Evidemment, tu comprenais l'idée. Chacun payait sa part. Mais tu avais toujours fonctionné ainsi avec eux – chacun son tour. Surtout le tien. Gayoung avait raison en disant que ça ne te manquerait pas. Tes parents ne manquaient pas d'argent et par conséquent, toi non plus. Ce n'était pas une sortie aux arcades qui allait te mettre sur la paille, ou un restaurant. Au Japon aussi, vous faisiez ça avec tes ami.e.s. Mais à l'époque, les tours étaient respectés. Chaque personne payait à tour de rôle, invitant les autres en fonction de ses moyens du moment, payant parfois pour des simples boissons ou une glace. Avec Gayoung, tu ne cherchais pas à savoir si on voulait bien faire tourner. Tu n'osais même pas demander, supposant qu'elle avait raison et surtout, tu ne voulais pas réveiller de nouvelles remarques sur ta personne. Les lèvres pincées, tu mimas un air bougon, déçue qu'il veuille pas vous accompagner. Car tu ne voulais pas le laisser. Tu voulais encore passer du temps avec lui. Ta seule solution pour éviter les remarques le lendemain était tout de même de payer ta part. Ce n'était pas comme s'ils allaient avoir besoin de toi pour s'amuser – juste ton argent. Tu espérais que Keeho n'ait rien vu, l'entraînant à ta suite en essayant de diriger le sujet vers quelque chose d'autre. « C'était mon tour », que tu insistas encore, les épaules basses. Tu ne pouvais rien dire d'autre à part ça. C'était ton tour, tu devais payer, c'était comme ça. Tu ne voulais pas préciser que c'était mieux pour tranquillité, que tu supporteras mieux la journée de demain. Ils s'amuseront et seront de bonne humeur – bien sûr tu aurais peut-être une ou deux remarques sur le fait de ne pas avoir été là mais au moins, on ne pouvait pas te reprocher autre chose. « Non, ils demandent pas », articulas-tu comme une gamine qu'on venait de punir, la voix basse. « C'est juste une règle. Chacun son tour et aujourd'hui c'est mon tour, c'est tout », tu te pinças les lèvres, le regard suppliant vers lui, espérant qu'il laisse tomber le sujet. Tu clignas des paupières, secouant vivement le visage. « Je veux dire pas du tout. Ils ne me font pas de mal », repris-tu, sans doute maladroitement. Redressant les pupilles vers lui, tu l'observas un instant avant de diriger ton regard vers le sol. Tu rigolais pas – t'aurais préféré. Sans doute. « Mais c'est pas grave », marmonnas-tu, le nez se relevant dans une petite grimace, tes doigts libres appuyant sur les siens alors que tu le relevais les yeux vers lui, paniquée sous la pression de ses phalanges, et de ses mots. « Ils ont rien fait, c'est pas grave », tu n'eus pas vraiment le temps de réagir que tu le voyais partir, fixant sa silhouette qui s'éloignait dans un air confus. Avant d'enfin bouger et d'avancer rapidement vers lui, son prénom frôlant tes lèvres à plusieurs reprises. Tes doigts vinrent encercler son bras alors que tu secouais le visage, les pupilles allant et venant entre lui et le petit groupe. « Tu veux qu'on te rende ton argent, Princesse ? », tu tournas le regard vers Gayoung, secouant le visage. « Vous pouvez le garder. Il dit ça pour... rire », affirmas-tu rapidement, dans un sourire inquiet, les doigts s'agrippant à ceux de Keeho comme dans un geste désespéré. « Et maintenant on va y aller parce qu'on doit apprendre. La danse. Et... voilà », tu fronças un peu les sourcils à cause de tes explications floues avant de tenter un autre sourire, les bras venant serrer celui de Keeho pour essayer de l'entraîner dans la direction souhaitée. « On y va. On s'en va. Amusez-vous bien, vous me raconterez demain. Vous en faîtes pas, c'était rien, je veux rien », articulas-tu rapidement. Un souffle quitta faiblement tes lèvres alors que tu levais le regard vers celui de Keeho, indiquant la direction voulue avec insistance. « On y va ? Je peux te montrer la danse... tu voulais que je te montre alors on y va ? S'il te plaît ? », tu serras sa main, lançant quelques regards vers Gayoung. « S'il te plaît... j'ai pas envie qu'elle m'en veuille demain. J'ai pas envie... Ca fera plus de problèmes que de solutions », lui chuchotas-tu doucement, anxieuse, tes doigts filant entre les siens pour te calmer.

Keeho était abasourdi d’apprendre tout ça et en colère. Surtout en colère. Il n’en revenait pas d’apprendre que Miho payait. Elle payait pour eux, même si elle n’était pas là. Et elle les appelait « ami » ? Non, ça n’en était pas. Impossible. On ne se comportait pas comme ça, et encore moins avec une fille aussi gentille que la goguryeo. Ils profitaient d’elle et ça, le koryo ne pouvait pas le laisser passer. Depuis qu’il avait posé ses yeux sur le groupe, il avait senti qu’il ne les aimerait pas et ça se confirmait. Quelque chose chez eux le dérangeait et ce n’était pas que le regard hautain qu’ils lui lançaient. Bien évidemment qu’il n’était qu’une pauvre merde à leurs yeux, et à vrai dire, il s’en foutait bien qu’ils le regardent ainsi… En revanche, il n’acceptait pas du tout ce qu’ils faisaient subir à Miho et pour quoi ils la prenaient. Elle méritait mieux. Tellement mieux… Mieux que lui, aussi, mais c’était un autre sujet. Le jeune homme se détacha de l’emprise de l’étudiante, filant en direction du groupe, énervé. A leur hauteur, Keeho attrapa l’épaule du plus proche et l’obligea à se tourner vers lui. Il tendit sa main, réclamant l’argent que la goguryeo leur avait donné. Elle n’avait aucune raison de leur donner. Aucune. Quand il l’entendit l’appeler princesse, le koryo serra les dents. Il sentait bien que ce n’était pas un surnom affectif. « T’es qui pour l’appeler Princesse ? » Demanda-t-il, plantant son regard dans celui de l’inconnue. « Pour rire ? » Répéta-t-il, offusqué, tournant son visage vers Miho. « Non, je suis très sérieux. Rendez-lui son argent. » Ordonna-t-il, tendant de nouveau sa main, insistant. « On ira quand ils t’auront rendu ton argent. » Affirma-t-il à la goguryeo, la regardant, ne bougeant pas d’un pouce malgré qu’elle essaie de l’entraîner avec elle. Il ne bougerait pas. Le koryo gardait sa position, attendant. Et qu’importe les supplications de Miho. Qu’importe la façon dont elle avait de le supplier du regard. Qu’importe que sa main tienne la sienne, cherchant à le faire la suivre. Il serra davantage les dents quand elle lui souffla que ça créerait plus de problèmes qu’autre chose. Il ne voulait pas lui créer des problèmes. Il ne le souhaitait réellement pas mais il ne pouvait pas abandonner. Non. Il était trop têtu pour ça. Encore plus face à une injustice. Encore plus face à un comportement inacceptable envers une personne qu’il appréciait beaucoup. « Rendez-lui son argent et on s’en va. » Dit-il, dents serrées, bouillonnant intérieurement, ses doigts serrant ceux de Miho pour se contenir comme il le pouvait. L’envie d’exploser de colère était présente. Trop présente. Mais il se retenait. Il se retenait un maximum pour elle.

Réussi : Gayoung finit par lui rendre l’argent.
Echec : Gayoung refuse et lui rit au nez.

Tu ne voulais pas être seule, t'approchant du pire pour éviter le reste. Ce qui était horrible, pour toi, c'était la solitude. Ca te faisait peur de t'imaginer ainsi à l'université. De t'imaginer seule en train d'étudier à la bibliothèque ou bien seule en train de manger. Il était vrai que tu ne partageais pas de grands moments avec le petit groupe. Que ce n'était pas non plus ce que tu voulais – mais tu te contentais de ça. C'était mieux que la solitude. « Son amie. Et toi t'es qui ? », que tu entendis Gayoung répondre à Keeho pendant que tu mimais un air paniqué, tentant de détendre l'atmosphère, d'excuser l'étudiant mais surtout de faire cesser tout ceci. T'aimais pas vraiment la scène qui se déroulait. « Non c'est... », que tu tentas encore, secouant le visage, les pupilles allant et venant entre Keeho et Gayoung, la panique et l'embarras visibles. « Mais c'est pas grave », que tu dis encore, désespérée cette fois, les doigts se pressant un peu plus sur ceux de l'étudiant, essayant vainement de l'emmener loin d'ici. Mais il semblait sûr de lui et t'avais beau faire ce que tu voulais, tu n'arrivais pas à le faire changer d'avis ou même bouger. Tu savais que ça te rapportait plus d'ennuis qu'autre chose, le confiant à Keeho – mais là non plus, ça ne semblait rien changer. « Keeho... », murmuras-tu doucement, le coin des lèvres tourné vers le bas, l'air suppliant toujours peint sur tes traits. Tu restas muette ensuite, observant simplement, inquiète. Tu ne savais plus réellement quoi faire, ni comment ou même quoi dire. En voyant le regard de Gayoung, tu compris cependant, tes doigts s'agrippant plus fermement encore à ceux du koryo. « Garde-le ton argent, Princesse. Tu dois en avoir besoin », qu'elle articula dans un sourire mauvais, sachant très bien que tu ne manquais de rien, le regard hautain. Regard qu'elle tourna vers Keeho, la même esquisse aux lèvres, avant de s'en aller. Tu suivis sa silhouette du regard, ne tournant ton attention vers l'étudiant que lorsque tu ne la voyais plus. « J'ai dit que c'était pas grave », articulas-tu, encore perturbée, la lèvre inférieure tremblant à peine. « Parce que le faire me permet d'être tranquille, et d'éviter les mauvaises remarques. Et qu'en plus je voulais pas non plus qu'elle te fasse de mauvaises remarques. Parce qu'elle peut être méchante Gayoung », tu inspiras, ne remarquant pas le moins du monde que tu parlais en japonais à cause de la panique. « Elle aurait été contente, elle serait partie et elle aurait probablement rien dit demain mais là... Là je sais pas », repris-tu en coréen, alors que ta joue se posait contre son épaule dans une moue abattue. Et tes doigts vinrent froisser les billets alors que tes bras s'enroulaient autour du sien dans un besoin de réconfort. « Je fais quoi si elle veut plus me parler après... j'ai pas envie d'être toute seule durant les cours ou pour manger ou... partout. Ca me fait peur d'être toute seule... »

Keeho faisait face au petit groupe qui avait réclamé de l’argent à la goguryeo. C’était totalement inacceptable et inenvisageable pour lui que Miho paie alors qu’elle ne sortait même pas avec eux. ça semblait, malheureusement, normal à ses yeux et à leurs yeux aussi. Mais le koryo avait la tête dure. Il ne comptait pas lâcher jusqu’à obtenir gain de cause. Il n’avait aucune idée dans quel pétrin il mettait la jeune femme, aucune idée de comment ça allait l’affecter… Il pensait réellement faire ce qui était juste. Et c’était juste, pour lui, ça l’était réellement. Relevant les yeux vers la jeune femme, il planta un regard noir dans le sien. Son amie ? Vraiment ? Elle n’en avait pas vraiment l’air. Miho ne souriait pas en sa présence. Elle avait plutôt l’air de la craindre et on ne craignait pas ses amis ? « Son ami. » Répondit-il sur le même ton qu’elle. L’étudiant tendait toujours la main, attendant, n’écoutant pas les demandes de la danseuse. Il aurait dû. Il aurait dû s’arrêter là mais il était trop têtu. Il ne pouvait pas faire demi-tour et s’avouer vaincu. Parce que c’était l’impression qu’il aurait. Il n’aimait pas cette fille. Vraiment pas. Et il ne comprenait pas comment Miho pouvait être amie avec elle. Peut-être qu’elle avait des bons côtés, il ne savait pas, mais il en doutait. Fortement. Le koryo continua d’insister et il ne sourit même pas quand il obtint ce qu’il était venu chercher. Il n’appréciait pas le ton utilisé. Il n’appréciait pas le regard qu’elle lui lançait. Encore, qu’elle le regarde comme ça, il s’en foutait bien, mais pas Miho. Comment pouvait-elle la regarder comme ça ? Lui sourire comme ça ? Le garçon serra les poings et la mâchoire. Keeho se pinça les lèvres en entendant la goguryeo lui dire encore que ce n’était pas grave. Il la regarda enfin, l’interrogeant du regard, ne comprenant par un traite mot de ce qu’elle racontait. Elle reprit finalement en coréen. L’étudiant la laissa poser sa joue contre son épaule, la laissa s’accrocher à son bras. A ses mots, il ferma les yeux quelques secondes, réalisant qu’il l’avait vraiment mise dans une situation délicate. Parfois, il maudissait son égo. Et aujourd’hui, c’était le cas. Car la dernière chose qu’il souhaitait, c’était faire du mal à Miho. Mais elle méritait mieux que cette fille et son groupe. L’étudiant dégagea son bras de son emprise et l’enlaça, la ramenant contre lui. Ses doigts se perdirent sur sa nuque, la caressant doucement dans un geste réconfortant. « Je n’ai rien compris à ce que tu as dit au début. Tu as parlé japonais. » Indiqua-t-il à la jeune femme, continuant ses caresses, tentant comme il le pouvait de la calmer. « Qu’est-ce qu’elle te dira, au juste ? » Demanda-t-il, sa joue venant se poser contre sa chevelure. « Tu n’es pas toute seule, Miho. Je suis là. Je serai toujours là… » Souffla-t-il avec un mince sourire. « Qu’elle ne te parle plus, c’est peut-être une bonne chose, non ? ça a l’air d’être une garce. » Admit-il en se pinçant les lèvres. Honnête et franc, peut-être trop. Elle restait l’amie de Miho, peut-être devrait-il avoir un peu plus de tact. « Je suis sûr que tu as d’autres amis dans ton cursus. Et puis… On peut manger ensemble. » Dit-il, prêt à sécher des cours pour le faire. Il recula légèrement son visage, cherchant le regard de la goguryeo. « Tu n’es pas toute seule, ok ? » Répéta-t-il en lui offrant un sourire. « Je… » Commença-t-il, se pinçant les lèvres. « Je suis désolé que ça se soit passé ainsi… » Souffla-t-il en baissant les yeux. Désolé d’avoir été têtu.

T'étais le genre à fuir les confrontations quand elles pointaient le bout de leur nez et en cet instant précis, tu préférais fuir plutôt que d'observer. T'étais mal à l'aise à l'idée que de mauvaises paroles soient échangées car tu ne voulais que personne ne soit blessé, surtout pas Keeho. Tu ne voulais pas non plus Gayoung t'en veuille un peu trop, sachant que le retour à l'université allait être compliqué le lendemain si elle te faisait la tête. Sans doute que ta définition de l'amitié était faussée et totalement ratée quand on voyait comme elle se comportait avec toi mais la peur de la solitude gagnait sur tout le reste, même ta propre estime. Tu ne méritais probablement pas d'être traitée ainsi mais tu l'acceptais afin de ne pas être seule. Ridicule, pas vrai ? Et peut-être que Keeho le pensera aussi s'il comprenait la dynamique de votre groupe. S'il comprenait à quel point on te traitait mal et non comme une amie digne de ce nom. Mais c'était ainsi et tu l'acceptais. L'étudiant ne semblait cependant pas vouloir t'écouter et ne pas vouloir arrêter ses demandes, même si tu insistais. Et ça faisait peur. Quand tu voyais le regard de Gayoung, ses mimiques, sa façon d'agir et de parler tu savais que ça n'annonçait rien de bon. Tu voudrais que Keeho arrête, qu'il renonce – mais il semblait tout aussi têtu que la jeune femme face à lui, voire plus. Gayoung partie tu ne pouvais empêcher la panique de glisser dans tes veines, te faisant parler dans ta langue maternelle sans que tu ne le remarques. Panique qui glissa dans tes pupilles quand il dégagea son bras des tiens avant de souffler, rassurée, te calant contre lui pour le serrer. Tu t'accrochais à lui comme tu t'accrocherais à une bouée. « Je sais plus ce que j'ai dit », marmonnas-tu, reniflant distraitement, pliant les billets, son haut, les jointures blanchies tant tu t'agrippais. « Des trucs pas cool », et tu te pinças les lèvres, la vue brouillée alors que tu venais cacher ton visage contre son épaule. « Mais tu peux pas tout le temps être là », il était occupé, il avait ses cours, son propre emploi du temps, ses propres ami.e.s, aussi. Tu ne voulais pas lui faire louper des choses juste par envie égoïste. Il avait sa propre vie. « Tu peux pas tout manquer pour être avec moi et j'ai pas envie que tu manques tout juste parce que j'ai peur d'être seule parce que c'est pas cool pour toi et tes ami.e.s. Et Gayoung est gentille... parfois. C'est juste... », tu agitas les mains avant de le serrer à nouveau, ne parvenant pas à décrire ce que tu voulais, un soupir frustré t'échappant. « S'ils sont pas là je suis seule », répondis-tu, le coin des lèvres s'abaissant. Tu reculas un peu ton visage à ton tour, tes pupilles plongeant dans les siennes, la lèvre tremblant à peine alors que ton regard s'humidifiait. « Tu mangerais avec moi ? », le questionnas-tu d'une petite voix. « C'est pas grave », que tu dis, baissant le regard à ton tour, hésitant un court instant avant de le serrer encore une fois, ta tête retournant contre son épaule. « Je lui parlerais demain et je pourrais expliquer. Et ça ira. Je crois. On pourra oublier », murmuras-tu, espérant que oui. Tu ne voulais pas qu'elle dise du mal de Keeho non plus. « Est-ce qu'on peut aller ailleurs ? J'ai pas envie de rester là » mais tu voulais rester avec lui – comme tes bras qui ne le lâchaient pas semblaient le montrer. « Tu restes avec moi hein ? »

Keeho s’en voulait au vu de la détresse dans laquelle se trouvait maintenant la goguryeo. Par sa faute, à cause de son entêtement, il la mettait dans une situation délicate. Il l’avait bien compris quand elle avait commencé à lui parler en japonais, laissant la panique la gagner. L’étudiant ne comprenait pas bien pourquoi ça la mettait dans un tel état car, pour lui, Miho méritait bien mieux que cette fille comme amie. Était-ce si grave que ça si elles ne se parlaient plus ? ne se côtoyaient plus ? Apparemment, oui. Le garçon tenta de la calmer, dégageant son bras pour finalement l’enlacer. Une étreinte qui se voulait réconfortante et rassurante. Le koryo la prévint qu’elle avait parlé dans sa langue maternelle, sa réponse ne tardant pas. « C’est pas grave. » Fit-il, ses doigts caressant doucement sa chevelure, toujours dans des gestes doux et délicats. Un froncement de sourcil, le mécontentement se lisant sur ses traits, il se pinça les lèvres sans rien dire. Que pouvait-elle bien lui dire de pas cool ? Pourquoi, même, lui dirait-elle des trucs pas cool ? Keeho ne comprenait pas et ne comprendrait sûrement jamais. « Et pourquoi pas ? » Répondit-il, une épaule se haussant brièvement. Il pouvait être là pour elle constamment. Ça ne le dérangeait pas, au contraire. « T’en fais pas pour moi. » Souffla-t-il, fronçant davantage les sourcils quand elle admit que Gayoung était gentille… parfois. « Tu sais, il vaut mieux être seule que mal accompagnée. » Dit-il, reculant son visage pour la regarder. Et vu les énergumènes qu’elle se coltinait, c’était vraiment mieux d’être seule ! Puis, de toute manière, elle ne le serait pas réellement car Keeho était là. Il pouvait manger avec elle, aussi, sans aucun souci. « Bien sûr ! » S’exclama-t-il en lui offrant un sourire sincère. Ça lui ferait vraiment plaisir de le faire. Il s’excusa finalement de l’avoir mené à cette situation-là, désolé que ça se soit passé ainsi. Même si elle lui disait que ce n’était pas grave, l’étudiant avait bien compris que, au contraire, ça l’était. Sa main vint frotter son dos quand elle le serra de nouveau, préférant garder le silence alors qu’elle lui affirmait qu’elle lui parlerait demain. Le garçon n’était pas ravi mais il n’était personne pour donner son avis. Surtout qu’il avait déjà fait assez de mal comme ça… « Oui, bien sûr, où tu veux. » Répondit-il en baissant les yeux dans sa direction. « Oui, Miho, je reste avec toi. » Dit-il en lui adressant un sourire. Il se dégagea lentement de son emprise, ses doigts trouvant rapidement ses phalanges pour les tenir. « Tu avais des pas à me montrer, non ? » Demanda-t-il. « À m’apprendre, même. » Rectifia-t-il, prenant la direction opposée au groupe d’amis de la jeune femme. « T’as peut-être faim après ton cours ? Tu veux manger un truc ? »

Tu n'en voulais pas à Keeho d'avoir agi ainsi – tu t'en voulais un peu de ne pas avoir réussi à le faire changer d'avis plus tôt. Tu t'en voulais d'avoir probablement trop parlé, d'en avoir trop fait par dessus le marché. Tu n'avais pas envie que Gayoung ne t'adresse plus la parole, qu'elle te laisse seule et isolée, comme abandonnée sur le côté. Tu n'avais pas envie que les autres ne te regardent plus non plus. Ce serait bien triste, tu te sentirais bien trop seule. Et c'était cette panique qui te faisait parler. C'était elle qui te faisait t'agiter ou qui faisait briller tes pupilles dans une angoisse lourde mais muette. C'était elle qui te faisait articuler en japonais sans que tu ne t'en rendes vraiment compte. Tu offris une fine esquisse coupable au koryo, ne sachant même plus ce que tu avais prononcé quelques instants plus tôt. Tu appréciais ses gestes, en profitant en silence. Tu bougeas quelque peu la tête à sa question, l'imitant en haussant les épaules. « On suit pas les mêmes cours, on mange pas tout le temps à la même heure. On commence pas en même temps non plus. On termine pas au même moment non plus », énuméras-tu dans une voix de plus en plus basse, quelque peu boudeuse et déçue, baissant quelque peu les pupilles. La solitude te faisait bien trop peur. « Bien sûr que je m'en fais », tu redressas le visage en disant cela, lui offrant un regard sincère, un léger froncement de sourcils comme si tu le réprimandais. « Non », répondis-tu sans attendre. « J'aime pas être seule », marmonnas-tu, subitement intimidée. Comme si exposer ta peur ainsi te rendait plus vulnérable mais aussi plus idiote. Car le penser et le dire était deux choses différentes. Te mordant quelque peu la lèvre, tu le contemplas en silence, étudiant sincèrement toutes les questions qui se bousculaient dans tes pensées. Mais il y en avait tant que tu perdais le fil, te contentant alors de lui offrir une esquisse discrète. « Merci », soufflas-tu, agitant le visage et la main pour dire que ce n'était pas grave. Tu restas calée contre lui, le serrant, ne pouvant alors empêcher le coin de tes lèvres de s'abaisser. Tu le remercias d'une autre étreinte, suivant son mouvement en attrapant ses doigts. Et tu vins même lier vos petits doigts, susurrant un « Double promesse » comme une gamine qui se pensait rusée, lui offrant un sourire. « Ah oui des pas », que tu dis, le suivant sagement, serrant sa main avant de t'accrocher à son bras. « Non j'ai pas trop faim c'est gentil », tu lui lanças un bref regard. « Et toi ? Tu as faim ? Ou soif ? On peut s'arrêter quelque part si tu veux manger », proposas-tu dans un petit sourire, indiquant un petit café puis un autre. T'avais pas réellement envie de danser pour le moment non plus mais tu ne voulais pas le dire, de peur qu'il pense que ce soit à cause de lui. « Je crois plus loin il y a un petit parc, on peut aller là-bas. Ou alors je confonds », tu étudias les environs, perplexe. « Peut-être je confonds », tu plissas un peu le nez. « Est-ce que tu sais où on peut aller par là ? », peu importait l'endroit, tu voulais pas le lâcher – tes gestes se mêlant à tes pensées alors que tu t'agrippais un peu plus à son pauvre bras. « Je suis désolée que tu aies vu ça, avant. Tu dois me trouver nulle »

Keeho s’en voulait. Il n’avait jamais voulu mettre la goguryeo dans une telle situation avec son amie mais il trouvait ça injuste. Oui, injuste qu’elle paie alors qu’elle n’était même pas présente. C’était impensable pour lui que ça se passe ainsi et le garçon avait réclamé l’argent qu’il avait réussi à récupérer. Peut-être au grand dam de Miho. L’étudiant l’enlaça pour la calmer, ne comprenant pas un seul mot japonais qu’elle venait de prononcer. Il caressa tranquillement ses cheveux, dans un geste réconfortant et rassurant. Quand elle énuméra toutes les raisons qui faisaient qu’ils ne pouvaient pas être tout le temps ensemble, le koryo se pinça les lèvres, retenant un soupir. Est-ce que ça le dérangeait de sécher quelques cours pour être avec la danseuse ? Non. Mais si elle l’apprenait… Il savait qu’elle lui tirerait les oreilles. « Je peux quand même m’arranger, tu sais. » Répondit-il tout de même. Parce que l’idée qu’elle se retrouve toute seule, par sa faute en plus, lui déplaisait grandement. Et, surtout, passer le plus de temps avec elle était ce qu’il voulait. « Non, vraiment, y a pas besoin. » Dit-il en la regardant, avant de lui faire part que c’était mieux d’être seul que mal accompagné. Il obtint une réponse immédiate. « Tu l’es pas, Miho. » Assura-t-il car il était là et serait toujours là. Keeho répondit avec un sourire à son merci, même si, clairement, elle n’avait pas besoin de le remercier. Surtout que tout ça, c’était entièrement sa faute. S’il n’avait pas insisté… Le garçon secoua brièvement la tête, chassant tout ça de sa tête. Quand elle proposa d’aller ailleurs, le jeune homme accepta volontiers. Il se détacha d’elle, à contre cœur car il aimait l’avoir contre lui, mais sa main trouva rapidement la sienne. « Double promesse… » Souffla-t-il, un petit rire franchissant ses lèvres. Il prit une direction au hasard, ne sachant pas où Miho voulait aller. Et à vrai dire, le koryo se fichait d’où ils allaient, tant qu’il était avec elle. Il lui rappela qu’elle devait lui montrer des pas et même les lui apprendre. « Sûre ? » Fit-il quand elle refusa gentiment sa proposition d’aller manger quelque chose. « Non, pas spécialement. Peut-être quelque chose à boire à la rigueur. » Répondit-il en lui offrant un sourire. Elle lui montrait plusieurs cafés, Keeho secouant négativement la tête à chacun. Aucun ne le tentait assez pour y prendre une boisson. « Un parc ? Par-là ? Je crois qu’il est plutôt par… là-bas. » Dit-il en indiquant une autre direction. Mais il n’était pas non plus sûr à 100%. « Euh, dans le coin… Je crois qu’il y a un cinéma, une salle d’arcades, hm… un karaoké… des boutiques, beaucoup de boutiques. Le centre commercial est pas loin si tu veux. » Enuméra-t-il avant de s’arrêter subitement. Ses pupilles se posèrent sur elle, l’air dur. « Qu’est-ce que tu racontes ? Nulle ? » Demanda-t-il, le ton plus sec qu’il ne le voulait mais ça l’énervait qu’elle pense ça. « Je ne te trouve pas nulle. Pas du tout. » Répliqua-t-il. « Et pourquoi tu t’excuses ? C’est plutôt à elle de s’excuser. » Ajouta-t-il, la mâchoire se serrant. Il passa une main agacée dans ses cheveux, soupirant, le regard au loin. « Ne parlons plus d’elle, hm ? » Proposa-t-il. Il ne voulait pas s’énerver davantage. « Tu veux aller où ? »

Les lèvres pincées, tu lui offris un regard confus mais aussi perplexe. Comment pouvait-il s'arranger ? Pas que l'idée te déplaise, loin de là, mais tu ne voulais pas qu'il réarrange entièrement son planning à cause de toi non plus. Tu ne voulais pas perturber ses envies, ses besoins et son temps prévu ailleurs pour un simple plaisir égoïste. Même si pouvoir passer du temps à ses côtés était toujours agréable, tu ne voulais absolument pas qu'il change tout pour toi. Ni qu'il se mette à louper des cours par ta faute. « Comment ? », demandas-tu, plissant faiblement les yeux avant de retrousser quelque peu le nez. « J'ai pas envie que tu bouscules tout à cause de moi », puis il avait ses ami.e.s aussi, ses passe-temps... Les joues à peine gonflées, tu marmonnas un petit « Si ». Tu t'en faisais, et c'était normal. Non ? Tu bougeas vaguement la tête ensuite, les pupilles un instant calées sur le sol. Tu n'étais pas seule, pas entièrement mais tu le seras. En cours, pour manger... t'aimais pas la solitude, tu la fuyais et l'idée que tu puisses la rencontrer te paniquait plus que tu ne pouvais l'expliquer. Ca devait être ridicule à entendre mais c'était ainsi, tu supportais pas être seule. Il était là aujourd'hui, maintenant mais tu ne pouvais pas l'obliger à être là demain. Car encore une fois, il avait sa propre vie aussi. Un sourire léger, mais doux, vint tout de même étirer ta bouche à cette double promesse, apaisant ton esprit perturbé. « Sûre », assuras-tu. « On peut aller boire un truc alors » que tu acceptas l'idée mais aucun bâtiment ne semblait vous attirer. « Ah bon ? Là-bas ? », tu lui lanças un regard crédule avant de froncer les sourcils, étudiant alors ses propositions, même si tu avais la sensation d'être juste... bête. Pensée difficile à effacer, car tu ne voulais pas que Keeho le pense. Tu relevas ton attention vers lui, gênée, avant de dévier le regard. « Parce que... », que tu commenças dans un souffle las. « Parce que je reste avec elle », tu bougeas un peu les épaules. « Et parce que je voulais pas que tu vois ça, ni que tu y sois emmêlé. Je veux pas que tu aies des soucis à cause de moi », tentas-tu d'expliquer, te mordant quelque peu la lèvre. Tu lui lanças un regard, coupable, hochant simplement la tête. « Les arcades ? Sauf si tu préfères les boutiques. Tu dois acheter quelque chose ? Ou tu préfères aller chanter ? J'aime bien chanter mais je chante pas très juste », tu prévenais, au cas où, le sourire quelque peu amusé. « Le temps qu'on reste ensemble on peut aller n'importe où ça me dérange pas », tu t'adapterais. Tu serras ses doigts, refusant de lâcher pour l'instant, continuant d'avancer. « Ou sinon on va aux arcades, on gagne quelques peluches et des snacks et on pourra aller regarder un film », que tu tentais de rassembler plusieurs propositions en une. « Et comme ça on passe le reste de la journée tous les deux », tu papillonnas des cils dans un sourire innocent, un rire t'échappant ensuite, l'air un peu plus timide et gêné.