Outfit 29 Avril, 2024

87 jours. C'est le décompte que t'offre ton téléphone à ton réveil. 87 jours avant que tu ne te retrouves sur la fameuse piste. Cette piste qui sera devant les caméras et le monde entier. Tu as hâte, mais tu es aussi extrêmement nerveux rien qu'à y penser. C'était officiel, tu étais qualifié et il ne te restait qu'à te reposer, étudier tes adversaires et être en forme pour le grand jour. Les entrainements avec l'équipe nationale commenceront la semaine prochain afin que vous puissiez développer un esprit de compétition et de camaraderie. Ça va être ta première fois et juste à l'idée de côtoyer des gens que tu admires depuis si longtemps, te rend tout simplement fébrile. Tu n'arrives pas a y croire. T'as l'impression de rêver.

Tu regardais l'heure sur ton téléphone, 5:15 du matin. Dans un soupir tu te levais, enfilais une tenue de sport et sortait discrètement du dortoir. Tes colocs étaient tous bien endormis alors que toi, tu sortais pour ne faire que ce que tu excellais = t'entrainer.

En commençant par choisir une musique entrainant, écouteurs dans les oreilles, quelques petits étirements plus tard tu t'engageais dans une petite course à pied jusqu'au centre sportif du campus. Une quinzaine de minutes plus tard, tu étais maintenant sur place, faisant un détour par ton casier pour y prendre ta bouteille d'eau et le sac ou était si précieusement rangé ton sabre. Rapidement, tu montais vers la salle de danse, tu avais vérifié, elle était libre jusqu'à midi, ainsi tu auras le temps et l'intimité pour t'entrainer. Une fois dans la salle, tu retirais tes écouteurs, branchais ton téléphone sur la connexion Bluetooth et y faisais jouer ta playlist, première chanson qui raisonnait: Guilty

Poison apple 홀린 채 You wanna take a bite Les mots raisonnaient dans la salle, tout bas tu ne pouvais t'empêcher de murmurer les paroles alors que dans un automatisme qui surpassait le robotique, tu t'asseyais au sol, commençant par t'étirer.

@Kataise Yuma Enoha

29 Avril, 2024

Déménager en Corée du sud a certainement été la meilleure décision qu’il ait prise. S’éloigner des médias japonais trop envahissant et de tout ce qui lui rappelait encore des mauvais souvenirs. C’est encore compliqué par moment, mais ce changement drastique a été comme une renaissance pour l’ancien patineur. Après avoir perdu leur seul objectif de vie qu’il avait, Yuma a trouvé une autre raison de se lever le matin et de se battre contre ses démons : transmettre à la prochaine génération. Il aurait pu le faire au Japon, d’ailleurs certains médias japonais ne se sont pas faire une analogie entre son départ en Corée du sud et une forme de trahison pour son pays natal. Heureusement, cette idée ne s’est pas propagée et est restée une exception, mais ça lui a tout de même fait mal au coeur… Yuma est attaché à son pays de naissance, mais il ne lui a pas toujours bien rendu. Du moins, les médias qui ont cherché à faire de lui une célébrité plus qu’un athlète, ont contribué à son envie de changer d’air. Certains passionnés le reconnaissent aussi à Séoul, cependant, ce n’est rien comparé à ce qu’il devait vivre au Japon. Il n’a jamais voulu toute cette popularité, il voulait juste vivre son rêve. Après tout ce qu’il a traversé, retomber dans l’anonymat était une nécessité.

Ce quotidien plus tranquille de professeur lui convient. Moins de pression, plus de temps pour prendre soin de lui et vous n’imaginez même pas à quel point il en a besoin. Les compétitions lui manque parfois… L’adrénaline, la sensation de planer, l’envie de se surpasser… Il aurait pu continuer, mais cela signifiait aussi risquer sa santé, risquer de ne plus pouvoir mettre un pied sur la glace. Si sa blessure se rappelle encore à lui par moment, prendre le temps de souffler lui a été bénéfique. Il ne guérira jamais totalement, toutefois, le pire a été évité. Cela fait près d’un an que Yuma vit à Séoul. Une certaine routine s’est établie au fil du temps. Le matin, il arrive toujours bien avant ses étudiants, pour avoir du temps pour lui, être seul sur la glace. Renouer avec ce sport qui l’a fait vibrer, autant qu’il l’a brisé.

Le patineur lève les yeux en arrivant à la patinoire. Ce n’est pas la première fois qu’il constate que la salle de danse à l’étage est occupée. Il sait très bien par qui… Elliot. Un de ses étudiants, indirectement. Ils se sont croisés lorsque vient son tour de dispenser des ateliers de souplesses, de renforcement de l’équilibre et autre indispensables pour certaines disciplines. Elliot ne patine pas, il fait de l’escrime. Pourtant, pour ce que Yuma a pu en constater, il y a des points communs. Un patineur comme un escrimeur se doit être souple, vif, d’avoir un bon équilibre et des appuis solides. Ce jeune homme a attiré le regard du professeur bien malgré lui. Certainement parce qu’il se revoit en lui. Yuma a entendu dire qu’Elliot fait partie des sélectionnés pour les prochains Jeux-Olympiques. Il n’a aucun mal à imaginer l’état d’esprit du jeune homme à l’approche de cette compétition si importante. Il est passé par là… Au lieu d’aller enfiler ses patins et rejoindre la piste glacée, Yuma se laisse porter par la musique à l’étage. Une mauvaise idée probablement… Il n’a rien à faire là-haut. Et pourtant, il ne peut s’empêcher d’admirer le jeune homme. Il n’y connaît rien en escrime, peut-être est-ce pour ça qu’il est autant fasciné. Yuma a toujours été curieux des disciplines sportives à l’opposée de celle qu’il maîtrise si bien. Elliot a l’air doué… Du moins, il peut le supposer, s’il a été retenu pour rejoindre l’équipe nationale. Il ferait mieux de tourner les talons tant qu’il le peut encore...

@Xu Elliot

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L'enfer

“Une fois le cœur brisé, pas besoin d'l'appeler. La solitude débarque, elle vient vite te trouver. Elle n'attend pas qu'tu ouvres, non, elle entre sans frapper. Tes coups d'blues sont, pour elle, un quatre heures à bouffer”

Tu t'étirais avec précautions, les échauffements étaient souvent quelque chose que tu avais tendance à faire rapidement sans trop y penser, mais c'était important, même probablement la chose la plus important que tu devais faire. Important de ne pas se blesser tout de même. La basse raisonnait jusqu'à dans le plancher, ça te prenais les trippes, tu ne sais pas pourquoi mais cette chanson était carrément un sortilège sur tes sens. Finissant tes échauffements au sol, tu te relevais, sautillais sur la pointe de tes pieds, allégeais tes pas, feintais quelques esquives, faisais accélérer ton rythme cardiaque avant de t'arrêter. T'étais prêt à commencer les choses un peu plus sérieuses.

Carrément dans ta bulle, dans ton petit monde, dans ta zone, tu continuais à murmurer les paroles que Taemin chantait, t'avançant vers ton sac qui reposait sur le sol, tu t'accroupissais pour y ouvrir la fermeture éclaire. Ton sabre apparaissais sous tes yeux, tu prenais quelques secondes pour l'admirer, dire que dans quelques semaines, ce sabre t'accompagnera dans l'étape la plus importante de ta vie. Tu te relevais, pliais légèrement la lame pour la rendre plus flexible, t'avançant au milieu de la salle, tu pratiquais quelques feintes avant de vraiment t'y mettre dans les enchainements, différentes tactiques que tu repassais sans arrêt dans ta tête, des enchainements que tes pieds faisaient d'une légèreté et automatisme sans pareil.

Ta cadence variait, tes pas étaient imprévisibles, tes attaques variaient, t'avais chaud et tu pouvais déjà sentir les perles de sueur se former sur ton front. Tu tentais de contrôler ton souffle, d'éviter de montrer tes intentions dans ton visage, tu te retournais vers le miroir pour mieux observer ce que tu faisais lorsque tu remarquais une figure dans la porte. Tu t'arrêtais net et te retournais vers la porte, un peu surpris de voir un visage aussi tôt. Tu t'inclinais respectueusement, saluais ton professeur, tout en te redressant tu renvoyais ta crinière vers l'arrière. Sensei, la salle t'étais réservée? oui tu l'appelais Sensei, t'avais comme l'impression qu'il te fallait respecter son statut et ses origines. Tu aurais pu l'appeler Ssaem comme le faisait tous les autres, mais tu trouvais que le dire à la japonaise était le minimum que tu pouvais faire.