Assise sur ce banc, avec lui, Ye Won n’a pas réellement envie de penser au reste. Elle veut simplement profiter de ce moment de répit qu’on lui offre. Cette trêve dans une vie trop mouvementée. Une ébauche de bonheur qui se découvre devant elle. Elle fait des efforts, fait son maximum pour mettre de côté ce qui peut parfois la tracasser, lui faire peur. Et ce, surtout depuis cette dispute. Ye Won refuse de croire qu’ils pourraient se déchirer autant qu’avant. Pas après s’être autant dévoilé à l’autre. Elle se concentre sur tout ce qu’il y a de plus concret. Tous ces moments passés ensemble, même les plus courts. Toutes ces nuits à pouvoir dormir dans ses bras, à simplement sentir sa présence près d’elle. C’est ça le plus important. Pas ces appréhensions, ni même le passé. Et même si elle a encore du mal, elle sait qu’elle doit le laisser derrière elle, d’une façon ou d’une autre. Ca n’effacera pas tout, mais ça leur permettra de vivre pleinement cette nouvelle histoire qu’ils écrivent ensemble. Elle rit de sa remarque, commençant à manger son plat. Même à ce niveau, elle fait des efforts, même si elle éprouve encore bien des difficultés à manger une assiette entière de nourriture. Elle a passé trop de temps, à se contenter du minimum pour tenir, ses joues encore creusées en sont la preuve. Mais peu à peu, elle retrouve son appétit, apprécie un repas dehors, comme aujourd’hui. « Promis, je vais essayer. » qu’elle répond simplement, dans un sourire. Au fur et à mesure des jours, elle se rend compte, des efforts qu’il peut faire pour elle, et ça lui fait du bien. Ca soulage ces blessures qui sont loin d’être guéries. Ca les soigne un peu plus à chaque fois. A observer les gens autour, elle se sent d’autant plus chanceuse, de pouvoir le voir, de ne plus rester enfermée. Elle est heureuse de se dire qu’elle arrive à retrouver goût à tout ça. Mais au fond d’elle, elle sait qu’Il Kyang n’y est pas pour rien. Elle n’est pas sûre qu’elle arriverait autant à en profiter s’il n’était pas là. Un baiser chaste qu’elle dépose sur sa joue, elle continue de manger, lentement, pour se donner plus de chances de terminer son plat. A sa question pourtant, elle se fige un instant, son regard qui se perd au loin. Puis, elle pose sa boîte à côté d’elle, se tourne vers lui. Elle comprend, qu’il ne parle pas que d’aujourd’hui, mais des autres jours en général. Leurs genoux se frôlent, elle baisse le regard un instant, commence même à jouer avec ses doigts. Pourtant, ce sourire est toujours dessiné sur ses lèvres, plus léger. « Ca va… » qu’elle souffle dans sa direction. Et même s’ils vivent cette euphorie des débuts depuis plusieurs semaines maintenant, ils n’ont pas réellement pris le temps de discuter de choses plus importantes. Elle ne peut pas nier qu’elle l’évite, quelque part. De peur de créer une nouvelle dispute peut-être, ou bien d’être celle qui gâchera tout. « Mon père est toujours sur mon dos, ça changera pas. Mais j’ai appris à faire avec depuis le temps. Et puis, je t’ai retrouvé… » sa voix se fait un peu plus timide, alors qu’elle baisse sa tête. « Bon d’accord. Mon psy me prend pour une folle de savoir qu’on est à nouveau ensemble. Mais je sais que cette fois, ça sera différent, pas vrai ? » à cette question, elle plonge son regard dans le sien. Cette fois, ils se le disent, se le répètent, qu’ils s’aiment. Rien ni personne ne pourra plus s’immiscer entre eux. Et elle y croit, réellement. A cette nouvelle chance. Elle s’y accroche, peut-être trop. Son psy est le premier à lui dire de ne pas fonder tous ses espoirs sur les dernières semaines qu’ils viennent de passer. Mais elle ne saurait faire autrement, maintenant qu’il est là. Et qu’importe finalement, que les autres lui intiment qu’elle met trop d’espoirs en eux. Cette fois, elle veut leur donner cette véritable chance, celle qui les fera avancer ensemble, aussi longtemps que possible.

Il y avait ces sujets qu’on évitait. Ceux qui pourraient nous blesser. Je savais qu’une part de moi voulait les aborder, mais j’avais peur des retomber. Et si au final ça nous détruisait ? Si on se rendait compte qu’on ne pourrait jamais se pardonner ? Bon sang, j’ai peur de ça. Peur qu’au final tout puisse partir en fumée. Je crois en nous, parce qu’on s’aime assez pour être fou d’essayer à nouveau. Mais il y a ces remords… ceux que je garde avec moi. Il n’y a pas un jour sans que je ne repense à tout ce qui nous est arrivé. Pas une seconde ou les regrets ne me tordent pas le ventre. Je fais avec, après tout je ne pourrais pas toujours faire semblant. Mais parfois c’est difficile. Et même si j’aimais cette insouciance entre nous je ne veux pas être l’un de ses couples qui n’assument rien. J’ai été un type horrible ! Ça me suivra toute ma vie. J’ai été un toxico et ça aussi c’est ma plaie. Je ne peux pas faire comme si j’avais toujours été comme je suis maintenant. Presque heureux ? Je grimace un peu, pose mon plat à mon tour. En réalité j’ai le cœur battant. J’ai peur de ce qu’elle pourrait dire. Mais je crains encore plus ses mensonges. J’ai peur de la voir me mentir, vouloir me faire croire à ses choses pour mon propre bien. Je suis au-dessus de ça Ye Won. Je veux une vérité, même celle qui blesse. Je l’écoute, me sent un peu plus faible quand elle ose parler. Puis je me rends compte que tout me revient en tête finalement. Ces moments douloureux, ces crises, ces disputes… nous avons été loin tous les deux. Et la dernière avant que nous soyons en couple m’a… affolé. J’ai l’impression d’avoir été jusqu’au bout. J’avais cette chose qui me tordait l’estomac. C’était soit aujourd’hui… ou soit jamais. Et ça m’a fait flipper ! Je ne lui en parle pas, mais je l’ai dit à mon psy. Ils sont toujours pareil, c’est à moi de chercher les bonnes réponses n’est-ce pas. J’ai compris que je préférais qu’on crève, plutôt que de vivre loin de l’autre. Et c’est aussi effrayant que exaltant ? J’ai la trouille d’être trop amoureux. Même si c’est déjà foutu pour moi… Bien sûr ça sera différent cette fois. Mais Ye Won… j’ai peur de moi. J’ai peur de jusqu’où je serais capable d’aller pour toi. C’est ça qui me tue ! J’ai vu les ravages que j’ai causés. J’hausse les épaules, presque amusé « Le mien m’a juste demandé ce qui avait changé dans ma vie. Quand je lui ai dit il m’a dit très bien. » Je souris. Le mien ne m’emmène pas à des conclusions trop lourdes. Il est surtout là pour m’aider dans mes addictions. S’il voyait que ça devenait nocif je crois qu’il me le dirait. Mais là… je n’ai pas touché à une seule goutte d’alcool depuis des semaines. Et la drogue… je passe au-dessus. Alors au final, je crois qu’il s’en fout un peu. Ye Won c’est différent… elle n’est pas suivis pour les mêmes choses que moi. Et je suis le responsable de son acte… de cette chose que je n’arrive toujours pas à m’expliquer. Je ne sais pas comment vivre avec parfois. J’ai beau être bien avec elle, la regarder, nous voir différents… mais il y a ce poids qui me pèse. Ces images qui me hantent quand je m’endors. « Tu sais que… je t’accepte comme tu es. » en lui disant ça, je venais jouer avec ses doigts. Un peu nerveux, triste aussi mais je ne voulais pas lui montrer. En sortant de nouveau avec elle, j’ai accepté de devoir la voir dans cet état. De devoir vivre avec tout ça… « Mais parfois quand je te regarde… j’ai peur pour toi Ye Won. » est-ce que c’est horrible de lui dire ça ? De lui dire que je suis mal parfois quand je croise son regard ? Ce n’est pas sa faute. Tout est la mienne. Et j’ai cette douleur qui ne me quitte jamais. « Je sais que tout est arrivé par ma faute. Mais il y a des choses que je n’arrive pas à oublier non plus. » Je relève les yeux vers elle et passe une main dans ses cheveux. « Ye Won, on a jamais parlé de ton overdose. » et je lui dis avec les mots justes. Parce-que on ne peut pas toujours faire semblant. Il faut qu’elle sache que ça me pèse. Que je ne comprends toujours pas comment elle a pu en arriver là. Est-ce que ça ne l’effraie pas d’être avec celui qui l’a brisé ? Qu’il l’a poussé jusqu’au… suicide ? Un frisson me parcours la peau, alors que mes yeux s’embuent. Putain, je ne devrais pas en reparler. Ça me bouffe. Et j’ai tellement peur pour elle. Dans ma vie tout a changé après ça. Je ne sais pas si elle s’en rend compte vraiment.

A les voir depuis quelques semaines, ils ressemblent à deux adolescents amoureux, vivant leur première histoire. On aurait bien du mal à savoir ce qui se cache derrière. Tous ces mois à se déchirer, à se détester. Etait-ce pour mieux s’aimer ? C’est ce que Ye Won a envie de croire, finalement. Ses sentiments pour lui n’ont jamais été aussi forts, elle en est persuadée. Mais elle sait aussi que ça a laissé de nombreuses cicatrices en elle, qui mettront du temps à guérir. Que contrairement à avant, cette fois la peur de le perdre à nouveau est omniprésente. Qu’elle se dissimule sous bien des façades. Il lui faudra apprendre à vivre avec, mais elle est prête à le faire si c’est le prix à payer pour être enfin heureuse. Pourtant, à cet instant, elle est nerveuse. Elle sait qu’il est certainement temps pour eux de discuter de choses moins agréables, de sujets qui pourraient fâcher. Son coeur s’affole, alors qu’elle joue avec leurs doigts, n’ose pas réellement le regarder. Ses mots la rassurent, mais pourtant, elle sent qu’il y a ce poids qui lui pèse. Qu’il y a des images qui ni l’un ni l’autre ne pourront oublier. Elle s’en veut, de lui avoir fait subir cette image d’elle, inconsciente, simplement prête à lâcher prise sur sa vie. Elle n’avait jamais pensé qu’un jour, elle en arriverait là. Au point de se détester assez, de ne plus supporter sa vie, au point d’en finir. Elle soupire, se mordille la lèvre. « Je veux pas que tu aies peur… » souffle-t-elle, anxieuse. Mais elle sait qu’elle est fautive de ça, qu’elle ne pourra jamais revenir en arrière, pour se raisonner et empêcher ça. Qu’il faudra bien plus que quelques mots pour s’assurer que ça ne recommencera pas. Elle déglutit, à ce simple mot. Cette vérité qu’elle tente tout autant de mettre de côté. Elle a vrillé. Elle a souffert au point de croire que ça serait la seule solution qui pouvait s’offrir à elle. Sans penser aux autres, à ceux qui l’entourent. Elle a été égoïste, à simplement vouloir faire taire toutes ces douleurs qu’elle avait en elle. « C’est juste que… j’étais vraiment mal ce soir là… » commence-t-elle, cette pointe d’appréhension dans la voix. Et même si c’est encore difficile pour elle d’en parler, elle sait qu’elle le lui doit. « Je … je pouvais plus supporter tout ce qui se passait. Entre le retour de Ye Jun, mon père qui me mettait encore plus de pression, et … toi. Dans ma tête, je te revoyais avec elle, je … Je vous imaginais heureux, en famille, avec d’autres enfants… Et je pouvais pas le supporter alors que je voulais simplement être avec toi… » Elle est sincère, dans ce qu’elle dit, même si elle se sent encore maladroite. « Je sais que j’avais Ji Ho … Mais il était juste un pansement, je crois. » Une grimace qui se dessine sur son visage, alors qu’elle coince nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. « En te voyant dans cette boutique, avec cette peluche, je crois que j’ai juste craqué… J’en pouvais plus d’avoir aussi mal, tout le temps. D’avoir perdu cet espoir qu’on puisse se retrouver. Je … je voulais juste trouver un moyen de tout faire taire, je crois… » Ses yeux s’embuent à y repenser. Dire que les jours d’après, elle avait simplement besoin qu’on la laisse seule. Elle n’avait plus envie de rien, pas même de continuer à vivre sa vie. Il lui avait fallu la présence de son frère, puis de Min Young, pour commencer à se relever, doucement mais sûrement. « Mon psy pense que j’étais certainement déjà dépressive, avant que tu reviennes. C’est juste que … personne n’a su le voir, pas même moi… » Avec ou sans lui, le risque était déjà présent, finalement. Ça aurait pu arriver, quoi qu’il se soit passé entre eux, qu’importe ce qu’elle pensait. En se retrouvant, et en se déchirant autant, ils n’ont fait qu’amorcer la bombe qu’elle a fait exploser en elle.

Je ne veux pas penser à ce moment, je ne veux pas la revoir, encore inlassablement étendu sur le sol. Je ne veux pas repenser à ce que j’ai ressenti. A cette douleur qui m’a pris, qui m’a serré le cœur au point que je voulais en crever. Plus jamais ! Plus jamais je n’aimerais me souvenir de cette nuit-là. Mais rien n’y fait… j’y pense, encore et encore. Quand je suis loin d’elle, quand elle dort à mes côtés… il m’arrive parfois de la regarder, de la contempler, le cœur battant… effrayé à l’idée qu’elle a voulu s’en aller… et je reste longtemps, des minutes entière à prendre conscience qu’elle est encore là. Pour me rassurer, me dire que finalement ça n’était jamais arrivé. Mais tout c’est faux. Je le sais… je ne peux pas me mentir, ni à moi ni à elle. Pour nous, on e peut pas faire semblant. Je ne sais pas quoi faire. Ça me bouffe, ça me hante souvent. Et même encore aujourd’hui. Malgré les bons moments que nous passons. J’ai peur Ye Won, même si tu ne veux pas… c’est plus fort que moi. Je vis avec cette frayeur constante. Cette peur que si tout déraille, elle ne tiendra pas. Et je sais que je ne devrais pas. Que je crois en nous malgré nos erreurs. Mais il y a tout le reste. Tout ce que la vie pourrait mettre sur notre chemin. Et j’ai peur qu’elle n’ait pas toujours le courage. Que ma seule présence ne lui suffise pas. Je l’observe, sent mon cœur se serrer doucement… lentement à ses mots, ces images qui se reforment dans mon esprit. Je voudrais te voir heureuse Ye Won. Je veux ce sourire que j’aimais tant, tes joues moins creusées, ton corps moins meurtrit par tout ce qui nous est arrivé. Je ne veux pas oublier, je veux juste qu’on avance tous les deux. L’entendre me parler de ça me fait du mal, mais j’ai besoin de savoir. De comprendre ce qui s’était passé dans sa tête. Dans son esprit torturé… comment une simple rencontre avait tout pu faire basculer. Et dire que j’avais été égoïste ce jour-là. Je n’avais pensé qu’à moi… loin d’elle… je ne voulais même plus me souvenir de cette rencontre. Tout se jouait, derrière mon dos… je déglutis, avale ses explications difficilement. C’est compliqué pour moi. C’est douloureux… plus intense que je ne le pensais. Si bien que je baisse les yeux, serre les dents pour ne pas sombrer. Je n’ai pas envie de craquer, pas maintenant n’est-ce pas ? Nous en parlons comme deux adultes… mais je ne sais pas. Je crois qu’une part de moi se sent terriblement coupable. Elle avait tellement de poids sur ses épaules. Rien ni personne ne pouvait l’aider… mais est-ce que ça suffit ? Le fait qu’elle soit dépressive est-ce une excuse à ce qui est arrivé ? Je sais qu’elle a subit beaucoup. Des abandons, des tas… et j’en faisais partie Le regard baisé sur nos mains, je reste quelques secondes silencieux. Sans trop savoir quoi lui dire… ce n’est pas que je cherche mes mots, juste que j’ai peur de me montrer trop faible. De ne pas réussir à retenir ce plein d’émotions qui me fait du mal. « J’aurais dût le voir moi… » Parce-que je t’aime Ye Won. Parce-que je tiens à toi, trop pour passer à côté de ces choses-là. Je ne sais plus vraiment ce que j’ai sur le cœur. Je voudrais m’excuser, encore et encore. Jusqu’à ce que plus rien n’existe. Jusqu’à ce qu’on se perde et oublie à quel point nous avons souffert. Je voudrais tout lui donner. Tout lui offrir pour la rendre plus heureuse. Pour effacer tout ça… Serrant un peu plus fort sa main dans la mienne, je l’approche de mes lèvres. Déposant un baiser sur ses doigts, je relève le regard vers elle « Pardonne-moi. » et j’ai les yeux pleins de larmes. La vue troublée par ces perles salées. J’ai envie de pleurer Ye Won. Parce-que je me sens responsable de tout ça. Parce-que je t’aime trop pour passer au-dessus. Et je tente encore de sourire, mais je suis tellement triste. Trop touché, trop envahi de cette angoisse qui me ronge. « J’arrête pas de penser que si j’étais arrivé plus tard… » Je n’arrive pas à finir ma phrase, c’est trop destructeur. Trop angoissant d’imaginer un monde sans elle. Mais je m’en veux de craquer, de céder sous le poids de ces larmes. « Désolé… je ne voulais pas. » je ne voulais pas être faible. Je ne voulais que ça puisse la mettre mal à l’aise. Je me redresse, la regarde à peine quelques secondes avant de l’attirer contre moi. Je ne veux plus jamais qu’une chose aussi horrible lui traverse l’esprit. Je tente de calmer ma respiration, d’empêcher ces larmes de couler plus. « Je t’aiderais ok ? Je te laisserais plus jamais tomber. » je vais prendre soin de toi Ye Won. Et qu’importe le temps que ça prendra. Je veux être là, je veux devenir ton confident, quand plus rien ne va. Je veux que tu te tournes vers moi, je veux tout prendre de toi, et tout te donner.

Ca n’a été qu’un enchaînement d’évènements, qui l’ont menée à cette pente dangereuse. Des épreuves à n’en plus finir. Des disputes, de la pression. Des mauvais choix qu’elle a continué de faire, et cette vie qu’elle ne maîtrisait plus du tout. Pendant des années, elle a voulu se construire cette façade, celle d’une jeune femme qui se foutait de tout, profitait simplement de sa vie, la richesse de sa famille, sans penser au reste. Mais au fond d’elle, elle ne s’est jamais réellement remise de ces abandons. Elle n’a plus su gérer la pression de sa famille pour être la meilleure, après que son frère soit parti. Elle a trop encaissé, et n’a fait que craquer, un peu plus à chaque épreuve qui se présentait devant elle. Et elle aurait aimé, être plus forte que ça. Être aussi courageuse que ce qu’elle voulait bien montrer. Mais tout était si faux, tout a fini par la rattraper. Aujourd’hui encore, elle s’en veut, d’avoir osé en arriver là. D’avoir causé autant de douleur à ses proches, mais aussi et surtout à lui. Qu’importe la difficulté de la situation dans laquelle ils se trouvaient. Qu’importe ce qu’elle pensait de lui à ce moment là. Elle regrette les gestes qu’elle a pu avoir ce soir là, le fait qu’il l’ai retrouvée. Et malgré tout, elle reste éternellement reconnaissante qu’il soit rentré à temps, qu’il ne l’ai pas abandonnée dans ce salon, alors qu’elle était sur le point de disparaître à tout jamais. Parce que finalement, elle n’aurait jamais pu être là aujourd’hui, à sourire de nouveau, à se sentir complète. Tout ça, c’est en grande partie grâce à lui. Jamais, elle n’aurait réussi à se sentir aussi bien sans lui. Jamais, elle n’aurait réussi à reprendre goût à la vie, toutes ces petites choses, s’il n’était pas là. De sa main libre, elle vient caresser sa joue, mais elle sent, cette émotion qui les gagne. Elle voit dans son regard, que lui non plus, ne pourra pas tout oublier en un claquement de doigts. Elle a le coeur qui se serre à cette idée, ces regrets qui refont surface lentement. « On fait tous des erreurs, j’en ai fait aussi… Mais si je suis avec toi aujourd’hui, c’est parce que j’ai aussi compris qu’il fallait pardonner pour que je puisse avancer… » Ca ne veut pas dire qu’elle a oublié. Ca signifie que chaque jour un peu plus, elle passe au dessus, préfère se concentrer sur cette seconde chance qu’on lui a donné. Les cicatrices seront toujours là, mais en pardonnant, elles guérissent plus facilement. Elle a fini par le comprendre, même si ça lui a pris du temps, même si elle n’est pas encore prête pour tout effacer une bonne fois pour toute. Mais c’est un pas en avant qu’elle fait. Pour lui, pour eux. C’est signe qu’elle avance, dans la bonne direction, pour enfin se relever totalement. Chaque jour davantage, elle met de côté cette rancune qui la caractérise pourtant si bien. Quelque part, elle change, elle mûrit un peu. Elle ne pourra pas totalement effacer ce trait de sa personnalité, mais elle travaille dessus, autant qu’elle le peut. Mais cette phrase en suspens la sorte de ses pensées, fait simplement vriller son coeur. Elle déglutit, déteste le voir ainsi. Le regard qu’il pose sur elle lui transperce le coeur, alors qu’elle le prend simplement dans ses bras, ses yeux finissant par s’embuer eux aussi. « Ilki… » murmure-t-elle simplement, le serrant aussi fort que possible contre elle. « Je voulais pas te faire vivre tout ça… Je te le promet… » sa voix se brise lentement, alors que cette émotion l’envahit à son tour. « Je suis désolée… » souffle-t-elle contre lui, alors qu’elle retient un sanglot. Elle finit par se redresser, attrape son visage entre ses mains dans un geste tendre, et plonge son regard dans le sien. « Je suis là maintenant… Je t’abandonnerais pas, je te le promet. Je ferais tout ce qui faut pour remonter la pente… » Elle lui assure, ses yeux ancrés dans les siens. Une promesse qu’elle tiendra, qu’importe ce qui lui en coûte.

Il faut pardonner pour avancer… je n’ai rien à lui pardonné. Ye Won ne m’a rien fait. Avec le temps j’ai finis par comprendre que le seul responsable c’était moi. J’avais ce poids sur les épaules, celui qui m’écrasait et me tordait l’esprit. Mais mon psy m’a aidé, à y voir plus clair à comprendre ces choses-là. Je ne dois pardonner à personne d’autre. Sauf à moi ! Et c’est encore dur de le faire. Même si j’ai appris à prendre du recul, même si j’arrive parfois à passer au-dessus de certaines choses. Ça ne suffit pas ! Il faut du temps, il faut que j’avance, que je partage ces moments, ces discussions avec elle pour continuer à y croire. Un jour peut-être aurais-je finis par être plus indulgent avec moi. J’ai encore trop de choses à régler, mais ça viendra. J’ai envie en tout cas. Seulement quand je suis face à elle et face à cette peine qui me ronge j’ai du mal à passer au-dessus. Je ne lui en veux pas à elle d’avoir eu envie de me laisser. Je m’en veux à moi. Alors j’ai besoin qu’elle me dise qu’un jour elle arrivera aussi à me pardonner. Si elle le fait, je saurais le faire avec moi-même. Mais je ne presserais rien. Je veux qu’elle avance aussi de son côté, mais avec moi désormais. Tous les deux, on y arrivera. Nous sommes un peu bancals, nous avons trop de choses encore en tête. Et je m’en veux de devoir lui infliger ça. Mais je n’y peux rien. J’ai tellement peur que ça prend le dessus sur le reste. Je ne veux plus jamais que ça nous arrive. Je nous sais assez fort pour vaincre que tout ça. Avec le chemin que nous avons parcouru. Le mal que nous nous sommes fait est à la hauteur de nos sentiments. Quand on ne peut pas s’aimer, on se détruit… et nous l’avons fait, un peu trop d’ailleurs. Je laisse échapper un soupir, lourd… aussi lourd que ce qui me pèse encore. Mais je reste près d’elle, dans ses bras à l’abri du reste. Aujourd’hui j’ai encore plus conscience que c’est nous qui pourrons tout arranger. Même si nos proches sont là pour nous aider. Nous sommes les responsables de ce qui a merdé. Je croise son regard, presque plein d’espoir après sa promesse. Elle fera tout pour remonter cette pente… je l’en sais capable et je ferais tout pour l’aider. Je ne veux plus la voir sombrer. Je ne veux plus voir que son ombre. Je veux qu’elle rayonne, que tout le monde la remarque finalement. Je n’ai plus envie de voir ces stigmates de notre passé sur elle. Me mordillant la lèvre, je colle mon front au sien, attrapant son poignet avant de souffler « On y arrivera. » parce qu’on le veut. Et je ne suis pas un imbécile, je n’ai pas besoin que les autres me disent que c’est une folie. Nous le savons déjà. Mais ce que nous ressentons l’un pour l’autre est finalement plus important que le reste. Je crois qu’après s’être autant déchiré. Nous ne pouvons pas faire pire n’est-ce pas ? « On est tous les deux maintenant. » et ça change beaucoup de choses. Je sais que j’ai été entouré, même si j’étais trop aveugle pour m’en rendre compte. J’avais des gens qui étaient là pour moi. J’ai finis par le comprendre, mais j’ai aussi vu à quel point j’avais besoin d’elle. Peu importe que ça ne soit pas bien, on revenait toujours l’un vers l’autre. Alors à force… je crois qu’il fallait arrêter de lutter. Et je ne regrette pas ces décisions. Dans un geste tendre, j’embrasse ses lèvres, un échange salé à cause de nos larmes, mais je veux m’accrocher à tout ça. Je veux me rassurer de sa présence. Elle est là… elle ne partira pas… Me détachant j’essuie mes larmes d’un revers de main, laissant échapper un petit rire nerveux. « Je suis désolé. Pleurer à une pause c’est pas la meilleure activité. » Mais je sais que nous devions en parler. Ça fait partie de nous. Nous ne sommes pas juste un couple amoureux. Il y a tellement de choses… Passant mon bras par-dessus ses épaules, je l’attire contre moi, plaque mon dos contre le banc. Déposant un baiser sur le dessus de sa tête avant de lui dire « Je ferais n’importe quoi pour toi… tu le sais ? » je n’ai pas de limite. Et c’est effrayant aussi. Mais je me rends compte que j’ai changé. Avant je n’aurais jamais eu envie de ça. Même si je tenais à elle, je passais moi avant le reste. Puis me mettant à rire « Tu devrais en profiter. » elle pourrait me demander tout ce qu’elle veut je le ferais. Même faire la cuisine pour elle. Un exploit selon moi. Je préfère sourire, parler plus légèrement. Me redressant,  je récupère son plat et lui tend « Tiens, tu vas pas t’en sortir comme ça. » je lui jette un regard amusé, je n’ai pas oublié.

Il y a de ces choses qu’elle a réussi à pardonner. Les plus petites erreurs sont déjà oubliées. Mais il y a tout le reste. Le plus difficile reste encore de voir qu’ils ont réussi à tout détruire d’un revers de manche. Sans le contrôler, laissant les choses empirer sans prendre le temps d’en discuter. Simplement tout faire exploser, encore et encore. Mais ils ne pouvaient pas aller plus loin, ils étaient arrivés à bout de ce sentiment de haine, qui ne leur ressemblait pas. Et même si certaines images seront compliquées à mettre de côté, même si certaines appréhensions seront encore longtemps présentes, Ye Won y croit. Elle croit au fait qu’ils sont faits pour être ensemble, pour s’aimer et non se détester. Parce que leur amour a été le plus pur et le plus simple qu’il soit, alors que leur haine les a rendus bien différents de ce qu’ils sont réellement. Elle ne peut empêcher ces larmes, cette émotion qui la gagne. Jamais plus, elle ne veut revivre ça. Jamais plus, elle ne veut croire qu’elle est seule, à bout de souffle. Elle se berce dans cette idée, que dorénavant, il sera là. Qu’ils seront bien plus forts à deux, capables de tout surmonter. « Bien sûr qu’on y arrivera. » Il y a de la véracité dans sa voix, cette force d’y croire quoi qu’il en coûte. Peut-être qu’elle a envie qu’il le pense aussi fort qu’elle. Qu’à eux deux, ils bâtiront leur quotidien sur de meilleures bases. Et qu’ils pourront enfin se reconstruire, correctement. Un baiser auquel elle répond, fermant les yeux un instant pour savourer son contact. Un geste dont elle ne saurait plus se passer. « Arrête de t’excuser ! » lance-t-elle finalement, dans un léger rire. Elle se laisse attirer dans ses bras, niche sa tête dans son cou un instant. Elle essuie ses larmes et pousse un soupire de soulagement. Se redressant, reportant son attention sur lui, son regard pétille encore, lorsqu’elle dépose un baiser chaste sur sa joue. « Je veux juste que tu sois avec moi… » qu’elle murmure à son oreille avant de se détacher de lui. Ils en ont fait, du chemin. Ils ont essuyé tellement d’épreuves, et ces quelques mots semblent fous. Pourtant, ils sont bien réels. Cette fois, elle peut l’avouer sans avoir à y réfléchir. Elle peut se perdre dans ses bras sans avoir à penser si ça serait bien ou non. Qu’on les traite de fous, elle n’abandonnera plus jamais Il Kyang, fera tout ce qui est en son pouvoir pour le garder près d’elle. Un autre rire s’échappe d’entre ses lèvres, alors qu’elle récupère son plat, met quelques secondes à prendre une bouchée. « Tu sais que si tu continues à me gaver autant de nourriture, je vais finir par exploser. » Elle a ce sourire amusé sur les lèvres, bien qu’elle ai encore du mal à manger correctement. Elle porte encore les stigmates de ces longs moins à se laisser couler, même si elle fait de son mieux pour retrouver une vie plus équilibrée. Peu à peu, elle prend à nouveau soin d’elle, de son corps. Et même si ça ne se voit pas encore, elle fait ce qu’elle peut, pour reprendre de l’appétit, trouver de nouvelles saveurs à cette vie qui change, qui prend un tournant.

J’ai tellement douté de nous à une époque. Aussi je ne sais pas comment je fais pour être aussi sur de notre force. C’est presque trop beau pour être vrai. Mais nous avons cette chance, qu’on s’est redonnée. Il est évident qu’en étant ensembles, on prenait aussi le risque de souffrir. De se rappeler ce qu’on s’était fait. Mais je ne me voyais pas partager mon quotidien avec une autre. Je n’ai jamais su le faire… Ye Won est la seule fille avec qui j’ai construit quelque chose. Même si c’était une relation à distance. C’était la seule avec qui je voulais être. Je ne sais pas comment j’ai fait pour rester borner aussi longtemps. Juste par crainte de s’attacher ? Mais j’étais déjà foutu à la minute où j’avais croise son regard la première fois. Et quand je le fais encore aujourd’hui, je m’en rends compte. Ça me fait sourire rire presque. D’un un idiot comme je l’ai été. C’était tellement évident entre nous. Sinon j’aurais rencontré une nouvelle fille, j’aurais eu envie de construire quelque chose avec une autre. Mais jamais ! Pas une seule minute ça ne m’a traversé l’esprit. Et même avec Sawan. Bien que Ye Won en pensera toujours le contraire… Je lui souris, persuadé que tous les deux on s’aidera quoiqu’il arrive. Je pense que ça fera de nous un couple solide. On s’est fait trop de mal. Nous sommes plus forts ainsi. On a connu le pire, avant de connaitre le meilleur. Je me concentre sur elle, sur nous deux maintenant. Et j’aimerais vraiment qu’elle puisse reprendre quelques forces. Je ris à sa remarque, la toisant « Hum, je sais pas où tu vas exploser. » je la taquine, amusé. Car clairement, elle a de la marge. Mais je préfère en rire plutôt que d’être toujours inquiet. Ça viendra petit à petit. Si déjà elle fait des efforts ça me va. La regardant du coin de l’œil, je sors mon téléphone « Je t’ai pas montré. J’ai fait des recherches pour l’appart. » Parce-que oui, nous avions finis par en discuter. Et il était temps que je me trouve un endroit à moi. J’avais envie d’être un peu plus indépendant. J’adore Young Min, mais j’ai besoin de changer d’air et surtout d’un peu d’intimité avec Ye Won. Kitae m’héberge depuis trop longtemps. Alors finalement c’est plutôt naturel comme solution. Je n’aurais pas de quoi me payer un appart luxueux. Mais juste ce qu’il faut. « J’en ai trouvé à Hongdae. » mon quartier préféré. J’aime l’ambiance, l’animation… j’ai besoin de quelque chose de vivant. Ça ne veut pas dire que j’allais trouver de suite. Mais au moins j’avais quelques pistes. Lui tendant le téléphone, je lui montrais ceux que j’avais vus. « Bon ils ont pas l’air très grand mais… tant que je suis bien. Ça peut pas être pire qu’une chambre universitaire. » Je ris. Bien qu’en réalité j’aimerais pouvoir enfin ranger toutes mes affaires dans un endroit qui m’appartient. Je ne veux plus faire d’aller-retours chez mes parents. Depuis la dernière fois je ne leur ai pas parlé… ma mère a essayé de m’appeler une fois. Quant à mon père il m’a envoyé un mail pour me parler d’argent… je ne lui ai pas répondu. Je n’en ai marre de cette situation. Et encore plus de lui servir de tirelire. Leur situation s’est arrangée, bien qu’elle ne soit pas parfaite. Mais en quoi leur suis-je redevable ? Parce qu’ils m’ont éduqués ? Mon propre père regrette de m’avoir choisi. Ce sont ses mots alors… non. Je n’ai plus envie de ça. Et sur ces pensées, je garde la tête baissée. Je réfléchis un peu trop alors que je ne devrais plus me soucier d’eux. Parce-que eux s’en fichent n’est-ce pas ? Je ne leur ai pas dit pour Ye Won. Bien qu’ils n’avaient jamais rien eut contre elle. Au contraire, je crois que c’était mon seul choix qu’ils aimaient vraiment. Le plus raisonné selon eux. Et je regrette presque de ne pas pouvoir partager ces choses-là avec eux. Relevant la tête, je me mets à sourire « Est-ce que tu veux qu’on envoie une photo à ton père ? De nous. Avec un petit mot. » je ris un peu plus fort. Je plaisante évidement. Je sais que trop bien ce que son père pense d’un type comme moi. Mais ça me faisait rire. Et puis ce n’est pas comme si je l’avais déjà rencontré en personne ou comme si j’allais un jour le faire.

Tout ne se fera pas en un instant. Chacun d’eux aura besoin de temps, pour rapprendre à vivre à deux, construire ensemble cette histoire. Mais Ye Won a simplement besoin de voir ces regards qu’il pose sur elle, pour s’assurer une fois de plus qu’ils pourront y arriver. Ils ne pourront plus se faire autant de mal, ils s’en sont trop fait pour ça. Alors autant profiter de cet amour qu’ils s’offrent mutuellement. Elle a beau avoir été au plus bas, elle sait qu’elle ne l’a pas épargné non plus. Chacun à leur manière, ont réussi à faire souffrir l’autre, bien plus qu’ils ne l’auraient imaginé. Mais avec toutes ces épreuves, tout l’amour qu’ils arrivent enfin à se donner, plus rien ne pourra être comme avant, en fin de compte. Il aura fallut sombrer pour trouver la lumière, et la force de se dire qu’ils pourront se relever, et c’est finalement tout ce qui compte pour Ye Won. Être enfin capable de donner cette seconde chance qu’elle a pendant longtemps voulu lui accorder. La voilà à rire à sa remarque, se forçant à manger un peu plus à chaque repas. Elle se donne enfin les moyens d’avancer, réellement, sans faire semblant. Continuant de manger son plat, elle récupère le téléphone d’Il Kyang pour observer les photos d’appartements qu’il lui montre, un léger sourire sur les lèvres. « Même un studio sera toujours mieux qu’une chambre universitaire. » plaisante-t-elle, un regard furtif qu’elle lui lance. « T’as regardé à Sinchon aussi ? Ca pourrait être pas mal, non ? Et c’est juste à côté. » Elle continue d’observer les annonces, les parcours chacune leur tour. Dire qu’il y a quelques mois en arrière, c’était elle qui cherchait un appartement. Avec tout ce qu’il s’est passé, elle ne s’est finalement pas décidée à sauter le pas. Peut-être qu’il serait bientôt temps pour elle de faire de même. Vivre au dortoir est bien différent d’avant pour elle. Au final, elle passe plus de temps chez les beolsae avec sa meilleure amie, ou enfermée dans sa propre chambre, sans chercher à voir ceux qui vivent sous le même toit qu’elle. « Ils ont l’air pas mal. Le plus important, c’est que tu puisses t’y sentir bien. » lance-t-elle à son égard, sa phrase qu’elle souligne d’un sourire. « T’en as déjà visité ? » demande-t-elle presque innocemment. Elle ne veut pas interférer dans cette décision qu’il a pris. S’il veut de son aide, elle l’aidera. Mais elle ne choisira pas à sa place, alors que c’est une grande étape pour lui, plus que pour elle. Sourire qu’elle garde sur le visage, finissant par lui rendre son téléphone, caressant sa joue d’un geste tendre. « Ca sera quand même bizarre de plus te savoir au dortoir… Mais je te soutiens, tu le sais ça ? Et puis, tu auras enfin de l’espace pour toi, et pour te concentrer sur ta musique, à part l’agence. C’est une bonne chose. » Elle n’en pense pas moins, espère qu’il arrive à voir, que désormais elle sera toujours là pour lui, le soutenir dans ses décisions. Maintenant, ils sont deux, ils ont leur histoire à écrire, et elle sera présente quand il le souhaitera. Riant à sa remarque, elle finit par poser son dos sur le banc, observe devant elle un instant. Son père n’a jamais aimé la savoir avec Il Kyang. Pendant un temps, il avait laissé faire, persuadé qu’il s’agissait que d’une amourette d’adolescent. Mais maintenant, elle n’est pas sûre qu’il voit les choses de la même façon, bien au contraire. « Tu sais quoi ? J’ai une meilleure idée. J’ai du négocier ma présence à un gala de charité bidon pour avoir la maison de campagne un week end. Et si … tu venais avec moi ? » Sa tête tournée vers lui, elle garde ses lèvres étirées, malicieuse. Il lui a imposé sa présence, mais n’a pas précisé si elle devait venir seule ou non. « Bon, je sais. C’est un truc de riches, y’aura que des gens inintéressants, des couverts en argent et de la musique pourrie. Mais je suis sûre qu’on pourrait bien s’amuser si on y va tous les deux. »

Je souris à sa remarque, la trouve vraie maintenant que je repense à ma chambre universitaire. Ça m’avait convenu durant quatre ans, mais désormais je me sentais un peu à l’étroit. Et puis tous ces souvenirs de ces denriers mois ne faisaient que me hanter. Au final je n’y allais que pour faire plaisir à Young Min quand il voulait passer la soirée avec moi. Alors oui même un studio ça m’irait je crois. « Non, j’ai pas cherché dans ce coin-là. Faudrait que je vois. » Au moins je n’aurais pas beaucoup de trajets à faire peut-être. Ce n’est pas comme si j’étais en retard tous les matins. Déjà rien qu’en étant sur place, je suis obligé de courir pour aller en cours. Alors si en plus je m’éloigne un peu trop… le simple fait de vivre chez Kitae, rendait mes matinées plus mouvementées. Je ne sais pas pourquoi je ne fais aucun effort. « Je devrais peut-être penser aussi à un endroit pas loin du métro. » pas que j’aimais les transports. J’étais content d’avoir eu mon permis assez tôt. Mais ça me ferait perdre peut-être moins de temps aussi. Les apparts que je lui montrais n’avaient rien n’exceptionnels. Ils étaient petits, juste assez pour une personne. Kitae avait un appartement plus grand. Avec deux pièces. Dire qu’il arrivait à se le payer avec ses petits boulots, la musique et l’agence. Il se démerdait surement plus que moi. Mais il n’avait pas la contrainte des études… et le simple fait de perdre déjà plus de cinq heure de mon temps derrière un bureau me rendait fou. Soupirant à cette idée, je laisse mon dos cogner contre le banc. « Non pas encore. Je dois appeler pour prendre rendez-vous. Si tu veux... en visiter avec moi. Tu pourras venir… » Je me mordille la lèvre, presque un peu gêné. En réalité, j’avais bien envie qu’elle me donne son avis aussi. Je ne sais pas… peut-être étais-je un peu fou de croire que ça nous concernait tous les deux. J’avais conscience que c’était moi qui cherchait l’appart, que je le voulais pour moi mais… je pensais à Ye Won. Et au fait qu’on pourrait être tranquille si on avait cet endroit à nous. Ce n’était pas qu’une question d’intimité. Juste du quotidien… ça me suffirait de savoir qu’elle pourrait venir quand elle voulait. Et qu’on ne serait pas obligé de repenser à tout ce qui nous avait blessés. Le dortoir avait bien trop connu notre relation. A nous déchirer, même la salle commune… je n’étais plus sûr de m’y sentir bien. « Ouais, j’aimerais trouver un endroit assez bien isolé. Sinon je crois que mes voisins vont me détester. » Ici, je bossais souvent avec un casque. Haussant les épaules, je me mis à sourire « De toute façon je reviendrais souvent pour voir Young Min et… enfin, il est trop dépendant de moi maintenant. » j’omettais de finir ma phrase sur un Sawan. Et je souris amusé pour me moquer de Young Min. Avec le temps j’avais vraiment appris à le connaitre. Et sans lui, je crois aussi que j’aurais finis par devenir dingue. Puis finalement je repensais à mes parents et à ceux de Ye Won. Je ne pouvais pas m’empêcher de plaisanter sur son père. En vérité je ne lui avais jamais parlé. Monsieur Kim, c’était le genre de type qu’on croise et qu’on évite de regarder. Et la seule fois où je l’avais vu j’avais compris qu’il fallait que je reste sur le pas de la porte. Avec le temps, je ne sais même pas ce qu’il avait pensé de tout ça. Il avait simplement dut se dire que j’avais bien fait de la laisser… et tandis que je pensais à ça, je m’interrompais soudainement en la regardant presque incrédule. Moi ? Aller à un gala ? « Vraiment ? » pas que l’idée me déplaise mais… je n’ai jamais mis les pieds dans une réception pareille. Je veux dire le truc le plus classe que j’ai fait c’est surement aller dans un hôtel quatre étoile. « Je… tu crois que c’est une bonne idée ? » j’hésite un peu. Pas pour nous, mais plus par rapport à son père. Je ne lui ai jamais parlé, il me déteste c’est certains. Alors je ne sais pas… « C’est pas une rencontre officielle ? » elle n’oserait pas je crois. Je nous imaginais mal autour d’une table à faire les présentations. « Si l’idée c’est d’y aller et de le faire chier. Ça me plait ! » Et je me mets à rire comme un sale gamin. Au final ça revenait au même. Mais ça rendait les choses un peu moins… stressantes dans mon esprit. Si je pouvais y aller en me disant que ça allait le rendre fou de rage, je trouvais ça plus amusant. « J’imagine déjà sa tête quand il me verra avec toi. » il avait surement cru que je n’étais qu’un type de son passé. Je n’ai jamais été patient avec le père de Ye Won, je n’ai jamais d’ailleurs cherché à lui trouver des excuses non plus. Il n’a rien de compatissant non plus… et je déteste sa façon de traiter sa fille. « Et on fait quoi pendant ces galas ? Va falloir que tu m’éduques Ye Won, sinon je vais avoir l’air d’un pouilleux. » et je ris, me moquant de moi-même. M’approchant d’elle, je lui souffle amusé « Je pourrais peut-être impressionné ton père. »