" Maman, peux-tu m'entendre? Maman, peux-tu me voir? Pourquoi est-ce que c'est si difficile de vivre? Pourquoi je n'ai jamais eu de papa? Tu m'as toujours dit qu'il était parti, qu'il n'avait jamais été la et qu'il n'avait pas le droit d'être à nos côtés tant il était inutile, tant il n'était pas digne de se tenir à côté de nous. Depuis si petite, j'ai entendu cette phrase. "Il n'est pas digne, ne cherche pas après lui." Alors pourquoi, quand j'ai essayé de creuser, j'ai compris que c'était toi qui avait coupé pont avec pauvre homme. Soudainement. Et la raison? Il ne te laissait plus fumer parce que tu étais enceinte? N'avais-tu donc pas peur pour ma santé? En réalité, heureusement qu'il était là non? Heureusement qu'il était là pour me protéger, contrairement à toi. J'ai toujours vu, mes amies, avec leurs mamans. Des vraies mamans. Je n'ai jamais demandé beaucoup de chose, je n'ai jamais cherché beaucoup de chose après toi. Oui, il y a une chose, que j'ai toujours faites petite. Te supplier de ne pas me mettre dans cette boîte. Savais-tu maman, que dans cette grosse caisse en bois, à l'intérieur, on y trouvait les traces de ma bataille pour y sortir? Non. Tu ne dois pas le savoir, tu n'en sais aucunement, de toutes les crises de larmes, de ses petites mains fragilisées, tu n'en sais rien. Tu ne sais rien.

Comme tu n'as jamais su que quand j'avais dix ans, je n'ai pas coupé mes cheveux si long pas par envie. Mais je les ai coupé parce que les jeunes filles s'amusaient à mettre des chewing-gum dans mes cheveux. Et tu sais pourquoi? Parce que je n'avais pas de parents. Déjà aux yeux d'enfants, tu n'étais pas une mère. Et pourtant, pourtant j'ai continué maman. Je te le jure, j'ai continué à te défendre, à croire en toi, à croire que tu pourrais changer, que cet enfer n'était que de façade, temporaire. Quelle douce blague !

Oh et est-ce que tu sais...Non, tu ne sais pas, tu ne connais pas ce garçon, que j'ai aimé énormément au lycée. Je l'ai défendu, plus d'une fois face à des groupes. On est devenu ami, petit à petit. Il est devenu mon ami. Mais je suis tombée amoureuse de lui. Mais jamais il ne m'aurait aimé. Jamais? Pourquoi faire? Puis tu sais quoi? A cette nuque, je cache une brûlure, maintenant, je n'en ai plus qu'une petite cicatrice, rien de bien méchant. Je l'avais protégé! Corps et âme! Et comme une maman, tu aurais été en colère et en même temps fière! Mais non, tu ne le sais pas. Et tu sais quoi? Tout comme toi, il m'a abandonné. Tout simplement ! Comme si on me rappelait comme à ma naissance, que je n'étais pas voulue. Oui, car le nombre de fois dont tu m'as rappelé que je n'aurais jamais dû venir au monde, je l'ai entendu tant de fois. Je ruine tellement ta vie maman, et j'en suis désolée. Même quand je te sauvais d'overdose, tu trouvais le moyen de me rappeler combien j'étais inutile.

Mais tu sais quoi maman? Dans tout ça, tu m'as appris une chose, tu m'as appris à être fière, tu m'as appris à être solide sur mes pieds, terre à terre. Grâce à toi, je sais que je peux survivre face à tout, je sais que je peux combattre n'importe quoi. Mais à cause de toi, j'ai perdu tant de chose. Une enfance, l'amour, l'envie d'aimer, des parents. A cause de toi, je n'ai pas eu ce que chaque enfant devrait avoir. Venir au monde n'était pas notre choix, c'était le tien. Tu es égoïste, un monstre. L'humanité ne peut plus rien faire pour toi. Tu ne sais même pas que je paye tes dettes, que je travaille corps et âme pour te sauver d'un enfer, pour me sauver. Je dois me sauver, je dois fuir, loin de toi. Maman, le savais-tu ? Je travaille depuis ma majorité dans ce cabaret. Et je crois que j'ai enfin plus ou moins trouver ma famille.

Alors voici la dernière fois, que j'écrirais après toi dans ce journal, c'est fini maman. Je coupe les ponts définitivement avec toi. Oui je paierais tes dettes. Mais tu n'es plus rien, tu n'auras plus d'emprise sur moi. Tu n'es finalement qu'une étrangère.

Adieu Maman. "