⇝ Suji avait juste envie de manger en paix, une des raisons pour laquelle elle s'était mise dans un coin de la cafétéria dans ce qu'elle espérait être un coin où personne n'aura l'idée de vraiment venir la déranger, bien entendu quelques élèves étaient venus lui demander si ça ne gênait pas qu'ils mangent à la même table, elle n'avait rien contre tant qu'ils ne tentaient pas de faire la conversation ou trop de bruit à ses yeux. Et jusqu'à présent elle avait réussi à ne pas avoir trop de personnes bruyantes à sa table, elle pouvait manger tranquillement ce qu'elle avait sur son plateau et profiter de son repas. Jusqu'à ce qu'elle relève la tête et qu'elle voit plus loin un visage familier, lui, elle aurait pu s'en passer de pouvoir reconnaître qui il était... parce que ce n'était clairement pas une bonne nouvelle dans son cas. Non le garçon en question avait plutôt tendance à lui hérisser le poil plus qu'autre chose, c'était juste chimique, tout chez lui crashait avec la personnalité de la jeune femme. Ne viens pas, tu ne m'as pas vue. Suji ignorait pourquoi chaque fois qu'ils étaient dans la même salle, il venait la voir, elle était un aimant ou quoi ? Elle était loin d'être aimable avec lui, et pourtant... à croire que c'était devenu un jeu aux yeux du garçon. De savoir combien de temps elle allait tenir avant qu'elle n'explose. Suji baissait le visage vers son plateau, tentant de se faire oublier mais quand elle vit un autre plateau entrer dans son champ de vision, elle se mordit la lèvre avant de relever le visage. « Tu es sûr que tu peux pas aller ailleurs ? » Elle marmonne, regardant autour d'eux. « T'as des tas de tables libres. » Pourquoi il venait à la sienne ?

⇝ La première pensée qui te traversa l'esprit fut de constater le monde présent à cette heure-ci. Pas que tu t'en formalisais généralement. Ni aujourd'hui, d'ailleurs. Le temps qu'on ne venait pas t'embêter pour tout et n'importe quoi. T'appréciais pas forcément ce bourdonnement sonore mais ce n'était pas comme si tu pouvais leur demander de se taire. La seconde pensée qui vint flotter dans ton esprit fut de te dire que tu allais devoir trouver une table. Il y avait des places libres, t'en avais repérées quelques unes en jetant un rapide coup d’œil – mais certaines tables étaient occupées par ces personnes que tu ne pouvais pas voir en tableau, ces hypocrites qui allaient t’accueillir bras ouverts alors qu'ils te détestaient. A vomir. La troisième pensée qui te traversa l'esprit – ou plutôt la quatrième puisque t'avais hésité pour le choix du dessert, était de te confirmer que oui, tu l'avais vue ta place. Et tu avais remarqué la jeune femme juste à côté. Le sourire fin aux lèvres, ce fut le pas lent que tu t'avançais, posant ton plateau à côté du sien. Avec elle au moins tu savais qu'il n'y aurait pas de faux semblants le temps d'un repas et … c'était reposant. « Je suis sûr », et tu vins prendre place, pour la peine. « Je te dérange pas j'espère ? Super », tu soufflas, satisfait, sachant très bien que tu la dérangeais. « Oui mais t'y es pas, là-bas. Donc c'est pas cool. Je suis mieux là », assuras-tu dans un mouvement du visage. « Qu'est-ce que tu racontes de beau depuis la dernière fois ? », la questionnas-tu. On pourrait presque vous croire amis. Presque. « Je crois que hier au parc on a croisé le jumeau maléfique de Mushu. Ce fut une expérience étrange », elle t'avait rien demandé mais tu partageais. Parce que t'étais généreux. « J'ai hésité avec ce plat aussi », tu désignas son assiette. « Bon appétit ! »

⇝ Elle avait un néon au-dessus de sa tête ou quoi pour qu'il la repère aussi facilement au milieu de tous les autres élèves ? Ou alors il avait un radar qui existait spécialement pour elle, the suji radar aka. comment faire péter un plomb à la rouquine chaque fois que je la vois ? Suji ignorait pourquoi Daehyun avait décidé qu'elle serait sa nouvelle meilleure amie, ou plutôt la cible vers qui il venait pour parler encore et encore et encooore... jusqu'au point où la danseuse avait juste envie de devenir sourde pour ne plus avoir à l'écouter. Pourtant au fond, ils pourraient s'entendre elle supposait, juste qu'ils étaient partis sur de mauvaises bases et que la rouquine était une trop grande tête de mule pour changer d'avis et le passer de la case ennemi numéro un à potentiel ami. Et quand elle le vit se poser face à elle, Suji était certaine d'une chose, ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait de case. « Tu dois bien être miro alors, car j'en vois des tas autour de nous. » Elle rétorque en haussant un sourcil. « Si, énormément même. » Il devait bien le voir non ? Bien sûr que oui, il le savait bien, c'était juste qu'il s'en fichait car ça l'amusait trop. Et il continuait à parler, lui demandant comment ça allait, lui parlant de son chien comme si ils étaient de bons amis, comme si elle était intéressée par ce qu'il disait (même si au fond pour être honnête, oui son chien était mignon et qu'elle avait rien contre lui). « Son jumeau maléfique ? Vraiment ? » Elle peut pas s'empêcher d'être curieuse. Mais elle se rappela bien vite qui elle avait en face. « Daehyun, j'ai presque peur de te poser la question car rien que d'y penser j'ai des frissons, et pas des bons mais... » Elle se penche pour poser un coude sur la table, menton dans la paume de sa main et un air blasé prenant place sur ses traits, « t'es amoureux ou quoi ? » Pour être aussi collant ? « Désolée mais va chercher quelqu'un d'autre, je suis sûre que les filles seraient ravies d'avoir ton attention. » Pas elle.

⇝ Tu l'appréciais pour son côté authentique, naturel et franc. Elle te faisait savoir que t'étais chiant, que tu dérangeais ou que t'étais idiot. Ca t'agaçait qu'on essaie pas de te prouver le contraire, qu'on veuille tellement se retrouver dans tes bonnes grâces qu'on en vient à accepter tout et n'importe quoi. Surtout que tu fonctionnais pas comme ça. « J'ai oublié mes lunettes », fis-tu dans un faux air désolé et abattu, les lèvres pincées alors que tu tentais de mimer un semblant de culpabilité. Un sourire vint vite retrouver tes lèvres alors que tu t'installais, pas le moins gêné de savoir que tu dérangeais. « M'en voilà bien attristé », que tu articulas, bougeant vaguement les épaules. Tu savais que tu dérangeais, sinon pourquoi serais-tu là ? « Oui. Le même mais beaucoup plus... », tu agitas un peu les mains, tentant de trouver tes mots. « Un peu plus maléfique. Il faisait tourner sa maîtresse en bourrique. Alors que Mushu est un ange », la paume sur le cœur, attendri en parlant de ton adorable bébé. « Oh tu couvres sans doute quelque chose si t'as pas les bons frissons », vins-tu dire, les pupilles vers elle alors qu'une étincelle amusée brillait dans ton regard. Les mots lui échappant, tu mimas un air surpris, les doigts contre les lèvres. « Tu m'as démasqué. Mince », tes mots manquaient de conviction. Heureusement, tu voulais pas devenir acteur. « Moi qui pensais être discret... mon plan est totalement foutu », tu secouas le visage, mangeant tranquillement. « C'est pas des autres dont je suis amoureux apparemment », tu fronças quelque peu les sourcils avant de tourner ton regard vers elle, bien trop amusé. Tu allas même jusqu'à papillonner des cils. « Je suis pas le pire voisin de table que tu puisses avoir, franchement », peut-être bien que si, en fait. « Bon ok. Je suis sans doute l'un des pires mais pas LE pire », c'était là toute la nuance. « Ok je parle beaucoup, je suis un peu chiant mais au moins je suis drôle et je fais pas de bruits louches en mangeant et je te fixe pas comme si t'étais un bout de viande. En plus de ça, j'ai de la conversation », tu te lançais des fleurs, oui, vu qu'elle refusait de le faire. « Et le meilleur argument, c'est Mushu. Est-ce que t'as déjà vu un être aussi adorable ? Je crois pas », que tu dis, tournant l'écran de ton téléphone vers elle, une photo de ton chien y figurant. « Il est beaucoup plus mignon que son jumeau maléfique d'ailleurs », et tu te doutais bien qu'elle en avait rien à faire mais tu lui racontais quand même. « Il a appris à m'apporter une pantoufle quand je pars. Ca veut dire un truc tu crois ? Genre... oublie pas de rentrer », ou il confondait les chaussures et les pantoufles.

⇝ Pourquoi il venait vers elle ? Il y avait encore des places libres alors pourquoi il s'entêtait à venir lui tenir compagnie alors que clairement ça ne matchait pas entre eux ? On dirait que ça l'amuse de voir la rouquine péter un plomb au bout de quelques minutes passées ensemble. « Parce que t'en portes toi maintenant ? Me fais pas rire, les rides c'est pas pour tout de suite. » Et pourtant dieu sait qu'elle risquait d'en avoir plus tôt que prévu à force de froncer les sourcils et de fusiller le jeune homme du regard. Et maintenant il commençait à blablater comme quoi son chiant avait un jumeau maléfique ? Non mais il la prenait vraiment pour une débile ou quoi ? Il savait bien qu'elle n'allait pas le croire donc réellement il se moquait d'elle et ça avait le don d'agacer encore plus la goguryeo, non mais vraiment qui pouvait le supporter quand il jouait le clown ainsi ? Pinçant les lèvres et fermant les yeux pendant plusieurs secondes, elle se retenait d'attraper son plateau et de la lui balancer à la figure. On respire Suji. « Daehyun, juste stop. » Elle en pouvait plus et ça faisait même pas cinq minutes qu'il était devant elle. Mais le jeune homme n'en avait pas terminé avec elle, au contraire même à croire que les mots de Suji avaient ouvert la voie pour une vraie tirade de la part de l'étudiant, la rousse se contentant de le regarder avec l'air le plus blasé qu'elle était capable de sortir alors qu'il enchaînait encore et encore. « Ton plan était déjà foireux d'avance, » elle marmonne dans une grimace. Oui il avait de la conversation ah ça c'était certaine ! Et dans le fond il avait raison, il n'était pas le pire simplement il avait le don de faire sortir la demoiselle de ses gonds. « Encore cette histoire de jumeaux, Daehyun tu sais très bien que c'est pas possible faut te le rentrer dans le crâne. » Elle soupire, levant les yeux au ciel même si oui il avait raison encore une fois son chien était adorable. La jeune femme avait abandonné l'idée de lui dire d'aller ailleurs de toute façon il n'en ferait qu'à sa tête. « Je ne sais pas, peut-être juste qu'il veut te faire un cadeau tu sais comme les chats qui apportent leurs proies mortes. » Elle ne parlait pas le chien après tout.