Sôji était rentré tôt aujourd'hui : Sora n'était pas disponible, Kazuya persistait à ne pas répondre à ses appels, et même Shûji était trop occupé avec sa boutique pour passer du temps avec lui. Autant dire qu'il avait vite fait le tour de ses connaissances, vu le peu qu'il avait. Lorsqu'il était rentré à l'appartement qu'il partageait avec son colocataire Da Bin, ce fut pour constater que ce dernier n'était pas là. Forcément, ce dernier devait travailler, contrairement à lui. Vivre comme un yakuza n'avait pas que des bons cotés, vraiment. Après avoir déposé les clés sur la table du salon, il avait erré un moment dans l'appartement vide, sans savoir quoi faire. Il s'ennuyait, pire qu'un rat mort. Il décida donc d'aller se laver les cheveux : ça l'occuperait, au moins, et il n'aurait pas besoin de le faire une autre fois. Alors qu'il s'endormait contre le mur de la douche, du shampoing dans les oreilles, la porte d'entrée claqua, le réveillant de sa soudaine torpeur. L'ennui ne pouvait pas tuer, qu'ils disent. La voix de Da Bin retentit dans le hall, et Sôji sortit de la douche, pour enfiler un caleçon, avant de sortir de la salle de bains.


« Bin' c'est pas trop tôt, je commençais à grave m'ennuyer moi ! » cria Sôji en attrapant une serviette dans le couloir, qui devait traîner là depuis la dernière fois qu'il s'était lavé les cheveux. Alors qu'il se dirigeait dans la direction de son colocataire, la serviette dans les cheveux, un miaulement aigu retentit. Sôji fronça les sourcils, tandis que Da Bin, désormais à coté de lui, se crispait imperceptiblement. « Bah putain, je sais qu'il fait froid dehors, mais pour attraper un rhume comme ça ! » Toujours aussi suspicieux, surtout en voyant la façon dont son colocataire agissait, Sôji le contourna l'air de rien, pour essayer de comprendre ce qui ne tournait pas rond chez lui aujourd'hui. Et c'est là qu'il aperçut la bosse dans son pull. Il tendit le bras pour la toucher, et aussitôt, un autre miaulement retentit. Le visage de Sôji se vida de toutes ses couleurs comme sa main retombait à ses cotés, et son regard accrocha celui de Da Bin. « C'est quoi cette blague ? »

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Sôji n'avait jamais eu de bonnes histoires concernant les animaux. Les seuls dont il a gardé des souvenirs encore aujourd'hui, ce sont les chiens de garde que les membres du clan lâchaient sur eux pour les forcer à s’entraîner, à continuer de courir même lorsqu'il était fatigué. Il s'était déjà fait mordre la fesse gauche par un berger allemand, donc les animaux et lui, ça faisait trois. Bien qu'il n'ait jamais été en contact avec d'autres animaux, tels que des chats ou des oiseaux, le japonais était incroyablement méfiant : si jamais ces sales bêtes préparaient la domination du monde par le biais de l'esclavage des humains, il serait un des rares survivants à encore avoir toute sa tête. Pour justifier le nouveau bruit aiguë qui ressemblait affreusement à un miaulement félin, Da Bin décréta qu'il était affamé, avant de s'excuser pour filer jusqu'à la salle de bains. Sôji le regarda partir, les mains sur les hanches, les méninges fonctionnant à plein régime. Son colocataire agissait bizarre, décidément, aujourd'hui. Peut-être était-ce dû au froid dehors, songea-t-il, en essuyant ses oreilles mouillées, glissant la serviette autour de son cou avant d'aller à la cuisine, pour voir ce qu'il pourrait bien leur cuisiner. Parce que personne n'imaginait que le yakuza savait actuellement cuisiner. Ce qui était absolument vrai : à part réchauffer des restes et faire chauffer des nouilles, Sôji ne savait rien faire à manger. « Da Bin, ça te va si je commande deux boites de pâtes carbonara ? » s'enquit-il depuis la cuisine, cherchant déjà son porte-feuille des yeux pour l'argent.


Seul le bruit de l'eau qui coule lui répondit. Il haussa les épaules, avant de prendre le téléphone pour commander. Da Bin n'était pas difficile à vivre, des pâtes lui iraient surement. Après avoir passé la commande, Sôji fouilla le frigo pour trouver une bière survivante de leurs soirées, et une deuxième qu'il déposa sur la table pour son colocataire. Alors qu'il ouvrait soigneusement sa bière, pour ne pas en faire gicler partout, un étrange bruit lourd retentit, semblable à celui de quelqu'un qui se taperait contre un meuble. Concerné, se demandant si ce n'était pas son colocataire qui était tombé ou qui s'était fait mal, Sôji se rendit jusqu'à la salle de bains, pour l'ouvrir. Avant de se rendre compte qu'elle était fermée à clé. En faisant la moue, il cogna à la porte plusieurs fois pour signaler sa présence. « Bin', tu t'es ramassé ou quoi ? J'ai entendu un drôle de bruit, il y a trois secondes. » lui signala-t-il, buvant une longue gorgée de bière pour se rafraîchir l'œsophage.

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