Il tira sur le joint. Et ça lui brûlait la gorge mais pas autant que ses larmes quand il restait seul le soir. se foutre en l’air. S’envoyer n’importe qui. Bago avait toujours eu cette réputation de mec facile qui adorait s’amuser, mais depuis qu’il avait rencontré sangjae, il s’était apaisé dans son vice, restant donc fidèle à un seul homme. ça avait été un acte dont il avait été très fier, il avait enfin eu la sensation de retrouver une certaine dignité, et que, les humiliations répétées de son amant, n’étaient autre qu’un amusement dans leur duo. C’était secret. C’était personnel. Personne ne pouvait savoir et donc se moquer. Ce fut pour cette raison qu’il ne comprit pas de suite les mots d’Ivy quand elle lui déclara qu’il était tiré vers le bas. Pas maintenant. Pas alors que leur relation semblait évoluer. Avant les mots et les actes étaient tellement pires. L’enfant baisse le menton. « - les choses se tirent vers le haut. C’est juste que… c’est difficile de tenir. Il est devenu plus gentil et plus tendre tu vois ? c’est pour ça que je peux pas renoncer maintenant. J’ai posé tellement de pierres pour construire ce qui tient déjà debout. J’aimerai seulement… » il s’arrêta soudainement, la mâchoire serrée et les yeux, soudainement humides, levés vers le ciel. « - j’aimerai seulement faire quelque chose qui créerait pour lui un manque de moi si insupportable que je lui deviendrai vitale. » ; « - mais je ne sais pas comment faire. »

Wearing. | C'était dur de trouver les mots justes. Ivy était douée pour les écrire mais quand c'était fictif, quand ça touchait les personnages qui peuplaient son imagination. Mais lorsqu'il s'agissait de mettre des mots sur ses propres émotions ou celles de ses proches, elle avait l'impression de ne plus savoir ce qu'ils voulaient dire et lesquels utiliser. Réconforter, ce n'était vraiment pas son fort. A défaut, elle savait écouter, c'était déjà ça non ? Elle laissa Bago fumer tranquillement, écoutant ce qu'il avait à lui dire. Dans un geste réconfortant elle avait posé sa main sur son genou qu'elle caressait du bout du pouce. Son regard sans une once de jugement posé sur lui, elle attendait. Attendait qu'il vide son sac, attendait qu'elle sache quoi lui dire. « J'crois... Qu'il n'y a rien à faire pour créer ce genre de manque. Juste être toi-même... » Elle posa sa tête sur son épaule. « Tu peux pas te forcer à changer qui tu es pour qu'il t'aime un peu plus, pour qu'il veuille rester plus avec toi... » Elle poussa un petit soupir. « J'crois que c'est pas à toi de faire quelque chose maintenant, mais à lui. » Elle resserra sa prise sur son genou, comme une sorte d'étreinte pour lui montrer qu'elle était là. « Tenir la distance encore c'est souffrir... Arrêter c'est souffrir aussi, à toi de voir laquelle tu veux choisir. » Elle avait un peu changé son discours, mais si Sang Jae changeait... Peut-être qu'il fallait s'accrocher ? Elle ne savait pas. Elle ne le connaissait pas assez. Quoi dire en parlant de cet inconnu qui faisait autant souffrir son ami ?

Tout était déjà trop tard. Tout était déjà lancé. Tout était déjà tracé. Il s’en était allé et avait laissé derrière lui un garçon désormais orphelin. Il n’arrivait pas vraiment à mettre de mots sur ses peines alors il a baissé les bras, alors il a foutu le camp. Cette fuite si brutale, cette explosion interne si soudaine, bago n’avait pas su l’expliquer jusqu’à aujourd’hui. Comme si en parler lui avait fait prendre conscience qu’il commençait à devenir aussi martyr que son ancien amant. Sauf que lui il n’avait pas envie de s’enticher de quelqu’un pour le faire souffrir afin de s’apaiser. Il tournait sans cesse la tête vers la fenêtre, revenant affronter le regard d’ivy qui semblait elle aussi affectée par tout ce que lui disait le tatoué. Comme si tout ceci sentait le vécu. Il déglutit et pose le cône qu’il tenait entre ses doigts noirs sur le coin de la tabatière. « - désolé de parler de ça. Je sais pas si je fais bien de me confier à toi. J’ai pas envie que tu te rappelles de trucs que tu voulais pas te rappeler. » une phrase qui ne veut rien dire ; pour montrer à quel point l’étudiant n’était plus qu’une coquille qui n’arrivait même plus à discuter. Bago se redresse sur ses jambes frêles avant de se mettre à tapoter la main de la jeune femme avec son sourire mensonger « - t’en fais pas. Je vais arrêter de le voir, c’est le mieux pour moi. » ou le pire. Parce qu’il est déjà parti. Et parce que maintenant la vie est impossible. il avait besoin de son virus, besoin de sa plaie pour se sentir entier, et maintenant elle n’est plus là. « - ça t’est déjà arrivé pas vrai ? » trop curieux.

Wearing. | Il est vrai que voir Ba Go dans cet état lui rappelait énormément de choses. Des choses pas forcément faciles, mais elle avait l'impression d'en voir le bout. Oui, Ivy pouvait dire qu'elle commençait à ressortir plus forte de tout ça. Peut-être parce qu'elle se sentait à nouveau la force d'en parler, mais aussi la force de conseiller et de rassurer. Alors que pendant un moment, elle ne pensait plus à grand chose si ce n'est sa décision et à quel point elle se sentait seule sans celui pour qui elle avait tant changé. Alors elle lui sourit, d'un sourire aussi rassurant que bienveillant. « T'en fais pas pour moi, c'est pour toi qu'on est là en ce moment. » Ça aussi c'était la preuve qu'elle allait mieux non ? Elle se sentait capable et assez forte de l'aider, de le soutenir peu importe le choix qu'il faisait. « Ma raison te dit que c'est la bonne décision. C'est celle que j'ai choisi aussi. » Son sourire traduisait toutes ces choses qu'elle ne disait pas, que ça serait long, difficile, qu'il aurait des moments de manque tellement cruels qu'il voudrait le retrouver peu importe où il se trouvait. Mais qu'au final... Au final c'était se retrouver, être aimé pour la personne que l'on était réellement, en toute confiance le plus important. Elle hocha finalement doucement la tête. « Oui... J'avais jamais été amoureuse avant lui. L'amour fou... C'était génial au début, il ne vivait pas en Corée en plus alors les retrouvailles étaient merveilleuses. » Elle sourit un peu plus tristement. « Et puis, il est venu vivre ici, on était beaucoup ensemble et j'ai découvert sa jalousie, sa possessivité et j'ai changé... Pour le protéger, j'ai décidé de changer, qu'il ne soit pas jaloux, qu'il ait confiance en moi. » Elle poussa un soupir. « Et je me suis détruite pour rester avec lui. Mais malgré mes efforts je le faisais souffrir et moi je crevais à petit feu... Le quitter, c'est la décision que j'ai prise pour moi survivre, me retrouver. » Sa voix était un peu plus faible, mais elle était sûre d'elle, elle avait fait ce qu'il fallait. « Ça sera dur au début, mais tu te redécouvriras, tu sauras t'aimer sans son regard. »

Il avait eu une confiance aveugle au début, et, bien que certaines peurs se fussent faites plus présentes que d’autres, il avait poursuivi bêtement dans cette direction. Pour quoi à part lui plaire ? et pourquoi sangjae prenait tant de plaisir à voir bago s’oublier ? peut-être voulait-il lui faire passer un message ? peut-être qu’il avait jalousé l’ancienne assurance du garçon puisque lui-même n’en avait plus ? l’étudiant ne comprenait pas, et plus il réfléchissait, moins il trouvait de raisons de persister. Ivy avait raison, et elle semblait juger en toute connaissance de cause. Et, bien que ses mots étaient sages et précieux, le tatoué ne pouvait s’empêcher d’être déçu de sa réponse. Lui, qui attendait qu’elle le rassure, pour lui dire de continuer, de se battre pour celui qu’on « aime » et que jae allait forcément finir par ouvrir les yeux, et par découvrir qu’en fait, c’était bien lui qui lui fallait. Mais à quoi bon mentir encore ? à quoi bon se voiler la face continuellement. Bago restait silencieux, il ne savait pas comment réagir, et il cachait son désappointement derrière un sourire presque effacé. Il n’arrivait plus à penser, alors ses yeux roulèrent vers ceux de son ancienne consœur. Elle aussi ? elle aussi elle avait subi de telles illusions qu’on en vient même à se demander si on continuerait d’exister après tout ça ? pourquoi l’amour ça fait si mal et pourquoi se faire chier avec tout ça ? pour quelles raisons dire au revoir était si difficile ? bago balançait ses jambes dans le vide avant de retenir un soupir. Il avait envie de se convaincre que c’était différent de sa situation à elle, mais il savait au fond ce qu’il devait faire pour que tout ça s’arrête. « - je pense qu’au début ce sera difficile oui. Mais je pense aussi qu’après ce sera invivable. » ; « - de toute façon dans tous les cas c’est invivable. » Conclut l’enfant tout bas. L’ex requin se dressa alors sur ses jambes affaiblies avant de prendre sa veste « - il faut que je réfléchisse à tout ça, si j’y arrive. » un air enjoué vint se nicher sur son visage alors qu’il dépose un baiser sur le front de Ivy pour la remercier en quelque sorte bien qu’il ne soit pas beaucoup avancé. « - je te tiens au courant ! » ment le coréen, s’avançant vers la porte. « - bon courage à toi. » le courage, ce dont avait toujours manqué bago. Il savait qu’à peine ressorti il s’emparerait de son téléphone pour envoyer un message à sangjae.

Wearing. | Si Ba Go s'attendait à autre chose de la bouche de Ivy, elle ne le lui donnerait pas. Elle n'allait pas aller contre ce qu'elle pensait réellement, contre ce dont elle était convaincue pour le conforter dans ses choix. Elle avait trop donné de sa personne, trop perdu elle-même pour l'encourager dans cette voix. Alors, s'il voulait entendre « vas y fonce » ou « accroche toi, continue de te détruire ça finira par payer », et bien non. Elle le voyait à ses faux sourires, elle le voyait à l'attitude entière de Ba Go qui avait changé. Ça lui faisait de la peine. Parce qu'il allait être déçu, il allait peut-être même lui en vouloir de ne pas aller dans son sens. Mais Ivy en était incapable. Elle s'était brûlée les ailes, elle n'allait pas lui dire de faire la même chose. « Il y a un invivable dont tu te remets et un invivable qui finit par te détruire... » A lui de choisir, ce choix était le sien. Ivy avait fait le sien plusieurs mois auparavant et elle était à présent en paix avec sa décision. Le cœur lourd, elle le regarda se lever, pinçant légèrement les lèvres. Elle savait qu'elle ne l'avait pas aider, de toute façon, elle n'était pas très douée pour ça, au moins, elle avait essayé... Elle resta sur place alors qu'il lui embrassait le front et battait en retraite, incapable de quoique ce soit si ce n'est un petit geste de la main. « Fais attention à toi. » Mais sa voix n'avait par porté très loin, alors qu'il avait déjà passé le pas de la porte... Elle poussa un soupir, la boule au ventre, elle était inquiète pour Ba Go, et ne savait comment l'aider. Finalement, elle se leva et nettoya le cendrier et les quelques restes dans la chambre avant d'ouvrir plus largement les fenêtres pour aérer. Elle aperçu la silhouette de son ami s'éloigner de la résidence universitaire, et lâcha un nouveau soupir, pourquoi les histoires d'amour étaient si douloureuses ?