Hera et sa conviction. Hera est son esprit bornée lorsqu’elle pensait avoir trouver la voie à se fixer. Oeillères et bouchons d’oreilles, tel un pur-sang lancé en plein galop, elle fonçait. Il était si souvent difficile de lui faire entendre raison. Ses vieux travers résistaient également notamment lorsqu’il était question de tendre l’oreille à un discours plus raisonnable que le sien. Autant dire que petite, elle avait plutôt tendance à ne jamais rien écouter. C’était ainsi qu’il lui était déjà arrivé diverses mésaventures, de la rencontre d’un serpent – ou d’un papillon peut-être dans son cas – dans les allées naturelles de Singapour, à l’égarement dans les rues inconnues d’une grande métropole japonaise. Elle pouvait dire de ses aînés, la petite dernière les cumulait aussi. Ce fut la pichenette assénée par Raewon qui ramena l’attention de la renarde à lui.
« Aish ! » se plaignit-elle sous l’effet de cette douleur anodine.
Hera monta par réflexe sa main à son front. Son regard se fit tout d’abord désapprobateur mais l’expression ferme qu’elle vit sur les traits du visage de son interlocuteur la décontenança. Sa main se baisse lentement, stupéfaite de l’entendre s’adresser à elle sur un tel ton. Ses paupières clignent. Son grand frère n’est plus son grand frère, car jamais Jae Hwa n’avait hausser le ton avec elle.  Personne dans cette famille n’avait jamais véritablement sermonner avec vigueur la Petite Princesse. Sa mère prenait toujours son partie, sa première soeur s’excusait, son frère ne comprenait parfois seulement pas, son père usait de calme et de sagesse pour la tempérer. Seule, Sunny osait s’énerver après Hera, mais entre elles deux, faire des reproches l’une à l’autre, c’était un peu comme l’hôpital qui se moquait de la charité. Alors, l’impression de se faire réprimander par Raewon l’interpèle, la trouble.  En temps normal, la jeune femme n’aurait pas apprécier du tout de se sentir dans la peau d’une petite fille que l’on gronde. Et elle n’aimait guère cette sensation en effet. Cependant, elle n’arrivait pas à se mettre en colère. Pas en face de lui. La honte poussait la colère dans le gouffre du silence. Ses yeux se baissèrent, prête à capituler tant elle se jugeait ridicule en ce moment. Il avait raison, elle le savait, mais en cet instant, la honte l’enveloppait déjà tant suite à cet incident qu’elle ne s’en sentit que d’autant plus accablée. Ce ne fut que lorsque Raewon mentionna l’éventualité qu’il prévienne Tasyr ou d’autres membres de la fraternité qui mit son esprit en alerte. Instinctivement, les petits doigts de Hera vinrent s’agripper à ses mains. Quand il eut fini de parler, de ses yeux suppliants, elle l’implora :
« Je t’en prie ne dit rien ! »
Son coeur battait à tout rompre dans son affolement. Cet incident ne pouvait, ne devait surtout pas s’ébruiter ! Les bruits de couloirs circulaient tellement vite. Qui savait jusqu’où la rumeur de leur altercation irait ? Jusqu’aux oreilles de qui ? Et elle était devenue une personnalité publique désormais, les répercutions pourraient en être d’autant plus décupler. Une telle chose ne devait pas se produire ! Pour l’image de sa fraternité et pour… certaines personnes qu’elle devait préserver. Ce n’était qu’un petit incident, une engueulade qui avait mal tourné, il ne fallait pas la laisser prendre une ampleur démesurée.
« J’en parlerai ! lui assura-t-elle. Je… Je ne suis pas seule. Ne t’inquiète pas, il y a des personnes sur lesquelles je peux compter. Je demanderai de l’aide à… à Caden Oppa… ou à Ji Hwan Oppa, »  réfléchit-elle un peu à la hâte, celui-ci paraissant actuellement à ses yeux moins sujet à la violence que son colocataire. Car Hera voulait aussi à tout prix éviter des représailles dans la violence. Or, Caden était un impulsif, néanmoins :
« Ne t’en fais pas, j’éviterai de me retrouver seule dans la chambre avec Seyun. Temps que Caden sera là, je me sentirais en sécurité. »
Si elle pensait vraiment tout ce qu’elle venait de lui assurer ? Qu’à moitié seulement. Elle prononçait ses mots avant tout pour le rassurer lui, même s’il était vrai qu’en présence de Caden, elle se sentirait protégée. Ce n’était pas un sentiment qu’elle admettait facilement, mais un lien particulier s’était tissé avec son colocataire. Sans paraître proches, ils veillaient l’un sur l’autre. Quant à sa sincérité au sujet de se confier à des gumiho pour l’aider…  Une bouffée de vent froid s’immisça entre les fibres de ses vêtements lui arrachant un frisson :
« Oppa… j’ai froid… » murmura-t-elle, soudainement regagnée par la fatigue découlant du choc de son altercation.