, ne voulant pas faire attendre son ami. Il ne tarda pas à arriver, prononçant le prénom de l’étudiant en STAPS même s’il était loin. Seokwon tourna la tête vers lui, esquissant un sourire et répondant à son signe de main. Il fit quelques pas dans sa direction, le rejoignant en quelques enjambées. Ses yeux se posèrent aussitôt sur le bras qu’il tendait vers lui. « Qui aime bien ça… ? » Demanda-t-il. Il était le premier à détester ça. Aller à l’hôpital. Faire des prises de sang. Les aiguilles, il n’aimait pas ça, peut-être pas au point de son ami mais, ce n’était pas loin. Seokwon lui adressa un sourire compatissant, comprenant parfaitement ce qu’il vivait. Il l’avait vécu aussi, trop de fois. « Ce n’est pas très sérieux, ça, Euijoo… » Souffla-t-il, se pinçant rapidement les lèvres car il n’était pas vraiment le mieux placé pour commenter. Il n’allait plus vraiment à l’hôpital, ne répondait pas aux appels de son médecin ou rarement. Il fuyait. Et il aurait aimé continuer à fuir, ne jamais avoir à remettre un pied à l’hôpital. Cependant, quand le garçon lui demanda de l’accompagner… Il ne pouvait pas se résoudre à refuser. « Hm… Oui… » Souffla-t-il, incapable de dire non. Comment le pourrait-il ? Avec tout ce qu’ils avaient vécu ensemble… Impossible. « On fait aller. Et toi ? Mis à part ta rencontre avec l’aiguille. » Demanda-t-il, ne voulant pas vraiment s’étaler sur son état. Il le connaissait, de toute façon. Et tant qu’il ne reprendrait pas le patinage, Seokwon n’irait pas bien. C’était toute sa vie et il avait l’horrible sensation de ne plus exister, et surtout, de n’avoir aucune raison d’exister. C’était déprimant et il ne voulait pas le déprimer davantage. « Tu veux marcher un peu ? » Proposa-t-il en regardant le chemin emprunté par de nombreuses personnes.

((ootd)) ⇝ T'en avais fait du chemin entre tes premiers pas et les derniers que tu venais de faire. C'était bizarre comme un simple regard en arrière pouvait t'envoyer plusieurs années dans le passé. Au début de tout ça – ou à la fin de quelque chose. T'en avais fait du chemin et t'aimerais savoir combien il t'en restait à faire. A chaque pas tu t'approchais d'un « demain » pourtant infini mais qui pouvait s'arrêter avant de réellement commencer. La vie elle-même te faisait peur autant que son contraire. Comme si t'étais incapable de savoir ce qui était le plus effrayant ou au contraire, le plus rassurant. Tu aimais découvrir le monde chaque matin, l'observant comme si c'était la première fois que tu le voyais. « Personne ! Justement. Alors... pourquoi ils le font », tu plissas quelque peu les yeux, suspicieux sans l'être, connaissant déjà la réponse. Mais tu voulais juste exprimer ton mécontentement et cette peur qui t'habitait. « Je sais », que tu soufflas doucement, le regard se perdant un instant devant toi alors que tes épaules s'abaissaient. « Ils appelleront de toute façon », tu savais qu'il savait – mais c'était comme si tu cherchais à te justifier à toi-même. T'avais pas eu envie de rester, d'attendre, de paniquer encore plus. Si tu devais entendre une mauvaise nouvelle, tu voulais le faire en ayant l'impression d'être libre, le regard vers le ciel plutôt qu'enfermé entre quatre murs blanc. Les pupilles se tournant vers lui, tu lui offris un sourire reconnaissant mais aussi rassuré, le remerciant dans un silence agréable. Tu scrutas un instant son visage, le sourire restant sur tes lèvres, plus doux cette fois, plus triste aussi. Tu voulais qu'il aille bien. Mieux – et si tu pouvais, tu prendrais sa peine. « Pire rencontre. Zéro sur dix. Nul », tu tournas tes pouces vers le bas, les sourcils froncés comme un gamin bougon. « Mais sinon ça va », l'esquisse retrouvant le chemin de tes lèvres, tu lui offris une frimousse presque insouciante, le regard pétillant. « Oui pourquoi pas, ça fait toujours du bien de marcher », tu bougeas un peu les épaules, suivant sagement les personnes devant vous, le regard voyageant comme si tu cherchais à tout graver dans ta mémoire. « Oh je t'ai pas dit. Mais c'est un secret tu le gardes pour toi », tu commenças, l'index sur les lèvres dans un sourire malicieux. « Les gars du groupe de parkour vont bientôt m'apprendre à grimper aux murs. Pas les petits, ça je fais déjà. Mais les plus hauts... Pas encore ceux trop hauts, ils veulent pas mais.. ceux du milieu ? », tu plissas un peu le nez, incertain, alors que ta main désignait une hauteur incorrecte. « Enfin bref j'ai trop hâte. J'en ai un peu marre des arbres et des murets », que tu dis, boudeur, même si c'était surtout pour ton propre bien. Tu le savais. « Les cours se passent bien sinon ? »

((ootd)) ⇝ « Parce que c’est nécessaire, tu le sais très bien. » Répondit-il avec un petit sourire compatissant. Il comprenait qu’Euijoo n’aime pas les aiguilles, n’aime pas non plus aller à l’hôpital. Seokwon était comme lui. Il détestait ça et depuis un certain temps, il faisait tout pour éviter d’y aller. D’ailleurs, il y allait de moins en moins et… ce n’était pas forcément très bien. Cela dit, il ne s’en portait pas vraiment plus mal ! Le silla réprimanda gentiment son ami, juste un peu, car il n’était vraiment pas bien placé pour dire quoi que ce soit là-dessus. Et puis, il avait raison. Ils appelleront. Alors pourquoi rester dans un lieu qui vous filait des angoisses, hein ? « Oui, ils appelleront. » Répéta-t-il d’une petite voix. A sa demande, ou plutôt requête, le patineur hésita un court instant. Il capitula bien vite, à vrai dire, Euijoo n'avait pas vraiment eu à batailler pour qu’il accepte de l’accompagner. Avec tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, l’étudiant en STAPS ne pouvait pas le lâcher. Pas dans un moment pareil. Un petit rire franchit ses lèvres quand il commenta sa rencontre avec l’aiguille, lui donnant même une note. Il était bien un des seuls à réussir à le faire sourire et rire, dernièrement. Ce qui n’était pas très étonnant, car le baekje était un des rares que Seokwon acceptait de voir. « Tant mieux. » Répondit-il quand il assura que ça allait. C’était le principal, c’était tout ce qu’il voulait entendre de sa part. Il fallait qu’au moins un des deux aillent bien. Il proposa finalement de marcher un peu et commença à bouger quand son ami accepta. « Un secret ? » Répéta-t-il, haussant les sourcils, surpris par une telle confidence tout d’un coup. Le jeune homme regarda sa main indiquer une certaine hauteur, fronçant légèrement les sourcils. Bien évidemment qu’il se faisait du souci pour lui. « J’espère que tu es prudent quand tu fais tes acrobaties… » Souffla-t-il. Il n’avait pas envie d’apprendre qu’il était à l’hôpital, ou pire. Il ne souhaitait pas perdre encore un ami, il n’était pas certain de le supporter. « Les cours ? Oui, ça va. Un peu ennuyant en ce moment mais bon, on fait avec. » Répondit-il en haussant les épaules. Il réalisait qu’il n’avait pas grand-chose à dire, rien de bien intéressant. Sa vie était fade, vide. Simplement la déprime. La dépression qui le rongeait. « Et toi, ça se passe bien ? » Demanda-t-il en retour. « Et le travail ? »

((ootd)) ⇝ Tu savais que Seokwon avait raison mais tu ne pus empêcher l'air bougon de venir étirer ton visage alors que tu détournais le regard. Comme un gosse qui venait d'entendre la réponse qui ne lui plaisait pas. Tu soufflas discrètement, les joues à peine gonflées. T'étais déjà angoissé à l'idée de devoir retourner à l'hôpital alors que tu venais d'en sortir. T'étais terrifié à l'idée de devoir y retourner tout court. Tu émis un faible son ensuite, hochant le visage. Ils appelleront, et tu préférais même qu'ils le fassent pas. Tu préférais ne pas savoir les résultats, les ignorer et tant pis si tout allait mal après. Tu voulais plus rien savoir et surtout, plus revivre ça. T'avais pas l'impression que c'était terminé. T'avais l'impression que ça ne pourra jamais se terminer. « Un secret », que tu articulas, tentant d'être mystérieux sans trop l'être avant de rire discrètement. « Je suis la prudence même », assuras-tu, d'un air triomphant, le sourire large et le regard pétillant. Le parkour était la seule chose qui te donnait un sentiment de liberté mais surtout de contrôle. « Plus sérieusement, t'as pas à t'en faire, je fais attention. Et les gars du groupe s'assurent toujours que je vais bien. J'ai l'impression de voir mes parents le plus souvent », tu plissas un peu le nez, attendri et amusé, articulant ceci pour le rassurer au mieux. « Pas cool », que tu commentas dans un souffle. « Ca se passe bien oui, c'est plutôt cool et les profs sont sympa », dis-tu doucement, le sourire discret. « Je pensais avoir réussi à faire les lapins mais une cliente m'a fait prendre conscience qu'on dirait des cœurs. A part ça, tout se passe bien, j'aime travailler là-bas », tu lui offris un nouveau sourire, détendu. « Et non, promis, je force pas », enchaînas-tu dans un rire léger. « Maman a toujours peur que je force trop », tu observas les alentours, une esquisse discrète aux lèvres, comme si tu observais ce paysage pour la dernière fois. « Elle s'inquiète un peu trop », ajoutas-tu dans un chuchotement, l'esquisse peinée, un léger souffle aux lèvres. Tu gardas le silence un instant, contemplant simplement le paysage. « On pourrait se faire une sortie la prochaine fois ? Genre... le cinéma ? », proposas-tu, le regard vers lui, le sourire léger. « Ou alors je t'embarque avec moi à un entraînement de parkour. On fait pas que sauter dans tous les sens, on discute beaucoup », précisas-tu dans un rire léger. Et ça faisait du bien de discuter de tout et de rien.