La musique résonnait dans mes tympans à m’en rendre sourd. Les corps qui nous entouraient se déchainais les uns contre les autres, alors que d’autres, ceux des stripteaseuses se déhanchaient en rythme sur leur barre de pole dance. J’étais loin d’être un adepte de ce genre d’endroit bruyant où tous les vices étaient réunis, autant la gourmandise, la luxure que le glamour. Je toussais alors qu’un homme m’envoyait sa fumée en plein visage. Etait-il permis de fumer à l’intérieur ici ? Je retroussais le nez, reprenant mon chemin vers les toilettes. Ouvrant une porte que je pensais être ma destinations, j’aperçus une jeune femme assisse dans la pénombre, la pièce seulement éclairé par les éclairages extérieurs, qui me laissèrent apercevoir son visage si mélancolique, si enfantin. Alors, il y avait même des femmes si jeunes qui travaillent ici ? Elle aurait pu être ma sœur. Un pincement me serra le cœur alors que je fermais la porte doucement, pour ne pas la faire sursauter en la claquant. Elle ne m’avait apparemment pas vu. Je soupirais dans un moment de lucidité, ressentant un drôle de sentiment pour cette jeune femme seule dans le noir. Qui pourtant, me donnait l’impression d’être un joli tableau peu expressif mais qui faisait sortir des émotions de nos tripes. Je restais quelque instant appuyé contre le mur avant de me détourner, retournant vers mes amis qui m’avaient tiré jusqu’ici par je ne sais quel miracle, sans oublier d’aller pisser auparavant. Ma vue était quelque peu embrouillé par l’alcool, mais je pouvais encore largement gérer. Enfin, ca, c’est ce que vous dirait n’importe quel homme qui ne se rendait pas compte que l’alcool lui montait déjà à la tête. Et comme si ca ne suffisait pas, j’eus droit à d’autres shoots que je dus descendre sans râler sous peine d’avoir un gage. Et croyez-moi, ces mecs rigolaient pas avec ca.la soirée passait.

La soirée s’était déroulée bercé par nos éclats de rire, de musique rythmée et de femmes dénudés. Alors que je pensais qu’il était temps de rentrer, la petite bande me tirait chacun leur tour vers une porte dérobé, montant à l’étage où il faisait plus calme. Un silence aux ondes sensuelles que les femmes nues apportaient à cet étage. Parce que oui, si en bas, c’était la folie des femmes aux seins nus qu’on ne pouvait toucher, il en était tout autrement ici. « Sérieux les gars, qu’est ce qu’on fout la ? » je les regardais tour à tour sans comprendre qu’est ce qu’on foutait là. J’avais l’air bien con avec mon air benêt, et les trois autres qui riaient à s’en décrocher la mâchoire. « Tiens c’est là ! » dis le plus jeune alors qu’il regardait le numéro de la clef qu’il tenait dans la main. Il l’entrait dans la serrure alors que je le fixais sans comprendre. « Alors ? Tu es prêt il Nam ? C’est ta soirée ! » Écarquillant les yeux, je venais de comprendre. « NON ! Ca suffit les conneries maintenant. Merde, les gars ! » « Fais pas ton relou. Tu t’es enfermé dans le boulot depuis ta rupture. T’as besoin de baiser. » Et c’est sur ces derniers mots que je me fis pousser dans cette chambre sans qu’on en me demande mon avis. J’essayais d’ouvrir la porte, sans grand succès. Ces trous du cul avaient déjà refermé derrière moi de peur que je m’enfuie. « Merde. Vous faites chier les gars. » L’alcool avait le don de faire ressortir cette vulgarité en moi que je n’avais pas en temps normal. Mais dans quoi m’avait-on embarqué exactement ? Je donnais un coup sur la porte avant de me m’appuyer le front contre celle-ci, résigné.

TENUE X Une soirée de plus, une qui ne semble n’avoir aucun effet sur elle, sur ses sourires et ses regards aguicheurs qu’elle lance avec une petite moue langoureuse. Elle est belle Skyla et elle le sait. Elle attire les regards comme les insectes le sont par la lumière. Mais on ne saurait dire lequel des deux se brûlent les ailes. Elle déambule avec une certaine aisance dans le club, malgré sa tenue frivole. Elle attire le client, cherche des yeux ceux qui sauront payer une fortune pour ses beaux yeux. Elle a appris à les reconnaitre, à jouer à ce jeu malsain qui vise à les faire craquer sur elle avant qu’il ne craque sur une autre. C’était parfois une petite guerre entre les filles, à savoir celle qui aurait le plus gros poisson de la soirée. Skyla s’en sortait terriblement bien, même si parfois elle tombait sur quelques hommes violents aux penchants bien étranges … Pourtant ce soir, alors qu’elle s’apprêtait à se pavaner devant un homme qui respirait le luxe, elle fut interrompue par un groupe d’homme, de jeunes hommes qui semblaient aussi excités que des gamins le jour de Noel. D’une certaine façon elle les trouva mignons. Elle pouffa de rire devant leur gêne à lui demander si elle était de ces filles qui vendaient quelques services à l’horizontal. Puis ce fut à leur tour de rougir quand elle demanda si c’était pour leur petit groupe ou une personne en particulier, sûrement piqué par l’idée de pouvoir l’avoir pour eux tous ensembles. Réalisé un fantasme d’adolescent et pouvoir s’en vanter par la suite. Mais ils étaient trop bien élevés et surement trop timide pour oser se lancer dans ce genre de plan. Elle affiche un sourire pour les mettre à l’aise. Enjôleur ce qu’il faut pour les faire rêver.

Après un court moment de négociation, elle prend rendez-vous pour leur ami et sourit en coin. Elle se détourne dans une volée de cheveux et de tissu en dentelle. Elle se réfugie alors à l’étage et prépare son corps, l’enfile d’une tenue qu’elle pourrait qualifier de sexy et innocent. Ses amies lui avaient demandé de mettre une tenue douce et qui respirait la fragilité sans perdre ce côté sexy. Son client avait des goûts plus ou moins étranges et elle se demandait pendant un instant s’il n’avait pas des penchants … qu’elle qualifierait d’étrange. Vu leur âge elle ne craignait pas de tomber sur un pédophile, mais ne sait-on jamais. Quand il fut l’heure pour elle de rejoindre la chambre elle se faufila dans les couloirs, loin de l’agitation du Jungle pour entrer dans la pièce sobre mais délicieusement décorée. Elle se cacha derrière un paravent pour pouvoir ajuster sa tenue et préparer deux coupes de champagne.  Soudain des éclats de voix, un tintamarre dérangeant lui fit passer la tête et lui arracha un sourire. A croire que son client n’avait pas été prévenu. De sa cachette elle l’observe un instant. Jeune, beau. Ca la change de ces clients habituels et on peut l’avouer, elle n’est pas mécontente de cette découverte. Elle se redresse attrape les deux coupes, souffle pour se donner du courage et apparait en silence dans la chambre en lui lançant une petite réplique d’une voix amusée et douce « Hé bien, je ne pensais pas être aussi repoussante pour que vous vouliez fuir ainsi … » Ses lèvres se tire d’un sourire alors qu’elle foule le sol de la pièce de ses talons. Elle s’assoit sur un sofa en soi et croise les jambes avec un charme naturel désarmant. « Assis-toi. » dit-elle en plissant des yeux, ses deux flutes de champagnes à la main. Le tutoiement était fait exprès. Comme si elle prenait les devant, pour le mettre à l’aise alors que son regard se fait plus joueur sous ses longs cils étirés de noir. « Je suis Ten, et toi ? » Commençons par la présentation basique et simple pour tenter de le détendre. 

Je pestais intérieurement, le front collé à la fraicheur de la porte en bois. La vengeance était un plat qui se mangeait froid, et ils ne partaient rien pour attendre avec leur blague qui ne faisait rire qu’eux. Je me tournais dos à la porte, les yeux fermés, soupirant bruyamment. Ayant repris quelque peu mon calme, je jetais un coup d’œil à l’intérieur de la pièce, prenant doucement conscience de ce qui m’entourait, m’imprégnant doucement de l’ambiance qui s’en dégageait. Un silence impérial y régnait, au point que je pensais sincèrement être seul. Ma surprise fut-elle quand j’entendis résonner une voix féminine mielleuse que j’en sursautais presque. Je retins de justesse un cri s’échappant de mes lèvres, me redressant, quelque peu gêné. Je passais une main dans mes cheveux, réellement mal à l’aise par la situation. « Je… » Commençais-je mal assurer, redressant la tête, reprenant de l’aplomb avant de tomber nez à nez avec une demoiselle… peu vêtue. Je ne pus m’empêcher de la fixer, observant ses généreuses courbes, et cet ensemble qui les mettait délicieusement en valeur. Tout d’homme normalement constitué aurait réagi de la sorte, mettant ses actions de gentleman au placard un court instant. Pourtant, elle avait cet air si innocent qui me marqua. Elle devait avoir mon âge, voir même un peu plus jeune. Je détournais immédiatement le regard en en prenant conscience. Je ne voulais pas être de ces hommes qui la regardaient avec cet air de prédateur vorace. Je n’avais rien de ces hommes. Si j’étais là, c’était parti d’un pari débile. « Il faudrait être fou pour vous trouver repoussante… » Déclarais-je décemment. Après tout, je ne pouvais nier l’évidence : c’était une femme magnifique. Je lui jetais néanmoins un coup d’œil au son de ses talons frappant le sol. je ne pus qu’obéir, bien qu’avec une certaine réticence, à un semi-ordre. M’approchant furtivement, et surtout maladroitement, je pris place en face d’elle, attrapant la coupe qu’elle me tendait. « Merci… Il Nam, je m’appelle il Nam. » Nerveux, je portais la coupe de champagne à mes lèvres comme si l’alcool pouvait me donner le courage nécessaire pour faire face à la situation. « Vous n’êtes pas obligé de faire cela vous savez ? je veux dire … je suis pas vraiment la pour ca… enfin… vous êtes belle, ce n’est pas ce que je veux dire… c’est juste parti d’un pari débile et mes potes sont tellement cons… d’ailleurs ils perdent rien pour attendre… » Je serrais le point à ses derniers mots, agacé. Avant d’ajouter dans un murmure : « je suis désolé… vous serez quand même payé, je suis désole qu’ils vous aient fait perdre votre temps … » J’étais penaud, ne sachant où me mettre. Cette assurance naturelle que j’arborais quotidiennement en tant que capitaine avait littéralement disparu, laissant place à un grand adolescent honteux.