Tu errais un peu sans but dans les couloirs, à la recherche de ton prochain cours. Ou pas, en fait, t'avais pas spécialement envie d'y aller. Pourtant c'est l'heure, mais pff, à quoi bon, grosse flemme. Alors tu te promène sans trop faire gaffe aux autres, puis tu reçois un message. Et tu t'arrêtes, là, pratiquement en plein milieu du couloir. Tu passe au moins cinq seconde à galérer à sortir ton portable de ta poche. Mais avant même que t'ai le temps e te plonger dans la lecture de ce passionnant message un cri t'interpelle. Un cri qui se rapproche assez vite en fait et tu relève les yeux. Et voilà qu'une fille en fauteuil roulant déboule droit sur toi. Ohla. Ok. Euh. Réflexe Kalei c'est parti. Tu laisse tomber ton portable pour rattraper le fauteuil de justesse avant de te le prendre de plein fouet. Une légère grimace, parce qu'elle est arrivée vite et que t'as un peu douillé en la stoppant. Apès quelques secondes à te plaindre intérieurement tu relèves les yeux vers elle. « ça va ..? » Oui, hein, on sait jamais. Puis tu tramasse ton portable en te baissant. Chance pour toi il n'est pas cassé, tu lâche un soupire de soulagement. 

C’était l’intercours, et j’en avais profité pour retrouver Yi Kun, mon ami depuis toujours, pour discuter avec lui et surtout pour m’amuser. On faisait parfois des bêtises ensemble, et c’était franchement cool ! Et cette fois il en avait profité pour me pousser à toute allure dans un couloir. Ça partait bien, je m’amusait. J’avais d’ailleurs cours à l’autre bout de ce fameux couloir. Lui tournait simplement pour se rendre en cours, il n’était donc plus dans mon dos. Je me souviens simplement, lorsque je me rends compte que la salle s’approche, et que ce jeune homme face à moi ne bouge pas, qu’en fait mes freins ont un sérieux problème. Je commence donc à hurler, en priant pour que quelqu’un m’arrête. Je ne constate que lorsqu’il tourne la tête vers moi, qu’il est celui que j’ai observé il y a quelque jour – sans le stalker – et qui ressemble pourtant tellement à mon ex. Mes yeux s’ouvrent en grand, je n’ai le temps de capter qu’il arrête mon fauteuil. Mon corps se soulève de quelques centimètres, et je me rassois rapidement. Mes mains se posent sur les siennes, et mon regard viens rechercher le sien, avec désespoir. Je lis sur son visage qu’il douille un peu, et sans répondre à sa question, je m’excuse avant tout. « Je suis désolée ! » et je m’incline, légèrement, manquant alors de lui donner un coup de tête au passage. « Aigoo, c’est pas possible ! Je suis trop maladroite… » je soupire alors, et n’ose le regarder. « C’est à toi que je dois demander ça, est-ce que tu as eu beaucoup mal ? » je me sentirais vraiment mal si c’était le cas… il s’abaisse, pour regarder son téléphone. « Tu as lâché ton téléphone pour me rattraper en plus ? Ah, je m’excuse sincèrement… » quelle idiote… « Est-ce que tu veux que je t’amène à l’infirmerie ? Tu ne vas quand même pas avoir un hématome par ma faute… ? » si ? Pitié que non.  Est-ce que je l’ai dérangé pendant un appel important, aigoo… j’ai vraiment du mal à le regarder dans les yeux, même si j’en meurs d’envie. « Dis… » j’ai tellement envie de lui parler, et qu’il ne me laisse pas ici. « Non rien… » je ne sais pas quoi lui dire. « Ah si ! » ais-je enfin trouver ? « Tu as cours ? » c’est nul. Franchement nul. J’aurai pu trouver mieux… comme lui demander son prénom, par exemple.

Il y a des jours où tu te béni d'avoir des réflexes. Merci le sport. Merci la vie. Tu grimace un peu parce que t'as quand même cogné dans le fauteuil mais bon rien de grave. Elle s'excuse, elle s'incline et tu recule légèrement la tête pour éviter le coup de boule. Tu souris un peu. Effectivement elle est maladroite mais bon, y a pas mort d'homme non plus. Est ce que tu as eu mal ? Non, enfin un peu mais bon, t'as connu pire. Tu lâche un rire et ramasses ton téléphone et elle continue de parler. Et de s'excuser. Tu secoue la tête et lui coupe un peu la parole quand elle te propose de t'emmener à l'infirmerie. « ne t'inquiète pas, tout va bien, j'ai l'habitude des coups avec le sport » Et les éventuelles gamelles que tu t'es mangé dans tes courses à moto. Mais bon, tu ne va pas évoquer ça ici. Parce que c'est un peu une deuxième vie que tu mène, quand tu fais ces courses là. Tu arques un sourcil quand elle commence à reprendre parole. Dis ? Oui ? Quoi ? Non rien.. ok. Tu rang ton portable dans ta poche et tu peux pas t'empêcher de sourire quand tu la vois faire. Elle a pas l'air de savoir ce qu'elle veut, ou elle sait pas comment le dire ? Est ce que t'as cours ? Tu sais plus, peut être ? On va dire que non. « Pas tout de suite.. et toi ? » Est ce qu'elle tient réellement à se faire pardonner ? Tu lui souris à nouveau, t'es vraiment une brêle en terme de relation sociale mais bon aller fais un effort. tu ne vas pas la laisser culpabiliser comme ça. « Mh.. on peut aller boire un café, pour te faire pardonner ? Si t'es libre, bien sûr. » Tu la regarde, attendant sa réponse. Tu sais que si elle a cours elle risque de préférer y aller, de ne pas les rater. Mais bon, aller, qui ne tente rien n'a rien.

Qu’est-ce qui m’a pris de m’amuser de cette façon ? Heureusement qu’il n’y avait plus grand monde dans les couloirs, que pas grand monde était présent pour assister à la scène, ce serait gênant. Mais d’un autre côté, s’il y avait eu un peu plus de monde, certainement que je serais resté sage ou presque, et je serais très surement restée à ma place. Mais bon, je me sens un peu plus libre lorsque je suis à ses cotés. Je manques de personnes avec qui je me sens vraiment moi-même depuis que je suis arrivée dans cette université. Heureusement qu’il est là, ce jeune garçon dont j’ignore encore le nom. « ne t'inquiète pas, tout va bien, j'ai l'habitude des coups avec le sport » super alors… « Il ne faut pas non plus prendre les coups pour des habitudes… » chuchotais-je alors. Enfin, je dis ça pour lui, et je préfère me taire. Puisque de la manière dont je le dis, surement qu’il le prendrait pour un reproche ou quelque chose du genre alors que c’est loin d’être le cas, je ne me permettrais pas. Avec un peu de chance, il n’a rien entendu. Je lui demande alors rapidement s’il a cours, mais il me répond que non, pas de suite en tout cas. « Non… enfin si. » aish… « Mais disons que c’est un cours auquel j’ai déjà assisté, c’est pas très intéressant. » J’avais toutes mes notes sur moi, je comptais m’y rendre pour tuer le temps, puisque j’ai rien à faire, là. « Donc oui ! » mes yeux brillent d’un coup, comme si on venait d’annoncer à une gamine que le père noël allait passer cette nuit… « Je suis libre. » mes doigts jouent entre eux, avant d’attraper mes roues timidement. « Sortons boire quelque chose, ça me ferait plaisir, en plus exactement, je dois me faire pardonner. » C’est que je m’en veux toujours autant. « Tu connais un bon café pas loin d’ici ? » ce que je peux faire c’est simplement commencer à avancer vers ce que je connais : la sortie de l’université. Il doit y avoir des endroits cool pas loin « Et puis, comme ça je le saurais pour la prochaine fois et si tu dois te faire pardonner pour une raison quelconque, on y retournera à nouveau. » je hausse les épaules, c’est une façon subtile de lui faire comprendre que je tiens à le revoir.

Ne pas prendre les coups pour des habitudes. En soit, bon, c'est pas non plus une habitude. Quoique si, avec la box t'as l'habitude d'encaisser, non t'entraîne un peu à ça aussi faut dire. Elle a l'air de s'en vouloir d'avoir dit ça, tu esquisse un sourire et hausse simplement les épaules. Et quand tu lui demande si elle a cours sa réaction t'interpelle. Oui ou non ? Tu arques un sourcils avant de rire un peu. Ah ok c'est ce genre là; Toi un cours que t'as déjà vu, tu vas pas t'emmerder à y retourner, et puis quoi. Déjà y aller une fois, c'est la misère alors deux.. voilà quoi. Après tout dépend du cours, mais là, c'était clairement un cours théorique pas forcément très intéressant, du moins de ton point de vue. Et vu comme elle a vite préféré aller boire un café, ça confirme un peu tes pensées quoi. Tu marches à ses côtés, les mains dans les poches pendant que tu la regardes avancer en faisant tourner les roues de son fauteuil. Et tu te demande ce qui a pu lui arriver. Est ce que c'était de naissance ou à cause d'un accident ? Et toi, si t'était privé de l'usage de tes jambes tu sais pas ce que tu ferais. Plus de sport. Impensable. Tu péterai surement un plomb. Est ce que tu connais un bon café. Ouais. « Il y en a un au bout de la rue, qui n'est pas trop mal, j'aime bien y aller » Tu lui souris un peu et continue d'avancer, lui montrant la direction à prendre. Puis tu hésite avant de prendre ton courage à deux mains et de poser la question délicate. en générale tu t'en tape de blesser les autres, mais ils sont pas blessé physiquement, t'es pas non plus un con à ce point. Tu montre ses jambes du menton. « Il t'es arrivé quoi ? » Aucune discrétion. Aucune délicatesse, t'es pas vraiment doué pour la délicatesse il faut dire. Alors bon voilà, la question est posé. Puis c'est pas pour se moquer d'elle.Enfin elle l'aura compris non, que c'était une question sérieuse ?

Ouf, c’était moins une. Déjà, je me suis mêlée de chose qui ne me regardaient en rien, et puis il ne l’avait pas mal pris. Normalement, je ne me mêle jamais de ce qui me concerne pas, pourtant, là c’était plus fort que moi. Par chance il m’offre un large sourire, que je lui rends un cœur un peu lourd. J’ai cette chance ou non, de pouvoir suivre les cours deux fois maximum par semaine. Pas tout le monde n’a fait son emploi du temps à pouvoir le faire, mais moi si. J’aime bien, lorsque je n’ai pas tout compris, reprendre un bloc de trois-quatre heures pour tout revoir. Je suis quelqu’un d’assidue, et pas tout le monde ne l’est. J’avais donc hésité sans vraiment le faire, puisqu’il était plus qu’important pour moi de sortir boire un petit quelque chose avec ce jeune garçon plutôt que refaire un cours déjà vu. « Allons donc à celui-ci. Je te suis dans tous les cas, je ne connais pas encore trop bien le coin. » nous sommes au rez-de-chaussée, il suffit donc simplement de traverser le couloir. Je force davantage sur mes roues pour me faire avancer, mais ça devient une habitude, depuis le temps maintenant. Mes yeux regardent le fond du couloir, qui semble de rapprocher bien rapidement. Il brise le silence, en me posant cette question que très peu osent poser. « Ah, ça… » je n’ai pas encore préparé une éventuelle réponse, j’y vais donc simplement au feeling, en étant le plus honnête possible. « C’est un accident. Eh non, je ne suis pas comme ça depuis ma naissance. » c’est encore traumatisant pour moi, à l’orale encore, je ne me suis jamais qualifiée comme handicapée. Je préfère en rire, c’est ce que je fais d’ailleurs, alors que nous nous retrouvons dehors : je ris aux éclats, d’un petit rire aigu qui laisse à penser que je suis quelque peu gênée. Je le regard en suite, en essayant de me calmer. « [i]C’est par où ?[/b] » il m’indique le chemin, et il est juste au coin de la rue. Nous y entrons, et saluons les serveurs, de la tête. Je le laisse nous trouver une table, et je m’y installe avec lui. « [i]Tu dois connaître, toi, qu’est-ce que tu me conseilles ?[/b] » dis-je simplement, en attrapant la carte entre les mains.