« Ouai … peut être jamais … » Répétais-je. Pourquoi lui dire si c’était pour qu’il panique et me fuit ? je voulais rester à ses côtés, pas le faire fuir, alors quel intérêt de faire cela ? Je préférais encore souffrir en silence, le voir heureux avec une autre si il le fallait et pouvoir rester ainsi tous les deux. Pour toujours si c’était possible. C’était une décision égoïste et gamine, car je savais pertinemment que notre situation ne resterait pas éternelle. Une fois qu’il serait tombé amoureux d’une autre fille, je ne me berçais pas d’illusion, je savais qu’à partir de ce moment-là, il ne me toucherait plus … et je serais obligé de m’éloigner et de le voir heureux de le voir avec une autre…. Peut-être que je l’aimais de trop au point d’avoir peur de lui dire, peur qu’il me blesse, peur qu’il ne veuille plus de moi. Je secouais la tête, préférant ne pas y penser. « C’est compliqué … » Autant profiter de l’instant présent et de laisser le futur pour plus tard. Chaque chose en son temps. Je portais mon regard sur Ji Ho, me disant qu’il m’avait manqué. Si c’était ma première soirée alcoolisée qui se terminait dans le lit d’un homme, et que cet homme était lui, le destin avait un drôle de sens de l’humour. Pourtant, je préférais que ce soit lui que quelqu’un d’autre. Lui, je le connaissais et je me disais que je pouvais avoir une certaine confiance en lui. Je me surprenais même à m’en vouloir de ne pas me souvenir de cette nuit. C’était une question qui m’obsédait encore parfois. Qu’est-ce que la vie aurait été avec lui ? Comment aurait été notre première fois ? M’aurait-il largué après avoir eu le saint graal comme avait tendance à me répéter mon meilleur ami ? Que tous les mecs étaient des conards pensant qu’à me baiser ? J’étais certaine à l’époque que Jiho n’était pas ce genre de gars et encore aujourd’hui, c’était le cas. Pourtant, à force de me le répéter, les idées d’In Su avait fini par s’incruster dans mon cerveau. J’avais eu tout le temps nécessaire d’y penser dans l’école de redressement dans laquelle j’avais été enfermé deux mois entiers. Le soir dans ma chambre au calme, je n’arrivais pas à dormir, alors je ressassais le passé. Je me repassais mille et une fois toutes ces conversations que j’ai eu avec lui, m’imaginant comment j’aurais pu dire ces mots autrement, m’imaginant comme j’aurais dû agir. Notre vie, comment elle aurait été si on était toujours ensemble ? Aurions-nous une maison à nous ? Des enfants ? Un chien ? Serions-nous heureux ? On aurait pu être heureux n’est-ce pas ? Oui, sans doute … mais on ne nous avait pas laissé assez de temps pour le savoir. Alors ca avait tourné et tourné dans ma tête sans que je sache quoi faire de toutes ces pensées. Et maintenant qu’il était là devant moi et un instant je m’étais repassé tout cela en avance rapide dans ma tête. Je me demandais tout ce qu’on avait pu manquer tous les deux. La mélancolie du passé avait pris place en moi et pourtant, elle fut balayer comme de la vulgaire poussière par les mots que Ji Ho venait de prononcer. Plus il parlait et plus la colère montait en moi. Je n’avais qu’une seule envie à ce moment-là : le faire taire. Le faire taire, par n’importe quel moyen, mais qu’il ne dise plus un mot. Une méchante fille jouant avec son cœur ? on jouait les malheureux alors qu’on ne savait rien de la vie ? Il ne savait pas ce que nous on devait endurer aussi ? L’idée de le gifler me traversa l’esprit, mais je me retins. Ca n’allait pas arranger la situation si je faisais cela. Je soupirais bruyamment, serrant les poings, j’essayais de rester calme quand je commençais à m’exprimer. « Ecoutes Jiho … Ok, je sais que tu as eu ta part de souffrance et que ta vie n’a pas été toute rose non plus… J’ai d’ailleurs voulu tout faire pour te faire oublier cela, je voulais te montrer qu’au moins quelqu’un tenait à toi dans ce monde, que tout espoir n’était pas perdu … Je sais que j’aurais du te battre pour toi et non pas laisser ma mère décider pour moi … mais tu n’as pas le droit … » Malgré le calme olympien que j’essayais de garder, je sentais mes yeux piqués, signe que les larmes allaient bientôt arriver. Je m’étais promis que je ne pleurerais plus…et je comptais bien tenir cette promesse encore un peu. « Tu n’as pas le droit de dire que l’on fait semblant d’être malheureux … tu parles sans savoir … tu sais ce que c’est toi de ne pas connaitre son père ? De détester une personne sans même pouvoir mettre un visage sur elle ? Vivre avec une mère qui change de comportement du jour au lendemain considérant sa fille comme une marchanchise qui rapporte du fric ? Devoir faire attention au moindre geste que tu fais, car les projecteurs sont sans arrêt tourner vers toi ? A la moindre erreur que tu fais, on te le refout à la gueule avant que tout le pays soit en courant ? Toujours garder une image propre de soi … Tu crois sérieusement que l’argent apporte le bonheur Ji Ho ? Ce n’est pas parce que je suis d’un autre monde que toi que je suis plus heureuse pour autant. On vient de mondes différents, mais les problèmes sont toujours là. Ils sont différents, mais toujours là. » je sentais une larme prête à couler le long de ma joue, mais je me détournais de lui pour la cacher, l’essuyant immédiatement d’un revers de la main avant de rajouter d’une petite voix : « Si il joue avec mon cœur, c’est moi que ca regarde… » Je savais qu’il se faisait du souci pour moi malgré les années passées, mais lui répondre ainsi était plus fort que moi. Je n’étais pas dans mon état normal avec toutes ces révélations. C’était vrai qu’il ne m’avait pas avoué tout cela quand nous étions ensemble. Il avait sans doute la même peur que moi j’avais à présent, peur de voir l’être aimé nous fuir. En temps normal, j’aurais cherché à le consoler, à m’adoucir à ses mots, mais pas aujourd’hui, plus maintenant. Je n’en étais plus capable, pas avec lui. Je lui avais demandé une solution et il m’en proposait une. Elle piqua ma curiosité au point que j’oubliais déjà ce que je lui avais dit pour me concentrer sur sa proposition. Avouer à In su que j’avais couché accidentellement avec mon ex, c’était hors de question, alors que cela, j’avais envie de dire pourquoi pas. « Un ami qui puisse jouer mon faux petit ami… c’est une idée.. » je réfléchis un instant. Puis, je ris nerveusement en repensant à Hwannie qui criait haut et fort que j’étais sa femme devant In Su. C’était un jeu entre lui et moi. Nous nous aimions comme un grand frère aimait sa sœur, mais il faisait semblant de me draguer et je rentrais dans son jeu. Ce qui avait tendance à énerver mon meilleur ami. « Ce ne sera pas compliqué de faire réagir In Su. Dès qu’un mec m’approche, n’importe qui, il fait semblant d’être mon copain pour les faire fuir, ou il trouve un autre moyen, mais il les fait toujours fuir. Je ne sais pas trop si c’est de la jalousie ou de la possessivité … tu sais comme notre amitié a toujours été fusionnelle… Pourtant, cela pourrait peut-être marcher … » Oui pourquoi pas ? Je n’avais jamais essayé alors pourquoi dire toute de suite que cela ne pourrait pas marcher ? Je réfléchis à qui pourrait faire l’affaire … ceux dont j’étais le plus proche … Jin et Hwannie .. C’était hors de question. Trop proche d’In Su. Ca briserait leur amitié, et je ne veux pas cela. Pour les autres que je connaissais, ils étaient lié d’une façon ou d’une autre à In Su, et si je voulais jouer au faux couple, il ne fallait pas de fuite. Puis la réponse me vint ainsi. Je regardais Ji Ho en lâchant tout simplement « Pourquoi pas toi ? » Oui pourquoi pas ? On avait déjà été ensemble, on sera plus crédible que n’importe qui en faux couple, non ?