⇝ Elle n'aurait pas dû être aussi inquiète par l'absence de quelqu'un qu'elle ne connaissait même pas, pourtant cela serait mentir de dire que Kyungmi ne s'était pas posée de questions en ne voyant pas le garçon qu'elle avait pris l'habitude de croiser uniquement dans le train qui la conduisait aux abords de l'université. Pourtant, étrangement, c'était ainsi que cet inconnu était devenu un bout de son quotidien, toujours présent le matin tandis qu'ils allaient tous deux sur le campus, elle avait compris depuis longtemps en descendant au même arrêt que lui qu'ils étaient tous deux étudiants à la Yonsei, mais jusqu'à présent ils n'avaient échangés que des regards et des sourires timides. Aucun des deux n'avait osé faire le premier pas pour aller discuter avec l'autre, peu importait si cela faisait quelques mois que leurs matinées étaient partagées. C'était étrange maintenant de faire ce trajet matinal sans lui, plusieurs jours où il n'était pas présent, elle n'aurait pas dû être curieuse... et pourtant elle l'était. Alors quand elle finit par le revoir, après trois jours d'absence, la jeune femme passa de nombreuses minutes à se demander si elle devait, ou non, faire le premier pas et enfin combler cette distance et entamer la conversation avec lui. Ce n'était pas dans ses habitudes, peut-être qu'il allait la prendre pour une folle mais elle se disait qu'après tout ce temps, si lorsqu'ils se voyaient et qu'ils se disaient bonjour par des signes de têtes ou bien des sourires, si il n'avait pas fui encore c'est qu'il avait rien contre ? Alors profitant d'un arrête à une station et la place à ses côtés se libérant, la jeune femme étant restée debout à cause du manque de sièges, Kyungmi s'approcha de lui. « Bonjour, je... je peux m'asseoir ? » Elle murmure avec douceur, montrant le siège, « si ce n'est pas gênant bien sûr. »

⇝ Clignant des paupières, quittant doucement tes pensées et le paysage que t'observais depuis le début, ton attention se posa sur la jeune femme. Doucement, tu secouas la tête, lui indiquant de s'asseoir, les joues quelque peu rosies. « Bonjour. Non non, il n'y a pas... », tu secouas à nouveau la tête, les doigts désignant le siège. « C'est libre », articulas-tu maladroitement dans un sourire timide, l'observant s'installer. Et tes prunelles sur elle devaient paraître étranges, alors tu détournas le regard dans un air gêné, te raclant quelque peu la gorge. Tu te pinças les lèvres, les doigts sur tes cuisses venant se lier dans un geste automatique. Il te semblait l'avoir déjà vue. Non. T'étais même sûr de l'avoir vue souvent. Très souvent. Quasiment tous les jours, même. Discrètement, tu la contemplas, et oui, tu pouvais affirmer que tu la croisais tous les jours au même moment. C'était étrange de te dire que tu partageais le trajet avec quelqu'un mais que tu ne lui avais jamais parlé. Et en même temps, c'était même plutôt normal. T'étais pas le genre à réussir à aller vers les autres sans que ce soit étrange ou gênant. T'étais trop timide pour oser, trop timide pour demander. Pourtant la curiosité habitait tes pupilles à chaque fois que tu la regardais. Elle était étudiante, aussi, tu l'avais compris – mais en quoi ? Et quel était son prénom ? Elle avait l'air douce, et gentille. Quelqu'un avec qui parlait semblait naturel et tranquille. Tu aimais l'aura qu'elle dégageait. Cette chaleur tendre qui te donnait presque un sentiment de sécurité et de confort. Mais t'avais jamais osé, supposant que tu ne ferais que la perturber, te contentant d'échanger sourires et simples politesses quand vos regards se croisaient. « On se croise souvent. Ici », de l'index tu désignas maladroitement les sièges. « Je veux dire sur le trajet. Jusqu'à l'université », tu clignas des paupières, penaud et embarrassé. « Je crois que c'est la première fois qu'on s'adresse la parole depuis... le début », tu ris quelque peu, les pommettes colorées. « Kyumin, enchanté », articulas-tu doucement, te courbant légèrement, l'esquisse fine aux lèvres.