Les écouteurs vissés sur les oreilles tu chantonnais cette chanson qui passait maintenant pour la troisième fois, stylo en main tentant de comprendre le rythme, la façon de la composer. Elle était ton devoir, celui même que tu devras rendre dans une semaine. Le rythme doucement tapoter sur une de tes jambes tu fermais les yeux pour visualiser les notes que tu ne pouvais entendre. cette trame invisible mais qui venait à vous, compositeur. La voix n'était pas à se préoccuper et à force d'entraînement tu pouvais la relayer au second plan. Chaque rythme, instrument ou autre source d'information notée sur ce petit carnet déjà bien utilisé. Sûrement prêt à mourir d'ici une ou deux chansons. Cependant tu en auras encore besoin pour pouvoir composer une sorte de mix entre une chanson originale et celle que tu étudiais. Il allait recevoir la frustration du stylo énervé de n'avoir rien à apporter. La joie de trouver une accroche. Oui avant de mourir ce carnet allait vivre de folles aventures.

Pour l'heure toute ta concentration était sur cette chanson, ce carnet, ce devoir. Plus qu'une passion la musique te donnait envie de continuer, elle te donnait une raison de te lever chaque matin, de mentir face à ceux qui t'avaient élevé et qui profitaient de cette excuse pour abuser. Sa voix revenant te hanter lorsque tu te sentais le mieux. Les frissons parcourant alors ton corps pour te rappeler à la réalité, les pupilles contemplant de nouveau le monde autour de toi,  bien trop brillant, trop lumineux, trop...peuplé? Quand est-ce qu'elle était arrivée ? Cette fille opposée, qui semblait vivre avec une énergie que tu n'avais plus. Le corps se redressant d'un coup tu reprenais ton écoute les yeux se baissant sur ton carnet dans le but de l'ignorer. Les interactions sociales n'étaient pas faites pour toi, elles t'effrayaient. Elle faisait serrer ton stylo avec plus de force, avaler ta salive avec une sorte de malaise. Au fond t'étais seule, pieds et poings liés par la peur.

Somi était une véritable boule d'énergie, ça avait toujours été le cas mais plus les années passaient, plus elle le devenait on dirait, pourtant on avait tendance à dire qu'on perdait sa vitalité d'enfant en avançant dans les années, dans l'âge et en gagnant en maturité. Somi semblait, elle, avoir décidé de garder son trop plein d'énergie avec elle parfois au grand dam des personnes qui se retrouvaient à devoir subir la présence de la jeune femme. Pourtant l'héritière n'était pas méchante, elle n'avait pas un mauvais fond c'était juste qu'elle oubliait parfois que les gens n'étaient pas fait comme elle, et si elle était un vrai social butterfly cela ne voulait pas dire que c'était le cas de tout le monde. Elle avait le parfait exemple sous les yeux, Eunji était une jeune femme que Somi appréciait mais étrangement la brunette n'avait pas l'air d'être ravie de la voir, en même temps il fallait avouer que les deux filles étaient comme le jour et la nuit, le soleil et la lune... Elles n'avaient rien en commun, ou du moins, n'avaient jamais pris le temps d'apprendre à se connaître.

Mais Somi ne désespérait pas, elle voulait devenir son amie et ayant repéré la jeune femme un peu plus loin, l'étudiante en stylisme s'était approchée d'elle avec un grand sourire. « Eunji ! » Aucune réponse, elle s'y attendait et ce n'était pas comme la jeune femme pouvait l'entendre, elle avait ses écouteurs et semblait concentrer sur ce qu'elle écoutait. « Eunji ~ » Elle chantonna pour capter son attention tout en essayant de garder une certaine distance pour ne pas envahir son espace vitale, elle avait compris rapidement que la brune n'aimait pas qu'on soit trop près d'elle. « Tu as déjà mangé ? Je t'invite, il y a un café super cool pas loin. » Elle continua, basculant sa tête sur le côté, l'observant.  

Elle n'avait pourtant rien de méchant, elle n'était pas comme ces gens qui allaient venir t'emmerder. Mais elle était tout l'opposé de toi. elle était tout ce qui faisait réagir ton corps trop longtemps plongé dans une sorte de malaise social. Les interactions avec les autres avaient laissé place à une sorte de trauma le regard fuyant de peur qu'ils ne le remarquent. Certaines personnes n'arrangeaient pas ton cas. Gestes brusques, voix trop forte, ou bien clairement menaçant. Qui étaient ils? personne ne savait et tu avais cette peur presque infondée de tomber sur quelqu'un qui pourrait refermer la dernière porte qui te restait.

Ce n'était sûrement pas le cas de Somi et pourtant tu lui offrais un accueil des plus glacial. Au fond tu te sentais presque désolée, la peur faisant contracté tes muscles qui ne semblaient pas vouloir t'écouter. Pourtant après quelques minutes de silence tu relevas la tête pour l'observer un instant. La distance entre vous était plus grande qu'elle ne l'avait été ou que certains ne laissaient. Un effort de sa part? Ou une simple coïncidence? Dans les deux cas tu pouvais respirer plus calmement. " Pourquoi? " Comme un mystère des plus effrayant tu tentais de comprendre ce qu'elle gagnait à t'inviter, à tenter de te parler. Toi qui était si fermée. Pourquoi continuait elle? la voix douce loin de l'agression tu tentais simplement de comprendre. " Je ne suis pas de compagnie très joyeuse.. tu peux demander à quelqu'un d'autre. " Ce n'était pas une insulte venant de ta bouche mais une réalité qui lui épargnerait bien des efforts.

Somi aimait les gens (le plus souvent) et on avait tendance à l'aimer également, malgré ses airs de princesse la jeune femme était bien plus amicale qu'on pouvait le penser, un sourire toujours accroché à ses lèvres et rarement de mauvaise humeur. Il fallait dire qu'il fallait pousser le bouchon loin pour que la jeune femme s'énerve réellement, elle se laissait difficilement atteindre par les critiques, bien qu'il lui arrivait de se montrer capricieuse quand elle le voulait, l'héritière avait une trop grosse confiance en elle pour se soucier de ce que les autres pensaient d'elle. Mais parfois, le contact mettait plus de temps à se faire, comme c'était le cas avec Eunji mais Somi ne désespérait pas vraiment, elle appréciait beaucoup la demoiselle bien que celle-ci ait toujours été assez froide avec elle mais ça ne suffisait pas que pour Somi lâche son plan de faire d'elle une amie.

La jeune femme avait pris soin de garder une certaine distance avec Eunji quand elle s'était approchée d'elle, d'une parce qu'elle avait ses écouteurs et donc elle voulait faire en sorte que la brunette la voit avant de se rapprocher mais le plus important était qu'elle avait bien compris à quel point l'étudiante tenait à son espace vitale. Ce qui était compréhensible dans le fond, alors l'héritière faisait son mieux pour respecter cela. Et quand elle vit Seori relever la tête, et la question de la belle qui la fit basculer sa tête sur le côté, comme un chiot qui tentait de comprendre ce qu'on venait de lui dire. « Parce que... je t'aime bien ? » Elle répondit, clignant des yeux à plusieurs reprises avant qu'un sourire naisse sur ses lèvres. Elle secoua légèrement la tête aux paroles d'Eunji, pas pour se moquer mais si elle venait la voir elle, c'était parce que c'était avec Eunji qu'elle voulait passer du temps. « Mais c'est avec toi que je veux aller manger, » elle murmure avec douceur.

L'incompréhension était toujours grande face à des gens aussi ouverts que Somi. Non pas que l'étudiante était des plus désagréable, mais elle poussait tous tes radars dans un rouge alarmant qui faisait de ta respiration un ensemble décomposé et saccadé. Peut être compliqué à comprendre pour les autres, c'était une évidence quand on t'en parlait. L'espace vital n'était pas la seule chose qui était important pour toi. Le calme, peu de stimulation, ou bien la possibilité de reculer, de t'enfuir. Autant de conditions qui ne semblait pas se réunir en sa présence. Non elle n'avait jamais été méchante, non elle ne cherchait pas à te faire paniquer et pourtant. Aussi grande était ta détermination à parler, tu semblais toujours fermée, la peur au ventre pour des raisons inavouables.

La question revenait alors : pourquoi toi ? Pourquoi quand elle pouvait avoir tant d'amis plus loquaces, plus sympathiques et chaleureux ? Sa réponse fit ouvrir un peu plus tes yeux, une surprise que tu ne pouvais cacher face à une réponse qui n'avait pas de sens. Elle ne te connaissait pas, quand avait elle trouvé de quoi bien t'aimer ? " Moi ? Pourquoi ? " Fut la seule question que tu puis lui poser, encore sonner d'une telle révélation. Rien de ce qu'elle disait ne prenait sens dans ton monde sombre et terrifiant. " Si je dis oui... on va juste manger ?" Comme une biche effrayée tu avais peur de tomber dans un piège. Encore et encore. La lèvre présentement mal menée tu venais ranger tes écouteurs pour baisser légèrement la tête. " Allons y. " Peut être découvrirais tu que tu n'avais rien à craindre, ou au contraire. Il était temps que tu puisses savoir sur quel pied danser.

Somi laissa un petit sourire naître sur son visage, la question d'Eunji était légitime sûrement quand on les voyait toutes les deux, oui pourquoi ? Mais est-ce que Somi avait besoin réellement d'une raison particulière pour apprécier la demoiselle face à elle ? Oui bien sûr les deux étaient comme le soleil et la lune, à l'opposée l'une de l'autre mais ça ne voulait pas dire que c'était impossible pour elles de s'entendre ! Il suffisait simplement que Somi s'arme de patience (ce qu'elle n'avait pas toujours oui il fallait bien l'avouer) pour pouvoir se rapprocher doucement de la jeune femme sans lui faire plus peur qu'elle ne le faisait déjà. Par moments, Somi se demandait si elle allait la croquer, il faudrait qu'elle demande à ses proches si elle faisait si peur que ça.

« J'ai vraiment besoin d'une raison pour ? » Somi se contenta de répondre par une autre question, doux sourire amusé qu'elle adressa à la brune. Hochant par la suite la tête doucement, si c'était ce qu'elle voulait oui elles pouvaient juste manger mais elles pouvaient parler aussi si Eunji le voulait après. « Manger, oui, Eunji, je t'assure ils font des plats vraiment délicieux tu dois les goûter. » Somi regarda la demoiselle ranger ses affaires avec une pointe de satisfaction à l'idée qu'elle accepte enfin, contente d'avoir l'occasion de se faire une nouvelle amie tout en ignorant complètement qu'Eunji était effrayée à l'idée que tout ceci ne soit qu'une grande mascarade. Jamais elle n'oserait s'en prendre à elle, Somi n'était pas comme ça.

La combinaison sonnait fausse, le rapprochement inattendue. Le tout venait t'alerter que rien ne semblait réellement normal. Et pour cause, ici parler à un ou une inconnue n'était pas des plus naturel, encore moins pour toi qui portait une attention particulière à filer droit, oubliant même que tu pouvais parler. L'idée de ne laisser aucune trace ne rencontrant son ennemi que face à la musique et cet univers impitoyable d'exposition. A ce moment alors, tu te sentais vulnérable, comme en cet instant. Clamer t'apprécier sans te connaître n'avait rien de rassurant, venant faire monter une angoisse silencieuse jusqu'à ta gorge. Les autres te préparaient ils une mauvaise blague ?

Face à son insistance et sa patience tu ne pouvais cependant plus dire non. Malgré la peur qui guidait tes actions, certains pas étaient nécessaires. Accepter sa demande semblait être le premier pour retrouver cette paix liée à ton invisibilité. Mais pour aujourd'hui tu acceptais, les affaires lentement rangées, comme pour gagner quelques secondes, quelques minutes pour se composer, se préparer, pour voir ton regard se poser un peu partout. Rien. Rien ne semblait inhabituel. " Ils vendent de quoi ? " S'ils avaient des mochi dans leur menu, tu promettais déjà un sourire. En attendant la réponse, tu la suivais simplement, le regard se perdant ici et là, cherchant à trouver une réponse qui ne venait pas. Le sac sur l'épaule tu finis par le laisser au sol pour t'installer, un regard vers les cuisines. " Ca sent bon. " Que tu précisais, un effort fait pour rendre ce déjeuner plus savoureux. Rien de bon n'allait venir si tu continuais à te fermer autant, accusant presque ceux qui venaient te parler.

Est-ce que Somi faisait peur ? Parfois elle se le demandait, surtout quand elle voyait à quel point Eunji restait méfiante face à elle, même après les nombreuses tentatives de l'héritière de faire ami-ami avec elle. De mauvaises expériences, c'était fort à parier, qui venaient dresser des barrières protectrices autour de la brunette et Somi devait s'y prendre doucement pour lui faire comprendre qu'elle ne lui voulait pas de mal, elle. Comme si Eunji était faite de cristal, Somi y allait avec précaution, pesant ses mots et ne cherchant pas à brusquer plus que nécessaire la demoiselle, sinon ça serait vraiment contre-productif par rapport à ce qu'elle voulait de base : devenir son amie.

Somi était contente qu'au final Eunji ne l'envoie pas bouler, gestes lents de la part de la brune qui ne vexaient ni n'agaçaient l'étudiante en stylisme. Sourire toujours scotché aux lèvres, Somi tourna son visage vers Eunji tandis qu'elles se mettaient en marche. « Des boissons de toutes sortes, bubble tea, café, thé simple ou chocolat. Quelques desserts aussi, gaufres et mochi glacé principalement. Leur gaufre sauce chocolat maison est un vrai délice si ça te tente. » Somi savait déjà ce qu'elle allait prendre en tout cas, les deux passant la porte du café quand elles arrivèrent sur place, allant s'installer à une table. « Tu as vu ? J'aime bien venir ici on se sent comme à la maison. » Somi tendit le papier avec le qrcode pour qu'Eunji puisse scanner le menu.

La chose la plus étrange avec Somi était son envie de devenir ton amie. Si la rencontre avait été fortuite, totalement différente et désintéressée tu aurais volontiers ouvert ta porte. Mais le but en tête de la jeune femme venait te causer un questionnement infini qui ne cessait de faire grimper ton anxiété. Pourquoi ? Un vrai questionnement qui ne te permettait pas de voir des réponses positives. Aucunement consciente qu’on puisse même vouloir te parler rien qu’en t’observant. La solitude t’accompagnant, tu n’avais ni richesse, ni réel intérêt visible qui pourrait constituer une amorce d’entrain. Cependant elle était là, persistante et délicate.

C’était sûrement de ta faute, de voir le mal partout, quand celle-ci prenait son mal en patience et prenait gare à ne pas te vexer, te bousculer. Intriguée tu venais alors à demander le menu les yeux s’écarquillant en entendant le mot magique. " Parfait allons-y ! " Soudainement pressée tu suivais son pas avec l’excitation et la faim grandissante. Une fois arrivées tu fus happée par la décoration, l’ambiance effectivement chaleureuse de l’endroit. Une fois installée, le portable sorti, c’était le qr code que tu scannais pour y lire tout leur menu. Les yeux cherchant activement ce mot qui rendait tes pupilles pétillantes. " Je vais prendre une gauche fruité avec mochi ! " Pourquoi se contenter de peu ? Tu voulais tout. " C’est mignon oui, et ils ont des mochis. " Les joues légèrement rouges à l’idée de mochi. " Ils sont bons ? " Que tu osais demander. " Ah un café aussi. "