Le baiser mettait Nabi dans tous ses états. C’était étrange, elle qui avait tant embrassé de garçons, elle qui avait aimé tant de garçons, elle se retrouvait à découvrir un tout autre sentiment. Un sentiment d’amour, d’épanouissement. Comme si ; enfin. Elle avait enfin trouvé son âme sœur.
Les mains se faufilant naturellement sur les joues de Wonhee durant le baiser, celles-ci ne le quittèrent pas même lorsque le baiser dût prendre fin. Nabi rouvrit instinctivement les yeux, papillonnant légèrement. Elle venait de se réveiller d’un beau rêve… enfin, pas totalement : elle s’apprêtait à y replonger immédiatement. La main de Wonhee sur son dos lui laissait des brûlures d’amour sur le chemin qu’elle avait empruntée sur sa peau, Nabi sentait encore cette dernière picoter, sa peau en redemander, redemander de ce contact, redemander de cette main douce. Et les lèvres n’en demandaient que davantage aussi, elles voulaient retrouver la chaleur de leurs jumelles, ne plus se retrouver à l’air libre, être protégées par un autre baiser.
Ce fut pourtant sa joue qui eut droit à ce privilège, mais Nabi ne s’en plaignit pas. Cela lui tira simplement un sourire, sourire heureux, sourire satisfait. C’était un baiser doux, un baiser délicat, comme si Wonhee refusait de briser le cocon qu’ils s’étaient créés. Sa demande fut sur le même ton, ce même ton qu’on aurait utilisé pour éviter de réveiller un enfant qui dormait dans la pièce. Et l’enfant aurait très bien pu continuer à dormir ; leur second baiser se révéla aussi doux que le premier. Elle se retrouva légèrement plus proche de lui, ses mains pressèrent un peu plus sur la mâchoire de son ex-ami alors qu’elle tentait désespérément de se retrouver un peu plus proche de lui, combler l’espace entre leurs deux corps. Elle avait le cœur qui battait vite et qui en même temps, battait lentement. Parce qu’elle l’aimait, parce qu’elle ressentait trop d’émotions à la fois et pourtant, elle se sentait aussi bien. Apaisée. Tranquille. Wonhee la tranquillisait comme il l’agitait. Incompréhensible, pourtant bien compréhensible.
C’était ça, l’amour.

Pour la seconde fois, ce fut Nabi qui mit fit au baiser. Baiser moins chaste que le premier, peut-être que le troisième sera encore plus intense, plus plaisant. Mais Nabi ne s’y autorisa pas. Du moins, pas encore. Car elle refusait d’aller plus loin avec lui si Wonhee ne savait toujours pas ses sentiments. Elle sentait que, si elle s’autorisait un troisième baiser, ils ne sortiront plus de leur bulle de bonheur et bien que ça allait à Nabi, elle n’avait pas envie de profiter de Wonhee. Elle voulait qu’il soit sûr et certain de ce qu’il ressentait, avant d’aller plus loin. « Alors, » murmura t-elle, le visage à peine éloigné de celui de Wonhee. « Tu m’aimes, ou non ? » L’enfant se réveilla.

Entraîné dans ce nouveau baiser, je me perds encore une fois dans cette vague de nouveau sentiments, dans toutes ces choses que je ne comprends, que je ne pensais qu’il était possible de ressentir. Quelque d’intense et pourtant, si agréable à vivre. J’ai l’impression de trouver la pièce manquante à mon bonheur quand mes lèvres caressent les siennes, quand mes doigts glissent sur sa peau. Mais surtout quand sa chaleur corporelle se lie à la mienne, même si ce n’est que très léger, c’est enivrant. Addictif presque. Alors je n’arrive pas à m’empêcher de me rapprocher d’elle, toujours plus, alors que les mains de la jeune femme se serrent doucement sur ma mâchoire, s’accrochant presque désespérément à ce second baiser qui semble lui faire autant d’effet qu’à moi. J’aurais pu continuer des heures, des heures complètes à l’embrasser, à caresser son dos ou bien juste à la tenir contre moi. Mais Nabi en décide autrement. Lorsqu’elle met fin au baiser, je suis presque frustrée d’être coupé ainsi et mes lèvres chassent les siennes, prêtes à se reprendre cette danse avec ses jumelles. Elles étaient prêtes à se perdre une troisième fois dans leur douceur, dans leur amour. J’ouvre difficilement les yeux comme si cela signifiait la fin de ce rêve, trop beau pour être vrai. Comme si Nabi allait m’annoncer qu’il fallait s’arrêter ici maintenant et à tout jamais, ce n’est pas ce que j’ai envie de faire. J’ai juste envie de l’embrasser même si cela signifie qu’il faut laisser les questions et les doutes en suspens. Juste profiter de ce moment, juste profiter de ses battements de cœur contre mon torse. Oublier la logique et l’incompréhension. Mais il semble que c’est trop demander alors j’ouvre mes paupières pour tomber dans les pupilles de Nabi, dont le visage est à quelques centimètres du mien à peine. Je me mords la lèvre à sa question, j’ai presque envie de dire oui juste pour pouvoir continuer de l’embrasser. Mais je ne peux pas lui mentir et puis… Comment savoir si je l’aime quand je ne sais pas ce que c’est l’amour ? Cette fois, c’est à moi qu’elle en demande trop, je n’ai pas la réponse. Je suis désolée mais je n’ai pas la réponse. « Je ne sais pas. » je murmure en retour. « Je ne sais pas mais j’ai envie de continuer de t’embrasser. » je continue la suppliant presque des yeux pour qu’elle me laisse faire, qu’elle me laisse reprendre nos baisers et qu’elle oublie ses questions sans réponse.

Nabi aussi, voudrait bien continuer à l’embrasser. Elle aimerait tant continuer de se perdre dans ses lèvres, dans ses songes. Alors elle l’aurait fait, si seulement elle ne pensait pas un peu plus calmement, terre à terre. Est-ce que c’était vraiment bon, de se laisser aller maintenant alors que Wonhee n’était même pas sûr s’il l’aimait ou non ? Nabi n’en voulait pas de ça. Elle voulait l’embrasser en étant certaine qu’il l’aimait, aussi.
Pourtant, le cœur chavira quand Wonhee la regarda de ses yeux doux, murmura près de ses lèvres qu’il voulait continuer de l’embrasser. Et Nabi perdit toute sa confiance, toute sa force d’esprit. Il ne savait pas. Il ne savait toujours pas s’il l’aimait. Pourtant, il voulait continuer de l’embrasser. Nabi voudrait tant sceller l’espace entre leurs lèvres et continuer de faire ça, continuer de l’embrasser aussi. Une part d’elle néanmoins lui criait que ce n’était pas la chose à faire, lui fit reprendre ses esprits. Si ça se trouvait, Wonhee aimait simplement ses lèvres ; rien d’autre. Il ne l’aimait pas elle. Et elle n’avait pas envie de ça. Du moins, pas avec Wonhee. Elle voulait bien n’être qu’un corps avec des coups d’un soir, mais elle ne voulait pas ça pour Wonhee. Parce que Wonhee, elle l’aimait réellement.
Nabi esquissa un petit sourire. Peut-être dans une intention de le taquiner ou de se moquer de lui, de lui faire comprendre qu’il était en train d’être complètement stupide, elle l’embrassa au coin des lèvres. Juste à côté, histoire qu’il se dise que pour quelques pauvres centimètres, il aurait pu avoir son Graal. « J’ai besoin d’une réponse, Wonhee, » souffla t-elle. « On reprendra quand tu sauras si tu m’aimes ou pas. » Ferme sur sa décision, Nabi recula alors finalement et se rallongea sur son lit, comme elle était supposée se reposer de base. Et puis elle ferma les yeux, comme une princesse qui attendait son prince pour la réveiller ; elle, elle attendait juste l’amour de Wonhee. Et puis après quelques secondes, elle tourna de nouveau le visage vers lui. « Si un baiser n’a pas suffi à te faire comprendre que tu m’aimes, pourquoi pas sortir avec moi ? » demanda t-elle subitement, nouvelle idée qui vint de naître dans son esprit. Après tout, si elle ne pouvait le convaincre par un baiser, peut-être qu’en faisant plus il comprendra enfin. « Je te ferai comprendre ce que c’est, aimer. » Elle lui fera comprendre ce que c’était, de l’aimer elle.

Mes yeux restent fixés sur le visage de Nabi, me demandant quand est-ce que l’on va pouvoir reprendre nos baisers. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin alors que nous profitions tous les deux de cet instant magique ? Je ne comprends pas pourquoi elle s’échappe de craquer, pourquoi elle se retient de m’embrasser. Pourtant, elle semble avoir autant envie que moi, je ne comprends pas pourquoi ce manque de clarté le force à se retenir comme elle le fait. Ce petit baiser que je reçois au coin des lèvres est plus frustrant qu’autre chose, ce n’est pas suffisant, loin d’être satisfaisant pour les désirs qui se font de plus en plus importants en moi. Je ferme les yeux au contact, essayant tout de même d’en profiter un maximum parce que j’ai le sentiment que c’est le dernier que je vais recevoir pendant un moment. Son souffle contre ma peau, mes paupières s’ouvrent alors que je ne retiens pas un léger grognement de frustration. Je pose mon front contre le sien quelques instants avant qu’elle ne décide de s’éloigner de moi pour s’allonger dans son lit. Je grimace réalisant que c’est la fin de ce petit moment de douceur qui me plaisait pourtant tant. Mes yeux parcourent son visage alors que Nabi semble clore pour de bon nos échanges de baisers. Frustré comme jamais, je soupire en faisant la moue. Je me sens idiot de ne pas avoir de réponse claire pour elle, mais je ne peux pas lui mentir en lui disant que je l’aime alors que je n’ai pas la moindre idée de si c’est le cas ou non. Elle finit par tourner les yeux vers moi, alors que je continue de la regarder comme un enfant à qui on a refusé une sucrerie. J’écarquille les yeux à sa demande, elle refuse de m’embrasser sans une réponse mais elle me demande de sortir avec elle. Pas que j’ai un problème avec cela, j’aime passer du temps avec Nabi mais elle ? Je secoue la tête pour me débarrasser de cette pensée. « Oui, bien sûr que je veux sortir avec toi. » je réponds, combien même ce n’est pas exactement la question qu’elle m’a posé. Si Nabi pense que de cette façon, elle va réussir à me faire comprendre ce que c’est l’amour alors je vais lui faire confiance. Et puis, si je sors avec elle, je vais avoir le droit de l’embrasser non ? Très certainement. « Donc tu es maintenant ma petite-amie. » je dis en levant les yeux au ciel, un sourire idiot sur le visage. Il y a quelques temps, je n’aurais jamais cru dire que Shin Nabi serait un jour ma petite amie, c’est d’ailleurs encore bizarre de me dire que c’est le cas.

Wonhee était frustré. Nabi aussi, était frustrée. Terriblement frustrée. C’était pire, car non seulement elle se retenait d’aller plus loin avec lui, mais justement parce que le garçon ne savait pas s’il l’aimait ou non. Pour elle, c’était évident, il l’aimait, il venait de l’exprimer indirectement. Si ça ce n’était pas de l’amour, alors qu’est-ce que c’était, l’amour ? Nabi n’aurait-elle jamais aimé de sa vie ? Pour elle, Wonhee était définitivement amoureux d’elle mais ça ne semblait pas si clair que ça. Il avait l’air d’aimer l’embrasser mais qu’est-ce qui lui disait qu’il l’aimait aussi elle ? Refusant de continuer sur ce chemin-là, Nabi préféra arrêter. Ils reprendront quand Wonhee aura une réponse à sa question.
Pourtant, rien qu’à voir le Wonhee qui boudait, Nabi ne pouvait s’empêcher de sourire un peu. Il était adorable, à bouder juste parce qu’elle ne voulait pas l’embrasser. Quel gamin. Gamin qu’elle aimait, toutefois. C’était pour ça qu’elle était même prête à sortir avec lui, quitte à ne pas savoir s’il l’aimait réellement en retour ou non. Elle le convaincra qu’il l’aimait pendant qu’ils sortiront ensemble, c’était tout. Elle en était si convaincue que, sur le moment, elle se dit qu’elle était prête à attendre suffisamment longtemps pour que ça se réalise. Après tout, elle était justement convaincue que cette attente ne sera pas longue. Que Wonhee réalisera vite.
Sourire qui étira ses lèvres quand elle l’entendit accepter, même si la seconde d’avant, elle avait cru qu’il refuserait vu qu’il avait secoué de la tête. Et puis, sourire béat sur le visage de Wonhee qui semblait réaliser qu’elle était sa petite-amie. Elle pouffa de rire. « Oui. Celle qui n’aime que toi. » Elle lui sourit, d’un air si confiant qu’elle croyait presque pouvoir lui transmettre cette confiance, lui faire ensuite comprendre qu’il l’aimait bel et bien elle. La réalité était moins facile, cependant. « Bref, je me sens beaucoup mieux maintenant. » On se demandait pourquoi. « On peut retourner en cours, » dit-elle en se redressant de son lit. Parce qu’il ne fallait pas oublier qu’ils étaient en train de sécher là et que Nabi n’avait pas trop envie non plus de rater trop de cours.

La journée a mal commencé mais les choses ont pris une tournante intéressante, alors pourquoi j’ai l’impression de m’être fait tirer dans les plumes en plein vol ? L’impression de rester sur ma faim. Mais je ne peux pas en vouloir à Nabi… Elle vient de m’ouvrir son cœur et je suis incapable de lui dire si je suis aussi amoureux d’elle ou non. Elle se montre même tolérante en acceptant que je l’embrasse deux fois sans même qu’elle soit rassurée sur ses doutes. C’est très certainement pour cette raison qu’elle refuse que nous continuions sur notre lancée, combien même nous en mourrons d’envie tous les deux. C’est évident, cela ne se voit rien qu’aux regards brûlants que nous échangeons. Cela ne m’empêche pas de bouder quand il devient clair que Nabi veut vraiment qu’on s’arrête là. Dommage, extrêmement dommage. Mais compréhensible. Alors que je pense qu’il est temps de redresser de mon petit nuage pour revenir à la vie réelle, celle où Nabi attend que je sache si je l’aime avant se s’engager dans quoique ce soit, la voilà qui me propose que l’on sorte ensemble. Pour me faire comprendre que je suis amoureux d’elle. Je ne sais pas trop comment elle compte s’y prendre mais l’idée me plait bien, surtout si cela signifie que j’aurais le droit à des moments comme celui-ci régulièrement. Elle rit à mes mots, ce qui fait montrer la gêne à mes joues rouges. Peut-être que j’avais l’air un peu béta à dire cela, je lui accorde mais elle n’est pas obligée d’en rajouter une couche en me disait qu’elle n’aime que moi. Mes joues chauffent un peu plus encore avant que je me racle la gorge en détournant les yeux. J’essaie de me reprendre un peu quand je la vois se relever de son lit. J’aurais presque oublié pourquoi nous étions ici. Ma main attrape rapidement la sienne pour la tirer et la forcer à m’asseoir sur le lit. « Hors de question. » je dis en fronçant les sourcils. « Toi, tu dors. » et moi, je te regarde dormir jusqu’à ce que je considère que tu sois suffisamment en force pour te relever. Je m’inquiète, je ne veux pas risquer une nouvelle crise. Puis l’idée de veiller sur ma petite amie m’enchante plus que de raison, ce qui me provoque un nouveau sourire.

Les joues rouges de Wonhee la firent sourire. Il était si mignon, quand il rougissait… Mais elle se retint de faire la remarque à voix haute même si c’était tentant ; elle avait l’impression de l’avoir un peu trop embêté. Surtout qu’elle ne voulait pas le mettre trop mal à l’aise non plus, elle savait à quel point le garçon pouvait se braquer facilement et elle ne voulait pas de ça.

Se redressant du lit, elle était prête à retourner en cours mais Wonhee ne fut toujours pas de cet avis, attrapant sa main pour la faire se rallonger. Main qui se mit à picoter par la même occasion, vague de chaleur dans sa poitrine, mais elle n’en fit pas de commentaire. A la place, ce fut son cerveau qui pensait à ses études et qui n’était pas très content d’être dans cette situation, mais Wonhee ne semblait pas vouloir la laisser partir. Soupirant, elle ne fit pas bataille pour sortir de son lit. De toute façon, ça lui faisait plaisir de rester avec Wonhee un peu plus longtemps et de constater qu’il s’inquiétait pour elle. Autant en profiter. « Ok ok, je vais dormir... » Et elle laissa traîner un silence, pensant que le garçon allait partir ou dire quelque chose d’autre, mais il ne fit rien. Comme s’il allait la regarder dormir. Cela la fit sourire, elle qui comprit le message rien qu’en voyant la façon dont il la regardait. Comment se convaincre qu’il ne l’aimait pas quand elle le voyait la regarder de cette manière ? « Réveille-moi quand il est environ midi. J’ai pas envie de rater mon déjeuner, encore moins mes cours de l’après-midi. » Se reposer le matin ok, mais pas toute la journée non plus, il ne fallait pas abuser. Fermant les yeux, Nabi se permit de se reposer et de partir dans un autre monde en paix, calmant son cœur, ses doutes.