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Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes

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Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Dim 23 Mai - 8:49
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Liwei avait réitéré. Il était retourné dans ce magasin de savons artisanaux, au départ juste pour le plaisir d’en apprécier les parfums et pour poser quelques questions au personnel. Il aimait tellement cet endroit depuis un moment qu’il en avait fait un point névralgique de ses dernières sessions d’écriture… Tout pouvait encore changer, l’histoire restait peu avancée et tout… Mais cet endroit l’inspirait alors pourquoi est-ce qu’il aurait évité l’endroit ?

C’était peut-être son goût pour l’odeur délicatement fleurit du jasmin qui l’avait poussé à acheter toutefois. Il avait pris pour lui-même tout ce dont il avait besoin lors d’une autre de ses venues et il fallait admettre que le jasmin n’était pas vraiment un parfum pour lui. Il était plus plus menthe poivré, ambre, havane ou « mer morte ». Éventuellement aloe-vera… Mais jasmin, ça sonnait délicat, tant à ses oreilles qu’olfactivement, et donc il l’avait acheté de manière un peu compulsive sans vraiment savoir ce qu’il en ferait…

Ses pas l’avaient amenés ensuite vers une petite librairie qui se trouvait là. Il y avait une petite partie dédiée aux nouveautés et une autre aux livres de seconde main. Liwei s’était dirigé vers celle-ci, appréciant sans pouvoir bien dire pourquoi les livres lorsqu’ils étaient un peu écornés ou que les pages avaient commencées à changer de couleur. Ceux qui avaient bien vécus quoi. Ce n’était absolument pas une question d’argent évidemment.

C’est en regardant calmement les quelques bouquins dans les caisses sur les tables qu’il passe de cette façon près d’une silhouette longue, menue, féminine mais pas que. Il y a un parfum fleurit là aussi, mais ce n’est pas le jasmin. Il note une touche d’agrume alors que le coréen renvoie une mèche de cheveux en arrière… Peut-être qu’inconsciemment Liwei s’est trop rapproché parce que l’autre homme, après avoir semblé s’intéresser longuement, aux caisses de livres, fait volte-face pour partir vers les caisses et lui fonce dedans ! Sa faute à lui, pas celle du coréen… Alors quand les cinq ou six bouquins qu’il avait empilé entre ses mains lui échappe et tombent au sol, Liwei fait l’effort de s’accroupir pour les ramasser pour lui.

Une fois fait il se relève, croisant un instant un visage jeune, dynamique quoi qu’avec ce petit quelque chose un peu froid qui faisait ressortir le rose subtile dont il avait probablement maquillé ses pommettes. Liwei vient rendre chaque livre à l’homme en en observant le titre, un par un par un.

« Excusez-moi. »

Quand même ! Il s’arrête toutefois sur le dernier, amusé, venant observer le quatrième de couverture avant de le rendre à son futur propriétaire. Un bouquin à lui. Un des tout premier qui, paradoxalement, avait été traduit tardivement dans d’autres langues.

« On dirait que vous aimez la lecture. »

Qui plus est :

« D’un peu tous les genres d’ailleurs. »

Il était lui-même très amateur, comme on pouvait s’en douter quand on savait qui il était. Mais il lisait moins qu’on le soupçonnait. D’ailleurs, posant un index sur son livre, maintenant au sommet de la pile entre les mains du jeune homme, il suggère :

« Il paraît qu’il vaut mieux éviter de le lire seul dans le noir, celui-là. »

Il s’était plût à jouer sur l’angoisse, l’appréhension, les tensions qui n’ont jamais d’explosion libératrice, jusqu’à la quasi fin. Ca avait été très éprouvant de l’écrire et d’après la critique, ça l’était aussi de le lire. De manière général il avait autant plût que frustré les lecteurs !

« Je vous conseil de le faire quand même. C’est une expérience en soit. »

Et c’est un peu comme ça qu’il avait voulu que ça se lise, peut-être. Bref. Liwei se ré-intéresse aux bouquins, passant son index sur la tranche comme pour en lire les titres plus rapidement. Il aurait bien fait son flemmard en lisant en chinois, ce qu’il faisait l’extrême majorité du temps… Mais il fallait bien s’enrichir en lecture coréenne, ne serait-ce que pour ne pas trop rouiller vu qu’il était ici mais qu’il était un homme de peu de mots. Ca ne l’empêche pas de s’adresser à nouveau à l’autre jeune homme pendant qu’il fait cela :

« L’auteur a sortit un nouveau roman, vous le saviez ? Vous l’avez lu ? Vous l’avez trouvé comment ? »

Il était curieux de savoir ce qu’il avait pu en penser. En général, quand on lui faisait la critique en l’ayant reconnu, c’était de manière embêté, qu’importe qu’on le complimente ou qu’on le critique de manière négative. Après, ce joli jeune homme l’avait peut-être reconnu mais si c’était le cas il n’en avait rien montré…

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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Mar 25 Mai - 4:29
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Si Léandre n’avait pas que des passions modestes, constat plutôt normal vu l’environnement dans lequel il avait grandi, il y en avait néanmoins un qui était à portée de tous : les livres. Il avait une jolie petite liseuse qu’il utilisait parfois pendant les vols trop longs ou dans la salle d’attente d’un médecin pas tout à fait à l’heure. Mais généralement, il préférait tenir le livre entre ses mains. Oui, il faisait partie de ces personnes un peu chiantes qui disent à qui veut l’entendre que le numérique, c’est bien joli, mais ça ne remplacera jamais le physique ! L’odeur des pages d’un livre neuf faisait partie de son top cinq, pas très loin de l’herbe fraîchement coupée et les agrumes !

S’il y pensait présentement, c’est qu’il était dans une petite librairie. Il n’était pas venu dans ce centre commercial pour ça, à la base. Mais c’est ici qu’il se trouvait maintenant, la boutique Givenchy qu’il voulait venir voir assez loin de sa tête pour le moment, bien que la Gucci qui se trouvait juste avant la librairie avait déjà reçu sa visite, en témoignait le petit sac d’achats qui pendait à son avant-bras pendant qu’il feuilletait un livre intéressant, très concentré. Concentré, oui, parce qu’ici, il savait déjà qu’il ne trouverait pas de livres en français. Il y avait apparemment une petite section anglophone vers laquelle une gentille vendeuse avait voulu le diriger en l’entendant parler coréen. Il savait que son accent était beaucoup plus discret dans cette langue, mais pour les natifs, c’était différent.

Il lui avait gentiment expliqué qu’il allait bien devoir se mettre à la lecture en hangeul s’il restait un bout de temps ici et après avoir échangé quelques rires et banalités agréables de plus, elle était repartie. Alors le voilà, dans les livres en hangeul, essayant de se faire une petite sélection exprès pour s’y plonger courageusement tout en sachant qu’il allait mettre mille ans à terminer ces livres et en commanderait des nouveaux en français plutôt. Il glisse lentement un doigt manucuré le long de lignes qu’il parcourt difficilement. Les secondes s’égrainent. Ça aurait dû être plus facile à ce stade, mais ce n’était pas le cas. Il n’en comprend même pas immédiatement la raison.

C’était son subconscient ou Dieu sait quoi… mais il avait senti un parfum de marque pour homme. Pas le genre qu’il portait lui-même, souvent unisexe, parfois même plutôt féminin. Il s’agissait d’un parfum délicieusement masculin. Il n’agressait pas le nez. Peut-être même qu’il y avait une note d’iris au milieu des épices et du musc… Mais tout ça, Léandre le traite de façon subconsciente. Quand il se retourne, c’est en songeant qu’il serait temps de passer à la caisse… mais deux secondes plus tard il se rattrape d’une main à une table pleine de livres et de l’autre à un bras plus puissant que le siens et qui appartenait clairement à quelqu’un de plus grand que lui. Il relève la tête, un peu sonné, mais pas choqué. Les accidents, ça arrivait… et l’homme s’excuse justement.

Léandre le relâche, un sourire étirant ses lèvres glossées, un peu incertain parce qu’il était encore un peu sous le choc de cette entrée en la matière fracassante.

« Désolé… C’est moi. », assure-t-il poliment tout en offrant cette fois un sourire beaucoup plus chaleureux à l’autre homme. Il a un regard pour ses livres… et c’est vrai qu’il ne fait pas de mouvement pour les récupérer alors que l’autre homme s’y met déjà, en habitué de ce genre de service rendu. Il a un rire bref à ce qu’ajoute l’étranger. « Ah, démasqué… Je suis plus intello que j’en ai l’air, on dirait. »

Il raccroche un peu mieux le petit sac Gucci à son bras, puis tend les mains vers l’homme pour récupérer ses livres. Ou du moins, ceux qui seraient bientôt les siens. Il glisse un doigt sur un petit pli que cette chute avait causé à la couverture d’un livre de son auteur préféré, Huang Liwei, a un regard pour la pile de jolis livres tous neufs à côté… puis dans un soupir, il résiste à la mauvaise envie de l’échanger. Non. Personne ne le prendrait sinon. Son regard en revient à l’homme devant lui. Alors que les lèvres charnues s’ouvrent à nouveau pour laisser s’échapper une belle voix grave, joliment modulée, Léandre se fait la réflexion que décidément, plusieurs hommes Asiatiques ont les lèvres charnues et que c’est un très joli trait physique. Puis, il revient au moment présent.

« Hm…? », demande-t-il, le temps de se repasser la bande sonore et de comprendre ce qui lui avait été dit. L’homme avait un accent et s’il parlait très bien coréen, Léandre devait néanmoins rester concentré. Il ne venait vraiment pas assez souvent en Corée du Sud… Sa mère pouvait bien le disputer sur sa maîtrise du coréen ! « Oh, oui. Huang Liwei. »

Il avait répondu avec la tendresse qu’ont les bibliophiles pour leur auteur favori.

« En fait c’est mon livre préféré de cet auteur. Je l’ai lu plusieurs fois. Raison pour laquelle je l’achète en coréen. Pour me pratiquer à lire en coréen… J’ai un peu perdu la main ces dernières années. Ou bien je ne l’ai jamais eu, mais ne le dites pas à ma mère ! », blague Léandre avec un petit clin d’oeil pour son vis-à-vis. Il était plutôt heureux, néanmoins… « C’est vraiment rare que je croise quelqu’un qui a aimé ce livre. Il est plutôt mal aimé. Enfin… je dirais incompris. »

C’est comme ça qu’il l’avait compris à force d’en parler avec certains de ses amis. Il s’amuse à voir l’étranger passer son doigt sur le dos de ses livres, lisant apparemment les titres qu’il avait choisis.

« Je ne suis apparemment pas le seul bibliophile ici. », remarque Léandre. Pas même le seul qui ne ressemble pas à un lecteur assidu. Parce que l’homme qu’il avait devant lui, avec son look chic et ses larges épaules aurait pu avoir beaucoup de casquettes, mais on ne penserait pas automatiquement à celle du lecteur assidu. Ça lui plaisait. Mais il parvient à être un peu surpris ensuite. « Pardon ? Il a un nouveau livre ? Oh… J’ai été tellement préoccupé par le déménagement et la paperasse administrative et commerciale infinie que je ne savais même pas. Il doit bien se trouver ici. Vous l’avez lu ? »

Ce disant, Léandre décroche son regard de son séduisant interlocuteur pour chercher du regard l’endroit où ils pourraient bien avoir caché ce livre. Il allait aussi le prendre, du coup.

« J’aime son écriture. Elle est franche, mais pas droit au but non plus. C’est un bel équilibre qui est difficilement trouvable. Ses descriptions ne sont jamais de trop. Il laisse place à l’imagination du lecteur tout en imposant sa propre vision des choses sans même qu’on s’en rende compte. Comme un amant impératif si doué qu’on s’en rend à peine compte. »

Il relève les yeux vers l’homme… et éclate d’un rire bref.  

« Désolé. Je ne suis pas d’ici. Peut-être que je suis trop franc pour ce coin du globe moi-même. J’espère que je ne vous ai pas froissé. Blamez-moi si vous voulez : vous en avez le droit ! »

Il n’allait peut-être jamais se faire à 100% aux moeurs du coin, mais c’était à lui de s’y plier et pas le contraire, hein. Il n'avait pas honte de ce qu'il avait dit. Il faisait juste des efforts pour ne pas heurter les moeurs.
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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Jeu 27 Mai - 10:14
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Difficile de présumer, en réalité. Lui-même était rarement catalogué automatique comme un grand lecteur ou même comme un auteur. Pour autant, en réalité, Liwei n’avait pas de réelle difficulté à imaginer ce jeune homme là posé dans un fauteuil chic, une petite couverture sur les jambes et un verre de vin à proximité, le temps de lire quelques chapitres. De fait :

« Intello je ne sais pas, mais « lecteur » ne semble pas si mal vous convenir. »

Quoi qu’il en soit, au-delà de tout ceci, Liwei avait cru percevoir un accès non-identifié. Ceci étant dit il n’était lui-même pas un locuteur local et pour ce qu’il en savait, la Corée du Sud avait beau ne pas être bien grande, elle avait ses accents et dialectes régionaux qui pullulaient à profusion. Mais à voir son petit air concentré en plus du reste, Liwei soupçonne :

« Pas coréen ? »

Et au cas où, bifurquant naturellement à l’anglais :

« Je parle anglais, si vous êtes plus confortable. »

Il ne lui semblait pas qu’ils soient sur le point de bavarder des heures durant mais pas non plus qu’ils soient sur celui de se séparer prématurément. Bref. Son nom franchit soudainement les lèvres charnues… C’était toujours une petite surprise en soi pour Liwei. Ça n’aurait probablement plus dû être le cas depuis le temps… Et pourtant.

Mais plus important, ce livre semblait évoquer des choses particulièrement chez l’autre homme. Au point d’en faire son livre préféré de cet auteur. De lui. Ça avait surpris Liwei ça aussi parce qu’en général les gens avaient un avis extrêmement tranché sur cet ouvrage en particulier et lui-même le trouvait souvent très « incompris ». Mais l’occasion d’entendre quelqu’un en dire autant était rare et même plus encore.

« Je suis d’accord. Il y a beaucoup de souffrance mais aussi beaucoup de libération, dans ce livre. »

Même si la majorité des lecteurs n’y avaient lu que la souffrance et, donc, la frustration de ne pas y percevoir de vraie libération. Pourtant c’était là, quelques lecteurs l’avaient compris, peut être que cet homme là faisait partit du nombre.

Il esquisse un fugace sourire à propos de son côté bibliophile, ne s’arrêtant sur aucun bouquin pour l’heure de son côté. Mais acquiesçant pour ce qui était de la sortie de ce nouveau roman.

« Je l’ai lu. »

C’était peu de le dire.

« On touche un peu au romantisme, je crois. Le personnage principal est aux prises avec ses réflexions sur une histoire d’amour qui s’est mal finit et qui parasite son raisonnement et sa prise de décision au cours du récit. »

Clairement inspiré de sa propre relation qui s’était terminée un peu abruptement. Mais lui n’était pas aussi sensible que son personnage. Est-ce qu’il avait finalement un cœur de pierre ? bah… Peu importait.

« J’en ai vu en tête de gondole, près des caisses. »

Liwei fait un pas de côté, pour laisser le jeune homme s’y diriger, restant à proximité sans non plus revenir dans sa bulle cette fois. La silhouette était assez délicate, presque féminine, prise dans un tailleur chic et qui laissait peu de place à l’imagination sans être jamais vulgaire. Cet homme là avait un charme très étudié dont il avait de toute évidence parfaitement conscience avec ses airs de poupée, ses paupières légèrement poudrées, ses cils allongés d’un mascara discret et ses lèvres soigneusement glossées de rose.

Sur le chemin, voilà qu’il lui fait le détail de ce qu’il pense de son écriture. Ce n’était peut-être pas jouer franc-jeu que de ne pas lui dire qui il était… Mais l’exercice était intéressant, désintéressé sous cette forme et, au final, les compliments n’en faisaient donc que davantage plaisir. Quant à la comparaison finale, c’est un peu l’apothéose hein ! Liwei a un rire bref, un peu canin, bas.

« Vous lui diriez comme ça ? »

Juste pour taquiner, parce que le voile se lèverait tôt ou tard et que Liwei ne comptait pas non plus surjouer pendant des heures ni partir sans cet aveu.

« D’où est-ce que vous venez exactement alors ? »

Et d’assurer :

« Je ne suis pas d’ici, moi non plus. Je suis résident chinois. »

Comme l’auteur oui. Quelle « coïncidence ».

« Et je préfère que les choses soient dites, sans tabou. »

Mais avec pudeur un minimum… Et de son opinion personnelle tout était pour le mieux : il n’en avait pas manqué et ça donnait un petit air frais à ses traits fins et harmonieux, pour le moins androgynes ! S’ils passaient plus de temps ensemble, ça lui inspirerait sûrement quelques touches intéressantes pour son roman en cours !

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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Lun 31 Mai - 9:05
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Oui, peut-être que l’étiquette « lecteur assidu » lui allait effectivement bien. Mais les gens croyaient souvent en le voyant qu’il était superficiel et pas très allumé. Léandre se doutait que ça concernait surtout ses airs féminins et que ça en révélait plus sur la misogynie intériorisée de ces gens-là que sur lui-même. Reste que c’était plaisant à entendre. Quant à son identité ethnique, ça… C’était un peu plus compliqué !

« Pas Coréen ici et pas Français en France, je suppose… », fait Léandre en grimaçant légèrement. C’était la croix de bien des métis, surtout ceux qui avaient physiquement pris du côté du parent qui n’était pas natif du pays dans lequel ils habitaient. « Mon père est Français et ma mère est Coréenne. J’ai tout pris du côté maternel… mais j’ai été élevé en France. Alors c’est un peu compliqué. »

Mais il n’était pas le seul à ne pas venir d’ici, pas vrai ? Il avait entendu l’accent plus qu’il avait vu la différence dans les traits de l’homme, pour être honnête.

« Je préfère continuer en coréen. Je parle anglais, mais ça me demande plus de concentration que le coréen. », assure-t-il donc en réponse à la gentille proposition de son interlocuteur, qui avait un joli accent en anglais d’ailleurs. Pour taquiner, Léandre ajoute : « À moins que vous ne puissiez me parler en français ! Quel joli accent vous devez avoir dans la langue de Molière. »    

Cette toute dernière phrase avait été dite dans sa langue natale, par jeu et taquinerie. Il n’aurait pas été aussi ouvertement charmeur s’il avait su que l’homme pouvait le comprendre, disons ! Quant au livre, il opine brièvement parce que oui : c’est aussi ce qu’il avait ressenti. Il ne fallait pas lire ce livre quand on avait envie de débrancher et c’est ce que la plupart des lecteurs avaient malheureusement fait, lui semblait-il.

« Oh. ». C’était une petite exclamation enthousiaste et en même temps toute en retenue, peut-être à cause de l’embarras d’être aussi excité à l’idée de lire un livre un peu plus romantique par son auteur favori. La direction lui est indiquée. Et après un regard pour le bel étranger, histoire de s’assurer qu’il ne le laissait pas en plan, Léandre s’y rend donc. Il s’arrête devant le livre, caresse brièvement du bout de ses doigts… mais finalement : « Je crois que je vais le commander, plutôt. Je veux le lire en français, sans me casser la tête. À dire vrai, tous les livres de Huang que je vais acheter aujourd’hui, je les ai déjà lus et ils sont tous dans ma bibliothèque personnelle à Paris. C’est juste pour me pratiquer. Mais l’édition coréenne est vraiment jolie... »

Il hésite un instant, révélant toute l’étendue de son plaisir à faire les boutiques, mais aussi son côté raisonnable qui entrait en conflit avec ! Finalement, il craque… et prend rapidement le livre.

« Je le relirai l’an prochain en coréen. Je l’aurai déjà sous la main. », s’excuse-t-il presque avec un petit sourire à demi-coupable et à demi-espiègle pour l’homme. Ce dernier le surprend avec un rire lupin qui fait courir une petite chair de poule sur sa nuque. Il se retourne vers lui, un peu surpris, mais pas de façon désagréable. Quelle rencontre séduisante, aujourd’hui ! C’était la façon de lui souhaiter la bienvenue que la Corée du Sud avait trouvé ? Il approuvait. En tout cas, son franc-parlé n’avait pas gêné son interlocuteur et Léandre en rit, amusé. « Il est Chinois et peut-être pas aussi ouvert que vous… mais la tentation serait assez forte ! »

Justement, l’étranger lui dit maintenant être lui aussi Chinois et une petite exclamation enthousiaste franchit le seuil des lèvres de Léandre.

« Alors c’est de là, l’accent. J’aime beaucoup entendre parler chinois même si je n’y comprends rien. C’est comme de la musique à mes oreilles. »

C’était la prérogative de celui qui ne parlait pas une langue ! Parce que dès qu’on la comprenait, notre perception changeait. Quant à dire les choses sans tabou, Léandre croit quand même bon de prévenir :

« Mais avec un peu de pudeur quand même. »

Juste assez pour ne pas tomber dans le vulgaire ! Ça l’irritait au plus haut point. Avoir de la classe, c’était aussi bien, hein…!  
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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Mer 2 Juin - 8:45
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Liwei voyait bien ce que ça voulait. Et il trouvait ça très littéraire d’ailleurs comme façon de le dire. D’ailleurs il se permet de sortir son cellulaire une seconde de sa poche pour noter la formulation. Il s’en resservirait peut-être, à sa sauce. Le petit appareil retourne rapidement dans sa poche pour ne pas être complètement malpoli non plus et Liwei acquiesce.

« Ce serait plus simple d’être citoyens du monde, comme on dit. »

Que de rentrer dans une seule case… Surtout lorsqu’au minimum en tant que métis il nous en fallait deux… !

« Vous êtes ici pour le tourisme alors ? »

Ce n’était pas une critique déguisée. Lui-même vivait bien à l’hôtel de manière permanente lorsqu’il était en Corée du Sud et il se considérait donc pleinement comme un touriste bien qu’il refuse qu’on le compare au plus mauvais d’entre eux. Il aimait ce pays et il le respectait. Ce qu’il respecte également, c’est la demande de son vis-à-vis de poursuivre la conversation en coréen. Le jeune homme avait une voix assez douce et ronde, ça rendait bien sur les angles les plus long de la langue coréenne. Quant à parler français… C’est dommage mais ça n’arrivera pas ! Néanmoins, histoire de taquiner tout en gardant son plus grand sérieux, comprenant bien qu’il s’était fait parler dans cette belle langue qu’était le français, il affirme :

« D’accord. Mais je suis très rouillé. »

Il y a un moment de flottement… Avant qu’il n’esquisse un bref sourire en coin devant le petit air paniqué qui avait percé au fond du joli regard bridé :

« Je plaisante. J’aimerais pouvoir me vanter de parler français mais ce n’est pas le cas. Pourtant mon poème préféré est français. »

Il avait juste voulu jouer un peu sur le risque que son compagnon avait pris à lui dire dieu seul sait quoi !

Les voilà devant le rayon des nouveautés… Et Liwei observe le profil harmonieux de l’autre homme passer par différentes expressions, du plaisir à l’indécision puis de nouveau au plaisir, coupable celui-là ! Les asiatiques étaient souvent des personnes peu expressives et Liwei devinait sans mal que le français pouvait faire partit du lot s’il s’en donnait la peine. Mais présentement il était au contraire très expressif et Liwei trouvait ça charmant en tout point ! Il vient donc prendre dans les longues mains fines le roman dans sa version coréenne, assurant :

« Je vais vous l’offrir. »

Il en avait envie. Et puis il y adjoindrait peut-être ce savon au jasmin qu’il avait acheté de manière trop impulsive. C’était bizarre… D’ordinaire il n’aimait le jasmin que sur les femmes… Les épices sur les hommes et l’aloe vera seule était unisexe pour lui ! Mais il lui semblait qu’un peu de jasmin en brume dans ces cheveux là aurait été du plus bel effet !

Liwei retient un petit regard amusé alors que le jeune homme le compare… A lui-même certes. Et à propos de la langue chinoise, Liwei convient :

« Ça me donne la même impression le français il semblerait. »

S’il en croyait les quelques mots prononcés un peu plus tôt ! Nouveau hochement de la tête en tout cas à propos de la pudeur dans les sujets tabous. Il partageait ce point de vue à 100%.

Une fois aux caisses, Liwei paie son roman comme il y tenait et lorsque le jeune homme en a fait autant, il vient sortir de son sac le livre pour se renseigner :

« Comment vous vous appelez ? »

Et sortant un très élégant stylo qu’il avait toujours en poche pour ce genre d’occasion :

« Je vous le dédicace ? »

Liwei esquisse un nouveau petit sourire un peu taquin, sachant qu’à ce stade les questions et les doutes devaient se bousculer chez le français en face de lui !

« Je m’appelle Huang Liwei. Je n’essai pas de vous faire marcher juste pour vous charmer. »

Mais, pince sans rire et puisqu’il était du genre à dire les choses :

« Ceci dit, si ça vous charme, c’est un bonus non négligeable. »

Et d’ajouter dans la foulée, histoire de se faire un peu pardonner pour le cinéma joué jusque-là :

« Je vous offre un café pour me faire pardonner ? »

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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Jeu 3 Juin - 8:28
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Le regard de Léandre suit le mouvement de l’homme alors que ce dernier sort de sa poche son cellulaire, probablement pour répondre à un texto. Pendant le bref moment où les longs doigts masculins tapotent l’écran tactile, Léandre rêvasse à qui il pouvait bien écrire. Probablement une très jolie femme. Les hommes comme lui, qui parlent si bien en choisissant leurs mots avec autant de finesse tout en étant très séduisants ne restent pas célibataires bien longtemps ! Il a un sourire pour l’étranger lorsque ce dernier en revient lui, spontanément.

« Non. », répond-t-il sobrement à la question qui lui est posée. Il glisse deux doigts dans une poche étroite de son tailleur pour en sortir une jolie carte, gris anthracite. Le lettrage et les arabesques sont en or rose. Il la tend à l’homme, puisqu’il demandait ce qu’il faisait ici ! « Je suis orfèvre. J’ai une bijouterie à Paris. Mais ma clientèle coréenne est très fidèle… alors j’ai fait le saut. Je vais ouvrir le mois prochain, si vous voulez venir voir. »

Son interlocuteur avait un style étudié et chic. Peut-être que ses bijoux l’inspireraient… s’il pouvait se permettre d’en acheter, ça allait de soi. Mais l’oeil exercé de Léandre avait remarqué quelques accessoires de marque et surtout, le parfum.

« Body Kouros, n’est-ce pas ? », demande-t-il soudainement, une petite moue espiègle sur le visage. « J’adore ce parfum. Yves Saint-Laurent en fait des remarquables. »

Il n’avait pas arrondi sa prononciation du nom du grand designer, préférant la version francophone. Comprenne qui pourrait ! Mais l’homme que Léandre avait devant lui semblait instruit. Il comprendrait certainement. Quoi qu’il en soit, c’était le premier pas dans les grandes marques et ça pouvait faire du Chinois un client. Par contre, le voilà qui semble dire qu’il parle français… mais Léandre a à peine le temps de commencer à rosir qu’il réalise que ce n’est pas le cas ! Ça lui arrache un rire amusé et il lève quand même les yeux au ciel !

« Oh, ça va. Je n’ai rien dit d’indécent ! »

Parce que son interlocuteur devait bien se douter qu’il avait dit quelque chose qu’il ne traduirait pas nécessairement, vu la façon dont il l’avait fait marcher. Par contre, cette histoire de poète français l’interpelle forcément et il a un regard appréciateur pour l’homme. Vraiment… très cultivé !

« De quel poème parlons-nous ? », demande-t-il, en partie amusé et en partie curieux. Mais le livre qu’il tenait à la main lui échappe. Les longs doigts glissent brièvement sur les siens, y laissant une agréable chaleur qui l’aurait fait rougir s’il avait encore eu l’âge de jouer à ça ! Ça avait été agréable néanmoins, il ne le niera pas. C’était totalement le genre d’homme qui attirait son attention ! « Oh, mais enfin… ! »

Il n’était certainement pas obligé de lui offrir un livre ! Si ça amuse Léandre néanmoins, c’est qu’il commence vraiment à avoir l’impression qu’ils flirtent et c’est agréable. Il ne pensait pas que ça arriverait en Corée du Sud, pays plus fermé à ce sujet que le siens… et surtout pas au milieu d’une librairie en plein jour ! Son nom lui est demandé et il a un sourire pour l’homme.

« Léandre Beauregard. Vous allez vous en tirer ? », taquine-t-il gentiment, sachant que son nom pouvait être un peu particulier pour quelqu’un dont la langue natale était très loin du français ! Par contre, il arque un sourcil à propos de la dédicace. Il aurait dû comprendre, hein. Mais ça tombait tellement de nulle part que sur le coup, Léandre ne comprend pas pourquoi cet homme dédicacerait son livre, comme si aucune explication satisfaisante n’était possible ! « Je vous demande pardon…? »

Il avait peut-être mal compris ? Il penche légèrement la tête sur le côté alors que l’homme se présente finalement… et ses lèvres s’arrondissent un instant sous la surprise ! Il y a du doute dans son regard, forcément… D’ailleurs, un peu méfiant sûrement, il ouvre l’autre livre de Huang qu’il avait dans les mains, histoire de voir s’il y avait une photo. Il la trouve sur la quatrième de couverture. L’observe un moment. Puis regarde l’homme devant lui… Seigneur !

« C’est incroyable. », fait soudainement Léandre, sortant de sa torpeur d’un coup ! Il y a encore un bref instant de flottement, puis il éclate d’un rire joyeux, mais calme. « Qu’ai-je dis, déjà, sur votre plume ? »

Quelque chose d’un peu tendancieux, il lui semblait ! Mais il n’allait pas s’en cacher, ni regretter. Surtout qu’à présent, l’écrivain flirtait assez ouvertement, mais toujours avec la subtilité de l’homme bien éduqué !

« Je suis charmé par votre plume depuis plusieurs années, Liwei. Maintenant, peut-être par l’homme, mais pas à cause du nom. », assure finalement le Français. Parce qu’il aurait été charmé même sans ça. C’était évident qu’il avait un homme instruit devant lui. Il appréciait beaucoup. Il avait volontairement utilisé le prénom de son interlocuteur, sachant fort bien que ça ne se faisait pas si tôt dans une conversation ici, en Asie. Et il observe avec délice la réaction de son vis-à-vis. « Avec plaisir, le café. Où vous voulez. Parce que je ne suis vraiment pas familier avec les environs, encore. »

Puis, taquin :

« Besoin d’aide avec le nom ? »

Son nom siiii français !
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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Jeu 3 Juin - 9:44
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Liwei avait récupéré la petite carte visiblement très soigneusement étudiée. Elle était colorée, attirait l’œil sans le rebuter… Elégante… Et puisque le jeune homme lui explique être orfèvre, il imaginait sans mal qu’elle sortait tout droit de son imagination fertile.

« Je peux la garder ? »

Parce que d’ici un mois il ne se souviendrait probablement du nom ou de l’adresse. Il avait constamment mille choses à l’esprit malheureusement.

« C’est un métier rare. »

Il lui semblait qu’on ne croisait pas facilement des orfèvres. Des bijoutiers oui… Mais leurs compétences étaient différentes, clairement. Liwei n’était même pas sûr de pouvoir deviner avec exactitude quel était le métier du français, même s’il visualisait dans les grandes lignes. En tout cas, cet homme là n’avait pas froid aux yeux. Qu’il ait un rapport plus « facile » à la Corée via sa mère ne le prédisposait pas, à son avis, à franchir le pas d’ouvrir une succursale à l’étranger. Il fallait beaucoup de courage et de travail pour que ça fonctionne. Evidemment, la porte qu’il avait prise pour ça était une belle porte : le luxe, c’était quelque chose qui séduisait un peu partout dans le monde, n’est-ce pas ? Même lui y était sensible et pourtant on le disait sensible à très peu de choses… !

Voilà que l’homme le surprend à son tour toutefois et Liwei finit par acquiescer dans un silence poli alors que le nom de son parfum lui est donné. Il l’aimait parce qu’il le trouvait différent de la nasse des autres parfums pour homme et il ne sortait jamais sans s’en être aspergé brièvement. Quant au nom du créateur, il sonnait clairement différent de ce dont il avait l’habitude. En Chine, on ne le prononçait même pas en entier la plupart du temps et en Corée, la prononciation était être « asianisée » si l’on peut dire. L’entendre de cet accent qui lui appartenait était une source à la fois d’étonnement mais aussi de plaisir.

« Je ne me risquerais pas à essayer de le prononcer de votre manière. »

Il l’écorcherait probablement d’un bout à l’autre, mais il avait apprécié la démonstration.

« Je trouve que ce parfum là sort de la nasse des autres parfums pour homme. Il me plaît depuis des années. »

Alors il était heureux de ne pas être le seul à l’aimer, aujourd’hui ! Son sourire en coin reste un instant sur son visage alors que le français se défend ensuite d’avoir dit quoi que se soit d’indécent. De toute façon il ne pourrait en juger ! Quant à ce poème, cher à son cœur, Liwei récite les premiers vers :

« Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde, Tigre adorée, monstre aux airs indolents ; Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants dans l’épaisseur de ta crinière lourde… »

Et de préciser :

« Le Léthé, de Charles Baudelaire. Et le début de ce poème ne rend pas justice à la force du reste de son corps mais je vous épargne toute la déclame. »

C’était peut-être parce qu’il parlait à son omniprésente mélancolie que ce poème le saisissait tout à fait… Mais Liwei le connaissait par cœur. Il l’avait même fait encadrer chez un artiste pour l’avoir au mur dans la chambre qu’il louait.

Et pour ce nom qui lui semblait soudainement bien compliqué, il avait au moins le mérite de le dépayser complètement ! Le prénom devrait aller… Liwei avait l’habitude des dédicaces en anglais alors graphiquement, chaque lettre se dessinant bien dans sa tête, ça devrait bien se passer quoi qu’il y manquerait peut-être quelques accents… ! Enfin… Si le prénom était bien la partie qu’il pensait, disons.

Il laisse à Léandre le soin de vérifier qu’il est bien qui il prétend… Et son visage fin passe à nouveau par toute une palette de sentiment avant que le rire et la joie ne remplacent tous les autres. Ça lui allait bien. Ici on voulait souvent se faire trop discret pour les exprimer de cette façon. Ou bien on le faisait avec vulgarité, parfois. Ce n’était pas le cas présentement. Et joueur :

« Je crois que vos mots exacts étaient « Comme un amant impératif si doué qu’on s’en rend à peine compte ». »

Liwei aurait sûrement pu faire semblant de ne pas s’en souvenir pour ne pas risquer de l’embarrasser mais c’était beaucoup plus drôle de cette façon à son avis !

Son nom franchit à nouveau les lèvres de Léandre… Ou plutôt, simplement son prénom cette fois. C’était très peu habituel ici, en Asie… Il en avait déjà plus l’habitude lorsqu’il vivait dans sa maison de Los Angeles ceci dit alors le trouble est aussi fugace que subtil. Mais puisque Léandre avait commencé :

« Je pense que nous pouvons nous tutoyer. Nous serons plus à l’aise. »

Et mine de rien, Liwei ne le proposait pas à tout le monde. Il détestait qu’on le tutoie alors que la conversation ne s’y prêtait pas ou qu’il se sentait distant de son interlocuteur. Il lui arrivait même de tutoyer tout en attendant en retour qu’on le tutoie. Parfois, il restait Chinois jusqu’au bout des ongles quoi… Ou un peu vieux jeux, peut-être !

Pour en revenir avec l’aide ceci dit :

« Pour ton prénom, seulement. Je ne crois pas que se soit très utile que je mette ton nom de famille, si ? »

En tout cas il n’avait pas l’habitude de joindre les deux ! Liwei fait signe à l’homme de le suivre à la première terrasse venue, s’y installant pour commencer à écrire une dédicace toute simple. Ils se connaissaient encore trop peu pour qu’elle soit réellement personnalisée !

« Après, nous sommes dans un Starbucks, c’est un peu la marque de fabrique de l’endroit que d’écorcher l’orthographe des prénoms, je présume… »

Il plaisantait ! Il allait attendre que l’homme le lui épelle correctement !

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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Dim 6 Juin - 6:15
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« Bien sûr. Elle est à vous. »

Ce disant, Léandre a un petit signe de sa main soigneusement manucurée pour indiquer au Chinois de garder la carte. C’était la raison pour laquelle il l’avait sortie. Il espérait avoir sa visite. Il saurait comment couvrir cet homme sublime de bijoux ! Dommage qu’il ne soit ni mannequin, ni célèbre… Il lui aurait proposé de faire quelques photos tests pour des publicités ciblées. Léandre avait déjà une idée de celle qu’il voulait engager pour être son égérie féminine… mais les hommes aussi devaient être représentés et son interlocuteur en était un magnifique, délicieusement masculin. Quant à son métier - rare -, il acquiesce brièvement, un sourire quand même assez fier aux lèvres.

« C’est vrai et c’est un peu difficile malgré tout de s’y faire une place. Mais je n’ai aucun regret. C’est peut-être facile à dire, puisque les choses fonctionnent bien pour moi… »

Mais Léandre hausse doucement les épaules. Il ne comptait pas commencer à se poser des questions existentielles alors qu’elles n’avaient aucune raison d’être. L’autre homme lui arrache ensuite un sourire à propos de sa prononciation du nom du créateur évoqué. En tout cas, il avait vu juste. Et lui aussi aimait ce parfum en partie pour cette raison.

« J’ai essayé de convertir mon ex à ce parfum. Sans grand succès, je dois l’admettre. », blague Léandre, oubliant momentanément qu’il était en Corée du Sud et non en France, donc qu’il valait peut-être mieux ne pas genrer ses ex. Mais en même temps… qui aurait vraiment cru, à le voir, qu’il était hétérosexuel pur et dur ? Oui, c’était jouer des clichés. Mais Léandre était conscient que les statistiques n’étaient pas trop en sa faveur ! « Il est délicieusement masculin, sans être écrasant de virilité. C’est le genre de parfum qui, quand il se marie bien à celui de la peau de celui qui le porte, laisse une impression durable. »

Puis, un poème. Léandre lit beaucoup, mais il ne le reconnaît pas. En même temps, il lui est déclamé en coréen et il ne l’avait lu qu’en français.

« Un homme de goûts, un homme littéraire. Intéressant…! »

Il a un petit clin d’oeil entre charme et taquinerie pour l’étranger. Étranger qui n’en était donc finalement pas vraiment un… et il réussit à arracher quelques couleurs légères à Léandre en répétant ses mots d’un peu plus tôt. Oh, il les assumait. Sinon, il n’aurait pas remis le sujet sur le tapis. Mais il avait quand même un peu de pudeur !

« J’espère qu’au moins la comparaison vous aura flatté un minimum. », fait quand même remarquer le Français, espiègle. Quoi qu’il en soit, Liwei propose le tutoiement et dans un soupir de soulagement, le jeune homme opine. « Oui, parfait. Je vais avoir besoin de surveiller un peu moins mes mots. Merci. »

Ça pouvait vite être difficile de bien suivre les formules de politesses coréennes. Il passe donc son tout nouveau sac réutilisable autour de son poignet pour suivre Liwei en dehors de la boutique. D’ailleurs, il glisse le petit sac Gucci dans celui-là, histoire qu’il attire un peu moins l’attention. Ils s’installent à la table d’un Starbucks et Léandre propose :

« Dis-moi ce que tu veux boire. Je vais aller le chercher pendant que tu fais ma dédicace. »

Ce disant, Léandre se penche légèrement vers l’homme. Il glisse deux doigts dans une poche, ayant vu sa carte disparaître là… Il effleure à peine l’homme, pas intrusif non plus. Puis, il tapote doucement sa carte d’un ongle manucuré. Là, son prénom. Il attend ensuite d’avoir eu la commande de Liwei, qui est plutôt simple en fait, puis va jusqu’au comptoir. Il commande… et pendant qu’il attend là, son regard se perd du côté de sa nouvelle connaissance. L’écrivain était tout concentré sur ce qu’il écrivait. Il maniait le crayon avec une grâce pas dénuée de masculinité. Celle de l’homme instruit. Son beau profil était sévère quand il se concentrait de la sorte. Décidément, la Corée lui réservait déjà de belles surprises…

Finalement, son breuvage arrive, ainsi que celui de Liwei. Et quand il pose sa tasse devant l’homme, il tourne la sienne pour montrer son nom en pouffant un peu.

« Aujourd’hui, je suis Lee An. »

Il faudra vivre avec…! Il récupère le livre, l’ouvrant pour lire la dédicace et tant pis s’il aurait dû attendre d’être seul. Il était trop pressé. Il a un sourire, puis referme le livre, son regard en revenant à Liwei.

« Merci. Ça me fait vraiment plaisir. J’ai très hâte de le lire… même si je vais vraiment commander la version en français dès que j’arrive chez moi pour pouvoir en profiter à 100%. », convient-il. Il prend une petite gorgée de son latté écrémé avant de finalement demander : « Tu habites en Corée du Sud ou c’est juste une belle coïncidence qu’on se soit croisé ici ? »

Il croyait que l’écrivain vivait en Chine, mais c’était juste à cause de ses origines. Il ne s’était jamais renseigné là-dessus. Léandre n’avait pas vraiment le syndrôme de la fangirl !
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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Lun 7 Juin - 12:10
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La petite carte avait ainsi échoué dans le portefeuille en cuir sobre mais élégant qu’il avait dans la poche intérieure de son trois-quarts. Léandre ne manquait pas d’énergie pour mener ses affaires. Ça lui réussissait bien d’ailleurs et il avait un parcours exceptionnel en soit, considérant son âge et à quel point il fallait se battre plus fort lorsqu’on était « un petit jeune » dans un univers, on va se le dire, vieillissant.

« Y arriver n’a sûrement pas été facile, même si aujourd’hui les difficultés te semblent peut-être moins compliquées qu’elles n’ont été. Dans tous les cas c’est remarquable. »

Il fallait toujours rendez à César ce qui lui appartenait, comme on dit. Et à propos du parfum, Liwei ne s’émeut pas du fait que le français ai admit sans y penser qu’il avait été avec un homme par le passé.

« Quelque part c’est une chance. »

Qu’il n’ai pas sur le convertir à son parfum favori.

« Il aurait été dommage que notre rencontre soit gâchée parce que mon parfum, même s’il vous plaît, vous ait rappelé une relation passée. »

Aucune idée de comment elle avait pu se terminer mais dans tous les cas c’est un échec… Liwei n’aimait pas tellement l’idée de sentir « l’échec » de Léandre ! En tout cas le jeune homme développe, visiblement facilement bavard sans être fatiguant ! Mais ça lui allait bien, Liwei était d’une humeur attentive et sociable… Bref, il y avait une sorte d’alignement des planètes ou quelque chose comme ça, autant en profiter… !

« Je parie que lorsque tu parles d’un bijou ou d’une pierre, tu as le même genre d’analogies, non ? »

Et de fait :

« Ça me fait penser à Marylin Monroe et ce qu’elle disait à propos du Channel n°5. »

Que la nuit, pour dormir, elle ne portait que quelques gouttes de ce parfum. Il se dégageait, jusqu’à aujourd’hui encore, quelque chose de très sensuel dans cette façon de dire. En tout cas à son avis.

Quant à être un homme littéraire… D’une certaine façon mieux valait que se soit comme ça vu son métier ! Mais c’est plutôt ce « intéressant » qui flattait un peu son orgueil. Qui n’aurait pas voulu avoir l’air intéressant dans ce joli regard bridé ?

Quant à ces quelques mots un peu « directs » qu’il avait pu avoir en parlant de lui, quoi que sans le savoir, Liwei n’était pas fâché. Il ne pratiquait pas la langue de bois et au pire, comme le soulignait Léandre, ça avait été plutôt flatteur. Il a donc simplement un petit mouvement de la tête pour confirmer, baissant donc naturellement le niveau de politesse. Il y était plus sensible, pour avoie vécu en Chine presque toute sa vie, et il distinguait mieux les occasions de l’utiliser, mais il n’était pas contre l’ignorer un peu lorsque l’occasion s’y prêtait.

« La météo aurait été plus clémente, je me serais laissé tenter par un café glacé. »

Avec de la crème. Il n’aimait le café que de cette manière. Liwei envisage un instant le thé… Mais sous sa forme la plus simple, il était souvent déçu hélas et pas tellement amateur. Une boisson chaude sur la carte attire néanmoins son attention et de fait :

« Un « Teavana », s’il te plaît. »

Du thé vert matcha mélangé à du lait. C’était à mi-chemin entre la boisson traditionnelle japonaise et la culturelle anglaise, non ? Bref. Liwei s’installe à une table, ressortant la carte indiquée par Léandre pour faire sa dédicace de son écriture la plus soignée. Il prenait rarement autant de soin, pressé par le temps, le nombre ou les crampes de sa main ! Mais il avait tout son temps, là tout de suite.

Lors Léandre revient, Liwei roule un peu des yeux. Comme prévu ils l’avaient écorché. Et tournant son gobelet pour voir le sien, ils notent :

« Ils ont presque réussi le miens. »

A ce détail près qu’ils avaient soigneusement séparé son prénom en essayant de l’écrire à l’occidental. Li Wei. Mouais. Il serait sans doute un peu trop regardant s’il osait se plaindre. Le romancier vient plutôt tremper ses lèvres dans son breuvage… Avant d’avoir un petit signe de la tête appréciateur.

« Merci. J’irais payer nos consommations avant que nous partions. »

La dédicace, quoi qu’encore un peu impersonnelle, semble fait plaisir à Léandre et parce que Liwei avait de la suite dans les idées lorsqu’il était en compagnie plaisante, il suggère :

« Tu devrais me donner l’occasion de te la dédicacer également. Je pourrais même te surprendre avec quelques mots de français. »

Bon, bien renseigné au préalable parce quelqu’un dont le français serait une seconde nature hein ! Histoire de faire les choses biens. Mais se serait l’occasion de se revoir.

« J’habite en réalité entre la Chine et Los Angeles la majeure partie du temps. Pour la promotion, les projets cinématographiques… C’est plus simple comme ça. »

Ceci étant dit :

« Mais la Corée, et plus particulièrement Séoul, reste un endroit privilégier pour moi dans le genre « destination de villégiature ». Je m’y sens bien. »

Mais de fait :

« Ça fait longtemps que tu es arrivé ? Pas trop le mal du pays ? Culturellement c’est tout un choc. »

Il l’avait vécu en allant s’installer à Los Angeles et même après plusieurs années, il lui arrivait encore de se le prendre dans la figure. Ça semblait récent pour Léandre. D’ailleurs, Liwei tire à son tour une carte professionnelle de sa poche. Mais sans son numéro. Elle lui servait juste à se présenter ou se faire annoncer. Il vient toutefois y griffonner son numéro avant de la glisser jusqu’au jeune homme.

« Si jamais tu as besoin de changer d’air. Ce n’est pas très modeste, mais je pense n’être comme personne, ou en tout cas pas grand monde ici. »

Moins étriqué peut-être, même s’il pouvait se révéler parfois buté sur certaines choses probablement… !

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Re: Le parfum des livres, du jasmin et des agrumes | Dim 13 Juin - 4:58
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La vérité, c’est que Léandre avait plus de doutes qu’il ne l’affichait. La Corée du Sud avait beau être un endroit florissant pour les jeunes entreprises, le code des affaires restait un sombre secret à ses yeux. Il espérait bien apprendre à le maîtriser. Mais pour l’heure, il se dirigeait un peu trop à l’aveugle là-dedans. Ce n’était toutefois pas dans ses habitudes d’étaler ses doutes et ses faiblesses à un parfait étranger, alors il se contente de sourire à l’homme alors que ce dernier lui montre néanmoins qu’il est conscient que son parcours n’est pas exempt d’obstacles. Il remercie d’un petit signe de la tête, parce que c’est toujours très plaisant de se faire complimenter sur ses accomplissements. Quant au parfum, l’homme lui arrache un rire amusé.

« Ah, alors c’est important ? », demande Léandre avec une fausse innocence, son sourire se faisant trop complice et emprunt d’un charme qui l’empêchait d’être réelle. Apparemment, le bel homme n’avait pas envie que son parfum lui rappelle quelqu’un d’autre. Un sourire peut-être un peu rêveur étire les lèvres de Léandre lorsque le Chinois mentionne les paroles de Marilyn Monroe à propos de son parfum. « Ah… oui. C’est amusant que tu en parles. C’est cette citation qui m’a inspiré ma campagne de lancement ici. »

Il avait encore plusieurs appels à faire. Mais il savait déjà qui il voulait faire poser nue, de façon très sensuelle avec un jeu d’ombre qui cache ce qui doit être caché et ses bijoux mis en évidence sur cette femme sublime. Comme Monroe qui ne portait que du parfum dans le confort de sa chambre à coucher, cette fois il s’agirait de ses bijoux. Bref, Léandre était donc revenu avec la commande de Liwei, qui lui montre son verre. Ça amuse le Français, qui hausse doucement les épaules en faisant remarquer :

« Va savoir pourquoi la fille a insisté pour avoir ton prénom puisque c’est moi qui récupérait la commande. Je pense qu’elle a dû nous voir entrer. Tu as un numéro de téléphone sur le verre, par hasard ? »

Ça ne semblait pas être le cas, mais Léandre blaguait gentiment. Il a un petit geste de la main pour dire à Liwei de laisser tomber, encore plutôt amusé.

« C’est Starbuck’s. », rappelle le jeune homme. « On paie en commandant. Laisse, c’est moi qui te l’offre et ça me fait plaisir. »

Il acquiesce ensuite à propos de la seconde dédicace, son regard débordant de plaisir. Il était sûrement encore plus sensible à ces attentions. En partie parce qu’il appréciait l’écrivain en Liwei, en partie parce qu’il se sentait très seul dans un pays plus étranger qu’on ne l’aurait cru pour lui. C’était une petite sortie inattendue fort plaisante. Il ne savait pas s’ils se reverraient vraiment un jour, mais pour l’heure il voulait simplement profiter du moment et trouvait plutôt flatteur que l’homme veuille le revoir. C’était aussi son cas. Il a un petit « ah » de compréhension alors qu’il lui est expliqué où l’homme habitait.

« C’est un peu complexe et en même temps, je suppose que je vais vivre entre Séoul et Paris, maintenant. », convient-il avec une petite nostalgie dans la voix. C’était le mal du pays qui s’invitait déjà, insidieux ! « C’est drôle que ce soit ici que tu reviennes pour te détendre. Le pays doit avoir de beaux souvenirs pour toi. Ça me rassure un peu, même si c’est sûrement bête. »

Il a un rire bref, qu’il étouffe dans une petite gorgée de son breuvage chaud. Mais soudainement, il revient sur quelque chose que Liwei avait dit.

« C’est vrai, tu as un film en route, non ? J’ai suivi le projet de loin ; j’étais assez occupé. Mais du coup, c’en est rendu loin ? »

Il était peut-être terriblement en retard. Il n’avait vraiment pas pris le temps de vérifier depuis un bon moment déjà. C’est une amie qui lui avait dit.

« Je suis ici depuis une petite semaine. », explique-t-il doucement, ses deux mains refermées sur son verre, pianotant légèrement dessus. Son regard remonte à celui de Liwei. « C’est un peu difficile. C’est la solitude. Je suis très heureux de vivre seul. J’habite seul dans mon appartement de Paris depuis plusieurs années et je suis très bien. Mais c’est un type de solitude différent. Et ma famille est surtout à Jeju, un peu à Busan… »

Son regard quitte celui de Liwei alors que les grands mains de pianiste de l’homme s’activent. C’est à son tour de recevoir une carte. Avec un numéro de téléphone ajouté à la main. Souriant, le petit Français prend la carte pour la glisser dans son petit sac Gucci, à l’intérieur de celui de la librairie.

« Je la garde précieusement et je t’avertie : je vais l’utiliser ! »

Il ponctue sa phrase d’un rire délicat.

« Si jamais tu vois que je suis complètement à l’ouest avec les moeurs du coin, tu peux me le dire ? Je me doute que tu n’es pas du genre à reprendre les gens là-dessus. Mais ça me permettra de m’habituer un peu. C’est stressant. Je dois être irréprochable vu le domaine dans lequel je me lance - le luxe - mais je réalise que je connais très peu les codes du coin. » Il grimace sur ces mots avant d’ajouter : « Je devrais être sage et prendre quelques cours… ! »

Si ça se donnait…!
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