Work it !

Hae Yeol & Sora

« "Joli cul"... J't'en foutrais moi des jolis culs ! » rageais-je entre mes lèvres. Mes poings se crispèrent en un instant, assénant un coup plus violent au sac de frappe qui se trouvait devant moi. Et j'enchaînais, encore, encore, comme si le visage du mec qui m'avait dit cela était scotché dessus. Je l'imaginais très bien, je portais un coup de genou à ma cible faite de sable, même mouvement que j'avais asséné à l'imprudent quelques heures plus tôt. J'aimais travailler au Nymphéa, il y avait une bonne ambiance dans le club mais également dans l'équipe. Nous n'étions pas réduites à seulement suivre les ordres, nous pouvions suggérer de nouvelles idées, améliorer les shows et nous épanouir dans notre propre solo que l'on veillait à détailler à Iseul, la propriétaire, pour s'assurer que cela corresponde à son établissement. Jusque là, tout se passait plutôt bien, sauf que certains clients ne respectaient pas beaucoup les règles. La politesse coréenne ? Ce terme n'était point dans mes moeurs, surtout quand il s'agissait de vulgarité, et d'hommes complètement bourrés, sans aucun bon sens. La dignité n'était plus, rangée soigneusement au fond du pantalon distraitement au garde à vous. Des paroles crues, je passais mon tour, que l'on m'agrippe, j'avertis, mais quand on commence à aller plus loin, n'était-ce pas logique de me défendre ? Son poignet craquait sous mes mains, juste au moment où Iseul se présentait devant nous. Levant rapidement la situation, elle s'était excusée devant le client gênant, avant de finir par lui demander de partir. Ok, fini, réglé. Mais n'était-ce pas le même abruti qui sortait en même temps que moi, m'attendant avec impatience depuis plus de trente minutes devant l'entrée, excité comme un idiot par la façon dont je l'avais si facilement dominé un peu plus tôt ? Il en voulait encore ?

Je lui avais fait mine d'approcher, comme si il allait finir par avoir ce qu'il voulait, pour finalement lui asséner un coup de genou bien placé, appuyant du talon sur la zone si sensible chez les hommes, une fois à terre. Si faible. Les videurs étaient arrivés après la bataille, Iseul m'avait demandé d'être professionnelle et sur ce coup-là, mon impulsivité avait vaincu mon contrôle sur moi. Légitime défense, mais pas de show pour deux semaines, et ça, je l'avais plutôt en travers de la gorge... Un soupir traversa mes lèvres, le bas de l'une de mes jambes était rougi par les coups qu'il avait asséné en parallèle du haut du corps, mon tibia criait silencieusement. On pouvait entendre mon souffle résonner dans la pièce du club de boxe, ma poitrine se gonflant en rythme, la chaleur que j'atténuais par quelques gorgées d'eau fraîche après avoir retiré mes gants. Il était tard, les lieux m'appartenaient, et c'était délicieux... ce calme. Du moins, un certain temps. Sur un coup de tête, je rallumais la radio qui se trouvait là pour les entraînements, une chanson s'enclenchait, rapide, énergique, tout ce qu'il me fallait... Je balançais la serviette dans un coin, je détachais mes cheveux blonds d'un mouvement élégant avant de les rejeter en arrière, d'un air sauvage alors que je me mettais à danser. Naturellement, pour me faire du bien, pour souffler. Me cambrant, ondulant, jouant sans vraiment réfléchir sur la musique. Mes mains ornées de mitaines en cuir frappaient encore contre le sac, moins de violence mais plus d'endurance, sautillant sur place, un sourire se dessinant finalement sur mon visage. Je n'avais pas encore remarqué la silhouette d'un homme dans l'encadrement de la porte...
   
 

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16:05 Coincé dans ce bureau depuis maintenant deux bonnes heures je réfléchissais. Avec mon coach. Et tout mon entourage. Est-ce que oui ou non je devais signer pour ce combat. Combat contre ce Japonais. Pour ça je devais perdre du poids. Au moins 3. Perdre du poids ou perdre de l'argent telle était la question. « Bon Hae tu fais quoi alors ? C'est bon trois kilos, corde à sauter tous les jours pendant deux semaines, sport, sauna, course t'y arriveras... »  J'avais beau écouter mon coach, ça rentrait dans une oreille et ça sortait de l'autre. Est-ce que c'était vraiment ce que je voulais ? M'entrainer comme un taré, redevenir un ermite, passer mon temps au club ou en salle pour m'exercer, perdre des kilos, transpirer, me prendre des coups ; est-ce que c'était ce dont je rêvais réellement ? Oui. Après tout, j'étais fier de ma carrière, j'avais fier de ce que j'avais fait jusqu'ici. Et je me donnais encore quelques années pour continuer la boxe. Je n'allais pas cracher sur un cachet comportant autant de zero. Après un soupir j'attrapai le verre d'eau posé sur la table ; j'en bu une gorgée puis je déposai celui-ci sur la table pour prendre en main ce fameux contrat qui n'attendait plus que ma signature. Je relu ce dernier du premier au dernier mot, sans oublier les fameuses petites étoiles. On ne sait jamais. Ma lèvre inférieure fût triturée pendant plusieurs minutes puis finalement j'attrapai un stylo et signai ce fameux contrat. Voilà. C'était parti. Le défi commençait maintenant. Trois kilos à perdre. Pas plus, pas moins. Et une fois fait, je pourrais peut-être dire bonjour à une jolie victoire. Une belle victoire. Parce que ce putain de Japonais, en vrai j'avais tout sauf en vie de l'affronter. Je n'avais pas peur de lui, loin de là, mais la pression de ne pas remporter le combat face à lui, ça c'était quelque chose de perturbant et de particulièrement stressant. Je ne me battais pas que pour moi. Je me battais pour tout ce que combat valait. Argent, popularité, fierté, et puis je ne devais perdre. Tout simplement. La défaite était impensable. Pas à mon niveau. Pas à sept mois des Jeux Olympiques de Rio.

21:45 La bandoulière de mon sac de sport sur l'épaule j'étais posé contre l'encadrement de la porte de le salle du club de boxe. Elle s'exerçait depuis mal de temps. Et personnellement je la regardais aussi depuis un moment. En plus d'avoir de très jolies courbes que j'avais eu l'habitude de connaître par cœur, je devais avouer que la voir se défouler contre un sac la rendait pas mal sexy. Mais venant d'un mec casé, c'était un peu délicat de prendre son pied à reluquer son ex. Je me demandais bien ce qu'elle faisait là si tard. Ça faisait un moment que les cours étaient terminés, mais elle, elle était là, à se défouler. Vengeance contre un con ? Une conne ? Le monde ? Telle était la question. Mes yeux qui ne pouvaient s’empêcher de descendre vers les fesses de la demoiselle finirent finalement par suivre la boxeuse du regard. Ah, maintenant elle mettait de la musique. Pourquoi pas. Ça aidait pas mal. J'étais contre personnellement mais ça, c'était une pensée en tant que professionnel. Alors je ne critiquerai pas son choix. «Tu m'attendais Sora ? » finis-je par dire avant d'entrer finalement dans la salle. Ça semblait logique qu'elle était venu là de son plein gré et non pas pour moi. Mais il fallait bien que j'entame la conversation pas vrai ? « Le dernier coup que t'as donné laissait vraiment à désirer tu sais ?! » fis-je en esquissant un petit sourire, content de ma remarque.
   
 

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Hae Yeol & Sora

Oublier, oublier. La musique et la danse étaient le meilleur remède pour ça. La boxe également. Frapper encore et encore, imaginant la parfaite cible devant nous et lui faire goûter à nos poings sans la moindre retenue. J'avais ôter les gants d'un geste rapide, lançant la chaîne hifi de la salle pour détendre mon corps, raide, dû à la sale journée d'aujourd'hui. Les lieux ne ressemblaient pas à une salle de danse, mais il y avait un grand miroir, immense, qui donnait sur un grand ring un peu plus loin. Des tatamis au sol permettaient de faire facilement tous les mouvements que je souhaitais, mais ce soir, j'oubliais la technique. Je m'observais dans le miroir, mes lèvres mimant parfaitement les paroles anglaises qui s'échappaient des enceintes, mes hanches roulant de droite à gauche, mes épaules s'agitant en rythme sur les pulsations du morceau. Je sautillais littéralement sur place, mes cheveux blonds tournoyant dans l'air, un sourire s'échappant finalement de mes lèvres quand je me laissais tomber au sol sur mes genoux, me contorsionnant avec souplesse en arrière. La chanson ralentissait pour se terminer, alors qu'un voix avait retenti au loin. « Tu m'attendais Sora ? » Je tournais la tête, sachant aisément à qui appartenait cette voix. Je me redressais, courbant mon dos, ma tête penchée en arrière, retrouvant une position assise plus confortable. « Dans tes rêves sans doute, hm ? » l'aguichais-je, en posant mes yeux sur lui, avant de me relever entièrement.

Je jetais un coup d'oeil rapide à mon reflet, mon souffle gonflant ma poitrine sous l'effort. « Le dernier coup que t'as donné laissait vraiment à désirer tu sais ?!  » Un sourire en coin s'affichait à travers le miroir, alors que je remettais en place quelques mèches rebelles. Je me tournais vers lui, mon regard fixe, avançant d'une démarche féline sans dire mot, cachant parfaitement mes intentions. Puis, je stoppais le pas, un mètre devant lui, mesure assurément calculée. Une, deux, trois, quatre secondes en chien de fusil, peut-être un peu plus, comme on l'avait si souvent été par le passé, alors que mon poing se brandit en un bref instant. Mon bras tendu à l'extrême s'était arrêté à quelques centimètres du nez de Hae Yeol, qui n'avait pas bougé d'un poil. « Tu parlais de celui-là... ? Moi, je le trouve plutôt pas mal. » murmurais-je avec arrogance, d'un air amusé. Je remarquais que ses poings s'étaient resserrés par réflexe, ce qui me faisait davantage sourire. J'abaissais mon bras, en rapprochant mon visage du sien. « Relaxe, je plaisantais. » Je fis demi-tour, cherchant du regard ma bouteille d'eau. « T'es toujours sur tes gardes à ce que je vois. » A croire qu'il était sur un ring à chaque seconde. Bon, il fallait dire que je le provoquais aussi, mais qui avait commencé ? Fiers comme on l'était tous les deux, ça partait souvent au quart de tour, allez savoir si ça n'allait pas le faire aujourd'hui aussi. J'attrapais ma bouteille, buvant un peu d'eau, reportant mon regard sur lui quelques mètres derrière moi, à travers le miroir qui me faisait face. « Bonne ou mauvaise journée ? Parce-que je vais encore squatter un peu les lieux pour faire passer la mienne pour ma part ! »
   
 

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