I. « maman, il va où papa ? » tu as peu de souvenirs de cette période, tu étais encore trop jeune mais tu n'as jamais oublié ce jour où ton père a franchi la porte de la maison, la laissant claquer derrière lui pour ne jamais revenir. « papa il part vivre loin, ma chérie. mais je suis là t'en fais pas. » quand tu y repenses de temps en temps, sur le rebord de la fenêtre quand tu laisses tes souvenirs d'enfants remonter à la surface, peut-être que tu aurais dû avoir plus de mal que ça à t'en remettre. et pourtant, ta jeunesse à l'époque t'avait permis de ne pas souffrir, pas trop. quelques années après ça, ta mère t'avait annoncé dans un sourire que tu aurais un nouveau « papa », tu voulais lui dire que c'était pas possible, que tu pouvais qu'en avoir un. t'as refusé de prendre son nom quand ils se sont mariés. cet homme que tu connaissais que peu, ta mère ne voulant pas te brusquer, et le voilà qu'il débarquait dans ta vie avec son fils plus âgé que toi de quelques années. il vous t'as montré de l'indifférence, parfois même de la colère, mais toi tu comprenais pas, qu'est-ce que tu avais fait de mal ? pourquoi il ne t'aimait pas ? encore aujourd'hui ça reste une question que tu te poses, bien que tu saches au fond pourquoi, tu l'avais entendu le dire à un de ses potes un soir, alors qu'ils parlaient fort dans le salon, comme s'il s'en fichait que tu puisses l'entendre. tu devais avoir peut-être onze ou douze ans, tu sais plus. mais t'as pas oublié cette colère qui transparaissait dans sa voix. il vous détestait, ta mère et toi. et ça faisait mal, parce que tout ce que tu souhaitais c'était un frère. d'avoir une famille unie. et que ce dernier refusait de vous considérer comme telle.

II. tu jettes un coup d'oeil par dessus l'épaule de na yeon, regardant les étudiants attendant leurs tours pour faire des essais pour le club de basket. tu lâches un long soupir alors que tu passes une main pensive dans tes boucles brunes. « tu peux me dire pourquoi je suis là  déjà ? » tu souffles dans l'oreille de la jeune femme devant toi, ta main venant se placer sur son bras pour attirer son attention. « pour entrer dans l'équipe, t'es sourde ou quoi ? » tu hausses un sourcil, pourtant c'était pas comme si ton amie aimait vraiment ça, tu la soupçonnais plutôt d'avoir un coup de coeur pour l'un des joueurs plutôt qu'un véritable intérêt pour le sport. tu lèves les yeux au ciel, décidant d'observer les garçons jouer. tes yeux qui suivent les joueurs, sans vraiment comprendre l'intérêt de courir après une balle, jusqu'à ce que ton regard se pose sur l'un des joueurs, ce dernier s'apprêtant à tirer. tu sens ton coeur rater un battement, très légèrement. mais tout aussi vite tu détournes les yeux, ton attention se tournant rapidement sur autre chose, oubliant en quelques secondes ce visage qui pourtant te marquera plus tard.

III. la tonalité qui continue encore et encore sans qu'il ne daigne répondre, cette pointe de tristesse qui est là, qui ne disparaît jamais totalement. tu sais qu'il ne répondra pas, et quand bien même il le ferait, ce serait pour t'envoyer balader. tu jettes un coup d'oeil de l'autre côté de la vitrine, voyant la pluie tomber à grosses gouttes dehors. tu avais bientôt fini ton service, et tu avais oublié ton parapluie à la maison. pour une fois tu avais espérer, que peut-être il pourrait venir. mais comme d'habitude, c'était des espoirs qui s'envolaient. un soupir gêné qui s'échappe de tes lèvres, tu ramènes ta veste contre toi quand tu sors dehors, une main au dessus des yeux pour pouvoir regarder devant toi. tu pouvais te débrouiller toute seule, t'avais pas besoin de lui. après tout s'il aimait fait comme si t'existait pas, alors toi aussi tu pouvais le faire.