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reality is f**king lonely † Bo Bae

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Re: reality is f**king lonely † Bo Bae | Mar 10 Fév - 17:23
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in the dark


Ils auraient pu être des héros de la vie quotidienne, au lieu d'être les crevards, les cas désespérés qu'ils étaient aujourd'hui, et qu'ils n'assumaient pas. Sauver des vies en danger, être un exemple moral, et avoir pleine conscience de leurs responsabilités aurait fait partie de leur vie de tous les jours. C'aurait été la routine, de saluer ses voisins de bon coeur le matin, d'être bien vu ou qu'on aille. Mais ils étaient tous deux loin d'être ces icônes que tout le monde cherchait aujourd'hui : ils n'étaient pas le genre de personnes à qui un gosse aimerait ressembler plus tard. Leurs vêtements respirant l'odeur amère du tabac, leur haleine refoulant le passage de l'alcool, leurs coiffures faites à l'arrache le matin-même, des expressions du visage hargneuses. Rien n'était attirant chez eux, et encore. Parce que Bo Bae, aux yeux de Seoji, était une belle femme, malgré ces défauts et le fait qu'elle se détruise un peu plus chaque jour. Mais lui, il n'était qu'un caïd de bas-étage, un sale gosse qui n'impressionnait personne, et qui finirait crevé dans un caniveau, un soir d'hiver, sans personne à ses cotés pour ses derniers moments, si ce n'est le silence, compagnon de toujours. A part si sa muse parvenait à le sauver avant l'instant fatidique, le japonais savait d'ores et d'avance que sa vie se terminerait à un jeune âge. Petit, lorsqu'il bavardait avec les petits apprentis du clan Katô, c'était uniquement pour lancer des paris fous et bizarrement ingénieux sur les espérances de vie de chacun. La plupart de ces apprentis avaient vu leurs vies se faire faucher sur le champ de bataille, sur une mission. Beaucoup n'était pas revenu, seulement une poignée d'entre eux. Si au début ces défis étaient drôles et excitants, au fil du temps, ils étaient devenus une sorte de fardeau impossible à porter pour le reste des survivants. Comment continuer à vivre en sachant le nombre de vies qui on été ôtées par sa faute. Parce que oui, ces jeunes avaient surement été tués à cause de lui, à cause du fils Katô que la mafia chinoise recherchait tant. Et c'était exactement la même chose concernant Sora, sa soeur. Elle aussi devait supporter d'innombrables morts sur la conscience, et c'était dur. Trop dur pour un homme ou une femme. Alors oui, Bo Bae était là quand il en avait besoin, quand il recherchait une épaule ou se reposer, des bras ou se réfugier, en toute amitié bien sûr. L'amour d'Iseul pour le yakuza était suffisant, et il valait tout l'or du monde. Mais il y avait tellement de choses qu'il ne lui avait pas encore révélé, parce qu'il n'avait ni le courage ni la folie de le faire. Et même si il mentait également à Bo Bae, cette dernière ne lui en voulait pas, par rapport à ces mensonges. Elle l'acceptait tel qu'il était, et au lieu de chasser ses doutes et ses incertitudes, comme Iseul savait si bien le faire, elle lui permettait de faire face à ses démons, de les affronter comme un homme au lieu de constamment les fuir.

Il ne pouvait pas savoir si Bo Bae serait capable de le sauver, tout comme il était incapable de savoir s'il serait suffisamment fort pour la sauver elle. Mais ce qu'il savait, en tout cas, c'est qu'ils ne perdaient rien à essayer, et qu'ils prenaient de grands risques pour quelque chose, au moins. C'était tout gagner ou tout perdre., pour eux, il n'y avait jamais eu de milieu. Les yeux à moitié fermés, somnolant petit à petit sur l'épaule de la jeune femme, il frissonait désormais. L'eau chaude était encore tiède, mais maintenant qu'il y était entré, elle paraissait aussi froide que le reste de son corps, dont la température refusait obstinément d'augmenter d'ailleurs. Des gouttes d'eau glissaient de ses cheveux sur son menton, en suivant la courbe de sa mâchoire, pour s'immobiliser quelques secondes sur sa peau, avant de tomber et de couler sur les vêtements déjà assez sales comme ça de Bo Bae. Pourtant, elle ne le rejettait pas, elle n'essayait pas de faire en sorte que ses cheveux mouillés ne touchent pas son propre corps, pour éviter de se retrouver trempée à son tour. C'était aussi cette qualité particulière qu'il aimait chez elle : cette attitude désinvolte qui semblait dire que ses malheurs étaient les siens, qu'il pouvait les lui offrir un court instant, rien que le temps qu'il reprenne ses esprits, se repose et reprenne du poil de la bête. Dieu seul sait quand Seoji redeviendrait l'homme qu'il était autrefois, mais ce ne serait surement pas demain. Peut-être que son paternel réussira à lui ouvrir les yeux, lorsqu'il lui rendra visite, et encore. Il y avait aussi de forte probabilités pour qu'il se contente de le renvoyer de là ou il vient, juste parce qu'il ne reconnait plus le fils qu'il avait eu autrefois et qui avait disparu il y a 3 ans de cela. « Fuir...» murmure-t-il doucement, roulant distraitement une mèche des cheveux de la jeune femme entre ses doigts désormais propres, mais encore entaillés de toutes parts. Puis, soudain, sans prévenir, il se redressa, quittant le perchoir qu'était devenu l'épaule de Bo Bae, pour éclater d'un rire bruyant, qui lui ôta sa respiration quelques instants. A force de tousser et de cracher du sang dans l'eau du bain, son souffle revint lentement mais surement. Il avait presque l'impression d'être nargué, il souffrait et pensait qu'il allait y passer, mais oups, non, finalement, les organes fonctionnent encore, tout va bien, il vit. Alors qu'il n'arrive plus à suivre le monde. « On peut pas fuir, Bae. Crois-moi, on est foutus maintenant. » déclara-t-il sérieusement, pour la première fois de la soirée, en ayant récupéré ses esprits. Il avait vécu cette expérience de fuir, et sincèrement, cela ne lui avait jamais attiré que des ennuis. En fin de compte, il se faisait toujours rattraper par ses problèmes, comme à chaque fois qu'il essayait de se faire la malle en douce.

Les doigts de Bo Bae trouvent leur chemin jusqu'à son torse, ou elle essaie d'essuyer le sang séché qui colle à son épiderme, et qui teinte l'eau d'une couleur marron désormais. Seoji se contente de la regarder faire, incapable de dire non à un tel traitement. Rien que ce soir, avait-il le droit de réclamer un peu d'aide, un peu d'amour ? Son corps se raidit par réflexe lorsque ses doigts approchent ses anciennes cicatrices, mais par respect pour sa personne, la jeune femme les évite. Il se détend rapidement, ses muscles fatigués se laissant tomber dans une torpeur sans-nom, qui était loin de l'effrayer. Seoji n'avait qu'une seule envie, c'était de s'endormir pour longtemps, et ne se réveiller que dans plusieurs jours. Ou ne pas se réveiller du tout. Ses doigts relèvent son menton, et son regard se perd à nouveau dans le sien, sincère et aimant. Elle ne lui disait jamais que tout allait s'arranger et rentrer dans l'ordre, et il l'en remerciait pour ça. Parce qu'il savait que ça n'allait pas aller comme il le voulait, que la vie n'allait pas se plier et se tordre à son bon vouloir ; au contraire, il serait le premier à se briser sous l'impact de cette dernière. « Merci. » chuchota-t-il toujours aussi doucement, d'un ton las et bas. Si Bo Bae n'était pas là, qu'elle ne vivait même pas dans cette ville, le japonais serait surement encore en train de refroidir tranquillement dans cette allée sombre et puante. Il ne devait pas la remercier elle, mais les dieux pour avoir daignés guider son chemin jusqu'au sien. Un nouveau baiser est déposé sur sa joue nettoyée, et un sourire faiblard mais sincère étire les lèvres gercées du yakuza, qui s'accroche à elle comme un bébé s'accrocherait à sa mère. Il avait peur qu'en lâchant Bo Bae, il lâcherait également prise sur tout ce qu'il possédait aujourd'hui, et que tout se détruirait sous ses yeux-même. Et c'était tout sauf ce dont il avait envie : il serait le seul à s'effondrer. Elle l'aide à s'allonger dans son bain, et l'eau coule par vagues jusqu'à son menton. Bo Bae disparait de son champ de vision, et il hésite à se redresser pour voir si elle est finalement partie, si elle en a eu assez de devoir s'occuper d'un cas désespéré tel que lui. Mais alors il entend des bruits de tissus qui glissent, et sait qu'elle est encore là. Un bref instant, il songe à laisser son visage disparaitre sous la surface de l'eau, mais rien que l'idée de suffoquer là-dessous le tétanise et le rend mort de peur. Mourir n'était pas ce qu'il comptait faire de sitôt, même si la vie était une chienne et qu'elle s'entêtait à le faire tomber à chaque fois qu'il trouvait le moyen de se relever. Bo Bae revient et l'aide à se relever, et cette fois-ci, il y met du sien, et essaie de bouger de lui-même, pour essayer de lui éviter bien des soucis. Mais même avec leurs deux forces combinées, le japonais n'arrive pas à sortir de la baignoire, et c'est à peine si son genou arrive à la hauteur de la baignoire. Finalement, Bo Bae se glisse elle aussi dans le bain, sans s'occuper de la couleur morbide de ce dernier, sans s'occuper des cicatrices argentées dans son dos. Un bref instant, Seoji a peur à cause de ses cicatrices, et évite de se coller à elle. Mais elle lui dit qu'elle ne regardera pas, qu'elle le promettait. Alors le japonais se laisse retomber contre elle, trouvant la chaleur qui lui manquait tant depuis que l'eau du bain s'était refroidie dans le corps de la jeune femme. « Ne pars pas. Ne pars pas loin de moi. » lui ordonna-t-il d'une voix ferme et autoritaire, ses doigts crispés sur les bords de la baignoire, au point ou ses phalanges en deviennent blanches sous la force de sa poigne. Bo Bae nettoie ses cheveux, et de nouvelles larmes coulent de ses yeux. Mais il les ignore lâchement, en prétendant que c'est l'eau du bain qui ruissellent sur ses joues. Parce qu'en Bo Bae, il retrouvait l'amour d'une mère qui l'avait quitté bien trop tôt.
FICHE PAR SWAN.

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