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La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana))

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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Ven 16 Oct - 23:38
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La comparaison avec le robot était assez intéressante aux yeux du Sino-coréen. Il n’y avait jamais pensé avant mais, à présent que l’idée était encrée dans sa tête, qu’il revoyait certains souvenirs qu’il avait espéré être oubliés à jamais, il pouvait se persuader qu’il avait été comme un robot à l’époque. Les règles étaient claires, strictes. Elle ne laissaient rien passer, pas même le caractère difficile de Mingwei. La seule exception dont il avait pu bénéficier était ses arts martiaux. Les enfants de ces familles très riches n’étaient que des instruments pour les jeux d’adultes. Des jeux cruels qui parfois finissaient mal comme le voulait le cliché mais qui, pour le cas des Meng avait été réel. C’était du passé, c’était fini et l’étudiant avait qu’une hâte ; Tout oublier de nouveau. C’était comme des tiroirs qu’il scellait jusqu’à qu’une phrase ou un mot forçât l’ouverture d’un d’entre eux. « Je suis fait de chair, non ? Donc je dois être réel. Ou alors le monde entier est fictif. » Il s’amusait dans sa petite fantaisie à laquelle il prétendait (de façon très mauvaise) y croire. Il fut amusé par la réponse perspicace de la demoiselle. A croire que tous les étudiants venaient de cette université comme si les autres n’existaient pas. Il adorait jouer et le jeu s’était bien lancé entre lui et la demoiselle. « Je peux être n’importe quoi ? » Il fit mine de réfléchir, se moquant légèrement par son geste exagéré de sa main sous le menton. « Et si je te disais que j’étais une licorne et avec une crinière de feu ! » Il s’égarait de plus en plus dans ses idées, mais ça l’amusait tellement. Mingwei était du genre à rigoler à ses propres blagues avant même de réussir à les terminer.

La conversation avançait en même temps que ça se servait entre les mandu et le soju. Le Sino-coréen ne semblait plus pouvoir s’arrêter de parler. Il avait trouvé une jolie jeune femme à taquiner et il n’allait pas la laisser partir sans être satisfait par ses attaques de blagues toujours plus nulles les unes que les autres. Il eut un mouvement de recul, similaire à lorsqu’il prétendait souffrir atrocement au contact du désinfectant sur sa peau abîmée. Pourquoi avait-elle eu le besoin d’appuyer sur les bleus de l’étudiant ? Il savait que ce n’était que ce qu’il méritait après tout ce qu’il avait déjà pu dire comme absurdités. « T’es médecin ou tortionnaire ? » Avait-il marmonné comme un enfant qui commençait à bouder.
Ce moment très rapidement oublié, il proposa un jeu. Elle voulait des réponses ? Elle cherchait à découvrir ces changements qu’avait vécus Mingwei durant ces années où ils s’étaient perdus de vue ? Alors elle devait les mériter. L’étudiant adorait jouer et adorait l’alcool, mixer les deux en plus de pouvoir s’allier sur ces retrouvailles bancales était parfait.

La première question fut rapidement répondue. Mingwei n’était donc plus étonné qu’elle se soit proposée de le soigner. Il ne pouvait cependant juger si elle avait fait du bon travail ou non. C’était simple, facile à répondre mais ce n’était que le début du jeu. La première question lui fut posée en retour. Son sourire vacilla très rapidement avant de reprendre son apparence initiale. Il avait lui-même déclaré les règles mais il les regrettait déjà. Après, il n’était pas exclus de tricher. Il pouvait lui dévoiler qu’une partie de la vérité et taire le reste. Cependant, il n’eut même pas le temps de répondre qu’il observait Dana se lever pour retourner dans le commerce. Elle n’y traîna pas et revint avec plus d’alcool comme promis et de quoi grignoter. Mingwei ne toucha pas aux crackers, restant sur les liquides pour la soirée. « Rocky le magnifique, il allait répondre mais t’es partie. » C’était vraiment plus fort que lui. Avec son humeur, il pensait bien qu’il serait très difficile pour lui d’être un minimum sérieux. « Je suis un héros et la vie est dangereuse. J’aide mon prochain mais un coup est vite parti. » Il n’avait pas besoin de parler des combats illégaux, elle n’avait pas à le savoir. Il but cependant son verre. Il ne pensait pas avoir perdu, seulement il avait soif. « Si tu avais besoin de crier quelque chose sans que personne ne l’entende, quelque chose qui vient du cœur, ce serait quoi. » Il attaquait fort. Peut-être un peu trop et il s’attendait à voir la demoiselle boire. Il était compétitif après tout et avait ce besoin impulsif de gagner. « Il faut que je te resserve ? » Le coude posé sur la table, son menton dans la paume de sa main et son sourire collé aux lèvres, il se tenait prêt. « Alors Wang Dana ? »  
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Sam 17 Oct - 21:37
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outfits. + La soirée avait pris une tournure inattendue. Après sa garde, la jeune femme s’était attendue à juste s’arrêter à la supérette, prendre de quoi grignoter et rentrer aux dortoirs des sangos pour passer une soirée tranquille, à dessiner. Finalement, elle était face à un presque inconnu, un homme qu’elle connaissait mais ne reconnaissait pas, et une paire de baguettes dans une main et un verre de soju dans l’autre, définitivement, une tournure à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle lâcha un rire aux propos de Ming Wei. Peut-être aurait-elle dû vraiment s’inquiéter à son sujet, parce qu’il avait des propos quelque peu... Etranges. Elle n’irait pas jusqu’à dire incohérents, parce qu’elle avait l’impression que c’était bien là l’état normal du sino-coréen. « Je ne vois ni corne ni crinière de feu, je crois que tu mens. » Dit-elle d’un ton presque plat, néanmoins, on pouvait voir dans son regard que la situation l’amusait. « Après, c’est peut-être possible, personne ne me croit quand je dis que je suis une grenouille qui joue de la trompette sur un monocycle. » Et elle haussa les épaules, comme si elle ne pouvait rien faire à ce triste fait.

Dana était une personne prudente. Elle savait que si elle révélait ce qu’elle était, qui elle était à ses proches, surtout à sa famille, sa vie entière basculerait. Ses parents n’étaient pas particulièrement pratiquants d’une quelconque religion et ils savaient faire preuve d’une ouverture d’esprit sélective. Et c’était bien là le problème. L’ouverture d’esprit sur l’homosexualité était partielle, ce « genre de choses » c’était bien chez les autres, pas chez les Wang. La folie, la spontanéité et tout ce qui nourrissait la créativité et l’âme de Dana, c’était bien, très bien même, mais pas trop, à petite dose. Parce qu’il ne fallait pas trop se démarquer. Alors pourquoi Dana, jeune femme si prudente, prenait le risque de jouer ce jeu avec Ming Wei ? Pourquoi ne partait-elle pas alors qu’elle avait fini de le soigner ? Probablement parce qu’elle était curieuse mais surtout intriguée, le sino-coréen avait tant changé, cette personnalité devant elle la fascinait.

« Je suis partie parce que je pense que ce jeu va durer, autant avoir des armes. » Dit-elle avec un petit sourire. Allez savoir pourquoi, elle se disait que ce jeu pourrait durer longtemps, et elle était certaine qu’ils allaient finir par vouloir coincer l’autre avec des questions de plus en plus pointues. « Un héros hein... » Son petit sourire s’était mué plus moqueur sans qu’elle n’ajoute rien de plus. Allez savoir pourquoi, elle avait du mal à y croire. Ce n’était pas parce qu’il aidait des gens de temps en temps qu’il avait l’habitude de se prendre de coups. Mais soit, elle acceptait, après tout, elle l’avait vu (plus ou moins) en pleine action héroïque. Son sourire s’estompa soudainement à la question de Ming Wei, ce n’était pas du jeu. « Je n’ai rien à crier. » Mensonge éhonté que personne ne croirait, tout le monde avait quelque chose à cacher et qui le hantait. Avec un petit soupir, elle tendit son verre pour qu’il le remplisse. « Pourquoi j’ai l’impression que tu ne vas pas la jouer fairplay ? » Et sans attendre de réponse, elle descendit son verre de soju d’une traite avant de reprendre un cracker. Elle se servit ensuite un peu de bière pour passer le goût de l’alcool de riz qu’elle n’appréciait pas particulièrement mais dont l’effet était plutôt bienvenu.  

Finalement, tout en jouant avec son gobelet en carton, elle poussa un petit « mmh » montrant qu’elle réfléchissait bien à la question qu’elle allait lui poser. Finalement, elle posa son coude sur la table avant de poser son menton dans sa paume. La pose pouvait presque avoir l’air lascif, mais la jeune femme n’était pas du tout dans un optique de séduction. Avec un petit sourire, elle regarda le sino-coréen. « Qu’est-il arrivé à Meng Ming Wei en Chine ? » Parce que, ô surprise, elle ne croyait pas à cette histoire de robot. Arquant un sourcil, elle le défiait légèrement du regard. « Je te remets du soju ou tu veux un peu de bière ? » S’il pouvait faire des sales coups, elle aussi. Mais il allait falloir poser de vraies questions, le but était de pouvoir répondre pour apprendre à se redécouvrir. Mais peut-être allait-il la surprendre et arrêter de fuir la question. Après tout, elle n’était plus à ça près avec cette soirée.  
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Lun 19 Oct - 18:05
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Peut-être dans une autre vie, Mingwei aurait pu faire du théâtre. Une autre vie où il ne ferait pas partie d’une famille exigeante alors. Il était plutôt bon pour exagérer ses mouvements et expressions et surjouer une réaction. Il eut un mouvement de recul en se penchant en arrière, utilisant ses abdominaux bien travaillés pour se maintenir en équilibre. La main sur le cœur du bout des doigts il feignait d’être extrêmement blessé. Sa bouche était grande ouverte et il avait laissé un petit cri d’indignation s’exprimer. Il n’était même pas encore ivre et contrôlait encore parfaitement ses pensées, seulement il s’était décidé d’embêter la demoiselle gentiment. « Comment oses-tu douter ainsi de moi ? Si tu peux être une grenouille, je peux être une licorne ! » Peu importait s’il passait pour un enfant qui faisait un caprice, il s’amusait. Tellement qu’il proposa un jeu. Ils avaient de l’alcool, de quoi grignoter, toute la panoplie pour passer une bonne soirée. L’occasion de faire connaissance ou se redécouvrir, l’occasion de trouver de la familiarité dans leur passé commun tout en cherchant de la liberté dans leur présent. Il remercia Dana dans sa tête lorsque celle-ci était allée chercher de quoi tenir les questions et donner du sens au jeu, et il fut le premier à se lancer, commençant de manière légère. Seulement, il n’attendit pas plus longtemps car à peine avait-il répondu (non sans laisser du doute planer) à sa question qu’il enchaînait avec une beaucoup plus personnelle. Si cette question lui avait été posée, il n’était pas sûr lui-même de la réponse. Il avait beaucoup de choses à dire, entre l’amour qu’il portait pour sa mère, la haine pour son père. Mais surtout ce sentiment d’avoir été abandonné et que, malgré tout ce qu’il disait, ce qu’il faisait et prétendait être, il avait secrètement envie de renouer contact avec son paternel, juste le temps d’une conversation à trois, lui, sa mère et Mingwei. Cependant, la partie de lui plus rationnelle lui soufflait que c’était impossible, qu’il tomberait face à une vérité trop cruelle qu’il ne l’accepterait pas. Alors, peut-être, crierait-il qu’il avait envie de tomber amoureux de nouveau et d’être heureux avec cette personne.

Il souffla un coup du nez pour montrer son mécontentement. Tout le monde avait quelque chose à crier et elle mentait. Il allait lui dire de boire son verre et que pour la punir, elle devrait enchaîner avec un autre seulement la remarque suivante le coupa dans ses pensées. Il pinça les lèvres, faussement timide alors qu’il venait de se faire repérer. « Des impressions, ce ne sont que des impressions ! » Pourtant, il prit son verre et le vida aussi. « Ça ne veut rien dire, j’avais soif. » Le Sino-coréen prit la main pour resservir les deux gobelets alors qu’il attendait sa question. Il rigolait déjà d’avance lorsqu’il pensait à ce qu’il pouvait répondre. Son histoire n’avait jamais été réellement tabou, du moins il ne la voyait pas ainsi. Il acceptait (plus ou moins) ce qu’il lui était arrivé et même s’il avait eu des pensées dont il avait absolument honte la seconde après, c’était ainsi qu’allait la vie. « Cette fois c’est à mon tour de m’absenter. » Dit-il avant de se lever pour aller chercher deux bouteilles de bière. Il n’avait pas envie de choisir entre les deux boissons et était parti pour les mixer ensemble. Lorsqu’il revint il prépara aussitôt son mélange et proposa de faire de même à la demoiselle. « Meng Mingwei a du être détruit par le gouvernement, il était devenu trop dangereux. » Dit-il en s’asseyant. Seulement, il n’avait pas envie de boire pour échapper à la question car le but n’était pas de poser une question pour vider un verre. « Sérieusement, c’était horrible. » Il rit légèrement, fier de sa blague alors qu’il buvait son verre. « J’ai bu, mais je vais quand même te raconter » Il avait soif. « La mère de Mingwei que tu as du connaître n’est pas sa vraie mère. Il était triste et a décidé de la retrouver passant des Meng aux Choi. » C’était un très court résumé de ce qu’il s’était passé mais au moins, c’était la vérité. « Il te faudra utiliser tes prochaines questions pour plus de détails. » Finit-il imitant une voix d’animateur de show télévisés.

C’était de nouveau son tour. Il n’avait pas envie de repartir dans un niveau trop élevé car il voulait quand même en apprendre un peu plus sur cette Wang Dana. Il imita d’ailleurs cette dernière lorsqu’il réfléchit à sa question tout en se servant. « Est-ce que tu sais ce qu’est un ‘croque-monsieur’ » L’accent avec lequel il avait prononcé le mot étranger était des plus affreux mais Mingwei était fier de sa question qui venait remettre une ambiance plus légère.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Mer 21 Oct - 14:01
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outfits. + Ne jamais se fier à ses premières impressions, c’était quelque chose que Dana essayait d’appliquer à sa vie. Elle-même était un bon exemple. Sous son apparence de jeune fille peut-être trop sage et propre sur elle, se cachait une femme passionnée et créative. Un feu ardent qu’elle gardait sous contrôle mais surtout sous secret. Elle savait donc que les impressions que l’on donnait et ce que l’on était réellement n’étaient que rarement les mêmes. Néanmoins, à voir Ming Wei devant elle, elle se disait que ce qu’il lui montrait à présent était qui il était vraiment. Et que les impressions qu’elle avait de lui, à savoir que cette espièglerie allait la mener à boire plus que prévu ce soir-là, étaient les bonnes bien qu’il prétendît le contraire.

Elle restait donc dubitative face à la mauvaise foi du jeune homme, certaine qu’il n’allait pas être fairplay. Heureusement, elle avait toujours de l’Advil en stock si jamais son réveil était difficile le lendemain matin. Elle lâcha un « mouais » peu convaincu avant de le regarder se lever sans pouvoir ajouter quoique ce soit. Elle joua avec un cracker en attenant le sino-coréen, se demandant si cette question le gênait vraiment autant, si elle avait été trop loin, ou s’il essayait juste de gagner du temps. Il semblait que ce soit la troisième option alors qu’il revint avec plus de bouteilles et surtout une réponse presque immédiate. Dana le regarda avec attention, attendant qu’il continue de parler et, il fallait être honnête, elle aurait été frustrée qu’il s’arrête à ce « c’était horrible ». La bouche de l’étudiante dessina un « o » délicat alors qu’elle découvrait la parenté compliquée de Ming Wei. Les secrets de famille des milieux aisés pouvaient être terrifiants, avec parfois (souvent) des manipulations et des menaces. Elle ne voulait pas être trop cliché dans sa façon de penser, mais à être proche de cette sphère c’était les conclusions auxquelles elle était arrivée.

« Je vois. » Répondit-elle finalement, dire qu’elle était satisfaite de cette réponse n’était pas vraiment le mot, parce qu’elle imaginait qu’il y avait beaucoup de souffrance derrière cette histoire et ce ton léger et cette désinvolture. Avec un ricanement, elle accueilli la nouvelle question avec un soulagement qu’elle tâcha de camoufler au mieux. Tenant son verre sans en boire le contenu, elle répondit d’un air un brin hautain. « J’ai déjà été en France, Choi Ming Wei. » Elle arqua un sourcil. « Si tu es en effet cuisinier dans un petit restaurant, j’espère que ce n’est pas un restaurant français. » Faisant par-là référence à toutes ces choses qu’il prétendait être un peu plus tôt. Elle leva une main innocemment. « Sans vouloir offenser ton accent français, bien évidemment. » Elle lâcha un petit rire, jouant toujours du bout du doigt avec un cracker qu’elle avait posé devant elle. « À mon tour donc. » Elle réfléchit, faisant une petite moue concentrée avec sa bouche.  

« Ah. » Elle se redressa légèrement sur son siège. « Quel est ton avis sur la tortue en tant qu’animal domestique. » Elle ne précisa pas que selon sa réponse, elle pourrait tout à fait écourter leur petit jeu (comme si !). Elle se souvenait très clairement qu’une jeune femme, avec qui elle avait entretenue une relation (si on pouvait appeler cela ainsi), n’avait de cesse de dire que les tortues de Dana étaient hideuses et inutiles. La sino-coréenne s’en voulait presque d’avoir entretenue cette histoire malgré ça, alors que même leurs relations intimes étaient aussi désaccordées que leurs avis. Elle secoua légèrement la tête pour revenir à la situation présente. « Excuse-moi tu disais ? » Elle n’était même pas certaine qu’il ait répondu, mais l’espace d’un instant elle avait été ailleurs. Comme pour faire office d’excuse, elle but une longue gorgée de bière et afficha un petit sourire contrit en reposant son verre.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Jeu 22 Oct - 0:41
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Leur petit jeu apporté par Mingwei avançait avec un bon entrain, zigzagant entre des questions parfois sérieuses et parfois plus légères, voire complètement stupides de part leur venue inattendue et surprenante. L’alcool continuait de couler dans leur petits gobelets avec quelques snacks, auxquels le sino-coréen ne touchait pas, au centre de la table. On aurait pu croire qu’il s’agissait là de deux amis qui profitaient d’une soirée encore relativement chaude de fin d’été. Il suffisait d’écouter leur conversation pour comprendre qu’en réalité ils apprenaient à se reconnaître (à leur façon) ou à se reconnaître. Au fil des minutes, les joues de l’étudiant commençaient à se colorer, rosées par l’alcool. Il commençait à avoir chaud au niveau de ces joues, mais ça restait une chaleur qu’il appréciait, tendre et familière, comme si sa mère venait poser ses mains dessus. Il avait l’habitude de se laisser entraîner dans le vice qu’était l’alcool, dépassant bien trop souvent ses limites. Ça lui avait souvent joué des tours, le genre où il appelait sa moitié en pensant joindre sa mère pour lui dire à quel point il était heureux de les avoir à ses côtés. Parfois c’était incompréhensible car ses mots étaient mélangés à des larmes de joies comme parfois sa mâchoire n’arrivait tout simplement plus à articuler.

Il avait posé des règles mais ne les respectait même pas, et avait en plus le culot de réprimander (gentiment et amicalement) sa partenaire de jeu. Il buvait quand il ne voulait pas répondre et il buvait aussi quand il répondait. Pour être tout à fait honnête, l’alcool n’était qu’une excuse pour que la conversation fût un peu plus intéressante que de simples renvois de questions et réponses.
Il avait répondu à la question concernant sa famille avec très peu de détails, le but n’avait pas été d’attirer la pitié sur sa personne. Il était heureux et même s’il avait ses envies secrètes qu’il n’avait confié qu’à son meilleur ami (il ne savait pas comment en parler avec sa mère). Et il avait répondu par quelque chose de totalement différent pour alléger l’atmosphère pleine de révélations douloureuses. « Excusez-moi, madame Wang Dana a été en France. » Il se moquait d’elle, mais ne rajoutait aucune hostilité dans ses propos, il avait lui aussi été en France lorsqu’il était encore un Meng. « Enchanté Mademoiselle. » Son français était des plus horribles à entendre, un mélange d’un accent chinois très prononcé qui se voulait britannique tentant le français. « Han, han. Mon accent français est blessé et ne te pardonnera jamais ! » Cette fois, il avait tenté l’inverse : parler chinois avec un accent français. Il faisait une moue qui rendrait fier son meilleur ami alors qu’il laissa le haut de son corps tomber sur la table violemment. Décidément, l’alcool.
Il leva le regard, la joue contre le plastique rouge de la table, attendant sa question. l’incompréhension se dessina alors sur son visage. Il ne pouvait que le mériter alors qu’il avait mentionné un sandwich chaud plus tôt. Il ferma les yeux et ne dit rien pendant quelques minutes pour réfléchir. « Je n’ai rien dit encore. » Répondit-il amusé par l’inattention de la demoiselle. Il se redressa le dos bien droit. « Déjà, je n’aime pas le terme ‘animal domestique’ même s’il est vrai car l’être humain domestique les animaux. Pour moi ils devraient être libres que ce soit dans une maison ou dans la nature même s’il est préférable pour moi dans la nature. » Il finit par un mouvement de la tête pour remettre une mèche rebelle, fier. Mingwei était un amoureux des animaux et il n’était pas contre les animaux domestiques, il priait simplement pour qu’ils profitassent du meilleur confort. « Tu as des tortues ? » Il n’avait pas réfléchit et se rattrapa aussitôt. « Non, non, attends, ce n’est pas ma question oublie ! » Ses mains tapa rapidement sur la table à cause de l’excitation. Il se mit en tailleur sur sa chaise, non sans avoir enlevé ses chaussures avant. C’était une mauvaise habitude qu’il avait malheureusement pris alors qu’il étudiait. Pour une raison inconnue il se concentrait mieux ainsi. « Bon. Wang Dana. » Il essayait d’installer une atmosphère mystérieuse. Sa main imitait un pistolet pointé vers la demoiselle. « Si tu as l’occasion de changer de vie, pour quelque chose de plus simple, moins d’attentes et de responsabilité, le fais-tu ? » Il but un nouveau verre, tout ouïe.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Ven 23 Oct - 19:45
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outfits. + Les crackers sur la table étaient presque devenus vitaux, vu la façon dont les deux jeunes gens enchaînaient les gorgées et les verres d’alcool. Dana avait appris ça à la dure. Lorsqu’elle avait commencé son externat à l’hôpital, les étudiants faisaient souvent des soirées ensemble, pour décompresser autour de bières et autres alcools. Seulement, au début, la jeune femme n’était pas prudente et buvait sur son estomac vide ou ne contenant qu’une banane ou une barre de céréales mangées beaucoup trop tôt pour l’aider à tenir au-delà de deux ou trois verres. Il lui avait suffi de quelques fois à vomir sur le trottoir, dans le caniveau ou encore même dans le taxi pour retenir la leçon : toujours boire et éponger en même temps. Elle ne restait pas sobre, mais elle sauvait un minimum les meubles, même si le lendemain ou le surlendemain sa mère lui faisait des remarques sur son visage marqué ou légèrement gonflé.

Mâchonnant son cracker d’un air nonchalant, elle écouta Ming Wei se moquer d’elle ou, du moins, tourner en dérision ses propos. Elle ne parvint pas à retenir un rire en le regardant faire son cinéma. Dana tapota le bras du sino-coréen dans un geste qui se voulait réconfortant. « Monsieur, s’il vous plaît. » Dit-elle en français avec un accent qui ne valait pas beaucoup mieux que celui du jeune homme. Elle retira sa main et se rassit correctement sur la chaise, croisant les jambes en reprenant une gorgée de bière. Boire pour le jeu semblait être légèrement oublié. D’ailleurs, Ming Wei semblait plus sensible qu’elle aux effets de l’alcool, mais elle était encore loin de s’en faire pour lui. Elle profitait aussi de ce moment, l’étudiante en médecine ne s’était pas rendue compte qu’elle avait en fait besoin de décompresser. Mais son esprit était fatigué, elle le remarqua bien lorsqu’il s’évada quelques instants alors qu’elle venait de poser une question au jeune homme.  

Elle écouta sa réponse avec attention, comprenant son point de vue mais elle était prête aussi à défendre le fait d’avoir ce genre d’animaux chez elle puisque sans son intervention, plus de la moitié aurait été euthanasiée ou abandonnée à leur sort. Elle s’apprêtait à sortir son téléphone de sa poche pour lui montrer une photographie de ses beautés, mais Ming Wei revint sur sa question. Faisant la moue, elle reprit un cracker qu’elle mâcha en boudant presque. La jeune femme n’était pas ivre, loin de là, elle était encore tout à fait lucide, elle commençait juste à baisser certaines de ses barrières, à commencer par celles imposées par la rigueur familiale (et la rigueur qu’elle s’imposait elle-même inconsciemment). Elle le regarda battre la mesure avec ses doigts jusqu’à qu’il appelle son nom. Elle le fixa avec un grand sérieux, attendant la prochaine question. Elle se figea légèrement. Elle n’aimait pas cette question, parce qu’elle se l’était déjà posée tellement de fois mais cela ne faisait que l’abîmer. « À quoi bon refaire le monde. Ce n’est pas possible de changer ce qu'on est. » Son ton était aussi amer que le verre de soju qu’elle descendit d’une traite. Lorsqu’elle reposa le verre, il claqua un peu trop fort sur la table. « J’y ai déjà pensé. On y pense tous de toute façon. » Elle releva les yeux vers lui, puisqu’il devait être bien placé pour la comprendre. « Mais ça ne changerait rien, alors autant ne pas y penser.” Elle haussa les épaules, essayant de forcer un air détaché sur son visage. « Je n’ai pas une autre famille auprès de qui courir pour être moi-même. » Se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle écarquilla les yeux et prit son autre verre, celui de bière et le vida. Elle savait que ce qu'elle venait de dire sonnait comme un reproche, ce n'était pas le cas, et elle avait laissé entrevoir quelque chose qu'elle cachait pourtant si bien. Elle prit un cracker pour sauver les meubles, le mâchant longuement. Finalement, après un long soupir, elle posa sa question suivante. « Tu veux voir mes tortues ? » Un terrain sûr, et surtout avec lequel elle se sentait à l’aise et en sécurité. Sans attendre sa réponse, elle sortit son portable, et après quelques manipulations le fît glisser sur la table. « Je te présente Tank et Turbo. »  Elle le regarda presque menaçante. « Et leurs noms sont aussi cools qu’eux. » Elle n’accepterait aucune critique. « Ils me manquent. » Lâcha-t-elle d’une toute petite voix, plus pour elle que pour lui. Cela faisait un moment qu’elle n’était pas retournée chez elle, volontairement ou non, mais plus que ses parents, c’était ses « bébés » qui lui manquaient le plus.

tank & turbo:
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Lun 26 Oct - 0:46
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L’ambiance était plutôt bonne après cette rencontre relativement catastrophique. Les blessures superficielles du sino-coréen étaient déjà oubliées alors qu’ils enchaînaient tous les deux leurs verres accompagnés de questions. Leur accent français était aussi vite utilisé pour gentiment se moquer qu’oublié car il était préférable de ne pas en abuser. Au pire, personne parmi les passants, autour d’eux, ne pouvaient les comprendre et dans le pire les cas ils les jugeraient rapidement. Ce n’était pas important pour Mingwei, les gens pouvaient dire ce qu’ils désiraient sur lui, il s’y intéressait autant que la paire de chaussettes qu’il avait dû jeter car trouée à l’usure. Il risqua cependant de donner son opinion sur les animaux. Il était confiant qu’il ne pouvait passer pour la mauvaise personne car il aimait bien trop les animaux pour leur faire le moindre mal. Il passait d’ailleurs beaucoup de temps à la ferme de sa fratrie, à défaut de ne pas avoir d’animaux chez lui. Sa grand-mère était malheureusement allergique aux poils d’animaux et sa mère avait donc toujours refusé de prendre un chat. Peut-être qu’au final, ce n’était pas une si mauvaise idée car Mingwei passerait son temps collé dans les pattes de l’animal, à le chouchouter plus qu’il chouchoutait déjà son meilleur ami. De plus, il serait capable de l’utiliser pour draguer. Alors non.

En attendant, rien ne l’empêchait de demander si d’autres avaient des animaux, plus précisément des tortues. Il se reprit pourtant rapidement avant de perdre sa prochaine question. Il n’était plus question de tricher, bien que les verres se vidaient aussi rapidement qu’ils se remplissaient et ce, peu importait réellement si les questions étaient répondues ou non.
L’étudiant avait peut-être eu une mauvaise idée en revenant sur une question plus sérieuse. Ou c’était le retour du karma qui lui explosait en pleine figure alors que le pistolet qu’il formait avec ses doigts auraient pu facilement se retourner contre lui. A la première phrase, son sourire se faisait plus triste, bien qu’encore encourageant. Il pensa qu’il avait eu la chance de pouvoir reprendre sa vie en main et se couper les fils de marionnette qui l’avait tellement cadré dans un mode de vie qu’il détestait. Il grimaça cependant en voyant la demoiselle finir son verre, comme une personne ayant abandonné tout espoir. « C’est faux. On peut tous changer. » Dit-il avec le ton le plus doux. Elle était défaitiste et le sino-coréen n’aimait pas ça. Il avait envie de lui montrer sa version du monde, sa version de l’histoire. Il avait envie de lui offrir des possibilités auxquelles elle n’osait plus penser.

Si son œil le lançait et son arcade piquait encore, ce n’était rien face à la bombe qu’il venait de recevoir. Il sentit comme son cœur tomber dans ses chaussettes alors qu’il mordit ses lèvres. Avait-il simplement fui comme un lâche, au final ? Avait-il abandonné tout le monde pour son autre famille ? Sûrement que Wang Dana était la personne courageuse pour rester dans ce monde de paillettes et Mingwei n’avait été que le lâche qui avait abandonné tout le monde égoïstement. La famille, tu peux la créer était ce qu’il avait eu envie de répondre s’il n’avait pas déjà tous les doutes qui venaient lui embrumer l’esprit. Il rigola alors, comme pour casser ce malaise et tenter de cacher sa douleur interne. Il rit sans grand amusement en même temps qu’il finit un nouveau verre.

La petite tension se brisa pourtant alors que Dana proposa de faire découvrir ses fameuses tortues. « Oui, oui bien sûr. » Son sourire, de retour, n’était plus aussi grand qu’avant. Ses yeux se posant sur la photo des deux reptiles, il tentait d’oublier mais les paroles de la jeune femme continuait de tourner dans sa cervelle. « Elles sont trop mignonnes. » Lâcha-t-il avec plein de sincérité. « C’est trop drôle leur couleur » Petit à petit, il reprenait ses airs de gamin, petit à petit laissant les mots dans un coin de sa cervelle. « C’est toi qui a trouvé leur nom ? » Il trouvait que c’était des noms à la fois originaux et pourtant prévisibles, mais il aimait bien. Au final, il prit un cracker dont il croqua seulement un morceau avant de poser le reste sur la table. Son regard se perdit sur une famille qui passait par là, pressé de rentrer chez eux. « Je ne suis pas un lâche. » Marmonna-t-il, sans réel reproche mais plus une façon de se rassurer lui-même.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Jeu 29 Oct - 20:41
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outfits. + Lorsque l’on s’adonnait au genre de jeux que jouaient les deux jeunes gens, il était couru d’avance que certaines questions n’allaient pas être faciles à répondre (d’où la nécessité de boire si l’on ne souhaitait pas y répondre) mais, surtout, des questions qui n’allaient pas faire plaisir. Ce n’était pas pour piéger l’un ou l’autre. C’était juste qu’ils ne se connaissaient pas assez pour savoir quels sujets risquaient de heurter la sensibilité de l’un ou de l’autre. Ils ne s’étaient jamais vraiment connus de toute façon, à part se croiser lors d’évènements où leurs familles étaient toutes deux présentes. Ce jour-là autour de leurs bières et de leurs verres de soju était sans doute le jour où ils s’étaient le plus parlés et avaient le plus échangé.

La dernière question que Ming Wei avait posée avait amené des réflexions que la jeune femme aurait aimé garder loin d’elle. Dana aurait aimé être une autre, avoir une autre vie, pouvoir révéler au grand jour qui elle était sans aucune crainte. Elle s’était souvent abîmée à imaginer des scénarios irréalistes et elle en ressortait plus amère qu’elle ne l’était déjà. Alors elle préféra boire plutôt que de penser à tout cela non sans s’autoriser un commentaire, masquant à peine l’aigreur toujours dormante en elle. La remarque du jeune homme heurta quelque chose en elle. Pouvait-elle changer ? Pas ce qu’elle semblait être mais ce qu’elle était vraiment. Les choses seraient tellement simples si c’était elle qui changeait pour rentrer dans le moule dans lequel elle essayait de tenir. Si elle devait se révéler, c’était le monde dans lequel elle évoluait qui n’était pas prête à l’accepter. « Et si c’était au monde de changer et pas à moi ? » Parce qu’elle n’avait trouvé aucun remède pour elle, elle avait cherché pourtant, et son choix de la neurologie n’était pas un hasard.

Chassant ces idées et ces « et si » qui ne leur apportaient rien, Dana changea de sujet pour parler d’un des sujets qui l’aidait à se sentir en sécurité, ses animaux. « Ils sont cools hein ? » Et c’était presque avec l’allure fière d’une mère qu’elle parlait de ses tortues. « Non c’est le refuge où je les ai eus qui a trouvé leurs noms, je les ai trouvé plutôt sympathiques alors j’ai décidé de ne pas les renommer. » Et puis, il fallait bien avouer qu’elle n’avait aucune idée de noms bien pensés pour ces petites bêtes, Tank et Turbo faisaient largement l’affaire. « Ils ont été retrouvés dans une valise à l’aéroport, avec d’autres compatriotes tortues, on allait les envoyer vers un pays d’Europe pour les vendre. Plus de la moitié était morte et l’autre moitié en piteux état, seulement quelques tortues ont survécu. » Et en racontant leur histoire, elle était toujours triste mais, surtout, profondément en colère. La calme Dana ne parvenait jamais à garder son attitude si sereine et droite lorsqu’il s’agissait de maltraitance animale.  

Elle reposa son téléphone devant elle, reprenant un cracker en voyant Ming Wei faire de même. Elle mit le biscuit entièrement dans sa bouche et le fît descendre avec une gorgée de bière. Le bruit de sa déglutition masqua presque les propos du jeune homme. D’ailleurs, en reposant son verre, elle se pencha vers lui, émettant un petit « mmh ? » comme pour lui demander de répéter. Elle pensait, cependant, avoir bien entendu et elle fronça les sourcils en le regardant, ayant du mal à comprendre d’où venait ce commentaire. « Hum... » Elle joua avec son verre, y faisant tourner la bière. « Je n’ai jamais dit ça. » Son expression était légèrement confuse. Finalement, l’alcool sembla faire assez de place dans son esprit pour qu’elle ait un semblant d’idée. Sa bouche dessina un « oh » surpris, elle ne s’attendait pas à une telle réaction de sa part. « C’est à cause du commentaire sur le fait de rejoindre son autre famille ? » Elle parlait avec une certaine prudence. « Ce n’était pas un reproche. Tu avais cette chance et cette possibilité. » Elle joua avec un cracker du bout des doigts, le goût de grignoter, de boire et même de jouer s’éloignait d’elle. « Tu es heureux maintenant ? » Elle osa à peine relever le regard vers lui, parce qu’elle avait la sensation d’avouer à demi-mot qu’elle ne l’était pas. « Qu’est-ce que tu as pu faire et vivre que tu ne pouvais pas avant ? » Est-ce qu’il était possible de vivre des choses par procuration ? Est-ce que c’était une bonne idée de l’écouter lui raconter tout ce auquel elle n’aurait jamais droit ? À croire que l’alcool l’avait plus atteinte qu’elle ne le pensait.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Ven 30 Oct - 16:10
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S’égarer sur des sujets douloureux et blessants n’avait jamais été la raison pour laquelle le sino-coréen avait lancé ce stupide jeu. Cependant, il mentirait s’il disait qu’il ne s’y était pas attendu un minimum. D’habitude, lorsqu’il y jouait, les questions tournaient autour des prouesses sexuelles et autres activités honteuses. De quoi les faire rire alors qu’ils passaient une bonne soirée. C’était de sa faute, c’était lui qui avait lancé le jeu. C’était lui qui posait les questions qui dérangeaient. Il avait voulu jouer avec le feu et s’était brûlé. Un peu.
Sa dernière question s’était transformée en crainte pour Mingwei. Il savait pourtant ce qu’il avait fait et pourquoi il l’avait fait. Néanmoins, cette Dana avait réussi à lui mettre le doute dans la tête alors que, pendant des années il était persuadé d’avoir fait le bon choix. Pendant des années il s’était pensé chanceux d’avoir réussi à quitter ce monde hypocrite et pourri jusqu’à la moelle. Il s’en était douté, mais à présent il avait la confirmation que ce n’était pas le cas pour la jeune femme. Les gens pouvaient changer, le cuisinier en était la preuve. « De quel monde veux-tu parler au juste ? » Mingwei jouait souvent aux imbéciles mais il était loin d’être un total idiot. Il savait que certaines personnes ne pouvaient être changées. Qu’il était nettement plus simple de s’attaquer aux plus faibles de l’échelle sociale. Pourtant, d’autres groupes vivaient heureux avec leurs libertés. C’était juste quitter un monde pour un autre. Alors était-ce réellement de la lâcheté ?

Heureusement, le sujet fut vite changé pour des photos de tortues qui semblaient être étroitement liées à la question de Dana plus tôt. Mingwei retrouva aussitôt sa bonne humeur et son sourire signature bien qu’il restait relativement faible. Il n’avait jamais vu des tortues pourvues de ces couleurs et sa curiosité eut raison de lui. Laissant ses questionnements dans un coin de la tête, ses yeux fixaient la photo. « Elles sont vraiment toutes petites. » Oubliées au sol, il suffisait d’un faux pas pour en tuer une. Mingwei préférait même pas y penser. « Tu dois les perdre chez toi. » Partant du fait qu’elles vagabondaient dans le logement de la jeune femme et qu’elles n’étaient pas enfermées dans un terrarium.
Il écoutait leur histoire avec beaucoup d’attention, passionné. Une grimace se forma sur les traits de son visage lorsqu’il découvrit qu’elles étaient rescapées avant d’être attristé par le sort des moins chanceuses. « Si je retrouve celui qui les a vendu, je lui ferai savoir ce que j’en pense. » Marmonna Mingwei. Il ne supportait pas la violence animale. Tout comme la violence en général, même si ce soir-là était un mauvais exemple de cette pensée. Dure de tenir ses promesses lorsqu’il ne se contrôlait plus totalement. « C’est cool de les avoir adoptées. » Lâcha-t-il simplement. Il le pensait, et il aurait sûrement fait la même chose s’il avait son propre logement. Ce dernier serait rapidement transformé en refuge pour animaux abandonnés.

Cependant, ce moment de répit dans les pensées de Mingwei fut trop court. Celui-ci n’arrivait pas à s’enlever entièrement les doutes de la tête. Il tenta d’avaler un cracker pour s’occuper physiquement plutôt que mentalement mais son manque d’appétit l’empêcha d’en manger plus d’un croc. Il avait envie de faire découvrir à la demoiselle son vécu, il avait envie de lui ouvrir les yeux et de voir qu’il y avait mille possibilités dont elle pouvait encore profiter. Les verres s’enchaînant par automatisme plus que par envie, le cuisinier laissa un rire peu joyeux s’échapper. « Oui, oui. » Il ne pouvait pas mentir, il était heureux avec sa mère et sa grand-mère. Il était heureux que sa venue dans le pays l’avait fait rencontrer son âme-sœur. Il était heureux d’avoir pu s’ouvrir à la cuisine et ce, malgré les vides qu’il ressentait encore parfois. « Tu sais que, malgré tout ce que tu penses, tu peux aussi être heureuse. » Il n’y avait plus de sourire sur son visage, complètement sérieux. « Eh, Wang Dana, regarde-moi. » Il agita son verre devant elle pour être sûr d’avoir son attention. « On a pas tous la même chance, mais on a tous le droit d’être heureux. » Car il pouvait sentir qu’elle ne l’était pas. Vivre dans une prison dorée, il connaissait. Il savait ce que ça produisait sur le mental et les douleurs qui s’en suivaient. « Et tu as le droit de demander de l’aide aussi. » Il espérait surtout qu’il n’allait pas trop loin dans ses propos. C’était la première fois qu’il discutait à cœur ouvert avec la demoiselle, sans prétention, sans règle pour les cadrer. « Mais si tu veux continuer de parler de tes tortues, ça peut se faire aussi. » Cette fois il but directement à la bouteille. Son sourire était revenu. « Si tu veux, on peut trouver un autre jeu, un plus débile qui ne demande aucun aveu. » Retrouvant ses airs d’enfant, il prit le cracker non fini et le lança sur la jeune femme. « Allez, on s’amuse. » Et il manqua de tomber de sa chaise, l’alcool montant d’un coup.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | Dim 1 Nov - 18:30
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outfits. + De quel monde parlait-elle au juste ? Dana ne savait pas trop. Parlait-elle du monde dans lequel ses parents voulaient la voir évoluer ? Ce monde où, en plus de réussir, elle se devait d’avoir les attitudes et comportements parfaits que l’on attendait d’une femme ? Ou alors parlait-elle du monde en général ? Que cela soit la Chine ou la Corée du Sud, être homosexuelle et en plus de cela, se vouloir artiste (bien qu’elle n’y aspirât pas professionnellement), était loin d’être vu comme une réussite sociale. Un monde ou l’autre, dans tous les cas, les voir changer lui semblait absolument impossible. Alors c’était à elle de changer, mais pour le moment, elle n’avait trouvé aucun remède pour se défaire de l’ébullition de son âme et des passions de son cœur. Alors elle avait juste haussé les épaules avant de changer de sujet pour un sujet avec lequel elle se sentait en sécurité. Un sourire aux lèvres, celui d’une mère fière, elle écouta Ming Wei complimenter ses tortues et s’émerveiller de leur taille. Elle aussi avait eu peur au début, mais elle avait investi pour leur créer un espace et un milieu dignes de ces petites merveilles. Si Dana réussissait bien son job, elles lui survivraient pour de nombreuses années, c’était fou à imaginer. « Si tu le retrouves préviens moi, j’aurais des choses à lui dire aussi. » Dire que le sino-coréen marquait des points avec un commentaire du genre était un euphémisme et la jeune femme était agréablement surprise de les savoir sur la même page à ce niveau.

La conversation tourna de nouveau et la posture de la jeune femme se tendit indéniablement. Les mots de Ming Wei se voulaient réconfortants, ils étaient en fait désespérants pour l’étudiante. Parce que oui, cela semblait tomber sous le sens, elle avait le droit au bonheur. Mais la conscience de la jeune femme se rappelait toujours à elle, quelle dose de souffrance pouvait-elle donner aux autres pour chercher son propre bonheur ? Ses parents seraient tellement déçus d’apprendre toutes ces choses qu’elle leur cachait, au-delà d’aimer les femmes. C’était peut-être simplement psychologique, des blocages qu’elle se mettait elle-même, mais pouvait-on le lui reprocher avec l’éducation que fût la sienne ? Certes elle avait reçu de l’amour, mais avec venait un lot de conditions et restrictions. Elle força un sourire sur ses lèvres, et sorti un « c’est gentil merci. » qu’elle espérait assez convaincant. Ils ne se connaissaient pas assez pour aller dans les détails, pouvait-elle réellement lui demander de l’aide ? Était-il en train de la proposer d’ailleurs ? L’esprit de la jeune femme était embrouillé avec tout cela, l’alcool ne l’aidait pas vraiment, c’était que pour se donner contenance, elle avait descendu son verre de bière assez rapidement, sans compter les shots de soju qui avaient déjà été bu.

Elle ne semblait pas être la seule, elle poussa un son offusqué en recevant le morceau de cracker, et regarda Ming Wei avec de grands yeux. Finalement, son expression se tordit dans un rire qu’elle eût du mal à retenir en le voyant manquer de tomber. « On va éviter de partir sur un jeu qui demande de la coordination, sinon t’es foutu. » Elle lâcha finalement un léger ricanement avant de le regarder en coin. « Ou alors c’est l’effet d’un traumatisme crânien et je devrais réellement m’inquiéter. » Elle le pointa du doigt. « On est en quelle année et qui est le président déjà ? » En réalité, elle ne se souvenait même plus des noms qu’il lui avait sorti un peu plus tôt. Loin d’être inquiète, elle se resservit un verre de bière et en prit une gorgée. Venant appuyer sa tête dans sa paume, elle afficha une légère moue alors qu’elle réfléchissait. « Oh. » Elle releva les yeux vers lui, lui lançant à son tour un cracker, c’était de bonne guerre après tout. « Que dis-tu d’un « j’ai, je n’ai jamais », mmh ? » Elle le pointa du doigt. « Au choix, lorsqu’on a déjà, on boit ou on mange. » Et avec un sourire en disait long, elle tourna un peu plus le paquet de biscuits vers lui. « De toute façon, quitte à couler, autant se mettre du plomb aux pieds. » Parlait-elle de leur consommation d’alcool ou du fait qu’ils se révélaient des choses peut-être un peu lourdes, elle seule le savait. Avec un sourire en coin, qui ne disait rien de bon, elle lança la première attaque. « J’ai déjà participé à une bagarre en pleine rue. » Et sa voix était presque cruelle en sachant pertinemment qu’il ne pourrait mentir sur cette réponse et qu’il serait le seul à boire ou prendre un biscuit.
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Re: La vie d'une cacahuète est trop courte. ((Dana)) | 
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