♡ tu as deux mamans : Areum, ta mère biologique coréenne, et Kailee, ta mère américaine. Kailee était professeure des écoles aux Etats-Unis. appréciée des élèves et des parents, elle était cette professeure vers qui les enfants se tournaient sans hésiter. si la poésie était une personne, ce serait Kailee. belle, douce, élégante, elle était ce que les hommes préféraient ; courbes généreuses et sourire ravageur. beauté divine qui frôlait la terre de ses doigts, ne laissant derrière elle que des regards envieux ou jaloux. mais son regard, à elle, ne s'arrêtait que sur une personne. son cœur, à elle, ne battait que pour une personne. deux âmes égarées qui s'étaient trouvées pour se retrouver et construire à deux une vie pour laquelle elles adoraient se lever chaque matin. Areum, femme tendre au grand cœur, la gentillesse dans les iris et la chaleur d'un foyer dans un sourire. elle était cette femme pétillante, pleine de vie. celle qui aimait découvrir, parcourir, savoir. si la musique était une personne, ce serait Areum. la mélodie de sa voix envoûtait, et charmait. et son rire était une chanson qu'on ne pouvait se laisser d'écouter. mais sa voix chantait que pour une personne.  

♡ t'as toujours eu deux mamans. bien évidemment, tu avais des questions, petit. la franchise étant toujours mise en avant chez vous, Areum n'a jamais hésité à tout t'expliquer, et à répondre à toutes tes questions. si tu voulais savoir quelque chose sur ton père, elle te répondait. et tu voulais le retrouver, elle comprendrait. mais t'en as jamais ressenti le besoin. parce que t'étais bien chez toi, avec tes mamans. parce que t'étais aimé, dorloté, choyé. petit prince, qu'elles te surnommaient ;; parce que tu étais exceptionnel. parce que tu étais leur trésor le plus précieux. t'as toujours eu deux mamans ; mais aujourd'hui tu n'en as plus qu'une.

♡ vous avez dû quitter new york. dire adieu à la grande pomme et venir à séoul. un choix pas facile, Areum avait longuement hésité : retourner auprès de ses parents qui l'avaient autrefois rejeté semblait être difficile pour elle. elle avait fui séoul, à l'époque, pour espérer vivre le rêve américain. chanteuse, qu'elle voulait devenir. et finalement c'est tout autre rêve qu'elle a vécu. un rêve dont elle était fière. sa famille, c'était ça, son rêve, et elle le vivait pleinement. mais la maladie fut annoncée. sentiment d'injustice et colère, les premières fissures venaient se dessiner sur ton âme. vous avez dû quitter new york, et venir à séoul. Areum avait prévenu ses parents de cette maladie qui la bouffait ;; et eux ne souhaitaient qu'une chose : revoir leur fille unique. le choix fut difficile mais finalement pris. adieu new york ; bonjour séoul.

♡ tes grand-parents vinrent vous accueillir. ils furent heureux de te rencontrer, et de revoir leur fille. l'accueil pour Kailee fut un plus réservé ; mais plus chaleureux avec le temps. Areum l'avait toujours dit, il fallait laisser le temps au temps, aussi naïf que ça puisse paraître. le temps de se connaître et de se reconnaître et la vie suivait son cours. les frais médicaux étaient chers et auraient été trop importants si vous étiez restés à new york. à séoul, c'étaient tes grand-parents qui s'occupaient de tout ça, et ta mère avait les meilleurs soins. la crème de la crème, comme t'avait affirmé ton grand-père.

♡ combattante, ta mère a lutté contre la maladie. mais tu voyais bien qu'elle était fatiguée. tu voyais bien qu'elle souffrait. et c'était horrible, de la regarder lutter de cette façon, de savoir qu'elle avait mal mais de ne rien pouvoir faire. c'était pénible, d'être spectateur de ce film désarmant, de n'être qu'un figurant d'un combat dans lequel tu ne pouvais même pas prendre part — et ton cœur saignait, et ton cœur pleurait un peu plus chaque jour.

♡ et la lumière qui brillait dans ses yeux s'en est allée. l'écho de sa voix ne devient qu'un souvenir après lequel tu cours, désespéré, de pouvoir l'entendre une dernière fois. et l'image de son sourire ne devient qu'un mirage que tu aperçois parfois dans le noir. la lutte est terminée, la maladie a gagné ;; il y a cinq mois tout juste. mais au moins elle ne souffre plus. mais au moins elle n'a plus mal. et tu la vois dans cet endroit meilleur qu'on dessine dans les textes. mais toi, tu souffres. mais toi, t'as mal.

♡ le lien entre Kailee et toi s'est renforcé après cette épreuve ; déjà fort, il le devint encore plus. et rien ni personne ne pouvait vous séparer. le lien avec tes grand-parents s'est renforcé, aussi. la douleur vous a tristement unie. et tes grand-parents et Kailee partagent ce même lien désormais. cette même force.

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Tu n'es plus là où tu étais,
mais tu es partout là où je suis
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♡ quand t'étais petit, ta mère t'a demandé ce que tu voulais devenir plus tard t'as répondu un dragon. imagination tournant trop rapidement dans ton esprit de gamin, tu te voyais frôler les nuages, la liberté au bout des ailes. puis tu as annoncé vouloir devenir un magicien. pas ceux des spectacles de magie truqués et tordus, non. un magicien, un vrai. un peu comme Gandalf ("you shall not pass" qu'on pouvait t'entendre articuler entre le tobogan et la balançoire, un bâton en guise de baguette à la main). t'as développé une obsession avec le seigneur des anneaux après avoir vu le film, oui.

♡ tes mères t'ont toujours encouragé à faire ce que tu aimais, ne te forçant jamais à faire quelque chose qui ne te plaisait pas (mais elles t'ont quand même forcé à aller à l'école, même si ça te plaisait pas). elles t'ont encouragé quand tu as voulu tenter le violon comme elles t'ont encouragé quand tu t'es testé au basketball. elles étaient là pour toi à chaque moment important de ta vie, ne te faisant jamais une fois la remarque que non, tu n'y arriveras pas. au contraire, selon elles tu allais réussir à faire de grandes choses "parce que tu es un petit garçon exceptionnel, Ji Hun".

♡ tu adores l'art sous toutes ses formes mais tu as un attrait particulier pour la peinture et la musique. t'as vite laissé tomber le violon, préférant gratter une guitare à la place. encore aujourd'hui, l'instrument reste très présent dans ta vie. tout comme la peinture. tu aimes les activités calmes comme les mots fléchés, les sudoku et autres jeux du genre même si tu apprécies aussi un bon match de basket improvisé. t'es plutôt doué au volleyball mais tu trouves rarement quelqu'un pour jouer avec toi.

♡ à new york, t'as jamais eu de mal à te faire des ami.e.s. tes ami.e.s étaient tes trésors, des personnes que tu chéris encore aujourd'hui. ce fut tout autre en arrivant à séoul cependant. si les esprits n'étaient pas vraiment ouverts aux états-unis, ils l'étaient encore moins en corée du sud. dure réalité que de voir ces regards dégoûtés et ces mots mauvais dirigés vers tes mères. elles, ces femmes si belles, si grandioses, courageuses et merveilleuses. ces femmes qui avaient fait de toi l'homme que tu étais aujourd'hui — comment osait-on les insulter ? comment osait-on les ignorer ? tu ne t'étais pas fait beaucoup d'ami.e.s à l'école parce que "c'est bizarre d'avoir deux mamans, pourquoi t'as pas de papa ?". et si tu pouvais pardonner l'ignorance de la jeunesse, t'arrivais pas à pardonner la stupidité de l'adulte. t'as pas supporté l'injustice les visant et tu la supportes toujours pas actuellement. t'as jamais eu honte de dire que t'avais deux mamans.
— t'as compris, avec le temps, que celles et ceux qui ne veulent pas comprendre ne comprendront jamais. t'as aussi compris, avec le temps, que le silence était la meilleure réponse (et puis, comme tu t'amuses à le dire parfois, t'es pas payé pour éduquer les cons).

♡ tu as appris la langue des signes, voulant communiquer avec un employé sourd-muet au magasin où tu vas souvent. tu te débrouilles très bien en anglais et tu maîtrises des bases de mandarin et de japonais.

♡ outre le seigneur des anneaux, tu adores l'univers marvel (les gardiens de la galaxie, surtout) et celui de narnia. san andreas fait parti de tes films favoris ainsi que love, simon que tu cites aussi comme étant une lecture que tu aimes énormément.
— lecture que tu conseilles souvent (en plus des autres livres que tu lis).