⇝ Caolu errait, sans un réel but en tête, si ce n'était qu'elle ne voulait pas rentrer chez elle. Ses parents l'attendaient, ils avaient un dîner ce soir avec des amis de la famille, mais elle n'avait pas le coeur à les rejoindre même si il était encore tôt, elle avait bien consciente que sa mère en ferait une montagne si elle ne rentrait pas suffisamment tôt pour être prête à l'heure. C'était vraiment le cadet de ses soucis actuellement, d'être à l'heure pour s'habiller pour un repas, parce qu'elle n'avait toujours pas dit à ses parents son petit problème depuis qu'elle était allée voir le médecin. Elle devait être contente, elle imagine, que l'amie de sa mère ne lui ait rien dit mais elle se souvenait qu'avant d'être l'amie de sa mère, c'était un médecin avant tout et le secret professionnel c'était important. Elle ne trahirait pas la confiance de Caolu, pas quand elle connaissait la mère de la jeune femme et comment elle prendrait la nouvelle. L'étudiante ne savait toujours pas ce qu'elle allait faire, devait-elle aller jusqu'au bout ? Cela semblait impensable. Allait-elle prendre la décision de s'en séparer ? Même ça, elle ne pouvait s'imaginer le faire, c'était trop cruel. Elle n'avait pas souhaité ce bébé, c'était clair, mais elle ne pourrait se regarder dans un miroir si elle venait à prendre à cette décision, elle pouvait comprendre que certaines le fassent, elle respectait leur choix... mais elle ne se voyait pas le faire. Sa balade l'avait menée jusqu'au Digital Grand Park, elle avait l'habitude de venir courir par ici, pas aujourd'hui mais ça lui ferait sûrement du bien de se poser quelque part, tranquillement, et tandis qu'elle cherchait un coin, son regard se posa sur une jeune femme et un enfant. Elle avait la sensation de l'avoir déjà vue sur le campus, se mordant la lèvre inférieure, des tas de questions en tête avant qu'elle ne finisse par se décider. S'approchant timidement d'elle, elle cherchait ses mots. « Excusez-moi, » elle souffle doucement, se demandant si c'était une bonne idée ou si elle allait la prendre pour une tarée. « Vous êtes à la Yonsei, je crois ? » Comment paraître naturelle... « Je.. sais que ça sort de nulle part comme question mais... c'est votre fils ? »

outfit ⏤ Avec les beaux jours qui reviennent, tu prends plaisir à recommencer à sortir avec Eunji, l'amener jouer au parc, visiter certains quartiers de Séoul, le laisser courir et se dépenser. Ce soir, vous vous êtes arrêtés au Digital Grand Park, que tu apprécies particulièrement. Armée de ton livre (une lecture smut dont tu as discrètement camouflé la couverture avec une autre jaquette), tu regardes avec tout l'amour du monde ton fils gambader joyeusement en direction de l'aire de jeu où d'autres enfants sont déjà occupés.

Une fois sûre qu'il s'est intégré au groupe, les enfants pouvant être particulièrement cruels entre eux, tu rouvres ton livre, te perdant dans les pages, ne relevant les yeux que de temps en temps pour lancer des coups d’œil à ta progéniture. Il revient régulièrement de lui-même vers toi en courant, mi Naruto mi Flash McQueen, pour te confier les petits trésors qu'il trouve et que tu gardes précieusement dans une poche : jolis cailloux, cailloux qui brillent, trucs non identifiés, et tout ce qui va avec.

Tu es en train de t'extasier sur un nouveau caillou bleu qu'Eunji te présente fièrement, bonne maman que tu es, quand tu repères du coin de l'oeil quelqu'un s'approchant timidement de vous. Tu ébouriffes tendrement les cheveux de ton fils avant qu'il ne détale pour retourner jouer avec ses amis d'un jour. Tu poses un regard interrogateur sur la jeune femme qui vient de s'arrêter devant toi. Sa question n'était pas du tout celle à laquelle tu t'attendais et tu clignes des yeux, légèrement confuse. « Je... oui ? Enfin, je veux dire... oui, j'étudie à Yonsei. » Devant n'importe qui d'autre, tu te serais sans doute montrée plus sur la défensive, mais elle a posé sa question d'un air si doux, et elle a l'air si perdue, que tu doutes qu'elle te veuille du mal.

Ton regard passe de la jeune femme à Eunji, avant de revenir sur elle. Où veut-elle en venir ? Tu n'es pas sûre. « Oui, c'est mon fils, tu réponds avec toute la fierté et l'aplomb du monde. » Comme tu sais qu'Hayden ne fait pas la promo de sa paternité, tu ne le traînes pas dans la conversation, sait-on jamais. Tu essaies de relier les infos entre elles, mais ça ne fait pas sens. Pourquoi t'interroger sur Yonsei et ton fils ? « Il y a un problème avec le fait que je sois mère et étudiante ? » Tu essaies d'être la plus neutre possible, mais si elle est là pour te lapider verbalement comme d'autres, air perdu ou non, tu l'enverras bouler. « Aucun règlement de l'université ne m'interdit d'avoir un enfant, si c'est la question. » Okay, tu es peut-être un peu sur la défensive tout de même.

⇝ Il fallait qu'elle rentre, mais Caolu n'en avait aucune envie, non elle n'était pas prête à rentrer chez elle, à jouer la comédie auprès de ses parents, surtout auprès de sa mère parce qu'elle n'avait toujours pas trouvé le courage de lui parler. De lui dire ce qu'il se passait dans sa vie, de voir la déception dans son regard (à aucun moment Caolu se disait qu'elle prendrait bien la nouvelle), non la rousse n'était pas prête à avoir cette discussion avec elle, avec eux. Caolu était perdue, elle ne savait pas quoi faire parce qu'à l'heure actuelle aucune décision ne semblait être la bonne à ses yeux, et elle sentait les changements qui s'opéraient en elle, ce n'était pas physique c'était encore trop tôt pour cela, elle n'avait pas de nausées (bien qu'elle se sentait malade le plus souvent) et son ventre n'avait pas commencé à montrer des signes (c'était encore trop tôt pour ça). Mais la jeune femme sentait que ses nerfs étaient à fleur de peau, et ce n'était pas dans son habitude de se mettre dans des états pareils pour des choses aussi futiles que de ne pas réussir à ouvrir un paquet de pâtes du premier coup. Elle n'était pas habituée, et elle se sentait ridicule. Elle était perdue dans ses pensées, et inconsciemment elle était arrivée près d'un parc, entrant dans ce dernier avec le coeur lourd, l'esprit toujours plongé dans des questions sans réponses, une envie de se poser tranquillement quelque part et d'oublier, et alors qu'elle cherchait cet endroit, elle la vit. Cette fille, Caolu était certaine de l'avoir vue sur le campus, timidement elle s'approcha d'elle, sachant très bien que les questions qu'elle allait lui poser sembleraient déplacées venant d'une inconnue mais le petit garçon qui était avec elle... Elle devait savoir, elle avait besoin de savoir si elle pouvait lui parler, se confier à une parfaite inconnue. « Je vois, je vous ai bien reconnue alors, » elle murmure, jouant nerveusement avec ses doigts, bon comment aborder le sujet ? Et si elle la rembarrait ? Et si elle lui disait que c'était pas ses affaires (parce que ça ne l'était vraiment pas en réalité) ? La rouquine sentit que sa question la surprenait, elle pouvait la comprendre, elle s'attendait presque à être envoyée bouler de suite mais la demoiselle répond avec fierté, ce qui arrache un petit sourire à la basketteuse. « Il a l'air adorable. » C'était timide, passant sa main sur sa nuque en cherchant ses mots, et son silence permit à l'inconnue de passer à l'attaque. Elle se méfiait, c'était normal. « Non, non, non je... » Elle bafouille, elle cherche comment dire ça, « c'est pas du tout ça. » Elle se mord la lèvre, baissant les yeux, sentant ses nerfs lui jouer des tours. « Je... c'est dur ? De devenir maman si jeune ? » Elle n'arrivait pas à le dire ouvertement, mais peut-être que petit à petit...

outfit ⏤ Des discussions étranges, tu en as eu ton lot depuis la naissance d'Eunji. Voire même avant, déjà, quand ton ventre était encore tout rond. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu t'es faite interceptée par des vieilles dames randoms dans les magasins, qui te prodiguaient mille et un conseils parfois un peu étranges concernant ton bébé. Mais c'est bien la première fois qu'on t'aborde ainsi "parce qu'on t'a reconnue de Yonsei", et ça t'intrigue... pour ne pas dire que ça t'inquiète.

Tu te détends néanmoins quand elle qualifie Eunji d'adorable. En même temps, elle te prend par les sentiments et tu es une fière maman, comment veux-tu résister ? Cela ne t'empêche néanmoins pas de te montrer farouche par la suite, défendant ton statut de mère célibataire et d'étudiante. Il serait temps que la société change de vision au sujet de choses comme celle-là, parce que c'est franchement épuisant de devoir sans cesse justifier tes choix ou ta situation. Parce que OUI, ton célibat n'est pas un choix, t'attire juste les relous et pas les mecs biens. Bref. Anyway. Tu t'éloignes du sujet.

La rousse a l'air complètement prise par surprise par ta soudaine véhémence, et un instant tu t'en veux, elle avait l'air déjà si perdue quand elle t'a abordée, tu ne veux pas lui faire peur. Elle a l'air... inoffensive. « Désolée, tu finis par t'excuser en voyant son état de enrvosité. C'est juste... l'habitude. Je ne voulais pas réagir aussi vivement... »

Fermant ton livre en oubliant complètement d'y remettre ton marque page, tu fronces les sourcils à sa question. Si c'est dur de devenir maman aussi jeune. Confuse, tu penches légèrement la tête en observant la jeune femme. Ce n'est pas une innocente question, ça ne peut pas l'être. Et tu ne sais pas ce qu'elle attend comme réponse. Quelque chose d'encourageant, à priori. Mais ce n'est malheureusement pas la réponse qu'elle aura. Tu hésites un instant avant de te décaler sur le banc pour lui offrir un peu de place. « Je ne pense pas que ça soit l'âge qui détermine si devenir maman est dur ou non. » C'est quelque chose qui t'a beaucoup trotté dans la tête, à l'époque. Tu étais "si jeune", c'était "si tôt". Tu te le disais à toi-même, et ton entourage te le répétait aussi. « Enfin, ça peut être une source de complications, mais ce n'est pas... ce n'est pas... » Tu butes sur tes mots, tu t'interromps. Laissant échapper un soupir, tu tritures machinalement la couverture de ton livre, réarrangeant tes idées. « Ma grossesse n'a pas été facile, je l'admets. En partie parce que j'étais jeune, sans diplôme, sans revenus... si j'avais eu dix ans de plus, ce sont des éléments qui ne seraient probablement pas entrés en compte. » Tu n'aurais pas été aussi paniquée à l'idée de ne pas pouvoir subvenir correctement aux besoins de ton fils. « Mais ce qui a rendu la chose vraiment compliquée... tu hésites un instant, cherchant tes mots, cherchant comment formuler ce que tu veux dire. C'est l'entourage. » Tu ne devrais peut-être pas être aussi honnête avec quelqu'un que tu ne connais pas, sur un sujet aussi sensible et intime, et c'est pourquoi tu ne développes pas, mais elle méritait une réponse sincère. Et elle est là, ta vérité à toi : ta grossesse a été compliquée, du moins les premiers mois, parce que tu n'avais personne. Hayden refusait de reconnaître sa part de responsabilité et t'a apporté plus d'angoisse que de soutien, tu n'osais pas en parler à tes parents, plein d'amis et de connaissances t'ont tourné le dos parce que ça faisait "mauvais genre" d'être mère célibataire à ton âge. Tu as beaucoup tâtonné dans le noir avant de commencer à trouver tes marques, à trouver des repères.

Tu poses un regard curieux sur la demoiselle, cherchant à comprendre. « Il y a... quelque chose qui te tracasse ? » Deux possibilités te viennent en tête. Sa famille ou son petit ami qui la presseraient pour qu'elle donne naissance à un enfant (comment ça tu vois trop de dramas ? comme si ce genre de situation malsaine n'arrivait que là !). Ou, la plus évidente... « Est-ce que tu... est-ce que tu es enceinte ? » Tu aurais aimé pouvoir poser la question plus doucement, la formuler autrement, mais les mots te manquent.

⇝ Caolu avait bien conscience que s'approcher de la jeune femme de cette façon et de lancer la conversation ainsi n'était pas ce qu'on appelait quelque chose qu'on faisait d'ordinaire, en réalité la basketteuse aurait même clairement compris si la demoiselle l'envoyer bouler parce qu'elle n'avait pas à lui répondre. C'était son droit de ne pas apprécier les questions de la rouquine, elles étaient intrusives, elles ne se connaissaient pas. Elle avait tous les droits de l'envoyer bouler, mais ce ne fut pas le cas, au contraire elle répondait avec méfiance mais également avec fierté, une attitude qui arracha un sourire à Caolu tandis qu'elle observait le garçon avant de reposer son regard sur la demoiselle. Quand cette dernière reprend la parole, Caolu bafouille, elle ne sait pas trop quoi répondre au début et sa surprise semble détendre légèrement l'inconnue, l'étudiante levant les mains en bafouillant toujours plus mais cette fois pour lui faire comprendre que ce n'était rien. « Non, vous en faites pas, je comprends totalement. » Elle avait dû en voir des vertes et des pas mûres par rapport à son fils au vu de son âge, leur société avait beaucoup à apprendre sur comment arrêter de juger la vie des autres. « C'est moi, je suis venue comme ça et... je voulais pas vous vexer ou penser que je vous jugeais pour ça. » Ce n'était clairement pas du tout le cas, bien au contraire, elle avait besoin d'aide, elle voulait pouvoir se confier à quelqu'un et qu'on lui disait que tout irait bien. Elle savait pourtant que c'était rêver, peu importait ce que certains contes de fée puissent laisser penser, la vie n'était pas toute rose, et la grossesse n'était pas non plus une épreuve facile. Une épreuve. Voilà comment elle voyait cette nouvelle à l'heure actuelle, pas quelque chose de beau, pas quelque chose qu'elle avait envisagé jusqu'à présent... « Je m'en doute bien oui. » Mais la maturité venant avec son âge devait aider ne serait-ce qu'un peu non ? Une ado qui tombait enceinte n'allait pas réagir comme une adulte qui approchait la trentaine ? Peu importe si c'était positivement ou non, les plus âgées pouvaient réagir de manière bien plus puérile aussi... Elle reste silencieuse, Caolu, quand la jeune femme se met à raconter son histoire dans les grandes lignes, ses yeux bruns observant la demoiselle alors qu'elle tentait de son mieux de ne pas la regarder avec pitié, elle n'aimerait probablement pas cela mais comment ne pas être touchée par ça ? Et elle rejoignait les pensées de la chinoise, oui en étant plus adulte certaines questions ne se posaient pas, ou plutôt elles se posaient différemment. « Oui, on a pas forcément les mêmes aides plus tard que maintenant... » Caolu murmure, et quand la demoiselle continue, finissant par parler de l'entourage, la rousse plante une fois de plus son regard sur elle. Voilà. C'était le point qui lui faisait peur. Caolu savait que ses parents ne prendraient pas forcément bien la nouvelle, sa mère étant la réaction qu'elle craignait le plus. « Ils... » Elle n'osa pas continuer, parce que cela ne la regardait pas, elle n'avait pas à lui poser la question si elle-même n'avait pas précisé de son côté, la réponse semblait pourtant évidente. Ses proches n'avaient pas été là pour elle, peut-être par ignorance de ce qu'il se passait ou simplement parce qu'ils n'ont pas voulu l'aider à cause de ça. Le rejet, Caolu n'avait pas envie de le vivre. À la question de la demoiselle, Caolu reste silencieuse au départ avant de murmurer, « Oui... oui il y a quelque chose. » Et au vu de la question qu'elle avait posé, elle ne tarda pas à faire le lien, cette nouvelle question qui la fait pincer les lèvres, ses émotions devenant soudainement trop instables, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Qu'elle le dise, le pense était une chose, que son médecin lui en parle aussi, mais que quelqu'un d'autre prononce ce mot ? Ça rendait encore plus réel ce qui lui arrivait. Alors elle hocha doucement la tête, parce qu'elle ne faisait pas confiance à sa voix pour ne pas la trahir, se sentant soudainement vulnérable comme elle ne l'avait jamais été avant.

outfit ⏤ Tu essaies de répondre à ses questions sans trop t'avancer dans les détails. Elle est une inconnue, elle n'a pas à connaître l'entièreté de tes déboires de grossesse. Tu souris doucement à sa remarque... elle ne pourrait pas plus être dans le vrai. Que ce soit une aide financière ou morale, l'âge joue beaucoup comme tu as pu le remarquer.

Tu penches légèrement la tête à ce qui ressemble fortement à un début de question, mais elle s'interrompt très vite et tu ne relèves pas. Tu peux babiller des heures sans t'arrêter sur du tissu, ton couturier préféré ou le dernier livre que tu as lu, mais quand ça touche à ton fils, ta grossesse ou ta famille, tu as tendance à te refermer, à protéger cette part vulnérable de toi. Néanmoins, tu ne peux pas laisser quelqu'un vivre ce que tu as vécu, traverser une telle situation telle une épreuve assommante. Si ton expérience peut servir, alors tu t'ouvriras avec plaisir à cette personne pour tenter de l'épauler au mieux, comme tu aurais aimé qu'on t'épaule aussi. Alors tu essaies de poser la question, doucement, de ne pas la brusquer. Tu demandes si quelque chose la tracasse, et la réponse arrive après un petit temps de pause. Oui. C'est tout ce dont tu as besoin pour comprendre.

Quand tu poses à nouveau le regard sur le visage de poupée de l'inconnue et que tu vois ses lèvres pincées, les larmes qui commencent à briller dans ses yeux, tu sais que tu as visé juste. Son hochement de tête ne fait que confirmer tes suspicions, et tu perds d'un coup toute réserve envers elle. « Oh, trésor... » Beaucoup de gens auraient ajouté par automatisme un "Félicitations" ou un "Je suis désolée", mais non, pas toi. Tu sais ce que ça fait d'entendre ces mots, tu connais leur poids. Alors, à la place, tu viens passer tes bras autour de ses épaules, l'attirant dans une étreinte rassurante. Peut-être qu'elle te repoussera, n'appréciant pas le contact d'une personne qu'elle ne connait ni d'Ève ni d'Adam, et tu ne lui en tiendras pas rigueur. Mais peut-être aussi a-t-elle désespérément besoin d'un tel contact. Tu sais que toi, tu aurais tout donné pour qu'on te serre dans tes bras en te disant que ça irait. Tu en avais tellement besoin, et tu n'avais personne... « Ça va aller, je ne te laisserai pas seule. Si tu as besoin de quelqu'un, de quoi que ce soit pour t'accompagner, je suis là. » Tu lui tapotes doucement le dos. Tes mots sont sincères : vous ne vous connaissez pas, mais si elle a besoin d'une main tendue pour l'accompagner, tu seras là. Tu as tellement galéré au début de ta grossesse, ne sachant vers qui te tourner, n'osant pas demander quoi que ce soit avant de découvrir en Jaewon un ami de confiance. « Pleure si tu en as besoin, tu murmures avec douceur. Ça fait du bien, crois-moi.  » Tu vois bien qu'elle est perdue et au bord des larmes, tu as retenu longtemps les tiennes à l'époque, pensant que tu n'avais pas le droit de t'apitoyer sur ta situation, que tu étais fautive. Alors que non. Pas du tout. La faute à la vie, la faute à pas de chance, aux probabilités. Tu n'étais pas malheureuse d'être enceinte, loin de là, tu étais juste malheureuse de la situation : pas en couple ; Hayden qui freinait des quatre fers à l'idée d'endosser ses responsabilités de père, et l'aide dont il te privait ; ta petite vie toute tracée qui avait violemment dévié de ses rails.

Si elle ouvre les vannes, tu attends patiemment que la crise de larmes passe, avant de lui tendre un mouchoir. Si elle tient bon, tu continues simplement à parler, sur le ton le plus apaisant possible. « Je m'appelle Yujeong. Et toi ? » Tu n'avais pas remarqué ton fils qui s'est rapproché de vous, toute concentrée que tu étais sur la future maman en détresse. « Moi c'est Eunji ! Faut pas être triste ! Hein Maman ? Regarde madame, j'ai trouvé un beau caillou brillant ! » Et ta petite tornade solaire qui, après avoir joyeusement babillé avec ses mots d'enfant, dépose son fameux caillou brillant sur les genoux de Caolu pour ensuite repartir vers de nouvelles aventures dans le bac à sable. Malgré toi, il t'arrache un petit rire. « Désolée, il est un peu comme moi, trop curieux. »

⇝ Caolu ne savait pas comment amener le sujet, ce n'était pas comme si elle pouvait parler à une totale inconnue comme si elles étaient des amies de longue date. Et vous savez quoi ? On ne se connait pas mais je suis enceinte et on semble avoir le même âge, vous avez un enfant, vous pouvez me donnez des conseils ? Non, réellement, c'était pas une façon de faire et encore moins de parler avec elle de ce sujet de but en blanc comme ça. Elle allait la prendre pour une tarée, si ce n'était pas déjà le cas vu sa façon de l'approcher. Mais elle ne l'avait pas envoyé bouler, et pour ça, Caolu en était vraiment très reconnaissante, parce que ce fut plus facile de laisser échapper le reste quand la jeune femme mit des mots sur ce qu'elle n'arrivait pas à dire. Elle était enceinte, oui. Qu'une inconnue le dise à sa place, ça rendait tout ça plus réel que ça ne l'était déjà et Caolu sentit les émotions se coincer dans sa gorge quand elle hocha la tête pour confirmer. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux quand la jeune femme vient entourer ses bras autour d'elle, se mordant la lèvre si fort qu'elle sentait presque le sang dans sa bouche. Elle resta de longues secondes les bras le long du corps, ne sachant pas comment réagir à ce contact, il y a encore quelques minutes on aurait dit qu'elle était prête à sortir les griffes pour l'attaquer si Caolu était là pour la juger ou se moquer de son fils, et maintenant ? Elle faisait ce que Caolu espérait vivre avec sa propre mère si elle l'apprenait, tout en sachant pertinemment qu'elle ne le ferait jamais. « Est-ce que ça va vraiment aller ? » Elle marmonne, un sanglot lui échappant. Enfin elle bougea, ses bras venant entourer le corps de la jeune femme, de nouveaux sanglots qu'elle ne peut retenir. Quand elle l'invita à pleurer pleinement, c'est ce qu'elle fit, laissant les larmes couler sans retenue et sa voix s'étranglant quand des gémissements lui échappèrent. Combien de temps elle resta dans ses bras à pleurer ? Caolu l'ignorait mais quand elle sentit qu'elle n'avait plus la force de pleurer, elle tenta de retrouver le contrôle de sa respiration, des hoquets ayant pris le relai des sanglots. Acceptant le mouchoir qu'elle lui tendit, elle sourit doucement quand elle se présenta. « Ca-Caolu. » Sa voix était faible et rauque après toutes ses larmes. Pourtant quand le petite garçon entra dans la conversation, elle ne put retenir un rire, même si elle avait les yeux rouges et bouffis, elle adressa un petit sourire au garçon. « Enchantée Eunji. » Elle murmure avant de baisser les yeux vers le caillou qu'il avait posé sur ses genoux, Eunji étant déjà reparti vers d'autres occupations loin des deux femmes, les mots de Yujeong qui la fit tourner son visage vers le gamin pendant plusieurs secondes avant de revenir vers celle qui était restée à ses côtés. « C'est un enfant, c'est de son âge. » Caolu souffle, elle avait été comme ça quand elle était petite elle aussi, toujours à courir à droite et à gauche, sa mère la surveillant en lui disant de faire attention. Est-ce qu'elle serait capable d'endosser ce rôle ? Elle n'en était pas sûre. « Ça me semble tellement irréel. J'arrive toujours pas à y croire. »

outfit ⏤ Tu as donc raison, elle est enceinte. Du moins c'est comme ça que tu interprètes son petit mouvement de tête alors qu'aucun son ne semble pouvoir sortir de sa bouche. En même temps, tu comprends bien... elle ne se serait pas adressée à une inconnue si ça avait été un évènement prévu et désiré. Et tu te souviens parfaitement de ce que tu as ressenti en découvrant ces maudites petites barres sur les tests de grossesse, la peur, l'angoisse, l'incompréhension, l'impression que la vie vous joue un mauvais tour.

Si va aller ? À vrai dire, ce sont des mots de réconfort lambdas, qui ne sont destinés qu'à apaiser sans être réellement porteurs de sens. Mais toi, tu y crois. Parce que tu seras là. Tu seras là si elle veut que tu l'accompagnes. Parce que, si tu peux l'éviter, tu ne veux pas qu'elle soit aussi perdue que tu l'étais. « Oui, ça va aller, je te le promets, tu répètes dans un murmure alors qu'elle éclate en sanglots dans tes bras. » Alors tu la serres un peu plus contre toi, venant lui caresser doucement les cheveux, essayant de te montrer la plus rassurante possible. Tu es émue au delà du possible, et tu jures que tu seras présente pour elle.

Caolu. C'est adorablement mignon comme prénom, ça. S'en suit un "interlude Eunji" qui semble redonner quelques couleurs à la jeune femme et lui arrache même un petit rire. Tu observes les interactions des deux avec tendresse et... attention. Contrairement à ce que la société tente de faire croire aux gens depuis des millénaires, toutes les femmes ne sont pas aspirantes-mères par nature. Si pour toi c'était une évidence, tu voulais des enfants, ce n'est pas le cas de tout le monde et c'est parfaitement okay. Jamais tu ne pourras juger quelqu'un sur ça. Mais la question reste : Caolu souhaite-t-elle garder cet enfant à venir ? À en juger par ce que tu vois, elle ne doit pas encore être très avancée... mais toutes ces questions que tu as sur le bout de la langue devront attendre. De toute évidence, la nouvelle est trop récente, elle est encore dans l'émotionnel pur et dur, les questions techniques viendront plus tard.

Tu lui serres doucement la main, le regard empli de compassion. Tu étais pareille qu'elle, à l'époque, incapable de croire ce qui t'arrivait, incapable de te dire que c'était tombé sur toi. « Je n'osais pas y croire non plus quand j'ai découvert le résultat du test. Je pensais que c'était une erreur... mais les erreurs ne se répètent pas sur quatre tests consécutifs. » Tu essaies de dire les choses avec légèreté, de faire un peu d'humour, mais il est clair qu'à l'époque tu n'en avais pas mené large. Tu marques un léger temps d'hésitation avant de continuer. « Là où j'ai eu de la chance, c'était que je savais depuis longtemps que je voulais des enfants. Ce n'était pas ainsi que j'avais imaginé ma première grossesse, mais j'ai fait avec. Je n'étais même pas en couple ! » Tu émets un petit rire dénué de toute joie à ces derniers mots, la scène de l'annonce à Hayden se rejouant sous tes yeux. Ça n'avait été agréable ni pour lui ni pour toi, et tu ne peux que espérer que le père de l'enfant de Caolu sera un peu plus complaisant par rapport à tout ça. Et au pire... tu es l'exemple qui prouve que ça peut marcher. Tu aurais continué ta route seule si Hayden n'avait pas fini par décider qu'il voulait connaître son fils, tu te serais battue de toutes tes forces pour y arriver. Et aujourd'hui, même si vous n'êtes pas ensemble et que vous ne le serez jamais, tu t'occupes de ton fils la tête haute, sans te soucier de ton célibat. « Est-ce qu'il y a des choses que tu voudrais savoir ? tu demandes doucement. Sur moi, ma grossesse, Eunji... qu'importe. Je me doute que tu te sens perdue, j'avais tellement d'interrogations quand j'ai découvert que j'attendais un enfant, et personne à qui me confier. Je ne veux pas que tu ressentes ça. » Puis faire un peu connaissance ne serait pas mal, si vous devez être amenées à vous rapprocher dans les prochains mois.

⇝ Caolu sentait les larmes monter, jusqu'au moment où ce n'était plus possible pour elle de les retenir, encore moins quand la fameuse question fut enfin posée par la jeune femme. Une évidence, au vu de ce qu'il s'était passé avant, la venue de Caolu auprès d'elle, les questions posées par la chinoise, sur son fils, sur elle... Oui elle était enceinte, et que ça soit une inconnue qui soit la première au courant (si on ne comptait pas son médecin de famille, mais le secret médical tout ça), Caolu ne savait pas comment le prendre. Les larmes qu'elle ne peut plus retenir, les mots glissant entre ses lèvres, est-ce que ça allait vraiment aller ? La rouquine avait du mal à y croire car à cet instant précis, elle pensait que son monde entier s'écroulait sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit pour le garder en état. La jeune femme l'avait prise dans ses bras, mais l'étudiante mit du temps à répondre à cette étreinte, les sanglots secouant son corps, la gorge serrée avant qu'elle enroule ses bras autour d'elle. Caolu avait fait de son mieux pour être forte, parce qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même jusqu'à présent mais même les personnes les plus fortes pouvaient craquer quand ça devenait trop... ce qui était le cas pour elle dans les bras de cette fille. Une étreinte réconfortante comme elle espérait l'avoir de la part de sa mère, alors qu'elle ne savait même pas comment cette dernière allait réagir, son père ? Elle n'avait pas peur de sa réaction mais sa mère ? Elle ne supporterait pas de voir la déception dans son regard. Aux mots de la demoiselle, Caolu se mord les lèvres, elle avait envie d'y croire, elle voulait y croire, mais c'était si dur. Est-ce qu'elle aurait la force d'aller jusqu'au bout ? De supporter tout ça ? Ce n'était pas rien, une grossesse, ça impliquait tellement de choses... Quand la rouquine réussit à se calmer suffisamment pour se détacher d'elle, elle accepte le mouchoir tendu, essuyant les larmes quand le petit garçon s'avança vers elles, ses mots qui firent rire la chinoise, un éclat de bonne humeur qui la traversa face à l'innocence de l'enfant, rassurant sa mère que ce n'était rien, c'était les enfants, curieux comme tout, elle l'avait été à l'époque elle aussi. Caolu regarda le gamin jouer plus loin, à courir dans tous les sens, les mots glissant entre ses lèvres sans qu'elle parvienne à les retenir, mais en même temps, si ils sortaient c'était pour une bonne raison non ? « Non effectivement. » Elle souffle, quatre tests ? Dire que pour elle, c'était un simple check up parce qu'elle se trouvait pas en forme... Tournant son visage vers Yujeong, Caolu se mord la lèvre avant de reprendre la parole. « Je ne sais pas... Je n'ai aucune idée si j'ai envie d'être mère ou pas, ça n'a jamais été une question que je me suis posée. Jouer gamine avec mes poupées d'accord ? Mais j'étais gosse, je ne me disais pas que plus tard j'en voulais également. C'était beaucoup plus simple à l'époque. » Elle murmure, passant une main sur son visage, l'autre dans ses cheveux, tirant sur eux comme pour se donner un électrochoc. La présence de Yujeong était réconfortante, Caolu en avait besoin, et comme elle lui proposait... si elle avait la moindre question, elle pouvait l'aider. Mais comment choisir ? Par quoi commencer ? Il y avait trop de choses qui inquiétaient la jeune femme. « Je... j'ignore si je veux le garder ou non... » Caolu finit par murmurer, mais c'était si bas. « Est-ce que ça fait de moi un monstre ? De songer à ça ? »

outfit ⏤ Tu continues à la serrer contre toi, à lui transmettre toutes les bonnes ondes et l'apaisement donc Caolu a besoin. Son monde vient de faire un tour sur lui-même, c'est normal de se sentir aussi démuni, tu l'as vécu.

Effectivement, tout est toujours plus simple quand on est enfant. On ne se rend pas compte des choses, on n'a pas la maturité ou la connaissance, et tout se règle toujours par magie. Mais une fois adultes, on se rend compte que la magie n'est rien que de la poudre aux yeux et que rien ne se règle seul. Toi tu as eu la "chance", entre grosses guillemets, de toujours avoir su que tu voulais être mère. À vrai dire, tu aurais été dévastée de découvrir que tu ne peux pas l'être ou que ton compagnon ne partage pas les mêmes vues d'avenir. Finalement, tu es parfaitement capable d'avoir des enfants et tu n'as pas à te soucier de l'avis d'un compagnon puisque que tu n'en as pas, et tu sais désormais que ta priorité sera Eunji. Alors quand elle parle de ne pas savoir si elle veut être mère, si elle veut garder ou non l'enfant... ton coeur se brise, mais pas à l'idée qu'une vie ne puisse naître. Non, ton coeur se brise à l'idée du dilemme terrible que Caolu vit en ce moment. « Bien sûr que non ! tu la détrompes immédiatement avant que l'idée ne s'implante en elle. Tu n'as pas demandé à tomber enceinte et élever un enfant n'est pas une décision légère. Tu as le droit de refuser. » Mais ce que tu ne lui dis pas, parce qu'elle n'est clairement pas en état de l'entendre, c'est que ce sera un parcours du combattant. Les gens la critiqueront pour ce choix, on ne lui tendra pas la main aussi facilement que si elle décidait de le garder. Des gens tenteront de la culpabiliser ou de la pousser sur un autre chemin. Hell, tu sais que certains lui serviront un discours selon lequel il serait mieux qu'elle porte l'enfant puis l'abandonne, pour toutes ces familles qui ne peuvent pas procréer.
Oh comme tu as détesté comme on a tenté de te culpabiliser parce que tu étais une mère célibataire et donc, selon la société, pas apte à élever ton enfant.

Délicatement, tu recules légèrement pour pouvoir mieux farfouiller dans ton sac. « Tu as ton téléphone sur toi ? Je vais te donner mon numéro. Je promets d'être là si tu as besoin de quoi que ce soit. Tes rendez-vous, des moments pour juste parler, vraiment, n'importe. Je ne te laisserai pas traverser ça seule, d'accord ? » Parce que si la première personne à laquelle elle se confie sur sa situation est une inconnue dans un parc, tu imagines sans mal que sa famille ne risque pas de se révéler très supportive. Puis tu connais des gens, tu sais vers qui l'envoyer en cas de besoin. Jaewon, par exemple ! Même s'il n'est pas pédiatre ou dans ces branches-là, tu sais qu'il sera de bons conseils niveau médical.

Continuant à fouiller dans ton sac, tu en sors une bouteille d'eau scellée que tu lui tends. « Tiens, bois un peu... tu auras un gros mal de tête sinon. » Pour avoir versé toutes les larmes de ton corps à de nombreuses reprises, c'est un fait que tu connais bien.