n matière de filles je crois que j’ai toujours été compliqué depuis très jeune. Pas de cheveux trop courts, pas trop blonds, pas trop grosse, pas trop maigre, pas trop extravertie, pas trop introvertie.  Pas trop de poitrine, pas trop de fesses, pas trop de ceci, pas trop de cela. Ouais. J’ai toujours été difficile (néanmoins j’avoue avoir toujours pris ce qui s’offrait à moi). Ça marchait comme ça : si mon entrejambe disait oui, alors je suivais sans broncher, et après je voyais si le cerveau de la jeune femme suivait. Car les femmes connes, je supporte pas ça. D’un autre côté, celles qui parlent trop aussi. L’avantage que j’avais trouvé avec Sunah, c’est qu’on pouvait discuter de tout et de n’importe quoi. Rien n’était tabou, rien ne l’agaçait, rien ne la vexait, bref, tout lui plaisait, à partir du moment où je pouvais interagir. Le seul bémol, restait que je n’aimais pas le too much. Et Sunah parlait beaucoup trop pour ma pauvre tête qui venait de se prendre un certain nombre de coups pendant l’entraînement d’aujourd’hui. Ok, elle a passé du temps avec son père, ils ont réparé un moteur, patati patata, il était cassé patati patata...ok. Je m’en fous. C’est cool si elle a pu rester avec son père mais pourquoi elle vient me parler de mécanique ? Moi j’y connais rien, quand ma voiture a un problème, j’appelle le garagiste et c’est tout. Alors pourquoi elle vient me gonfler avec ses histoires de mécanique ? J’évolue dans un monde de brute -si puis-je dire-, et il faut qu’en plus ma propre copine, se mette à parler de trucs qui ne m’intéressent pas du tout. Et puis, avouons-le, si je sors avec elle, c’est aussi pour avoir une femme près de moi mais non, elle, la femme, préfère parler de voitures. Comme si, je bouffais pas assez de testostérone comme ça dans la journée. Parfois j’ai l’impression de sortir avec un mec doté de seins. C’est inquiétant. Je sais qu’elle aime beaucoup la moto et la mécanique mais ça lui enlève une part de féminité qui me déplaît assez. Peut-être que je suis trop coincé, peut-être que ça devrait sortir de l’ordinaire une copine qui s’intéresse à un moteur et aux courroies d’une voiture plutôt qu’une copine qui passe son temps avec ses amies pour aller faire du shopping et de la manucure...mais...moi...ça me dérange. « Je t’ai fait un exposé là, pas vrai ? » me demande soudainement la pipelette. Je n’ose pas lui répondre que oui elle m’a fait un exposé et que oui ça m’emmerde, et que oui, elle ferait mieux de changer de sujet, mais finalement c’est elle-même qui prend les initiatives. Quoi que je m’imaginais pas à ce genre de question. Est-ce qu’elle a le droit de me dire que je lui ai manqué ? Parce qu’il faut un papier signé par le conjoint pour avoir le droit de dire « tu me manques » maintenant ? C’est quoi cette question idiote ? Je lève les yeux instinctivement au ciel pour bien lui faire comprendre qu’elle pose des questions inutiles et que je ne veux pas perdre mon temps à lui répondre. Si elle me manque elle n’a qu’à me le dire. Comme si j’allais la taper parce qu’elle m’a dit que je lui manque. Elle est sans doute la seule à me le dire avec Suah qui, dans des élans de bonté, se rappelle parfois que je suis son meilleur ami et qui prend des nouvelles de moi. Et dire que ces deux-là sont amies...Sachez que c’est horrible. Savoir que votre copine et votre meilleure amie sont très bonnes amies...Il n’y a rien de pire. Le nombre de fois où j’ai paniqué en me demandant ce qu’elles pourraient bien se raconter. Je suis certains qu’elles doivent tout se raconter. Au début de notre relation, Sunah et moi on a essayé de cacher qu’on flirtait ensemble mais..autant dire que Suah a très vite compris notre petit manège et elle a fini par comprendre. Maintenant qu’elle est au courant, j’ai l’impression d’avoir passé une barre encore plus haut. C’est comme-ci je ne devais pas décevoir deux femmes à la place d’une. Parce que si la première n’oserait sûrement pas me faire des réflexions en face, la seconde a quasiment tout pouvoir sur moi et qu’elle ne se priverait pas pour me claquer certaines choses à la figure. Quand je dis que cela me tracasse, je ne rigole pas. La dernière fois après une partie de jambes en l’air avec Sunah, je me suis posé une question qui d’ordinaire, sonnerait malsaine, mais, ouais, je me suis demandé si elle racontait tout à Suah. Ça se trouve je baise mal et les deux pyobeom  s’en donnent à cœur joie pour se moquer de mes capacités sexuelles.

« Ouais allons au restau... » je lui répond avant de lui tirer bras pour la remettre dans la bonne direction. La voiture est à gauche et madame va à droite. Faudrait peut-être qu’elle prenne des cours d’orientation celle-là. Bon. Elle veut aller au restaurant....La connaissant. Ça va erre entrée, plat, et le dessert elle le prendra chez le boyfriend. Et encore, ça c’est si elle s’amuse pas à me faire du pied sous la table pendant que je regarde le menu. Sunah est une fille espiègle. En plus aujourd’hui elle n’a pas pu avoir ce qu’elle voulait sous la douche alors...je sais qu’une fois après avoir franchi le pallier de ma porte elle ne va plus me lâcher. A m’entendre vous pourriez penser que ma copine est un fardeau, n’est-ce pas ? Loin de là. J’explique juste que c’est une fille accro au sexe. A part ça, et ses délires sur la mécanique,c’est une fille normale. Elle aime bien se faire inviter. En même temps...Je me vois mal la laisser payer. C’est moi l’homme après tout et je n’ai actuellement pas de soucis d’argent.  « Bon allez monte » je lui ordonne presque après avoir ouvert les portes de mon Audi. Joli cadeau que je me suis offert en rentrant de Londres. J’ai une moto aussi, mais autant dire que je ne l’utilise jamais. J’avais dit à Sunah que je lui offrirait un jour, mais...non. Voir Sunah sur un engin pareil me file la chair de poule. S’il lui arrivait quoi que ce soit ou qu’on la lui volait, je me sentirai vraiment mal. Ce n’est pas que je ne lui fait pas confiance, mais après cinq mois de fréquentation, je pense connaître assez la demoiselle pour savoir qu’il ne vaut mieux pas que je le la lui donne. Après...Peut-être que si elle est vraiment sage je pourrais faire une concession, mais pour le moment,  ma décision est prise. « Tu veux manger où? » je lui demande en démarrant la voiture même si je sais parfaitement où est-ce que je vais l’emmener : le premier restaurant où elle et moi on a dîner. Certes on en a pas fait cinquante mille, mais c’est significatif non ? De toute manière je suis une bille en matière de romantisme donc elle fera avec. « Passe moi mon paquet de clope s’te plait » je lui demande en me raclant la gorge. Oui je sais, ça fait deux ans que je dis que je vais arrêter de fumer, mais apparemment je n’y arrive pas. Pour ma gouverne Londres a été le pays de la débauche et j’y ai goûté pendant un an, que ce soit en matière de sexe, de drogue, et d’alcool. Depuis que je suis revenu en Corée je me suis totalement calmé. « Au fait tu...hum...tu m’excuseras pour...les deux dernières semaines » lui dis-je en allumant ma cigarette, arrêtés à un feu rouge. « C’est...Enfin t’as bien pu le voir...je suis assez occupé et dès que je rentre, j’ai tout sauf le temps de sortir pour te voir toi ou la frat’....Donc c’est un peu chaud...Mais ça devrait aller pour la fin du mois » j’ajoute, clope au bec. Autant m’excuser maintenant. Je lui dis la vérité, j’ai pas pu passer beaucoup de temps avec elle et mes amis, et je sais que je ne suis pas très sympa quand je suis fatigué donc, plutôt qu’elle supporte un Hae Yeol de mauvaise humeur, je préfère annuler mes rendez-vous.