J'ai eu une journée éprouvante. Ma première journée dans cette université. Ma première journée en tant que professeure de danse classique. Je voulais abandonner l'idée, que je n'aurai plus jamais rien à voir avec la danse. Je ne pouvais me résoudre à abandonner cet art, mon art. C'était trop important. Ne plus être sur scène, ne plus m’entraîner... C'est un fait. Mais faire disparaître tout cela de ma vie c'en est une autre. Alors je me suis penchée sur la question. Et une année après mon arrivée en Corée, j'ai décidé de transmettre mon savoir. D'apprendre aux jeunes, un minimum intéressés, de bouger avec toute la grâce que la danse classique l'exige. Mais tout élève n'est pas facile à vivre. J'ai donc décidé de changer de fac. Trop odieux, imbus d'eux même. Qu'ils se débrouillent seul, ma foi. Tout cela était une perte de temps. En étant prof, je cherche à être utile à autrui. A partir de ça, si on vous néglige... vous pouvez plier bagage.


Me voici nouvelle, parmi la foule. Je me déplace, je fais connaissance, je me présente... tout ce qui est d'usage lors d'une fraîche arrivée. Mais j'étais épuisée. Comme si cette journée était en réalité le bout de ma vie. Mais cela sera moins chargé les autre jours. Je partais optimistes. Et les élèves ont l'air plutôt sympathique. Nul n'est parfait, mais l'ambiance semble bonne. Et je pars pleine d'espoir pour cette année. Malgré mes quelques faiblesses, j'étais sûre que j'allais apprécier mes cours.


Il commençait à faire tard. Et pour ce premier jour, je restai déjà un moment dans la salle des professeurs. Je consultais mes documents médicaux, j'essayais de comprendre tout ces chiffres, pourcentages, et blabla scientifiques... rien à faire, il me fallait voir un médecin. Mais ce n'est pas ça qui m'a trotté dans la tête, depuis que j'ai franchi le seuil de la porte d'entrée. Non, j'étais préoccupée par autre chose.


Trop prise par cette rentrée, je n'ai pas eu l'intelligence de demander à quelqu'un. Je n'ai pas eu le réflexe d'en arrêter un, pour demander quelque chose de pourtant très simple. Non au lieu de ça... je me suis contentée de les chercher du regard, quand je longeais les couloirs.

Soupirant, je me lève de ma chaise en récupérant mes affaires, finissant mon café d'une traite. Ah ce qui me manquait bien ici, c'était les bons cafés italiens bien corsé. Ca me revissait les boulons, du moins pour une petite heure et demie ou deux.
Je quittai alors les lieux, reportant la chose à demain. Tout sera plus tranquille.

Clic. Clac. Clic. Clac. Un pas rapide, presque pressé. Il fallait que j'aille à l'hôpital. Puis il fallait que je rentre chez moi, en espérant que Dong Gun serait là. Ca me ferait vraiment plaisir. Je pense... que ça me ferait plus de bien qu'un café italien.

Mais alors que je cherchais mes clefs dans mon sac, j'entendis des pas autre que les miens. Je relevai la tête et vit un jeune homme, un occidental. Peut-être était-il élève ici ? Qui ne tente rien à rien, et j'étais soudainement optimiste.

« - Excusez moi, bonsoir... Je sais que c'est un peu soudain mais est ce que vous connaissez Ha Jin Sil et Ha Rae Won ? Je sais qu'ils sont élèves ici, vous savez dans quelle classe ils sont ? »